Pierre, François, Jean Bogne de Faye
1778 - 1838
Député de 1818 à 1822, né à Clamecy (Généralité d'Orléans), le 5 octobre 1778, mort à Clamecy (Nièvre), le 30 juillet 1838, il débuta dans la diplomatie ; il fut envoyé en 1798, à Londres, par le Directoire, comme secrétaire de la commission des échanges pour les prisonniers de guerre français.
A son retour, il se rendit en Allemagne, où il remplit successivement, près de plusieurs cours, les fonctions de secrétaire de légation, de chargé d'affaires et de ministre. Il fut aussi nommé auditeur de 1re classe au Conseil d'Etat, et maître des requêtes. Pendant sa longue résidence à Munich, à Vienne et à Darmstadt, il avait pris part aux négociations de divers traités importants, et avait reçu le titre de chevalier de l'Empire (1813), et les décorations de commandeur de la Légion d'honneur et de la Couronne de fer d'Italie.
Retiré dans ses foyers au moment de la Restauration, il fut appelé le 21 octobre 1818, par le collège électoral de département de la Nièvre, à siéger à la Chambre des députés.
Libéral constitutionnel, ami de Bignon, il prit place à gauche, et proposa, dans la discussion de la loi sur la presse, divers amendements favorables aux écrivains et demanda, entre autres, que le jury fixât le degré de culpabilité qui rapproche la peine du maximum ou du minimum, et déterminât les dommages-intérêts que pourrait réclamer la partie plaignante.
Il demanda le rappel des bannis, et vota pour l'admission de Grégoire, se déclara l'adversaire des lois d'exception et fut des 95 opposants au nouveau système électoral. A propos du projet de loi suspensif de la liberté individuelle, il essaya, vainement, d'obtenir que les détenus fussent placés dans les plus saines parties des maisons d'arrêt, et qu'il leur fût payé six francs par jour sur les fonds de la police.
Dans le débat relatif aux comptes arriérés, il remarqua que l'on venait d'ôter à la France la liberté de la presse, et que, si cependant cette liberté eût été donnée en 1817 et 1818, on eût évité beaucoup de fautes, « beaucoup de dépenses désastreuses dont on sent enfin les conséquences. » Il rappela que le ministère avait parlé des anciennes libertés et des vieilles franchises du peuple français, comme pour lui faire regretter de n'en plus jouir. « Ces paroles sont d'autant plus remarquables que du temps de ces libertés et de ces franchises, c'est-à-dire sous l'ancien régime, et même encore en 1781, au sein du Parlement, on définissait la nation française, gent corvéable et taillable à merci et miséricorde... Pour qui donc étaient ces libertés? Pour les agents du pouvoir; et voilà pourquoi on les regrette... »
Il discuta aussi le budget, se plaignit de l'augmentation des dépenses pour le clergé « qui ne se montaient, en 1815, qu'à 11,500,000 francs et s'élèvent aujourd'hui à 33,000,000 », et signala le scandale du casuel, les sacrements vendus et marchandés, etc.
Bogne de Faye ne fut point réélu aux législatures suivantes.
Date de mise à jour: juin 2015