Anne Grommerch

1970 - 2016

Informations générales
  • Née le 11 décembre 1970 à Thionville (Moselle - France)
  • Décédée le 15 avril 2016 à Esch-sur-Alzette (Luxembourg)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
XIIIe législature
Mandat
Du 17 novembre 2008 au 19 juin 2012
Département
Moselle
Groupe
Union pour un mouvement populaire
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
XIVe législature
Mandat
Du 20 juin 2012 au 15 avril 2016
Département
Moselle
Groupe
Union pour un mouvement populaire

Biographies

Biographie de la Ve République

GROMMERCH (Anne)
Née le 11 décembre 1970 à Thionville (Moselle)
Décédée le 15 avril 2016 à Esch-sur-Alzette (Luxembourg)

Députée de la Moselle de 2008 à 2016

Née à Thionville le 11 décembre 1970, Anne Grommerch est issue d’une famille établie initialement dans la petite commune de Waldwisse au nord de la Moselle à la frontière allemande, qui constituait autrefois un trait d’union ferroviaire entre le sommet des côtes de Moselle et la Sarre. Ses parents, Fernand et Irène Brandenburger, s'installent après-guerre à Thionville, et tiennent une boucherie rue de l'Agriculture. Avec son frère et sa sœur, la jeune Anne fréquente l’école de la Perdrix, le collège Paul Valéry puis le lycée Hélène Boucher. Elle échoue au concours de sage-femme puis entame des études en sciences de la nature à l’université de Nancy où elle obtient un Diplôme d'études universitaires générales (DEUG). Vive et dynamique, maîtrisant parfaitement l’allemand et le luxembourgeois, langue proche du francique, dialecte parlé dans le nord de la Moselle, elle est recrutée en 1981 comme assistante de direction dans un bureau d’expertise automobile au Luxembourg. Déléguée commerciale, puis district manager, elle est promue en 2006 directrice des ventes de la SARL Soutirages luxembourgeois. En juin 2001, elle épouse Éric Grommerch, directeur d’un cabinet d’expertise, originaire de Spa en Belgique, avec lequel elle a deux fils et une fille.

Sur le plan politique, Anne Grommerch, engagée à droite, membre de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), est proche de Jean-Marie Demange, le puissant député-maire de Thionville qui siège à l’Assemblée nationale depuis 1986, et arrache la mairie aux communistes en 1995. Conseillère municipale UMP de Roussy-le-Village, petite commune au nord de Thionville, à la frontière avec le Luxembourg, de mars 2008 à décembre 2012, celle qui fut suppléante de Jean-Marie Demange à partir de 2007, le remplace à l’Assemblée après le suicide, le 17 novembre 2008, du député brisé par son échec aux municipales de mars 2008 face au socialiste Bertrand Mertz, et miné par des problèmes liés à sa vie privée. Désireuse de se consacrer exclusivement à ses nouvelles fonctions de députée en dépit d’un cancer du sein qui lui est alors détecté, Anne Grommerch met un terme à sa carrière professionnelle.

Elle entre à l’Assemblée nationale fin novembre 2008, siège au groupe UMP et à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, puis à la commission des affaires sociales de juillet 2009 à janvier 2011 et, enfin, à la commission des affaires économiques jusqu’en juin 2012. En 2009, elle est membre de la mission d’information de la commission des affaires sociales sur la prise en charge des victimes de l’amiante. De novembre 2010 à juin 2011, la députée siège aussi à la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi relatif à la bioéthique. Pour conforter son implantation, Anne Grommerch se fait élire conseillère régionale de Lorraine en mars 2010, et exercera ce mandat jusqu’en 2015. Membre de La Droite sociale, courant de l’UMP, Anne Grommerch est proche de Laurent Wauquiez qui se revendique d'une droite « décomplexée ». De fait, si la députée de Thionville se veut libérale sur le plan économique, elle ne cache pas un certain conservatisme sur le plan des valeurs. En juillet 2011, chargée d'un rapport sur la « famille durable » pour l'UMP, elle exprime ses réticences vis-à-vis de l’adoption d’enfants par un couple homosexuel. Cette prise de position lui vaut l’hostilité du collectif Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT), qui occupe sa permanence le 20 avril 2012.

