Abdoulatifou Aly

1960 - 2020

Informations générales
  • Né le 12 avril 1960 à Inconnu (Madagascar)
  • Décédé le 27 juin 2020 à Mamoudzou (Mayotte - Mayotte)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
XIIIe législature
Mandat
Du 20 juin 2007 au 19 juin 2012
Département
Mayotte
Groupe
Députés n'appartenant à aucun groupe

Biographies

Biographie de la Ve République

ALY (Abdoulatifou)
Né le 12 avril 1960 à Diego-Suarez (Madagascar)
Décédé le 27 juin 2020 à Mamoudzou (Mayotte)

Député de Mayotte de 2007 à 2012

Abdoulatifou Aly naît le 12 avril 1960, à Diego-Suarez à Madagascar où ses parents vivent en dehors de Mayotte. Son père est salarié de la marine marchande. Ceux-ci le poussent à faire une bonne scolarité, lui disant que l’école est un « escalier » pour gravir les échelons de la société.

Abdoulatifou Aly fait ses études primaires et secondaires à Mayotte. Adepte de basket-ball, il fréquente le club des Rapides Éclairs de Pamandzi. Puis il passe son baccalauréat au lycée Leconte-de-Lisle à Saint-Denis de La Réunion. Il part ensuite en Métropole pour faire son droit à l'université Robert-Schuman à Strasbourg. Ainsi se définit-il comme à la fois un pur produit de la culture mahoraise et de l’école républicaine française.

Abdoulatifou Aly devient juriste spécialisé en administration des collectivités territoriales. Il est ensuite attaché territorial en Moselle, chargé du budget des actions sociales. En 1988, de retour à Mayotte, il devient chef du bureau des finances à la préfecture, puis secrétaire général adjoint du conseil général en 1990 et secrétaire général en 1991.

En parallèle, Abdoulatifou Aly commence une carrière politique, d’abord au niveau local. Proche du Mouvement populaire mahorais (MPM), il est adjoint au maire de Pamandzi de 1989 à 1995. Il devient également président du club « Georges-Nahouda », un club de réflexion sur la départementalisation. Il finit par adhérer au Mouvement départementaliste mahorais (MDM), sous l'étiquette duquel il est réélu adjoint au maire de Pamandzi le 19 mars 2001. Il le reste jusqu’au 16 mars 2008. Il rejoint « La Force de l'alternance », une dissidence du MDM. Suppléant du sénateur Marcel Henry, il est aussi son assistant parlementaire jusqu'en 2004.

Au niveau national, Abdoulatifou Aly se présente aux élections législatives de 2007 dans la 1ère circonscription de Mayotte sous l’étiquette « Divers ». Il plaide tout au long de sa campagne pour « l'égalité républicaine », déclarant : « Il faut que le droit commun arrive à Mayotte comme partout ailleurs dans la République ». Il bat le député sortant, Mansour Kamardine (UMP), en recueillant au second tour 56,28 % des suffrages exprimés, soit 18 789 votes. Au premier tour, il obtient 21,39% des suffrages exprimés, soit 6 490 votes, derrière Mansour Kamardine, candidat de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) qui a réuni 27,92% des voix. Au second tour, il a eu le soutien et l'étiquette du Mouvement démocrate (MoDem), qu'il rejoint entre les deux tours. Ce mouvement soutenait au premier tour Daroussi Zainadini.

Au second tour, le député mahorais rejoint les autres députés du MoDem (François Bayrou, Thierry Benoît et Jean Lassalle) sur les bancs des non-inscrits, le 29 juin 2007. Comme les trois autres députés de son parti, il ne vote pas la confiance au gouvernement de François Fillon. Il rejoint le bureau de l'Union pour la démocratie française (UDF), composante du MoDem, au cours du congrès de ce parti, le 30 novembre 2007 à Villepinte. Il est ensuite membre du bureau exécutif provisoire du MoDem, jusqu'en juin 2008.

Durant son mandat, Abdoulatifou Aly concentre ses interventions sur quatre thèmes : le projet de loi de finances de 2010, la réforme des collectivités territoriales, la répartition des richesses et le statut de Mayotte, obtenant la départementalisation souhaitée par une large partie de la population.

