Emile Chauvin
1870 - 1933
Né le 27 août 1870 à Provins (Seine-et-Marne), mort le 23 décembre 1933 à Paris.
Député de Seine-et-Marne de 1898 à 1909.
Licencié ès lettres, licencié ès sciences mathématiques, licencié, puis docteur en droit, et avocat à la Cour d'appel de Paris, Emile Chauvin fut nommé en 1896 maître de conférence à la Faculté de droit de Paris.
Ayant exposé, en réunion publique à Nanteuil-les-Meaux (Seine-et-Marne), les doctrines socialistes, qui, à cette époque étaient considérées comme quelque peu révolutionnaires, il fut révoqué en mars 1897 par M. Alfred Rambaud Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts dans le Cabinet Jules Méline.
Reçu premier, cette même année, au concours d'agrégation des Facultés de droit dans la section des sciences économiques, il fut envoyé, à titre de réprimande, à la Faculté de droit de Montpellier, où il commença ses cours le 7 novembre 1897.
S'étant fait élire conseiller général du canton de Nangis (Seine-et-Marne), il se présenta aux élections générales législatives des 8 et 22 mai 1898, et fut élu au deuxième tour de scrutin, député de la 2e circonscription de Meaux, nouvellement créée, par 5.265 voix, contre 4.722 à M. Droz, sur 10.047 votants.
Dans sa profession de foi, il se proclamait radical-socialiste, ennemi du collectivisme et défenseur et protecteur de la propriété individuelle. « Nos adversaires progressistes et ralliés, déclarait-il, se disent, eux aussi, républicains. La vérité est qu'ils ont fait de la République la servante très humble d'une féodalité financière et d'une oligarchie de spéculateurs ; ils l'ont abaissée aux pieds des princes et du clergé ; s'ils estiment tout ce qui est bien, c'est parce que la République qu'ils ont faite, est aménagée à leur usage.
« Nous estimons, nous, qu'un peuple libre, épris de justice et d'égalité, ne doit pas s'arrêter tant qu'il y a des abus à détruire, des réformes à accomplir. « Nous voulons la marche en avant.
«Entre la République des financiers et la République du peuple, le suffrage universel choisira. »
Inscrit au groupe radical-socialiste, il fut secrétaire d'âge à l'ouverture de la législature. Membre de diverses commissions spéciales, il déposa deux propositions de loi ayant pour objet, la première la répression des paris aux courses prohibées (1899), la deuxième de modifier l'article 4 de la loi du 2 juin 1891 sur les courses de chevaux (1902). Il fut chargé de rapporter la proposition de loi, adoptée par le Sénat, tendant à modifier le mode de prestation du serment devant les cours et tribunaux (1899) et la proposition de loi relative à l'indemnité des Députés (1900). Son activité à la tribune fut intense ; il participa à la discussion : du budget du Ministère de l'Agriculture de l'exercice 1899 (jeu pratiqué dans les enceintes de courses) (1899), du budget du Ministère de la Justice du même exercice (suppression de certains tribunaux de première instance, exploitation de la publicité commerciale sur les boîtes d'allumettes) (1899) ; de la proposition de loi relative aux amendes de confiscation prononcées contre certaines agences clandestines du jeu (1899) ; du budget des chemins de fer de l'Etat et des Conventions de l'exercice 1900 (sécurité des voyageurs) et de l'agriculture du même exercice (courses et paris de chevaux) (1900) ; de l'interpellation sur la catastrophe de Choisy-leRoy (1900) ; des propositions de loi tendant à assurer la liberté et le secret du vote (1901) ; du budget de l'Instruction publique (traitement des assistants au Museum), du budget de la guerre (achat aux producteurs de denrées agricoles, conserves de viandes, marchés de conserves), du budget des Finances (dégrèvement des cotes mobilières), de l'exercice 1902 (1902) ; des propositions de loi tendant au rétablissement du scrutin de liste (1902).