Alors qu’une récidive de son cancer la contraint à un lourd traitement médical, Anne Grommerch décide, lors des législatives de juin 2012, de se présenter dans la 9ème circonscription de la Moselle sous les couleurs de l’UMP, avec l’appui de son suppléant Patrick Weiten. Opposée à l’avocat socialiste et maire de Thionville Bertrand Mertz, elle s’impose au second tour en rassemblant 53,07 % des suffrages exprimés. Elle reste fidèle au groupe UMP, puis Les Républicains, dont elle devient vice-présidente le 26 juin 2012, et retrouve la commission des affaires économiques. À partir de janvier 2013, la députée d’une circonscription frappée par la désindustrialisation, est aussi vice-présidente, en février 2013, de la commission d'enquête sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement. De juillet 2012 à mars 2015, elle siège à l’Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques. Elle est rapporteure pour avis des projets de loi de finances, en ce qui concerne la mission économie. Du fait de son ancien parcours professionnel au Grand-Duché, elle est vice-présidente du groupe d’amitié France-Luxembourg. Forte de son ancrage territorial et de son intérêt pour les questions de sidérurgie, elle devient membre de la mission parlementaire de suivi de l’accord État-Mittal ainsi que de celle du contrôle de la stratégie des entreprises à capitaux publics. Membre de la mission d’information commune sur la Banque publique d’investissement, elle est aussi vice-présidente du groupe d’études sidérurgie et fonderie.

Durant cette XIVe législature, la députée se montre une adversaire déterminée de la majorité de gauche et vote contre la déclaration de politique générale du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, le 3 juillet 2012, et contre celle du gouvernement de M. Manuel Valls, le 8 avril 2014. Elle vote contre les projets de loi de finances, le projet de loi de séparation et de régulation des activités bancaires (19 février 2013), le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe (12 février 2013), le projet de loi portant création du contrat de génération (23 janvier 2013), le projet de loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République (19 mars 2013), le projet de loi relatif à la consommation (3 juillet 2013), le projet de loi organique relatif au Procureur de la République financier (25 juin 2013), le projet de loi relatif à la lutte contre la fraude fiscale et la grande délinquance économique et financière (25 juin 2013), le projet de loi relatif à la transparence de la vie publique (25 juin 2013), le projet de loi constitutionnelle portant réforme du Conseil supérieur de la magistrature (4 juin 2013), le projet de loi relatif à l'enseignement supérieur et à la recherche (28 mai 2013), la proposition de loi visant à redonner des perspectives à l'économie réelle et à l'emploi industriel (1er octobre 2013), le projet de loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (17 septembre 2013), le projet de loi garantissant l'avenir et la justice du système de retraites (26 novembre 2013), le projet de loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt (14 janvier 2014), le projet de loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine (27 novembre 2013), le projet de loi portant réforme ferroviaire (24 juin 2014), le projet de loi relatif à la prévention de la récidive et à l'individualisation des peines (10 juin 2014), le projet de loi relatif à l'économie sociale et solidaire (20 mai 2014), le projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte (14 octobre 2014), le projet de loi relatif à l'adaptation de la société au vieillissement (17 septembre 2014), le projet de loi relatif à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral (23 juillet 2014), le projet de loi relatif à la réforme de l'asile (16 décembre 2014), le projet de loi relatif à la biodiversité (24 mars 2015), le projet de loi de modernisation de notre système de santé (14 avril 2015), le projet de loi relatif au dialogue social et à l'emploi (2 juin 2015), le projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine (6 octobre 2015), le projet de loi constitutionnelle de protection de la Nation (10 février 2016). Elle vote également les motions de censure déposées par Christian Jacob, les 20 mars 2013, 19 février 2015 et 18 juin 2015.

