Augustin, Jean, Alexis, Félix Chauvet
1900 - 1988
Né le 28 juin 1900 à Salins (Cantal)
Décédé le 2 juillet 1988 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)
Député du Cantal de 1956 à 1958
Augustin Chauvet, originaire du Cantal, entre comme surnuméraire dans l'administration de l'Enregistrement le 18 juillet 1919. Licencié en droit et titulaire d'un diplôme d'études supérieures de droit public et d'économie politique, il monte régulièrement en grade. Il est promu successivement receveur (1924), rédacteur (1928), inspecteur adjoint puis inspecteur (1930), enfin rédacteur principal à la direction générale à Paris (1931). Il est mobilisé pendant la campagne de France (septembre 1939 juillet 1940) et sa conduite lui vaut une citation à l'ordre du régiment. Démobilisé, il retrouve ses fonctions au ministère des Finances où il est successivement nommé chef de bureau (1942) puis administrateur, et enfin chef de division en août 1945. La croix de chevalier de la Légion d'honneur, en décembre de la même année, récompense ses mérites de fonctionnaire. Mais il renoue bientôt ses liens avec son pays d'origine en se faisant élire maire de la commune d'Anglards-de-Salers en octobre 1947, puis conseiller général du canton de Salers au scrutin du 2 mars 1949. En liaison avec ses fonctions locales, il fonde et préside la société coopérative d'H.L.M., « le Foyer cantalien ». Augustin Chauvet est également à la tête du syndicat des eaux de la région de Mauriac, du conseil d'administration du Herd Book de Salers et du syndicat de contrôle laitier du Massif Central. Son rayonnement départemental lui permet de se porter candidat aux élections législatives de 1951 sur une liste présentée par l'U.D.S.R. mais sans succès. Il tente de nouveau sa chance sous ces mêmes couleurs lors d'une élection partielle en 1954.
Augustin Chauvet obtient sa revanche lors du scrutin du 2 janvier 1956. La liste U.D.S.R. qu'il conduit recueille 11 662 voix tandis que 13 519 suffrages se portent sur son nom. Il obtient donc l'un des trois sièges du département. Les deux autres élus sont un socialiste et Camille Laurens, indépendant paysan et ancien ministre.
Le maire d'Anglards-de-Salers est un parlementaire actif. Il appartient à la Commission de l'intérieur, à celle des affaires étrangères, puis, à partir de juin 1957 à celle des finances. Il dépose de nombreux textes, compte tenu de la faible durée de la dernière législature de la IVe République. Ses propositions de loi, comme ses rapports, sont liés à ses compétences administratives : ils visent à des réformes fiscales, à des bonifications de carrière de certaines catégories de fonctionnaires ou portent sur les entreprises nationalisées.
Ses interventions orales sont également motivées par les réformes fiscales et sociales ou par les problèmes budgétaires si importants à la fin de la IVe République. Lors de la séance de discussion du projet de loi créant le Fonds national de solidarité, le 26 avril 1956, il critique vigoureusement la politique fiscale de facilité du gouvernement. Celui-ci, d'après le député du Cantal, finance une fois de plus des mesures sociales par des taxes injustes qui risquent en outre d'accélérer l'inflation et donc de réduire les augmentations apparentes de pouvoir d'achat accordées aux plus démunis. Il s'inquiète enfin des pouvoirs considérables que le Parlement va donner au gouvernement sans aucun contrôle. Augustin Chauvet reprend les mêmes thèmes en les amplifiant lors de la séance du 26 juillet. Il stigmatise l'absence d'imagination fiscale du pouvoir exécutif. Les nouvelles mesures vont peser inégalement sur les contribuables en raison de la fraude, alors qu'il s'agit de financer des dépenses de solidarité ou liées à la défense nationale. Il conclut par un plaidoyer en faveur d'une réforme fiscale.
Lors de la discussion de la question de confiance posée pour l'adoption de l'ordre du jour de Robert Verdier, le 28 mars 1957, Augustin Chauvet marque les réticences croissantes que suscite la politique gouvernementale dans les rangs de son parti, l'U.D.S.R. S'il annonce finalement qu'il soutiendra le gouvernement Guy Mollet avec ses amis, il souligne combien la politique financière menée manque d'ampleur et n'est pas à la hauteur des enjeux de l'heure, compte tenu du refus de réformes conséquentes. Le motif invoqué pour justifier le vote de confiance est l'approbation de la politique algérienne du pouvoir en place. Il reprend une argumentation similaire le 24 juin 1957 puisqu'il critique la politique de la taxation des produits pétroliers, frein à l'expansion économique, mais annonce le maintien de sa confiance au gouvernement au nom du refus de déclencher une crise au moment où la France se trouve dans une situation périlleuse sur le plan international.
La dernière intervention importante d'Augustin Chauvet est liée à ses fonctions de rapporteur spécial de la Commission des finances pour les travaux publics, les transports et le tourisme, lors de la séance du 10 mars 1958. Il s'inquiète notamment des diminutions de crédit qui vont affecter tous les investissements : constructions de routes, d'autoroutes, modernisation des canaux et des ponts, reconstruction ferroviaire, alors même que la France va devoir affronter la concurrence des autres pays du Marché commun, beaucoup mieux placés dans tous ces domaines. Il demande au gouvernement l'assurance que les réductions prévues n'auront qu'un caractère exceptionnel lié à la situation économique. Partisan du retour au pouvoir du général de Gaulle, Augustin Chauvet lui accorde la confiance et vote les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle le 2 juin 1958. Aussi le changement de régime ne marquera-t-il pas de rupture dans sa carrière politique qui se poursuivra pendant une grande partie de la Ve République.