Francis, Marie, Julien, Joseph, François Charmes
1848 - 1916
Député de 1881 à 1885, né à Aurillac (Cantal), le 21 avril 1848, il étudia le droit à Paris et se fit recevoir avocat. Il prit part, comme officier des mobiles du Cantal, à la guerre franco-allemande, et suivit toute la campagne de l'armée de la Loire.
Après la conclusion de la paix, il entra dans le journalisme. Il débuta au XIXe Siècle, y défendit la République conservatrice telle que la comprenait M. Thiers, et passa au Journal des Débats, pour y soutenir les même doctrines, quand Saint-Marc-Girardin eut quitté ce journal (août 1872). Il appartint longtemps à sa rédaction, et le bulletin politique dont il était chargé, ainsi que les articles qu'il publia durant la période du Seize-Mai contre le ministère de Broglie-Fourtou, le mirent en évidence.
Nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1878, il se présenta, le 21 août 1881, comme candidat républicain modéré, dans l'arrondissement de Murat (Cantal), qui l'envoya siéger à la Chambre par 4,207 voix (6,460 votants, 9,043 inscrits), contre M. Teissèdre, député sortant, 1,667 voix, et Dubois, 540. Il fit partie du groupe de l'Union démocratique, et vota généralement avec la majorité opportuniste, notamment:
- contre l'amendement Jules Roche sur l'élection d'un maire de Paris,
- contre l'abrogation du Concordat,
- contre l'élection de la magistrature,
- contre la révision de la Constitution,
- pour le maintien de l'ambassadeur auprès du pape.
Il parut plusieurs fois à la tribune : dans la question égyptienne (février et juin 1882), il se montra partisan de l'intervention française à coté de l'Angleterre, intervint (août 1883) dans la question de Madagascar, défendit (décembre 1883) la conduite de M. Bourée en Chine, attaqua le gouvernement (26 juin 1884) sur sa politique équivoque en Egypte, et déposa (mars 1885) un ordre du jour hostile au gouvernement, mais « confiant dans la bravoure de l'armée et dans l'énergie de ses chefs, » au moment de l'affaire de Lang-Son. M. F. Charmes se prononça contre les crédits du Tonkin.
« Charmant jeune homme, » écrivait de lui, en 1885, un biographe intransigeant, « sanglé, lustré, peigné, pommadé, musqué à vous en faire venir l'eau à la bouche. Gentil comme un cœur. Et avec cela posé, réfléchi, correct, instruit, disert, poli!... Un détail amusant et caractéristique : M. Charmes (Francis), à la veille des élections, fit distribuer à profusion dans son arrondissement son portrait superbement gravé. Il est clair qu'il comptait sur l'influence des dames. »
Il se représenta sans succès aux élections du 4 octobre 1885, dans le Cantal, ayant obtenu 17,636 voix contre 18,895 voix données au dernier élu de ce département, M. Chanson. Depuis, M. Charmes a été nommé directeur des affaires politiques au ministère des affaires étrangères, fonctions qu'il a occupées jusqu'aux élections générales du 22 septembre 1889, et a été promu, le 6 juillet 1886, officier de la Légion d'honneur. L'un de ses frères, M. Xavier Charmes est un des principaux fonctionnaires du ministère de l'Instruction publique. Le second, plus jeune, est publiciste.
Né le 21 avril 1848 à Aurillac (Cantal), mort le 4 janvier 1916 à Paris.
Député du Cantal de 1881 à 1885 et de 1889 à 1898.
Sénateur du Cantal de 1900 à 1912.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. II, p. 56.)
Il retrouve son siège de député aux élections générales législatives du 22 septembre 1889, au premier tour de scrutin, avec 4.178 voix contre 2.823 à M. Boniface de Castellane, sur 7.068 votants.
Il fut réélu sans difficulté aux élections du 20 août 1893, par 4.099 voix contre 170 à M. Boudet, sur 5.229 votants, toujours au premier tour.
Il eut moins de chance en 1898, où il n'obtint, au premier tour, que 2.247 voix contre 3.159 à M. Perschaud, sur 5.695 votants ; il se désista avant le scrutin de ballottage.