Le 11 février 2009, Abdoulatifou Aly intervient sur le changement de statut de Mayotte. Après avoir rappelé le lien historique entre l’île et la France depuis 1841 et la demande mahoraise depuis cinquante ans du statut de département, il explique que celui-ci est un rempart contre une invasion étrangère. De plus, les très fortes inégalités persistantes à Mayotte sont des défis. Il demande l’instauration sans délai d’un état civil fiable des personnes et d’un cadastre à jour, tandis que les élus de Mayotte ont à réaliser rapidement l'extension du droit commun fiscal et douanier dans l'île pour faciliter la départementalisation. Il espère que les Mahorais voteront « oui » au référendum prévu le 29 mars 2009.

En mai 2009, Abdoulatifou Aly s’implique dans les élections européennes. Il part en tournée électorale à la Réunion, aux Antilles et dans le Pacifique pour soutenir la liste "Outre-mer solidaire" menée par Gino Ponin-Ballom, à la demande de François Bayrou.

Par ailleurs, le député mahorais intervient le 28 mai 2009 dans le débat sur la proposition de loi du groupe communiste tendant à promouvoir une autre répartition des richesses. Il se félicite que le gouvernement se préoccupe du problème des inégalités croissantes de la société contemporaine mais se demande si cette évolution n'est pas assumée, acceptée. Il se déclare opposé aux propos du président de la République Nicolas Sarkozy estimant qu’« Une société égalitaire, c'est le contraire d'une société de liberté et de responsabilité ». Il rappelle que le niveau de vie moyen des Mahorais atteint à peine le cinquième du niveau de vie moyen en métropole et que Mayotte vit l’inégalité tous les jours, sous un statut institutionnel précaire et inique. Il se déclare favorable à l'article 1er de la proposition de loi relatif à la suppression du bouclier fiscal ainsi qu’à l'article 4 sur la lutte contre les paradis fiscaux. Cependant il est plus mesuré en ce qui concerne l'augmentation des taux de l'Impôt sur la fortune (ISF) ou la suppression totale des stock-options.

Abdoulatifou Aly intervient aussi sur le projet de la loi de finances de 2010, le 4 novembre 2009. Il remarque que le budget de l’outre-mer pour 2010 est en essor de 12%. Cependant, il juge « misérable » le fonds mahorais de développement, qui n'est crédité que de 600 000 euros. Il dépose un amendement relatif aux constructions des établissements du premier degré, écoles maternelles et établissements d'enseignement élémentaire, pour lesquels 600 salles de classe font défaut. Il propose également sans succès un autre amendement concernant les personnels de l'éducation nationale et de la fonction publique en général, qui vise à abroger le système inégalitaire de l'indemnité d'éloignement pour le remplacer par l'indexation des salaires en vigueur dans les départements d'outre-mer. Il souhaite que, dans le pacte pour la départementalisation de Mayotte, soit présentée la revalorisation des prestations sociales existantes. Un autre amendement concerne la sur-rémunération des fonctionnaires mutés à Mayotte, payés avant et après le séjour. L’objectif est que celle-ci soit dépensée à Mayotte, et non hors de son territoire, pour permettre à son économie de fonctionner un peu mieux.

Abdoulatifou Aly intervient également lors de l’examen de la réforme des collectivités territoriales, le 27 mai 2010. Il estime que l'enchevêtrement de l'organisation territoriale manque de lisibilité, de rationalité et d'efficacité. Cependant il regrette que le mode d'élection des futurs élus territoriaux soit le classique scrutin uninominal majoritaire à deux tours et qu’à Mayotte le mandat de conseiller territorial ne commence qu'à partir de mars 2014. De plus il rappelle que la collectivité ne retrouvera la plénitude de ses compétences départementales et régionales qu'à partir du 1er janvier 2014. Il regrette le maintien dans ce nouveau département de dispositions législatives et réglementaires désuètes.

Le 15 juin 2010, Abdoulatifou Aly demande la création d'une commission d'enquête sur les causes de l'accident survenu le 30 juin 2009, de l'appareil de la compagnie aérienne Yemenia assurant la liaison Paris-Moroni via Sanaa. Le 30 juin 2010, un an après la mort des 152 victimes, surtout françaises et comoriennes, il rappelle qu’une association, SOS Voyages aux Comores, avait été créée pour alerter les autorités sur l'état déplorable des avions de cette compagnie. Il demande donc des discussions bilatérales avec le gouvernement comorien pour l'amener à prendre les mesures en matière de sécurité aérienne.

