Jean, Constant Charlot
1901 - 1976
Né le 26 janvier 1901 à Mantes-la-Jolie (Yvelines)
Décédé le 4 juin 1976 à Saint-Raphaël (Var)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Var)
Député du Var de 1946 à 1958
Jean Charlot est né à Mantes le 26 janvier 1901. Son père, ancien ouvrier fondeur, qui tenait un café-hôtel, était affilié au groupe socialiste local. Après l'obtention de son certificat d'études primaires, il suit les cours de l'Ecole de commerce et d'industrie de Dijon où ses parents s'étaient établis au début de 1914. Il y reçoit une formation de mécanicien qu'il mettra à profit en dirigeant avec son beau-frère un petit garage à Saint-Raphaël. Très tôt intéressé par la politique, Jean Charlot s'inscrit dès 1916 aux Jeunesses socialistes de Dijon. Il adhère en 1920 au Parti socialiste à Louhans. En 1925, il participe à la création d'une section socialiste S.F.I.O. à Saint-Raphaël, dont il devient secrétaire en 1929. La même année, il est élu secrétaire adjoint de la Fédération du Var qu'il reconstitue en 1934 après le départ des « néos ». Le 17 octobre 1937, il est élu au conseil d'arrondissement dans le canton de Fréjus.
Lors de la déclaration de guerre, Jean Charlot est mobilisé dans l'aviation et affecté comme contrôleur au service des fabrications de l'aéronautique. Il s'engage dans la Résistance dès septembre 1940 et constitue un groupe pour la distribution et l'affichage de tracts et de journaux clandestins. Il participe dans le Var à la création du mouvement « Libération » dont il devient responsable régional. Il organise à ce titre des embarquements de personnalités qui rejoignent Londres ainsi que des parachutages et des actions de sabotage. Engagé volontaire dans les F.F.I. le 26 septembre 1942, responsable cantonal du réseau F 2 à partir du 1er décembre, il centralise les renseignements d'ordre militaire lorsqu'il est arrêté par la Gestapo au printemps de 1944. Il est alors interné à Nice puis à Belfort. Pour ses actions durant la Guerre, il est décoré de la Médaille militaire, de la Croix de guerre et titulaire de la rosette de la Résistance. A sa libération en novembre 1944, il est nommé premier adjoint au maire de Saint-Raphaël, fonction qu'il occupe jusqu'en mai 1945. Il est réélu conseiller municipal en 1945, 1947 et 1949.
Redevenu en décembre 1944, secrétaire fédéral adjoint de la S.F.I.O., Jean Charlot est élu à la première Assemblée Constituante le 21 octobre 1945 sur la liste socialiste qui obtient deux des cinq sièges à pourvoir, avec 69 644 voix sur 160 081 suffrages exprimés. Membre de la Commission des moyens de communication et de la Commission de l'équipement national et de la production, il est chargé de rapporter le projet de loi sur la nationalisation de l'électricité et du gaz. Il vote pour les nationalisations du crédit, de l'électricité, du gaz et des assurances, pour la dévolution des biens de presse et pour le projet de Constitution qui sera rejeté par le référendum du 5 mai 1946.
Réélu à la seconde Assemblée nationale Constituante sur la même liste, qui ne retrouve que 51 093 voix sur 161 794 suffrages exprimés, il est reconduit dans les mêmes Commissions. Le 1er octobre 1946, au nom du groupe socialiste, il s'oppose à l'augmentation du nombre des députés. Il vote pour l'élection de Georges Bidault comme président du gouvernement provisoire (19 juin 1946) et pour le nouveau projet de Constitution (28 septembre).
De nouveau candidat le 10 novembre 1946, Jean Charlot est élu sur la liste d'Union socialiste et républicaine de la Résistance, toujours conduite par Frank Amal (43 210 voix sur 153 757 suffrages exprimés). Le Parti communiste, avec 60 209 voix est largement en tête, le M.R.P. ne réunit que 29 875 suffrages. Au cours de la législature, Jean Charlot fait partie de la Commission des moyens de communication, de la Commission de la production industrielle (1946), de la Commission du suffrage universel (1947), de la Commission des finances (1948-1951). Le 27 novembre 1951, il est nommé membre de la Commission d'enquête sur les événements survenus de 1933 à 1945. Elu secrétaire de l'Assemblée nationale le 3 décembre 1946, il est reconduit dans ses fonctions en 1947 et 1948. Secrétaire du groupe parlementaire socialiste en 1946 et 1947, il en devient vice-président en 1948 et le demeure jusqu'en 1951.