En revanche, Anne Grommerch approuve les grands choix diplomatiques et militaires du gouvernement : elle vote le 9 octobre 2012 pour le projet de loi autorisant la ratification du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'Union économique et monétaire, pour l'autorisation de la prolongation de l'intervention des forces françaises en Centrafrique le 25 février 2014, pour la déclaration du gouvernement sur l'accord européen relatif à la Grèce du 15 juillet 2015, pour l'autorisation de la prolongation de l'engagement des forces aériennes au-dessus du territoire syrien le 25 novembre 2015, pour le projet de loi du 19 novembre 2015 prorogeant l'application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence et renforçant l'efficacité de ses dispositions. Elle s’abstient sur l'ensemble du projet de loi relatif à la sécurisation de l'emploi le 9 avril 2013, l'ensemble du projet de loi de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles du 23 juillet 2013, l'ensemble du projet de loi pour l'égalité entre les femmes et les hommes du 28 janvier 2014, le projet de loi relatif à l'artisanat, au commerce et aux très petites entreprises du 18 février 2014, le projet de loi relatif au renseignement du 5 mai 2015, la proposition de loi organique de modernisation des règles applicables à l'élection présidentielle du 5 avril 2016, le projet de loi pour une République numérique du 26 janvier 2016. Elle vote en faveur de la proposition de loi constitutionnelle visant à ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires du 28 janvier 2014. Elle vote enfin pour la proposition de loi créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie du 17 mars 2015.

Sur le plan militant, cette proche de François Fillon est nommée en janvier 2013, avec Marie-Anne Montchamp, déléguée générale chargée de la formation à l’UMP à la suite de l’accord entre Jean-François Copé et François Fillon intervenu après le congrès de novembre 2012. Au sein du parti, dont elle fait rapidement partie du bureau politique, elle est également secrétaire nationale chargée des transfrontaliers et membre de la commission nationale des investitures. Le 30 mars 2014, Anne Grommerch remporte les municipales de Thionville avec 77 voix d'avance sur le maire sortant, Bertrand Mertz. Un an plus tard, l'élection est annulée par décision du Conseil d'État après une irrégularité constatée durant la campagne et une plainte déposée pour fraude électorale. Mais Anne Grommerch n’est pas elle-même mise en cause. Le 21 juin 2015, la députée mosellane sort victorieuse de l’élection municipale partielle qui s’ensuit, organisée dans un climat tendu, avec 53,74 % des voix, face à la liste conduite par Bertrand Mertz. Le scrutin a été marqué par l’abstention de près de la moitié des électeurs.

La maire de Thionville préside également la communauté d’agglomérations Portes de France-Thionville comme précédemment Jean-Marie Demange. Connaissant bien le monde économique, elle milite et obtient en juin 2015 la labellisation « Métropole French Tech » de la LORnTECH, cette communauté du sillon lorrain qui réunit les agglomérations de Thionville, Metz, Nancy et Épinal. Elle suit également avec attention les conditions de fonctionnement de la centrale nucléaire de Cattenom et les problèmes de l’emploi local. Mais c’est la création de la Maison de l’emploi à Thionville, qu’elle mène à bien, qui aura été « son » combat prioritaire, selon sa propre formule.

Anne Grommerch meurt le 15 avril 2016 à Esch-sur-Alzette, après avoir résisté courageusement à la maladie. Elle s’était confiée sur son état de santé au journal local, Le Républicain lorrain, après sa victoire aux législatives de 2012. La foule qui se masse sur le parvis de l’église Saint-Maximin lors de ses obsèques, témoigne de l’attachement des Thionvillois à leur députée. La classe politique, unanime, à commencer par les élus lorrains de tous bords, Aurélie Filippetti, Valérie Debord, Nadine Morano, Laurent Hénart, honore la mémoire de cette parlementaire chaleureuse et déterminée. Le groupe Les Républicains de l’Assemblée déplore la perte d’une « femme d’engagement ». François Fillon pleure une « amie courageuse et attachante ». Le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, évoque, dans l’éloge funèbre qu’il prononce le 31 mai 2016, une « personnalité de caractère » et salue, au nom de tous les parlementaires, « une femme de conviction », « ce que l’on appelle une belle personne… sincère, débordante d’énergie, attachante et généreuse ».