Il se consacra alors aux affaires de son département et fut élu conseiller général du canton de Larcenat (aujourd'hui Condat) le 31 juillet 1892. Il ne renouvela pas sa candidature en 1898. Il tenta sa chance dans le canton d'Allanche en 1903, après la mort d'Henri Bonnet, mais subit un échec.
Un siège de sénateur étant devenu vacant à la suite du décès de M. Paul Devès, en 1899, il se présenta et fut élu à l'élection partielle du 28 janvier 1900 avec 315 voix sur 579 votants, au premier tour de scrutin. Ce mandat lui fut renouvelé le 4 janvier 1903, ayant obtenu 288 voix sur 577 votants toujours au premier tour de scrutin. Il se représenta au renouvellement du Sénat du 7 janvier 1912, mais n'ayant obtenu que 245 voix sur 572 votants, il se retira avant le deuxième tour.
Il fit partie, dans les deux Assemblées, de diverses commissions spéciales. Nommé, à la Chambre des députés, rapporteur de la proposition de résolution tendant à la constitution de grandes commissions, il combattit ce projet en séance publique en 1890.
Il s'intéressa à la réglementation du travail parlementaire. En 1890, il rapporta un projet de résolution tendant à modifier le règlement de la Chambre des députés et présenta, la même année, un rapport sur la création d'un service administratif spécial au Palais-Bourbon, pour faciliter l'élaboration de la rédaction des projets de loi. En 1890, il rapporta la loi sur les sucres. Son expérience de la diplomatie le poussa tout naturellement à s'intéresser à la politique extérieure. En 1891, il rapporta le budget des affaires étrangères et un projet de loi portant approbation de l'acte général de la Conférence de Bruxelles. La même année, il interpella le Gouvernement sur les mesures qu'il comptait prendre pour assurer l'ordre public et la liberté de l'art dramatique. En 1893, il prit part au débat sur le budget des cultes.
Ses interventions, après sa réélection en 1893, portèrent principalement sur la politique extérieure. Il déposa, en 1894, un rapport sur le projet de loi portant approbation de l'arrangement conclu à Berlin pour la délimitation des colonies du Congo français et du Cameroun et des sphères d'influence française et allemande dans la région du Tchad. En 1896, il interpella le Gouvernement sur l'arrangement de Tananarive et sur sa politique extérieure. En 1897, il présenta un ordre du jour motivé à la suite d'une interpellation sur les dilapidations comme celle des chemins de fer du Sud de la France.
Au Sénat, où il siégea à la gauche républicaine, il proposa, dans la discussion de la loi sur les congrégations, que les autorisations demandées fussent données par décrets, mais n'eut pas gain de cause (1901). Rapporteur de la proposition de loi relative à la constitution des conseils consultatifs du travail, il s'opposa à Millerand sur cette question (1902).
Il intervint, enfin, dans la discussion d'un projet de loi portant révision du tarif général des douanes (1910).
Depuis le 1er avril 1904, il était chargé du bulletin politique de la Revue des Deux Mondes. Le 15 janvier 1907, il fut appelé à succéder à Brunetière comme directeur de la revue.
Tout en exerçant ses nouvelles fonctions, il continuait d'y rédiger sa chronique bi-mensuelle et donnait des articles littéraires et politiques, presque quotidiens, au Journal des Débats.
Le 6 mars 1908, il fut élu membre de l'Académie française, au fauteuil laissé vacant par la mort de Marcellin Berthelot. Il fut reçu le 7 janvier 1909 par Henri Houssaye.
Il avait réuni ses articles du Journal des Débats dans un volume paru chez Hachette en 1893: Etudes Historiques et Diplomatiques. Il fit paraître en 1915 un autre volume: L'Allemagne contre l'Europe, la Guerre de 1914.
Il mourut peu de temps après, à Paris à 68 ans, le 4 janvier 1916, d'une attaque d'urémie, compliquée d'une congestion pulmonaire. Il avait mené une vie à la fois politique, mondaine et académique. Il était particulièrement représentatif de ce type de grand bourgeois que connut la Troisième République.
Ses services lui avaient valu la Croix d'officier de la Légion d'honneur.