Louis, Ferdinand Bonnet

1760 - 1839

Informations générales
  • Né le 10 juillet 1760 à Paris ( - Généralité de Paris France)
  • Décédé le 6 décembre 1839 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Seconde Restauration - Chambre des députés des départements
Législature
IIe législature
Mandat
Du 13 novembre 1820 au 1er mai 1822
Département
Seine
Groupe
Majorité ministérielle
Régime politique
Seconde Restauration - Chambre des députés des départements
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 6 mars 1824 au 5 novembre 1827
Département
Seine
Groupe
Majorité ministérielle

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député de 1820 à 1822 et de 1824 à 1827, né à Paris (Généralité de Paris), le 10 juillet 1760, mort à Paris (Seine), le 6 décembre 1839, il était déjà célèbre comme avocat au début de la Révolution.

Après de brillantes études au collège Mazarin, il avait été désigné, dès 1786, par le bâtonnier de l'ordre, à Paris, pour faire le discours d'ouverture de la conférence instituée pour les avocats stagiaires. Sa harangue sur les « trois âges de l'avocat » fut considérée alors comme un modèle. En 1788, il fut appelé à défendre au Parlement la dame Kornmann, sur la plainte en adultère dirigée contre elle par son mari. Bergasse avait lancé un premier mémoire au nom du plaignant, et toute la verve de Beaumarchais, qui écrivait pour la dame Kornmann, n'avait pu détruire l'effet de cet habile factum. Bonnet réussit au delà de toute espérance dans cette défense périlleuse. L'affaire occupa quinze audiences, et donna lieu à soixante mémoires ou répliques ; elle se termina par un arrêt qui déclarait Kornmann non recevable et supprimait les mémoires de Bergasse.

La révolution de 1789 ayant entraîné la suppression des parlements, Bonnet en garda, pour ainsi dire, rancune aux pouvoirs nouveaux, refusa d'exercer la profession de défenseur officieux, après l'abolition légale de l'ordre des avocats, et se réfugia dans les bureaux du domaine national (1794), où M. Duchâtel, directeur, lui procura un emploi.

Rentré au barreau sous le Consulat, il se distingua dans l'affaire Lanefranque, où il plaidait contre MM. Blaque et Delamalle, et surtout dans la défense du général Moreau. L'exorde seul de son plaidoyer était écrit, et l'idée même de la péroraison servant de résumé ne vint à son esprit que pendant le court repos qu'il fut obligé de prendre.

On a raconté que l'empereur de Russie, pendant son séjour à Paris en 1814, fit demander ce plaidoyer et écrivit une lettre flatteuse à l'avocat. « Le général Moreau, avait dit Bonnet, le général Moreau est dans les fers ! Par les plus grands et les plus signalés services, par les plus brillantes victoires, par les conquêtes les plus importantes, par le salut de plusieurs armées, on n'acquiert pas sans doute le droit de trahir son pays, de renverser son gouvernement, d'exciter la guerre civile ; on n'acquiert pas le droit exécrable de déchirer le sein de sa patrie. Loin de nous le système d'une aussi affreuse compensation. Mais ces exploits, ces conquêtes, ce dévouement héroïque et sans bornes, tant de valeur, un si grand nombre de victoires, tant de préjugés heureux, vingt-cinq ans de probité qui les accompagnent, seront-ils donc perdus pour la justification d'un illustre accusé ? Non, messieurs, la raison, la justice et le sentiment proscrivent ce système, dicté par l'irréflexion et l'ingratitude... » Il termina par ces paroles : « La confiance de mon client est entière dans votre justice, messieurs; vous ne devez sûrement voir ici que les preuves, et vous n'y verrez que les preuves. Vous jugerez le général Moreau comme vous jugerez les autres accusés. Chaque mesure sera pesée dans la balance ; vous ne condamnerez pas en masse ; tout sera vu, examiné, et ceux qui sont innocents doivent conserver toute leur sécurité. Messieurs, votre jugement interviendra sur un des procès les plus célèbres que l'histoire puisse transmettre à la postérité; il sera digne de l'impartialité qui vous caractérise ; il sera digne d'être émané de la première ville de France. Songez-y, et certes vous y avez déjà songé, votre conscience est là, et c'est elle seule qui peut dicter votre jugement ; l'univers vous écoute pour l'entendre, et la postérité vous en bénira, parce qu'il sera conforme à la justice. »

Outre ce plaidoyer, Bonnet fit paraître, avec la collaboration de Bellart et de Pérignon, ses confrères, un mémoire en faveur du général. La Restauration compta Bonnet, dès 1814, parmi ses partisans.

Devenu bâtonnier de l'ordre en 1816, il fut, plus tard, désigné comme l'un des deux avocats d'office de la défense de Louvel (1820) devant la Chambre des pairs.

La même année, il fut élu député de la Seine, au collège de département, par 1 017 voix (1 986 votants, 2 206 inscrits) ; il soutint le gouvernement, fut réélu le 6 mars 1824 par le même collège, avec 1 233 voix sur 2 300 votants, et défendit le ministère Villèle, qui le nomma, le 18 janvier 1826, conseiller à la Cour de cassation.

Bonnet fut aussi, sous la Restauration, membre du conseil général du département de la Seine ; il fut rapporteur de la « loi d'amour » (loi sur la presse, février 1827), fit partie de la commission de révision des lois du royaume, bien que la science juridique fût chez lui très inférieure au talent de l'avocat, et fut nommé chevalier de la Légion d'honneur.

Il conserva ses fonctions de magistrat après l'avènement de Louis-Philippe, et les exerça jusqu'à sa mort (1839).