René Charpentier
1909 - 1999
Né le 9 juin 1909 à Paris (16e)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Marne)
Député de la Marne de 1946 à 1958
René Charpentier, né le 9 juin 1909 à Paris, est le fils de Jean-Charles Charpentier, Secrétaire d'ambassade, qui fut maire de Baizil, conseiller général du canton de Montmirail et à partir de 1945 président du Conseil général de la Marne.
René Charpentier après avoir fréquenté le lycée Jeanson de Sailly, sort ingénieur agronome de l'école de Grignon et s'installe comme exploitant agricole dans la commune du Thoult-Trosnay (Marne). Il se marie en 1933 avec Mademoiselle Ternynck-Masurel qui devait lui donner trois enfants.
En 1943, il entre dans la Résistance et installe sur son exploitation un terrain de parachutage d'armes et un terrain d'atterrissage homologués à Londres. Arrêté en novembre 1943 par la Gestapo, il est déporté à Buchenwald. Son patriotisme lui vaut d'être fait chevalier de la Légion d'honneur et titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 et de la Médaille de la Résistance.
A son retour de déportation, ses concitoyens l'élisent, en 1945, conseiller municipal de Thoult-Trosnay et conseiller général du canton de Montmirail, mandats qui lui seront constamment renouvelés.
Le 21 octobre 1945, René Charpentier se présente dans la Marne sur la liste M.R.P. derrière Pierre Schneiter. 74 367 voix sur 175 417 suffrages exprimés les placent en tête. Cependant, aux élections à la seconde Constituante, la multiplication des listes concurrentes ramène le M.R.P. à 62 556 suffrages sur 181 313 exprimés. René Charpentier est cette fois élu à la plus forte moyenne. Dans les deux Assemblées Constituantes, il est nommé membre de la Commission de l'agriculture et de la Commission des pensions civiles et militaires et des victimes de guerre et de la répression. Il est, en outre, désigné comme juré à la Haute Cour de justice. En qualité de rapporteur de la Commission de l'agriculture, il appuie, le 19 juillet 1946, la proposition de résolution de Waldeck-Rochet concernant les attributions de l'Office national et interprofessionnel des céréales et la remise en vigueur de la loi du 15 août 1936.
Aux élections législatives du 10 novembre, la liste M.R.P. avec 63 010 suffrages sur 167 176 exprimés conserve ses deux élus. René Charpentier est reconduit comme membre de la Commission de l'agriculture et dans ses fonctions de juré à la Haute Cour de justice. Les Commissions du ravitaillement (de 1946 à 1949), des allocations familiales agricoles (1950) l'accueillent temporairement. En 1951, la Commission de l'agriculture le désigne pour faire partie de la Commission chargée de procéder à une étude d'ensemble des divers régimes de prestations familiales. Au cours de la législature, le député de la Marne s'affirme comme l'un des principaux spécialistes des problèmes agricoles défendant tout à la fois les intérêts des agriculteurs et la modernisation de l'agriculture. Auteur de propositions de loi concernant le financement des assurances sociales agricoles (1948), le statut viticole champenois (1949), l'élection des conseils d'administration de la mutualité agricole (1950), la tenue pour les distillateurs d'un compte spécial des eaux-de-vie de fruit à noyau (1951), il est chargé de rapporter au nom de la Commission de l'agriculture une proposition de loi tendant à organiser la Sécurité sociale en agriculture (1948), sa proposition de loi sur l'élection des conseils d'administration de la mutualité agricole (1950), sa proposition de résolution cosignée par plusieurs de ses collègues invitant le gouvernement à réviser le prix de l'avoine (1951), une proposition de loi relative à la famille et à la natalité française et à l'exonération de cotisations pour certaines catégories d'exploitants et d'artisans ruraux (1951). Il dépose, en outre, de nombreuses propositions de résolution et émet des avis sur de nombreux textes, toujours au nom de la Commission de l'agriculture.
Il se fait entendre à la tribune de l'Assemblée le 6 mars 1947 lors de la discussion du budget de l'agriculture pour déplorer l'insuffisance des efforts réalisés et prévus pour l'équipement des campagnes, le 8 juillet 1947 au nom du M.R.P. pour rejeter la prime tendant à encourager la culture du blé et du seigle au profit d'un juste prix des céréales, le 22 décembre 1948 pour mettre en garde le gouvernement contre l'augmentation des prix qui résulterait d'une fiscalité plus lourde, et souligner la nécessité d'un plan d'organisation et d'équipement de l'agriculture et celle de trouver les débouchés extérieurs pour assurer un prix convenable aux producteurs. Le 25 février 1949, il insiste à nouveau sur la nécessaire modernisation de l'agriculture, modernisation qui passe par la mécanisation, la formation, l'équipement, liée à la baisse des coûts de production. Comme membre de l'Assemblée consultative du Conseil de l'Europe, il fait adopter le rapport sur l'organisation européenne des marchés agricoles.
