Pierre, Gabriel, Adhéaume de Chevigné

1909 - 2004

Informations générales
  • Né le 16 juin 1909 à Toulon (Var - France)
  • Décédé le 4 août 2004 à Toulon (Var - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Basses-Pyrénées
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Basses-Pyrénées
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Basses-Pyrénées
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Basses-Pyrénées
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Basses-Pyrénées
Groupe
Mouvement républicain populaire

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 16 juin 1909 à Toulon (Var)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Basses-Pyrénées)
Député des Basses-Pyrénées de 1946 à 1958
Secrétaire d'Etat à la Guerre du 11 août 1951 au 19 juin 1954
Ministre de la Défense nationale et des forces armées du 14 mai au 1er juin 1958

Fils d'officier de marine, ancien de Saint-Cyr, Pierre de Chevigné quitte l'armée en 1934 et entreprend de nombreux voyages .qui, de 1934 à 1939, le mènent au Moyen-Orient et en Extrême-Orient où s'affirme une vocation de journaliste. Rappelé en septembre 1939, il prend le commandement des Corps-francs de la deuxième division d'infanterie. Croix de guerre avec palmes pendant l'hiver 1939-1940, blessé une première fois en avril 1940 au cours d'un coup de main, sa bravoure le 9 juin 1940 devant Rethel où il est à nouveau blessé, lui vaut deux citations à l'ordre de l'armée et d'être nommé Chevalier de la Légion d'honneur. Evacué à l'hôpital de Dax, il apprend la demande d'armistice et s'embarque de Saint-Jean-de-Luz pour rejoindre le général de Gaulle à Londres. Tout d'abord affecté aux forces françaises combattantes du Moyen-Orient (1940-1941), il devient directeur de cabinet du général Catroux, Haut Commissaire au Levant. Nommé chef de la mission militaire de la France libre à Washington au début de 1942, Pierre de Chevigné participe ensuite au ralliement des Antilles à la France combattante. Chef d'état-major du général Kœnig à Londres depuis décembre 1943, il dirige les opérations de la tête de pont de Bayeux et, à la Libération exerce le commandement militaire des régions libérées. Fait Compagnon de la Libération le 9 octobre 1945, il est aussi promu Officier (1945) puis Commandeur (1948) dans l'ordre de la Légion d'honneur.

Aux élections municipales du printemps 1945, il retrouve son mandat de maire d'Abitain (Basses-Pyrénées) qu'il avait exercé à partir de 1935. En septembre de la même année il se présente avec succès aux élections cantonales dans le canton de Sauveterre de Béarn. Il conservera ses deux mandats lors des renouvellements ultérieurs.

Le 21 octobre 1945, lors des élections à la première Assemblée nationale Constituante, Pierre de Chevigné conduit la « Liste d'action républicaine et sociale » dans les Basses-Pyrénées. Arrivée nettement en tête avec 52 % des suffrages exprimés, elle obtient trois sièges. Nommé membre des Commissions de la défense nationale et des affaires étrangères, Pierre de Chevigné intervient dans ces deux domaines. Inquiet de la politique menée à l'égard des établissements scolaires français de Syrie, il proteste contre les obligations tatillonnes qui leur sont imposées et les menaces de fermeture dont ils font l'objet. Il présente des observations sur le budget de la défense nationale qui lui semble sacrifier la qualité de l'équipement au maintien d'effectifs pléthoriques et propose que l'épuration des officiers soit menée rapidement afin de ramener au plus vite la sérénité dans l'armée. Enfin, il participe aux débats sur le projet de loi portant dévolution des biens de presse, souhaitant que cette opération ne puisse bénéficier aux entreprises n'ayant pas acquitté leurs dettes envers l'Etat. Inscrit au groupe M.R.P., il vote contre la nationalisation des assurances, ne prend pas part au vote sur celle de l'électricité et du gaz mais vote celle du crédit. Il s'oppose au projet de Constitution qui sera rejeté par le référendum du 5 mai 1946.

Aux élections du 2 juin 1946, pour la seconde Assemblée nationale Constituante, Pierre de Chevigné conduit la liste M.R.P. qui, sur sa droite, subit la concurrence d'une liste d'entente républicaine et sociale alors qu'elle était seule face aux trois formations de gauche lors de la précédente consultation. Avec près de 39 % des suffrages exprimés, le M.R.P. conserve la première place mais perd un siège. A nouveau nommé membre des Commissions de la défense nationale et des affaires étrangères, Pierre de Chevigné attire l'attention de la Constituante et du gouvernement sur la faiblesse de la défense de la métropole consécutive à l'envoi de l'armée en Allemagne et en Indochine. Il intervient également sur le projet de Constitution, qu'il vote le 28 septembre 1946.

Aux élections du 10 novembre 1946, pour la première législature de la IVe république, toujours tête de liste M.R.P., Pierre de Chevigné réalise 37 % des suffrages exprimés, soit une légère baisse. Sa liste compte néanmoins trois élus car elle emporte le sixième siège nouvellement créé. Membre des Commissions de la défense nationale et des affaires étrangères, il intervient fréquemment à ce titre. A la suite des événements de 1947, il est nommé en janvier 1948 Haut-commissaire à Madagascar et y rétablit l'ordre. De retour à l'Assemblée en janvier 1950, il défend vigoureusement son action face aux communistes. Après la défaite de Cao-Bang, il reproche au gouvernement d'avoir affaibli le corps expéditionnaire d'Indochine.