Il retrouva son siège aux élections générales du 27 avril 1902, au premier tour de scrutin, par 5.514 voix contre 4.766 à M. Lugol, sur 10.556 votants. Membre de la Commission d'assurance et de prévoyance sociales, de la Commission de réforme judiciaire, et de la Commission de la justice militaire, il déposa trois propositions de loi, la première portant modification des articles 690 et 706 du Code de procédure civile et tendant à empêcher la saisie des immeubles d'une valeur inférieure à 400 francs (1902), la deuxième concernant la protection du travail national (1902), la troisième modifiant l'article 4 de la loi du 2 juin 1891 sur les courses de chevaux (1902). Il se fit entendre dans la discussion : d'une interpellation sur les inconvénients pour les ouvriers travaillant en plein air, de l'application de la loi du 30 mars 1900, et déposa en conclusion, un ordre du jour motivé (1902) ; du budget général de l'exercice 1903 (régime des sucres) (1902), et adressa au Ministre du Commerce une question relative à l'application aux ouvriers agricoles de la loi de 1898 sur les accidents du travail (1905).
Réélu aux élections générales du 6 mai 1906, au premier tour de scrutin, par 5.949 voix contre 4.390 à M. Lugol, sur 10.785 votants, il siégea à la Commission d'assurance et de prévoyance sociales et à la Commission de la réforme judiciaire et de législation civile et criminelle. Il fut chargé de rapporter : le projet de loi étendant aux exploitations agricoles la législation sur les accidents du travail (1907), le projet de loi adopté par le Sénat, modifiant l'article 6 de la loi du 12 avril 1906 relatif à la contribution imposée aux exploitants non patentés pour l'alimentation du fonds de garantie institué par la loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail (1908) ; la proposition de loi ayant pour objet l'extension aux exploitations forestières des dispositions de la loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail (1908) ; la proposition de loi tendant à étendre le régime de la législation sur les accidents du travail aux gens de maison, domestiques et serviteurs de toute sorte (1909) ; les propositions de loi ayant pour objet de modifier la loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail (1909). Il prit part en outre, à la discussion des interpellations sur la politique générale du -Gouvernement et l'exercice du droit syndical et déposa un ordre du jour motivé en conclusion du débat (1907) ; il interpella le Gouvernement sur le déplacement d'office des titulaires de bureaux de poste déclassés (1908), et se fit entendre au cours de la discussion : de la loi de finances de l'exercice 1909 (application de la loi sur les accidents du travail aux bûcherons employés par l'Etat) (1908) ; du projet d'impôt sur le revenu (1909). Enfin, il interpella le Ministre de l'Agriculture sur la délimitation de la Champagne viticole (1909).
A la séance du 21 décembre 1909, le président Henri Brisson fit part à l'Assemblée d'une lettre par laquelle Emile Chauvin déclarait se démettre de son mandat de député, sans faire connaître les motifs de cette décision.
Il mettait fin aussitôt à son congé, et reprenait, à partir du 24 décembre, son enseignement, mais cette fois, à l'Ecole de Droit d'Alger. Il y fut chargé des cours d'économie politique et d'un cours complémentaire de législation coloniale. Il revint en 1915 à la Faculté de Droit de Montpellier, où, en plus de ses cours d'économie politique, il enseigna l'histoire des doctrines économiques.
Il se fit mettre, en 1917, en congé d'inactivité qu'il fit renouveler d'année en année jusqu'au 19 octobre 1931 où il fut admis à faire valoir ses droits à la retraite pour ancienneté.
Il mourût deux années plus tard, le 23 décembre 1933, à Paris, à son domicile 50, rue Michel-Ange. Il était âgé de 63 ans.
Ses obsèques eurent lieu le mardi 26 en l'Eglise Notre-Dame d'Auteuil, suivies de l'inhumation au cimetière de la ville haute, à Provins (Seine-et-Marne).