Le 17 juin 1951, la liste M.R.P. est apparentée avec la liste d'Entente républicaine qui réunit le R.G.R., le Parti radical et l'Union des indépendants et des paysans, la liste S.F.I.O. et celle du Groupement national de défense des libertés professionnelles et des contribuables. Pierre Schneiter et René Charpentier mènent campagne sur le rôle du M.R.P. dans la défense des institutions et dans la modernisation de la France, partant du rôle actif de René Charpentier pour l'agriculture.
Avec 36 702 suffrages sur 175 364 exprimés, la Liste républicaine populaire laisse la première place au R.P.F. mais conserve ses deux élus.
René Charpentier devient vice-président de la Commission de l'agriculture et est nommé membre de la Commission des finances (1953). La Commission de l'agriculture le désigne au sein de la Commission des prestations familiales agricoles, du Conseil supérieur des alcools (1951), de la Sous-commission chargée de suivre et d'apprécier la mise en œuvre de la convention de coopération économique européenne et du programme de relèvement européen (1951-1953) dont il devient vice-président en 1953. Enfin, il est nommé membre suppléant pour représenter la France à l'Assemblée consultative européenne (1951) et membre du comité de contrôle du Fonds d'encouragement à la production textile (1954).
René Charpentier fait à nouveau preuve au cours de cette législature d'une production abondante. Il dépose des propositions de loi concernant le développement du progrès technique dans la production du blé (1951), le statut du fermage et du métayage (1951), un abattement de cinq millions pour le calcul des droits de succession en ligne directe et entre époux (1951), l'établissement de statistiques sur l'état des stocks de produits laitiers (1951), les distances de plantation dans l'aire de la Champagne viticole (1952), le régime de prévoyance et de retraites complémentaires pour les salariés agricoles (1952), la création d'un compte d'équipement rural et de modernisation agricole dans les livres de la Caisse nationale du Crédit agricole (1952), les droits d'enregistrement (1953), l'organisation des marchés agricoles (1953), les accidents du travail (1954), la restitution aux agriculteurs expropriés des terrains militaires désaffectés (1954), la police de la chasse (1954), l'institution de sociétés de modernisation agricole (1954), l'enregistrement des baux (1955). Il est, en outre, l'auteur de nombreuses propositions de résolution et de rapports au nom de la Commission de l'agriculture.
Il intervient souvent à la tribune pour défendre la modernisation de l'agriculture et la parité des prestations familiales agricoles avec les autres catégories sociales. C'est ainsi qu'il interpelle, le 12 mars 1953, le gouvernement sur l'ensemble de la politique économique et plus particulièrement sur l'absence d'une politique agricole constructive susceptible de mettre la France dans la meilleure situation possible en vue d'une organisation européenne des marchés agricoles. Il développe son interpellation le 13 octobre 1953 et prône une politique d'expansion. Les gains de productivité exigent une politique de crédit, d'investissements, un effort de vulgarisation ainsi que la mécanisation et le remembrement de l'agriculture. René Charpentier propose aussi un plan agricole pour toute l'Union française sans distinguer la métropole et l'outre-mer. Le 22 octobre 1953, dans un ordre du jour qu'il présente en compagnie d'autres collègues, il ajoute à ces propositions : le soutien des cours des principales productions selon des modalités diverses, l'organisation des marchés agricoles grâce à une politique de stockage, l'arrêt des importations inutiles, l'extension aux exportations agricoles des facilités accordées aux exportations industrielles, le raccourcissement des circuits de distribution.
Le 2 janvier 1956, la liste M.R.P. avec 42 248 suffrages sur 189 711 exprimés se fait distancer par la liste communiste mais conserve ses deux représentants.
René Charpentier retrouve la vice-présidence de la Commission de l'agriculture, il est de plus nommé membre suppléant de la Commission des finances (1956-1957) et du Comité de contrôle et du Fonds d'encouragement à la production textile (1956). Il est élu représentant suppléant à l'Assemblée consultative du Conseil de l'Europe (1956), et représentant de la France à l'Assemblée unique des communautés européennes (1958).
Toujours aussi présent, il dépose des propositions de loi qui concernent : l'enregistrement des baux (1956), le démantèlement d'une exploitation agricole par reprise de parcelles (1956), la modification d'articles du Code rural (1956), la contribution foncière due pour les propriétés rurales (1956), la modification de l'article 8 de la loi du 30 juin 1956 portant institution d'un fonds national de solidarité (1957), la production de viande de bœuf (1957). En 1957, il intervient à plusieurs reprises au sujet du Marché commun et se prononce pour son extension à l'agriculture.
Pendant toute la IVe République, René Charpentier vote comme l'ensemble du groupe M.R.P. lors des scrutins importants. Il accorde sa confiance au général de Gaulle (1er juin 1958) et se prononce pour les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (2 juin).