Jean, Guillaume Hyde de Neuville
1776 - 1857
- Informations générales
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- Né le 24 janvier 1776 à La Charité-sur-Loire ( - Généralité de Bourges France)
- Décédé le 28 mai 1857 à Paris (Seine - France)
1776 - 1857
Député de 1815 à 1816, de 1822 à 1830 et ministre, né à la Charité-sur-Loire (Généralité de Bourges) le 24 janvier 1776, mort à Paris (Seine) le 28 mai 1857, il appartenait à une famille d'origine anglaise, émigrée en France en 1745 à la suite des Stuarts, et était « fils du sieur Guillaume Hyde, maître de forges, et de dame Marie Royer ».
Il entra en 1787 au collège royal de Sainte-Marie à Bourges, puis, en 1790, au collège Cardinal-Lemoine à Paris. Affilié aux sociétés contre-révolutionnaires de l'époque, il revint dans la Nièvre après l'exécution de Louis XVI, défendit, à 17 ans, devant le tribunal révolutionnaire de Nevers, un ancien notaire de la ville, Pierre Maugne, père de six enfants, injustement dénoncé par Fouché, et parvint à le sauver. Arrêté à son tour, il fut emprisonné à Cosne, puis, remis en liberté, se rendit à Paris, tenta de sauver la reine, échoua, et se réfugia à la Charité, où il fonda avec son jeune frère une fabrique de boutons. En 1797, il défendit et fit acquitter les complices du général Phelipeaux dans l'insurrection royaliste de Sancerre, fut décrété d'accusation au 18 fructidor, et réussit à se cacher à Paris.
Après le 18 brumaire, il devint, sous le nom de guerre de Paul Berry, l'agent actif des Bourbons, fut nommé commissaire royal en Bretagne, parvint à déjouer toutes les recherches de la police, osa se rendre au Luxembourg pour proposer au premier Consul la restauration des Bourbons, et, considéré comme un ennemi irréconciliable du gouvernement, fut impliqué dans le complot de la machine infernale par Fouché, qui reconnut presque aussitôt l'avoir porté par erreur sur la liste des conjurés. Caché à Lyon pendant quelque temps, il y obtint, sous le nom de docteur Rolland, une médaille pour la propagation de la vaccine ; sa femme, pendant ce temps, négociait à Paris la levée du séquestre mis sur ses biens; mais Napoléon ayant exigé en échange un acte de fidélité, Hyde de Neuville refusa, gagna la Suisse, et n'obtint la levée du séquestre que sur la promesse de partir pour l'Amérique. Proscrit comme royaliste, il voulut du moins se laver de l'accusation de complicité dans le complot de la machine infernale, traversa ostensiblement la France, s'embarqua (2 mai 1807), et acheta une maison à New-York, auprès du général Moreau.
A la nouvelle des défaites de Napoléon, il revint en France, et débarqua le 14 juin 1814, en pleine Restauration. Louis XVIII le reçut avec empressement, l'envoya en Angleterre, où il négocia heureusement la paix avec les Etats-Unis, puis en Italie, pour préparer secrètement et tâcher d'obtenir le transfert de Napoléon de l'île d'Elbe en Amérique. Le brusque retour de l'Empereur en France mit fin à ces curieuses négociations. Hyde de Neuville suivit le roi à Gand, revint à Paris après Waterloo, rallia aux Bourbons les chefs de l'armée et fut nommé officier de la Légion d'honneur à l'arrivée du roi.
Le 22 août 1815, le collège de département de la Nièvre l'élut député à la Chambre introuvable par 122 voix sur 162 votants et 240 inscrits. Il siégea à droite, fit partie de la majorité, fut nommé secrétaire de la Chambre, et moins « ultra » en actes qu'en paroles, s'opposa à ce que le maréchal Masséna fût exclu de la loi d'amnistie.
Le 14 janvier 1816, le roi le nomma envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire aux Etats-Unis; il y conclut un traité de commerce, montra beaucoup de dévouement pour les officiers de l'armée impériale qui y vivaient en proscrits, fut créé baron par Louis XVIII, et, rappelé en 1821, fut réélu député, le 13 novembre 1822, dans le 2e arrondissement électoral de la Nièvre (Cosne) par 161 voix sur 229 votants et 310 inscrits, contre 67 voix à M. Bogne de Faye. On lui offrit l'ambassade de Constantinople, qu'il refusa, pour reprendre sa place à l'extrême-droite de la Chambre, où il renouvela ses motions ultra-royalistes, et insista notamment sur l'expulsion de Manuel.
Nommé ambassadeur à Lisbonne, il offrit aide et assistance au roi Jean VI, lors de la révolte de palais qui faillit renverser ce prince du trône: celui-ci le nomma comte de Bemporta.
