Claude, Denis Mater
1780 - 1862
- Informations générales
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- Né le 30 septembre 1780 à Viarmes ( - Généralité de Paris - France)
- Décédé le 25 février 1862 à Bourges (Cher - France)
1780 - 1862
Député de 1839 à 1848, né à Viarmes (Généralité de Paris, France) le 30 septembre 1780, mort à Bourges (Cher) le 25 février 1862, fils d'un tapissier, il commença par être apprenti chez son père et n'apprit à lire qu'à l'âge de douze ans.
Ayant terminé ses études classiques, il apprit le droit, appartint quelque temps à l'administration des droits réunis, et fut nommé avoué d'appel à Bourges le 8 vendémiaire an XII (1er octobre 1803). Il n'y avait alors que des avoués en titre comme hommes de loi. La même année, il publia, sous le voile de l'anonyme, un Recueil de poésies et deux volumes intitulés : Amours secrètes et politiques du cardinal de Richelieu, d'après deux manuscrits du XVIIe siècle.
Licencié en droit le 16 septembre 1806, il prêta serment d'avocat à la cour de Bourges le 6 novembre 1815. Bonapartiste ardent, il combattit la politique de la Restauration dans les rangs du parti libéral, et s'attira les rigueurs du gouvernement royal. Il avait pris un rang distingué au barreau de Bourges quand éclata la révolution de 1830. M. Mater n'hésita pas à faire adhésion au gouvernement de Louis-Philippe, et fut promu d'emblée premier président de la cour royale. Amateur d'art et de littérature, il fut, avec un artiste de Bourges, M. Charmeil, le fondateur (1833) du musée de cette ville. En septembre 1834, il devint membre correspondant de l'Institut historique présidé par l'académicien Michaud.
Enfin il aborda la carrière parlementaire aux élections du 2 mars 1839 : élu député du 1er collège du Cher (Bourges), par 133 voix (231 votants), il appartint à la majorité conservatrice de la Chambre, et vota pour la dotation du duc de Nemours, pour le projet sur les fortifications de Paris, pour le recensement, contre les motions de la gauche tendant à l'adjonction des capacités, etc.
Réélu, le 9 juillet 1842, par 144 voix (285 votants, 309 inscrits), contre 103 à M. Mayet-Genetry maire de Bourges, il soutint la politique doctrinaire de Guizot, et se prononça notamment pour l'indemnité Pritchard et contre la proposition Rémusat sur les députés fonctionnaires. On lit dans la Galerie des Pritchardistes, publiée en 1846 par le National : « Comme l'espace consacré à cette galerie commande d'être sobres, nous ne savons trop comment parler de M. Mater. Sa vie devrait être écrite par une plume exaltée et avec toute l'ivresse du succès. Il débuta modestement dans les droits réunis, et ses fonctions lui commandaient de visiter les caves. Il s'est élevé de là à la dignité de premier président de la cour royale de Bourges. La Restauration le persécuta, 1830 le vit fougueux démocrate; ex-avoué, simple avocat, mais toujours excité par cette fermentation intérieure qui pousse à toutes les hardiesses, il ne demanda rien moins que la première place à la cour; cette prétention trébucha un instant : le vénérable Dupont (de l'Eure) se défiait des entraînements de M. Mater. Cependant il fut nommé. Les efforts réunis de la coalition le firent triompher en 1839 de M. Mayet-Genetry, maire de Bourges, et en racontant ce jour de gloire qui l'envoyait à la Chambre, M. Mater disait naïvement : « Oh ! ce jour-là, j'en ai vu de toutes les couleurs! » Tant que M. Joubert resta près de lui pour tempérer ses ardeurs et guider ses pas, M. Mater se soutint assez bien, penchant tantôt vers le ministère, tantôt vers l'opposition, ne tombant pas toutefois. Mais, depuis que M. Joubert a quitté la vie politique, M. Mater n'a plus mis de mesure dans ses égarements; il a épuisé la coupe du ministérialisme, et si épaisse que fût la lie de Pritchard, il l'a bue sans hésiter comme le breuvage le plus pur. »
M. Mater obtint encore sa réélection, le 1er août 1846, par 171 voix (330 votants 355 inscrits). Il soutint jusqu'au bout le gouvernement de Louis-Philippe, et rentra dans la vie privée en 1848. Rallié au gouvernement présidentiel de L.-N. Bonaparte, puis à l'Empire, il fut promu, le 24 juin 1852, conseiller à la cour de Cassation, et fut admis à la retraite, en cette dernière qualité, le 15 janvier 1856. Bien qu'il eût alors plus de soixante-quinze ans, M. Mater éprouva de sa mise à la retraite un dépit et une irritation qu'il exhalait volontiers, dans les dernières années de sa vie, en imprécations inattendues contre le gouvernement et la personne de l'empereur. Commandeur de la Légion d'honneur.