Joseph Priestley
1733 - 1804
- Informations générales
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- Né le 13 mars 1733 à Fielheat (Royaume-uni)
- Décédé le 6 février 1804 à Northumberland (Etat-unis)
1733 - 1804
Membre de la Convention, né à Fielheat (Angleterre) le 13 mars 1733, mort à Northumberland (Etats-Unis) le 6 février 1804, fils d'un apprêteur de drap, il perdit sa mère à l'âge de six ans, et fut élevé par une sœur de son père.
Doué d'une extrême facilité pour l'étude des langues, il se plut aussi de bonne heure aux controverses théologiques; mais cette habitude ne fit qu'éveiller le doute dans son esprit ; on refusa de l'admettre au nombre des fidèles de la communion presbytérienne. Il suivit alors les cours d'un séminaire dissident, et y composa la première partie des Institutes of natural and revealed religion qui ne parurent qu'en 1792. Admis au ministère, il l'exerça d'abord dans le Suffolk (1755), puis à Nantwich (comté de Chester), mais sans succès, et réussit davantage dans les études scientifiques qu'il poursuivait avec ardeur. Appelé à donner à l'académie de Warrington des leçons de langues et de belles-lettres, il épousa la fille d'un maître de forges du pays de Galles, rédigea plusieurs ouvrages importants, résumé de ses cours ou fruit de ses méditations, entra en relations avec Franklin et Price, et leur communiqua son projet d'écrire une histoire des découvertes relatives à l'électricité. Cette Histoire, publiée à Londres en 1767, contient un exposé sommaire de l'origine et des progrès de cette branche importante de la science. Elu membre de la Société royale de Londres (1766), Priestley reçut peu après le diplôme honoraire de docteur en droit de l'Université d'Edimbourg. A la suite d'un désaccord survenu entre les administrateurs et les professeurs de Warrington, il quitta cette Académie en 1767, et alla prendre à Leeds la direction d'une congrégation de dissidents. Il apporta pendant quelque temps un zèle tout particulier dans ses études théologiques; mais il ne négligea pas pour cela la science, et cette période de la vie de Priestley (1772-1779) fut la plus féconde en travaux relatifs à la chimie; c'est dans ses Observations sur les différentes espèces d'air qu'il a consigné ses principales découvertes, dont à vrai dire il ne sut pas tirer parti et qui sont devenues, la découverte de l'oxygène par exemple, les bases de la chimie moderne. En 1773, il dut à la recommandation de son ami Price la place de bibliothécaire du comte de Shelburne. L'année suivante, il suivit le comte dans un voyage en France, en Allemagne et dans les Pays-Bas. A Paris, ses travaux scientifiques lui donnèrent accès auprès des chimistes et des philosophes en renom. Dans le dessein de combattre l'athéisme, il écrivit les Lettres à un philosophe incrédule (1780) et, dans la suite, il approfondit le même sujet dans l'Evidence de la religion révélée (1787). Le motif qui l'éloigna alors de lord Shelburne n'a jamais été bien connu; redevenu libre, Priestley alla s'établir à Birmingham où il dirigea la principale église dissidente et il reporta dès lors, avec plus d'ardeur que jamais, son attention sur les matières théologiques: il s'était formé, en religion comme en physique, des idées particulières, qu'il défendit avec une ténacité régulière. En politique, il s'était montré libéral: ses efforts constants en faveur du progrès et de la tolérance, et sa Réponse aux fameuses Réflexions de Burke sur les conséquences probables de la Révolution, lui valurent d'être élu (5 septembre 1792) membre de la Convention par deux départements: par l'Orne, le 4e sur 10, et par Rhône-et-Loire, le 6e sur 15, avec 472 voix (869 votants). Le 26 août précédent, il avait été proclamé citoyen français. Il adressa à l'assemblée l'expression de sa reconnaissance par deux lettres, dont l'une était adressée au ministre Roland:
« 20 septembre 1792,
Je viens de recevoir de Français de Nantes la nouvelle que l'Assemblée nationale m'a conféré le titre de citoyen français, et que le département de l'Orne m'a élu à la Convention nationale. Je considère ces marques de confiance comme les deux plus grands honneurs que la France puisse accorder à un étranger. J'adopte avec reconnaissance celui de l'éligibilité; j'en concilierai les devoirs avec ceux de citoyen d'Angleterre; car j'espère que ces deux pays seront à jamais unis par les liens de la fraternité. Mais je dois refuser la place de député à votre Convention nationale, par la conviction de ma pleine incapacité ; j'y suis déterminé, parce que je n'ai qu'une connaissance imparfaite de votre langage, et par l'ignorance où je suis des circonstances locales de votre pays, et enfin par cette considération, qu'en acceptant cette place, j'en priverais un autre citoyen qui peut y être plus utile. Mais je demanderai la permission de vous faire part de mes vues sur les matières qui vous occuperont. Comme citoyen du monde, j'en ai le droit; et comme citoyen français, j'en ai le devoir. Je ne puis désormais rester spectateur indifférent des efforts que vous ferez pour la liberté. Je considère votre dernière révolution comme l'ère la plus importante de l'histoire du genre humain; son bonheur dépend de vous. Que les conspirateurs barbares, les brigands couronnés, ne vous effraient pas. La liberté est impérissable, tant que vous saurez réprimer des violences illégales qui la déshonoreraient, et toutes les dissensions intestines, etc.
PRIESTLEY.»
La lettre adressée à Roland, le 21 septembre, était des plus élogieuses et se terminait ainsi :
« Continuez, cher monsieur, d'employer tous vos efforts à combattre vos dangereux ennemis qui sont dans l'intérieur de l'Etat, tandis que vos armées combattent ceux du dehors ; mais la tâche de votre ministère est à mon avis la plus difficile à remplir.
J. PRIESTLEY. »
Priestley fut remplacé dans l'Orne par Julien Dubois et dans Rhône-et-Loire par Fournier. Il passa trois années près de Londres dans le collège d'Hackney, où il enseigna la chimie, et ou il succéda comme ministre à son ami Price, et, en butte aux persécutions ardentes des ministres anglicans et des ennemis de la France, ayant vu sa maison incendiée, ses livres et instruments pillés, il s'embarqua, le 7 avril 1794, pour l'Amérique, et fixa sa résidence à Northumberland, petite ville de la Pensylvanie. Les préventions de ses ennemis l'y poursuivirent, et on l'accusa d'être un agent secret aux gages de la République française. Il finit par terminer en paix sa longue carrière, sous la protection du président Jefferson, auquel il dédia sa General history of the Christian Church. Priestley a laissé de très nombreux ouvrages sur des matières de sciences, d'histoire, de philosophie et de religion. Il appartenait, depuis le 21 mai 1802, à l'Institut de France comme associé étranger.