Le 22 juin 2010, le député Mahorais demande au gouvernement, lors d’une question orale, les modalités de la mise en œuvre de ce processus départemental. Il explique que l'essentiel de la loi pour le développement économique de l'outre-mer (la LODEOM) n'est pas applicable au futur département. Il souhaite donc un projet de loi de développement économique spécifique pour Mayotte.

Le 7 juillet 2010, Abdoulatifou Aly vote pour le projet de loi interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public, dit « loi burqa ».

Sur le plan partisan, le député mahorais est chargé de l'Outre-mer, de la coopération et de la francophonie dans le contre-gouvernement que François Bayrou met en place en septembre de la même année.

Le 29 juin 2011, dans une question au gouvernement, il interroge le ministre du Budget sur le fait que l’indexation des salaires à Mayotte ne profite qu’à une infime minorité des fonctionnaires de l'État, en l'occurrence certains journalistes du réseau France Ô, les gendarmes et les militaires exclusivement. Il le déplore car c’est perpétuer à ses yeux l'inégalité de traitement entre les agents de l'État en service à Mayotte. Le même jour, à propos du projet de loi spécifique à la Guyane et à la Martinique, il attire l’attention du garde des Sceaux sur le fait qu’à Mayotte existe encore l’acte de dation de nom quand des citoyens de droit commun ou des parents étrangers procèdent à la reconnaissance de leurs enfants. Il souhaite qu’y soit établi un acte de reconnaissance comme ailleurs.

Dans ses questions orales, Abdoulatifou Aly porte la voix de Mayotte. Le 6 juin 2011, il interroge ainsi la sous-secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer sur la lutte contre la hausse incessante et continue des prix, plus forte à Mayotte qu’ailleurs, et sur les moyens de préserver le pouvoir d'achat des consommateurs locaux. De plus, le 27 décembre 2011, Abdoulatifou Aly attire l'attention de la ministre des Solidarités et de la cohésion sociale sur la nécessité de soumettre la caisse de sécurité sociale et l'établissement d'allocations familiales de Mayotte au régime de droit commun national de ces organismes sociaux afin d’étendre à la collectivité l'ensemble des prestations sociales en vigueur en métropole. Enfin, le 20 décembre 2011, le député mahorais déplore que, lors des manifestations contre la vie chère à Mayotte en octobre et novembre 2011, les gendarmes mahorais aient été moins bien rémunérés que ceux venus de métropole, alors que leurs missions étaient identiques.

Candidat à sa réélection lors des élections législatives de 2012, Abdoulatifou Aly subit un échec extrêmement sévère. En effet, au premier tour, il n'obtient que 0,82 % des suffrages, soit 127 voix. Cela s'explique notamment par sa faible participation à l'Assemblée nationale et ce qui est localement jugé comme ne pouvant pas « porter la voix de Mayotte » en métropole. Ses comptes de campagne sont ensuite rejetés, le 24 mai 2013, par le Conseil constitutionnel, qui le déclare inéligible pour une durée d'un an. Après sa défaite aux élections législatives, Abdoulatifou Aly se retire de la vie politique.

Avocat au barreau de Mamoudzou, il est ensuite condamné en appel le 24 janvier 2013 pour abus de confiance, pour avoir conservé le montant de dommages et intérêts destinés à certains de ses clients. N'ayant pas respecté l'obligation de les indemniser, il subit à partir de juillet 2014 une peine de six mois d'emprisonnement. De plus, il est interdit d'exercer sa profession d’avocat pendant 30 mois avec 6 mois de sursis, ainsi que sa fonction de bâtonnier pendant 5 ans.

Le 13 janvier 2016, l’ancien député est agressé par plusieurs individus, vraisemblablement alcoolisés, dans le quartier des Hauts-Vallons, près de Mamoudzou.

Abdoulatifou Aly décède le 27 juin 2020, à l’âge de 60 ans, au centre hospitalier de Mamoudzou, à Mayotte.