Martial, Côme, Annibal, Perpétue, Magloire Guernon de Ranville
1787 - 1866
Ministre et député en 1830, né à Caen (Généralité de Caen) le 2 mai 1787, mort au château de Ranville (Calvados) le 30 novembre 1866, de vieille noblesse normande, fils d'un brave officier aux mousquetaires noirs, à qui son fils n'eut jamais à reprocher que le bizarre accouplement de ses prénoms, s'engagea en 1806 aux vélites de la garde impériale.
Réformé pour cause de myopie, il se fit inscrire au barreau de Caen, salua avec enthousiasme le retour des Bourbons, s'engagea aux Cent-Jours dans une compagnie de jeunes volontaires qui devaient courir sus à « l'usurpateur », mais se contenta d'aller à Gand avec sa compagnie de volontaires monter la garde auprés de Louis XVIII. Son dévouement ne fut récompensé qu'en 1820 par sa nomination aux fonctions de président du tribunal civil de Bayeux. Peu après, avocat général à Colmar, procureur général à Limoges en 1822, à Grenoble en 1826, et à Lyon en 1829, il se déclara, dans son discours d'installation en cette dernière ville, nettement « contre-révolutionnaire ».
Appelé, dans le ministère Polignac, à prendre, le 18 novembre 1829, la succession de M. de Montbel comme ministre des Cultes et grand-maître de l'Université, il chercha, durant son séjour au ministère, à améliorer le sort des instituteurs et fit rendre, le 14 février 1830, une ordonnance étendant le bénéfice de l'instruction primaire à toutes les communes du royaume.
Le 2 mars suivant, élu député par le collège de département de Maine-et-Loire, avec 185 voix (309 votants, 357 inscrits), contre 122 à M. de Vatimesnil, en remplacement de M. Régis de la Bourdonnaye, nommé pair de France, il combattit le projet d'adresse des 221, tandis que, au conseil des ministres, il s'élevait contre la dissolution et se prononçait nettement, dans la discussion sur les Ordonnances, contre les mesures extrêmes.
Il avait été réélu député le 19 juillet, avec 193 voix (354 votants, 387 inscrits). Le 29, après avoir signé les Ordonnances, beaucoup moins par conviction que pour ne pas se séparer de ses collègues, il repoussa toute idée de transaction avec l'insurrection.
Après le départ de la famille royale, il partit pour Tours, fut arrêté aux portes de cette ville, et conduit à Vincennes dans la nuit du 25 au 26 août. Devant la cour des pairs où il comparut en décembre, il fut défendu par Crémieux, et fut condamné à la prison perpétuelle. Prisonnier à Ham pendant cinq ans, il bénéficia de l'amnistie de 1836, et se retira à Ranville où il vécut dans la retraite.