Réélu député, le 25 février 1824, par 165 voix sur 217 votants et 300 inscrits, contre 51 voix à M. Hector Lepelletier d'Aunay, il siégea en vertu d'un congé, blâma la guerre d'Espagne, fit, sur la conduite de l'expédition, des révélations désagréables, parla contre les jeux de bourse, et défendit l'Irlande et la Grèce. Lors des débats sur le milliard des émigrés, il réclama une indemnité pour les rentiers de l'Etat ruinés par la Révolution, et se trouva en disponibilité par la suppression de son ambassade. Sa vive critique des marchés Ouvrard et des dépenses exagérées de l'expédition d'Espagne lui fit enlever son traitement de disponibilité. Il encourut alors le soupçon de libéralisme pour avoir demandé la limitation de la prérogative royale conformément à la Charte.
Réélu député, le 17 novembre 1827, dans le 3e collège de la Mayenne (Mayenne), par 155 voix sur 303 votants et 344 inscrits, contre 146 voix à M. de Hercé, député sortant, il échoua le même jour à Cosne, avec 84 voix contre 129 à M. Dupin aîné, candidat de l'opposition, et, huit jours après, le 25, fut élu par le collège de département de la Nièvre, avec 72 voix sur 137 votants et 174 inscrits. Il opta pour la Nièvre, fit de l'opposition au cabinet Villèle, lui reprocha « l'indécence » de son attitude parlementaire, le blâma de se désintéresser du licenciement de la garde nationale, et hâta sa chute.
Aussi, il entra dans le ministère Martignac avec le portefeuille de la Marine, le 3 mars 1828. Il améliora l'administration coloniale, poursuivit la traite des nègres, et prépara l'émancipation de la Grèce. La chute de M. de Martignac (7 août 1829) le ramena à son siège de député; il défendit les libertés menacées par le nouveau ministère, et publia une brochure en faveur de Dona Maria; il avait été retraité comme ministre de la Marine le 8 août 1829. Le collège de département de la Nièvre lui renouvela son mandat, le 3 juillet 1830, par 91 voix sur 152 votants et 166 inscrits.
Aux journées de juillet, il fut le seul des députés de la droite qui se rendit à la Chambre, le 30, pour défendre les droits du duc de Bordeaux; sa voix ne fut pas entendue, pas plus que les protestations persévérantes qu'il reproduisit à la tribune jusqu'au 7 août. Au moment du vote de déchéance de la branche aînée, il dit : « J'ai été fidèle à mes serments comme à mes affections, et je n'ai jamais trompé cette royale famille que de faux amis, des êtres bien perfides et bien coupables viennent de précipiter dans l'abîme. Je n'ai point trahi la fortune de ceux que j'ai servis depuis mon enfance avec un zèle que rien n'a pu décourager, je ne trahirai pas leur malheur. Je ne finirai pas sans adresser au ciel des vœux ardents pour le repos, le bonheur et les libertés de ma patrie, Dieu sait s'ils sont sincères! »
Le 11 août, il adressa la lettre suivante au président de la Chambre: « Monsieur le Président, « Des circonstances dont je puis seul être juge m'obligent à renoncer à l'honneur de siéger à la Chambre; je la prie d'agréer ma démission. Je ne crois pas avoir besoin d'ajouter que jusqu'à ma dernière heure je ne cesserai de former des vœux ardents pour que mon pays soit heureux et libre.
« Veuillez exprimer à la Chambre ma vive reconnaissance pour les témoignages d'intérêt et de bienveillance que je n'ai cessé de recevoir de mes collègues.
« HYDE DE NEUVILLE. »
Il se retira dans sa propriété de l'Etang, près de Sancerre, où il s'occupa d'agriculture, fut impliqué en 1832 dans les poursuites contre Chateaubriand, demanda, dans une pétition aux Chambres (1833), l'abolition de la loi du serment politique, qui « ne mène à rien qu'à blesser la morale, à gêner les consciences, et à faire tôt ou tard rougir plus d'un homme de bien »; cette pétition fut alors repoussée presque avec indignation.
En 1849, le comité royaliste de la rue Duphot le porta candidat comme royaliste aux élections du 13 mai 1849, à Paris, pour l'Assemblée législative; il n'obtint qu'un petit nombre de voix; en 1851, il prit parti, à Sancerre, contre le mouvement démocratique qui se dessina un moment contre le coup d'Etat.
On a de lui : Réponse à l'absurde accusation d'avoir pris part à l'attentat du 3 nivôse (1801); Eloge historique du général Moreau (1814); et un certain nombre de brochures politiques de circonstance. Chevalier de Saint-Louis, grand-croix de la Légion d'honneur.