Gaston Charlet

1902 - 1976

Informations générales
  • Né le 6 avril 1902 à Limoges (Haute-Vienne - France)
  • Décédé le 23 décembre 1976 à Limoges (Haute-Vienne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Haute-Vienne
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 23 décembre 1946
Département
Haute-Vienne
Groupe
Socialiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1946 au 1er janvier 1958

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 6 avril 1902 à Limoges (Haute-Vienne)
Décédé le 23 décembre 1976 à Limoges

Membre de la première Assemblée nationale Constituante (Haute-Vienne)
Député de la Haute-Vienne en 1946 Conseiller de la République, puis Sénateur de la Haute-Vienne de 1946 à 1958

Avocat à la cour d'appel de Limoges, Gaston Charlet plaide dans la plupart des procès célèbres de la région, s'imposant ainsi comme une figure marquante du barreau local.

Son engagement dans la vie politique locale s'opère avec son élection au conseil municipal de Limoges en 1935, et au conseil général de la Haute-Vienne, en 1937.

Dès l'armistice de 1940, il manifeste son hostilité au maréchal Pétain et à son régime, notamment en plaidant en faveur des prisonniers détenus par Vichy pour propagande gaulliste. Aussi, lorsqu'il est pressenti par le préfet de la Haute-Vienne, à la fin de 1942, pour siéger à la commission administrative départementale destinée à remplacer le conseil général, dissous, refuse-t-il fermement.

Cette attitude, ajoutée à des activités clandestines de résistance dont il est soupçonné par la Gestapo, conduit à son arrestation en mars 1943 ; il est alors transféré à Compiègne, puis déporté à Mauthausen.

Puis, en juillet 1943, il est envoyé au bagne yougoslave de Loibl-Pass, où il est détenu jusqu'en mai 1945.

Sa conduite courageuse est distinguée par la Légion d'honneur, et la rosette de la Résistance.

A son retour en France, l'ordre des avocats à la cour d'appel de Limoges l'élit bâtonnier pour l'année judiciaire 1945-1946.

Il renoue alors avec la vie politique, et retrouve sa place au conseil municipal de Limoges, dont le maire, Léon Betoulle, en fait bientôt son premier adjoint, et au conseil général, où il représente le canton de Limoges-Nord.

Puis il est élu à la première Assemblée nationale Constituante, en deuxième position de la liste SFIO, qui obtient trois des cinq sièges à pourvoir. Il siège à la Commission de la justice et de législation générale, et dépose, en mars 1946, une proposition de loi tendant à compléter le statut des magistrats.

Il n'est pas candidat à la seconde Constituante, mais est, en revanche, élu député de la Haute-Vienne aux législatives du 10 novembre 1946, en deuxième position de la liste SFIO, qui remporte deux des cinq sièges.

C'est alors que la fédération socialiste départementale le presse de se présenter aux élections du 8 décembre 1946 au Conseil de la République, pour pouvoir opposer une personnalité connue à la concurrence communiste.

Gaston Charlet est ainsi élu par 356 voix sur 807 suffrages exprimés, l'autre siège étant attribué, sur le plan interdépartemental, au candidat communiste.

Aux élections du 7 novembre 1948, la liste SFIO bénéficie de la modification du mode de scrutin, et remporte les deux sièges à pourvoir ; Gaston Charlet obtient alors 483 voix sur 751 suffrages exprimés.

Au Conseil de la République, Gaston Charlet siège à la Commission de la justice, dont il devient vite l'un des rapporteurs les plus écoutés, et à la Commission de la presse.

Ses principales interventions ont trait à la législation civile et pénale, où sa compétence est indiscutée. Ainsi s'exprime-t-il sur le code pénal, et le projet de loi relatif à la liberté du travail (1947), la répression des crimes de guerre, le statut des déportés et internés politiques, le projet de loi relatif aux loyers, et la réunion de plusieurs justices de paix sous la juridiction d'un même magistrat (1948), l'amnistie de certaines condamnations (1950).

Ses qualités éminentes de juriste lui valent d'accéder à la vice-présidence de la Commission de la justice en janvier 1951, fonction où il est reconduit jusqu'en 1958.

Facilement réélu aux sénatoriales du 18 mai 1952, où il obtient, en tête de la liste socialiste, 518 voix sur 743 suffrages exprimés, il poursuit ses interventions dans les domaines qui ont sa faveur : amnistie en faveur des Français incorporés de force, taux des amendes pénales dans les territoires d'outre-mer, amendes de simple police, répression du trafic des stupéfiants (1953), modification de certains articles du code pénal, institutions territoriales et régionales du Togo (1954).

C'est sur le plan local que sa position politique s'altère : s'il a été réélu au conseil municipal de Limoges en 1953, il se retire, en revanche, au second tour des cantonales d'avril 1955, et s'éloigne alors de la SFIO.

Aussi, après le renouvellement partiel du 19 juin 1955, abandonne-t-il le groupe socialiste pour se rattacher administrativement au groupe des indépendants d'outre-mer.

Puis, lors des législatives du 2 janvier 1956, il se présente en deuxième position sur une liste socialiste indépendante et de défense des intérêts de la Haute-Vienne, présentée par l'UDSR et le Centre républicain d'action paysanne et de défense des classes moyennes. Seul Roland Dumas, tête de liste, est élu, bien que Gaston Charlet ait recueilli un nombre de suffrages supérieur (26 341 contre 21 665).

Gaston Charlet poursuit cependant sa tâche de vice-président de la Commission de la justice, qui l'amène à intervenir dans la plupart des textes soumis à cette Commission : renouvellement des baux commerciaux, institution d'un code de procédure pénale, modification de la loi de 1881 sur la liberté de la presse (1956), institution de deux chambres à la cour d'appel de Paris, expertise judiciaire, statut des membres des tribunaux administratifs, transfert des compétences en matière de dommages causés sur une voie publique, et recouvrement des honoraires des avocats (1957).

Le 2 juin 1958, Gaston Charlet vote contre les pleins-pouvoirs, et ne prend pas part au vote du 3 juin.

Il n'est pas candidat aux élections sénatoriales du 8 juin suivant, et se consacre alors, sous le pseudonyme de Georges Avryl, à son œuvre littéraire comprenant des romans et des pièces de théâtre ; il fonde également une association régionale artistique.

Il préside depuis la Libération la Fédération nationale des déportés, internés, résistants et prisonniers, et publie des Souvenirs d'une déportation.

Gaston Charlet s'éteint à Limoges, le 23 décembre 1976.