De 1947 à 1951, Jean Charlot dépose dix-huit textes et rapports principalement sur le budget de la marine mais aussi sur les incendies de forêts et la situation des agriculteurs et viticulteurs du Var. Il prend une part très active aux débats budgétaires. Il vote pour la confiance à Ramadier (4 mai 1947), pour la nationalisation des écoles des houillères (24 mai 1948), pour le plan Marshall (7 juillet), pour la constitution du Conseil de l'Europe et la ratification du Pacte Atlantique (9 et 26 juillet 1949), pour la réforme électorale instituant le scrutin majoritaire départemental à un tour et les apparentements (7 mai 1951). Au congrès de Paris de la S.F.I.O. (mai 1950), il devient membre de la Commission nationale des conflits. Souvent proche des positions de la minorité de son parti, il est l'un des rares députés socialistes en 1946-1947 à émettre des réserves sur la scission syndicale.
Parallèlement à ses activités politiques, Jean Charlot est membre de la section permanente du conseil supérieur de l'Electricité et du Gaz de France et préside le comité directeur du machinisme agricole.
Jean Charlot est réélu aux élections législatives du 17 juin 1951, avec 41 053 voix sur 162 895 suffrages exprimés. La liste S.F.I.O. qu'il conduit emporte deux sièges avec 25,2 % des voix, derrière le Parti communiste (36,5 % et devant le R.P.F. (20 %). Membre des mêmes Commissions que dans la précédente Assemblée, il est questeur de l'Assemblée nationale pendant toute la législature et n'intervient pratiquement pas à la tribune.
Le 28 octobre 1955, il dépose une proposition de loi tendant à créer un comité interprofessionnel des vins des Côtes de Provence. Il vote contre les lois Marie et Barangé favorables à l'enseignement privé (21 septembre 1951), pour l'échelle mobile des salaires (20 septembre), pour la ratification du traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (C.E.C.A. -13 décembre), contre la réforme fiscale (9 avril 1954), pour la modification de la loi sur les biens de presse (20 mai), pour les accords de Genève (23 juillet). Le 30 août 1954, Jean Charlot est l'un des cinquante-quatre députés S.F.I.O. à voter la question préalable dont l'adoption entraîna le rejet du projet de Communauté européenne de défense. Il vote les accords de Londres et de Paris (12 octobre et 29 décembre 1954), pour la confiance à Mendès-France sur l'Afrique du Nord (chute du cabinet -4 février 1955), contre l'état d'urgence en Algérie (31 mars), pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (16 novembre), contre la confiance à Edgar Faure (29 novembre).
Lors des élections anticipées du 2 janvier 1956, Jean Charlot conduit une nouvelle fois la liste S.F.I.O. (apparentée à la liste radicale), qui conserve ses deux élus avec 22,8 % des suffrages. Le Parti communiste réunit 35 % des voix, les Indépendants 14,9 %, les Poujadistes 10,6 %. Jean Charlot est nommé membre de la Commission des boissons, de la Commission de la production industrielle et de la Commission de la comptabilité dont il est élu président en 1956 et 1957. Il dépose quatorze textes, la plupart en qualité de rapporteur de la Commission de la comptabilité. Ses interventions concernent également le budget ou le fonctionnement de l'Assemblée.
En 1956 et 1957, il est désigné comme représentant de la France à l'Assemblée commune de la C.E.C.A. et le 13 mars 1958 à l'Assemblée unique des Communautés européennes. A ce titre, il appartient à la Commission de comptabilité et d'administration et à la Commission des affaires sociales. Il est vice-président de la Commission de sécurité dans les mines et rapporteur général du budget. Il est également vice-président de la section française du Conseil parlementaire du mouvement européen.
Au cours de la dernière législature de la IVe République, Jean Charlot vote pour les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 mars 1956), pour la politique générale du gouvernement après l'expédition de Suez (25 octobre), pour la loi-cadre sur la construction (19 novembre 1956), pour la ratification du traité de Rome (9 juillet 1957), pour la prorogation des pouvoirs spéciaux et pour la loi-cadre sur l'Algérie (19 juillet et 30 septembre), pour la confiance à Pierre Pflimlin (13 mai 1958), pour l'état d'urgence (16 mai), pour la révision de certains articles de la Constitution (27 mai), contre la confiance à Charles de Gaulle et les pleins pouvoirs (1er et 2 juin). Il s'abstient lors du vote sur la révision constitutionnelle (2 juin). Au comité directeur du Parti socialiste, le 1er juin, Jean Charlot se déclare hostile à la participation socialiste au gouvernement du général de Gaulle.