Jacques, Henri, Bertrand Chaumié
1877 - 1920
Né le 10 août 1877 à Agen (Lot-et-Garonne), mort le 30 septembre 1920 à Clermont-Dessous (Lot-et-Garonne).
Député du Lot-et-Garonne de 1906 à 1910 et de 1914 à 1920.
Fils aîné de Joseph Chaumié, frère d'Emmanuel Chaumié, Jacques Chaumié naquit et vécut dans une famille où la politique occupait une place de premier plan. Très doué pour les lettres, aimant la littérature et les arts, il fit d'excellentes études secondaires et, licencié en droit, se présenta au concours du Ministère des Affaires étrangères. Reçu en 1902, il écrivit deux mémoires : Le Portugal vassal de l'Angleterre et Le commerce maritime de la monarchie Austro-Hongroise. De 1902 à 1906, il fut successivement élève consul à Barcelone, chef adjoint au Cabinet du Ministre de l'Instruction publique, consul suppléant, et, enfin, chef adjoint du Cabinet du Garde des Sceaux, du 25 janvier 1905 au 8 mars 1906.
Il se présenta aux élections générales législatives des 6 et 20 mai 1906 et fut élu député de la circonscription de Marmande, au deuxième tour de Scrutin, par 11.793 voix contre 11.572 à M. Déche, député sortant, sur 23.665 votants. Le 21 mai, il était mis en disponibilité par les Affaires étrangères, puis nommé consul honoraire le 15 août suivant.
Inscrit à la Chambre au groupe radical-socialiste, il est membre du bureau de son parti, membre de la Commission de la marine (1906) ; membre de la Commission des affaires extérieures, des protectorats et des colonies (1906). Il s'intéresse à plusieurs reprises à la situation des inscrits maritimes d'origine étrangère, au point de vue de l'obtention de la pension de demi-solde (1907). Citons en outre : son rapport sur le projet de loi portant approbation d'un arrangement conclu à Paris le 18 septembre 1907 entre la République française et la République du Libéria pour fixer définitivement les limites des possessions françaises et des territoires du Libéria (1908) ; son rapport sur la proposition de loi de M. Colin, tendant à modifier l'article 33 de la loi du 14 juillet 1908 concernant les pensions sur la Caisse des invalides de la marine (1909); son rapport sur le projet de loi portant approbation de la convention d'arbitrage relative à l'île Clipperton entre la France et le Mexique, signée à Mexico le 2 mars 1909 (1910). Il est entendu dans la discussion des interpellations sur la délimitation de la Champagne vinicole (1910). Il demande, comme rapporteur, la déclaration de l'urgence de la proposition de loi de M. Colin concernant les pensions de la Caisse des invalides de la marine (1910).
Aux élections générales des 24 avril et 8 mai 1910, il échoue, au deuxième tour de scrutin, par 10.905 voix contre 12.417 à M. Soussial, industriel, sur 23.607 votants. Il est alors réintégré dans son administration d'origine, nommé consul à Malaga, puis attaché commercial à Madrid. C'est à cette époque qu'il se lie d'amitié avec des écrivains espagnols tels que Valle-Inclan, Pio Baroja, Blasco Ibanez, Ruben Dario. Il traduit les œuvres de plusieurs d'entre eux. En 1913, le Mercure de France publie la traduction de Romance de Lobos de Ramon del Valle-Inclan sous le titre français de La geste des loups. En mars 1914, la même revue fait paraître une étude, signée de Jacques Chaumié, ayant pour sujet le nouveau mouvement littéraire espagnol, étude très documentée qui attire l'attention de nombreux érudits.
Il rentre en France pour se présenter aux élections générales des 26 avril et 10 mai 1914 et est élu, au deuxième tour de scrutin par 11.275 voix contre 10.556 à M. Audiran, sur 22.204 votants. Membre de la Commission de la marine (1914) ; de la Commission des affaires extérieures des protectorats et des colonies (1914) comme sous sa première législature, il sera nommé, en 1917, membre de la Commission chargée de l'examen d'une demande en autorisation de poursuites contre deux membres de la Chambre : MM. Caillaux et Loustalot. Bien que parlementaire et réformé (sa santé a toujours été délicate), il s'engage comme simple soldat dès le début de la guerre et est incorporé dans un régiment territorial de Marmande. Il part immédiatement sur le front. Promu sous-lieutenant le 9 février 1915 et versé du 130e régiment d'infanterie territoriale au 17e régiment d'infanterie, il est bientôt nommé aide de camp d'un général. C'est aux côtés de son chef qu'il est blessé d'une balle au ventre le 26 septembre 1915 alors qu'ils montaient à l'assaut du plateau de Loos. Cet acte d'héroïsme lui vaut la Légion d'honneur accompagnée d'une citation très élogieuse.
Il reprend, dès que son état de santé le lui permet, son activité à la Chambre. Son discours concernant l'organisation du Ministère des Affaires étrangères, prononcé en 1916, est particulièrement remarqué. Il faut citer aussi son rapport sur le projet de loi portant approbation de la convention sur l'éducation des Serbes en France, signée à Corfou le 9 novembre 1916 entre la France et la Serbie (1917). Il prend part, l'année suivante, à la discussion d'une interpellation sur le personnel et l'action diplomatique. Au titre de membre de la Commission des affaires étrangères, il est chargé de plusieurs missions en Espagne.
Aux élections générales du 16 novembre 1919 (scrutin de liste), il est réélu, au deuxième tour de scrutin, sur la liste de l'Union des républicains pour le relèvement national. Il occupe le troisième rang sur cette liste conduite par M. Leygues. Sur 58.160 votants, il emporte 22.388 voix. Sa santé, toujours très ébranlée par les suites de sa blessure, l'empêche de participer aux débats. Il demande de nombreux congés. Le 30 septembre 1920, il meurt à Clermont-Dessous, dans son département du Lot-et-Garonne. C'est à la séance du 8 novembre 1920 que le Président Raoul Péret prononce l'éloge du disparu. « Jacques Chaumié, dira-t-il notamment, a succombé après une longue maladie contractée en accomplissant vaillamment son devoir au front. Il s'était engagé alors que sa santé débile l'aurait dispensé de servir. Il meurt à 43 ans. Fils du regretté sénateur Chaumié, il était, comme son père, un ardent patriote et tenait de lui des qualités solides qu'il nous fut donné d'apprécier dans de nombreux rapports et des interventions à la tribune, notamment au cours des discussions sur la politique étrangère auxquelles l'avait préparé la carrière diplomatique. C'est avec tristesse que nous voyons disparaître en pleine maturité un collègue digne à tous les égards de notre estime et de notre amitié. »