Jean, Louis Chastanet
1882 - 1946
Né le 19 novembre 1882 à Meyssac (Corrèze). Mort Nice (Alpes-Maritimes) le 21 février 1946.
Député de l'Isère de 1924 à 1936.
C'est dans une famille paysanne que naquit Jean Chastanet le 19 novembre 1882. Il devint commis des postes. Doué d'une nature ardente et combative, le jeune homme eût trouvé dans toute profession l'occasion d'exprimer ses opinions. Fonctionnaire, il milita dans le syndicalisme. Lors des grèves de 1909, il attira par son attitude la réprobation de ses supérieurs et fut révoqué. Il se rendit alors à Grenoble. Le journalisme, tribune de choix, l'attirait. Il dirigea bientôt le quotidien socialiste Le Droit du Peuple, écrivit un ouvrage traitant du droit syndical des fonctionnaires et collabora à l'Ere Nouvelle et à France-Soir.
Il aborda la politique proprement dite en se faisant élire conseiller municipal de Grenoble, premier adjoint au maire de cette ville (1919), et, enfin, conseiller général de l'Isère. Sa notoriété grandissait dans la région, ainsi que son influence. Il devint maire de la Tour du Pin et, en 1924, se présenta aux élections générales législatives du 11 mai (scrutin de liste). Il fut élu, sur la liste du bloc des gauches, conduite par M. Bovier-Lapierre, où il occupait la dernière place et qui passa tout entière. Il obtint personnellement 66.496 voix sur 126.927 votants.
Inscrit au groupe du parti socialiste, il est membre de la Commission des comptes définitifs et des économies ; de la Commission des travaux publics et des moyens de communication (1924) ; de la Commission d'enquête sur les opérations relatives aux réparations en nature (1924) ; de la Commission du commerce et de l'industrie (1925). Les problèmes sociaux retiennent particulièrement son attention, ainsi que les questions agricoles. Mentionnons : sa proposition de loi tendant à accorder le repos hebdomadaire, par roulement, au personnel affecté à la rédaction des journaux (1924) ; sa proposition de résolution tendant à combattre la spéculation sur les céréales et tous les produits de meunerie (1925). Il incitera constamment le Gouvernement à accorder des permissions agricoles aux militaires lors des travaux imposés par les diverses saisons. Il s'inquiète : de la réforme de l'institution des Commissaires aux comptes dans les sociétés anonymes ; de la réglementation des bilans ; de la réglementation de la profession d'expert comptable agréé (1926). Il dépose une proposition de loi tendant : à créer une carte de change pour les touristes étrangers (1927) ; à accorder aux contribuables assujettis à l'impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux, les abattements à la base consentis aux contribuables soumis à l'impôt sur les traitements, salaires, pensions et rentes viagères (1927); à l'interdiction de chasser le daim, le chevreuil, le chamois et l'izard ; à la prohibition de vente des viandes provenant de ces animaux ; à une répression sévère des chasses à courre (1927) ; à l'exonération de l'impôt dans les métiers de tulle en chômage complet (1927) ; au rattachement au Ministère de l'Agriculture de tout ce qui concerne la culture des tabacs indigènes ; à l'établissement du prix de revient des tabacs par des méthodes expérimentales ; à l'institution du monopole de l'Etat pour ce qui concerne l'extraction, la fabrication, la vente et les opérations d'importation et d'exportation des engrais (1927). Il demande à interpeller sur le « scandale Rochette » et sur les mesures que le Gouvernement compte prendre pour protéger l'épargne publique et le crédit de l'Etat lui-même contre les menées de financiers et de banquiers plus ou moins véreux (1927). Il intervient dans la discussion : d'un projet de loi relatif à la reconstitution des capitaux détruits par des calamités publiques ; d'un projet de loi relatif au recrutement de l'armée (1928) ; d'un projet de loi, modifié par le Sénat, sur les assurances sociales (1928).
Aux élections générales du 22 avril 1928 (retour au scrutin d'arrondissement) il est élu, au premier tour de scrutin, député de la première circonscription de la Tour du Pin par 7.966 voix contre 3.545 à M. Pichat, son principal adversaire, sur 16.018 votants.
Membre de la Commission de l'agriculture ; de la Commission du commerce et de l'industrie (1928) ; il s'attache, comme il l'a fait sous la législature précédente, à assainir le marché financier, et notamment à interdire à toute personne ayant subi des peines infamantes la profession de banquier (1928). Il dépose une proposition de loi tendant à fixer les obligations que les banques ont à supporter vis-à-vis de l'Etat (1928). Il demande à interpeller : 1° sur certaines opérations audacieuses qui constituent journellement un danger pour l'épargne publique. 2° sur les agissements de financiers et de pseudo-journalistes véreux qui trompent le public à l'aide de publicité mensongère et de démarches à domicile. 3° sur la nécessité d'interdire à des membres du Parlement, et même du Gouvernement, de faire plus longtemps partie de Sociétés financières d'un caractère douteux (1929). Il ne cesse de s'intéresser à la politique du blé, au cours de certains produits agricoles, à la situation des petits rentiers. Il prend part à la discussion d'une proposition de résolution relative au marché de l'aéronautique (1930) et interpelle sur la spéculation sur les blés qui sévit à la Bourse du commerce de Paris (1930).
Aux élections générales des 1er et 8 mai 1932, il est réélu, au deuxième tour de scrutin, par 7.347 voix contre 7.095 à M. Ginet, sur 14.592 votants. Au cours de cette troisième législature, son activité, jusqu'alors considérable, se ralentit. Il demande néanmoins à interpeller sur la crise du blé et la crise agricole en général (1932) ; sur la mévente du bétail et du lait (1933). Il participe à la discussion du projet de loi relatif à la défense du marché du blé de la récolte 1933 par l'intermédiaire de la Caisse de crédit agricole, mais un souci d'indépendance, qu'il a manifesté pendant toute sa vie parlementaire, le pousse à démissionner du parti socialiste. Il ne se représente pas aux élections du 26 avril 1936.
Retiré à Roquefort (Alpes-Maritimes), il accepta, sous le Gouvernement de Vichy, la présidence de la délégation spéciale de cette localité. En 1946, il dut se faire opérer à Nice. Il devait mourir des suites de cette intervention, le 21 février suivant à l'âge de 64 ans. Il avait publié plusieurs brochures politiques, notamment : Les fonctionnaires, ces pelés, ces galeux, préfacé par Paul-Boncour. On lui doit aussi quelques romans. Tous ont pour cadre la région des Alpes qu'il considérait comme sa seconde patrie.
Né le 19 novembre 1882 à Meyssac (Corrèze)
Décédé le 21 février 1946 à Nice (Alpes-Maritimes)
Député de l'Isère de 1924 à 1936
(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome III, p. 986, 987)
Retiré à Roquefort les Pins (Alpes-Maritimes), Jean Chastanet accepte du gouvernement de Vichy la présidence de la délégation spéciale de cette commune.
Il meurt à Nice le 21 février 1946, des suites d'une opération. Il avait 63 ans.