Aux élections du 17 juin 1951, Pierre de Chevigné fait alliance avec Guy Petit, député modéré sortant et conduit une « Liste d'union républicaine », soutenue par le M.R.P. et les indépendants paysans, qu'il apparente à celle des « Français indépendants » de Georges Loustaunau-Lacau. Dans ses engagements électoraux, la « Liste d'union républicaine » attaque les trois formations de gauche mais consacre aussi de longs développements au R.P.F. « basé sur le pouvoir personnel » et à l'insuffisance de sa politique scolaire. Concurrencée par les « Français indépendants » (15 %) et le R.P.F. (14,2 %), la liste dirigée par Pierre de Chevigné, si elle arrive en première position, ne réalise que 31,6 % des suffrages exprimés et ne compte que deux élus.

Au début de la législature, le député des Basses-Pyrénées devient Secrétaire d'Etat à la Guerre dans le cabinet de René Pleven du 11 août 1951. Il conserve ses fonctions auprès d'Edgar Faure, d'Antoine Pinay, de René Mayer et enfin de Joseph Laniel, demeurant sans discontinuer, pendant près de trois ans, en charge des mêmes responsabilités. Il répond largement aux députés et s'emploie à démontrer qu'en dépit des contraintes budgétaires, son action tend à améliorer la condition militaire, l'entretien des bâtiments, le niveau d'équipement et la gestion des arsenaux. Il justifie l'installation de l'école de Saint-Cyr sur le site de Coëtquidan et l'affectation de la caserne de Fontenoy à l'U.N.E.S.C.O. Il fait élever le général Leclerc à la dignité de Maréchal de France. Dans ses interventions, il plaide pour l'obtention de succès militaires afin de pouvoir quitter l'Indochine dans de bonnes conditions. Cependant les événements en décident autrement et après avoir appelé à une trève permettant l'évacuation des blessés de Diên-Biên-Phû, Pierre de Chevigné regagne son banc de député et son siège à la Commission de la défense nationale à la chute du cabinet Laniel (12 juin 1954).

Toujours inscrit au groupe M.R.P., il s'abstient volontairement sur l'investiture de Pierre Mendès-France (17 juin) et sur les accords de Genève qui mettent fin aux hostilités en Indochine (23 juillet). Nommé par la Commission de la défense nationale à la Sous-commission chargée de suivre et de contrôler l'emploi des crédits affectés à la défense, il prononce d'importantes interventions sur l'Afrique du Nord (26 novembre 1954, 23 juin et 28 juillet 1955). Dans la première d'entre elles, il reproche à Pierre Mendès-France ses hésitations au Maroc et sa politique tunisienne mais loue sa résolution en Algérie. Il intervient aussi sur les accords de Paris relatifs au réarmement de la R.F.A. et à son entrée dans l'O.T.A.N. (22 décembre 1954) ainsi que sur l'organisation de la défense nationale (23 et 24 juin 1955). Il vote contre la question préalable ayant pour objet de retirer de l'ordre du jour le projet de ratification de la Communauté européenne de défense (30 août 1954), s'abstient volontairement sur les accords de Londres qui mettent fin à l'occupation de l'Allemagne (12 octobre) et sur les accords de Paris (29 décembre). Le 4 février 1955, il refuse la confiance à Pierre Mendès-France sur l'Afrique du Nord (chute du cabinet) puis soutient le gouvernement Edgar Faure.

Aux élections du 2 janvier 1956, les deux députés sortants de la « Liste d'union républicaine » ne reconduisent pas leur association et Pierre de Chevigné reprend la tête d'une liste M.R.P. Dans ses engagements électoraux, il se félicite de la dissolution, défend le bilan gouvernemental de son parti, plaide pour la réforme de l'Etat et le construction européenne et attaque Jean-Louis Tixier-Vignancour et Jean Ybarnégaray anciens députés de la IIIe République, principaux candidats de la « Liste républicaine d'action sociale et paysanne ». Réélu avec 19,2 % des suffrages exprimés, le député des Basses-Pyrénées est nommé membre des Commissions de la défense nationale et de la production industrielle.

Si Pierre de Chevigné s'abstient volontairement lors de l'investiture de Guy Mollet (31 janvier 1956) et ne prend pas part au vote sur les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 mars), il soutient résolument le gouvernement dans la crise de Suez et défend avec énergie les droits d'Israël (12 août et 16 octobre 1956).

Partisan de la construction européenne, Pierre de Chevigné participe à la discussion d'interpellations sur la Communauté de l'énergie atomique, regrettant que le projet se limite à l'usage civil de l'atome et prônant une défense nucléaire de la France (11 juillet 1956).

Il intervient aussi dans les grands débats sur l'Afrique du Nord : pouvoirs spéciaux en Algérie (9 mars 1956), situation en Afrique du Nord (20 mars 1957), institutions de l'Algérie (27 novembre). Il préconise la création d'unités spécialisées dans la contre-guérilla mais, inquiet de la neutralité grandissante de la masse musulmane à l'égard de la France, il accepte la transformation de l'Algérie par la loi-cadre, la réforme agraire et enfin la constitution d'une fédération algérienne. Aussi, s'il s'abstient volontairement lors de l'investiture de Maurice Bourgès-Maunoury (9 juillet 1957), il le soutient lors de sa chute sur les institutions de l'Algérie (30 septembre) avant de voter l'investiture de Félix Gaillard (5 novembre) et la confiance sur sa politique nord-africaine (15 avril 1958 - chute du cabinet). Le 14 mai 1958, Pierre Pflimlin l'appelle au gouvernement comme ministre de la Défense nationale et des forces armées. A ce titre il prend part à la discussion du projet de loi déclarant l'état d'urgence sur le territoire métropolitain (16 mai) et du projet de loi portant reconduction de mesures exceptionnelles en Algérie (20 mai).

Après la dissolution du gouvernement, Pierre de Chevigné vote l'investiture du général de Gaulle (1erjuin), les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (2 juin).