Didier Chouat
1945 - 2014
CHOUAT Didier
Né le 24 avril 1945 à Paris (Seine)
Décédé le 20 novembre 2014 à Saint-Brieuc (Côtes d’Armor)
Député des Côtes-du-Nord/Côtes d’Armor, de 1981 à 1993 et de 1997 à 2002.
Son grand-père, Honoré Estrade (1873-1965), a eu un parcours politique sous l’étiquette du Parti radical et radical-socialiste en Haute-Garonne, en tant que maire de Montastruc-de-Salies entre 1919 et 1925. Tous deux fonctionnaires, ses parents Raymond (décédé en 1962) et Georgette Chouat votent pour les candidats laïques, sans militer formellement dans un parti. Ils vivent à Montigny-les-Cormeilles en Seine-et-Oise puis à partir de 1957 dans une habitation à loyer modéré (HLM) de Poissy.
Le premier engagement politique de Didier Chouat, alors élève au lycée Marcel Roby de Saint-Germain-en-Laye, se forge dans l’opposition à la Guerre d’Algérie. En effet, dans la banlieue ouest de Paris existe un important réseau favorable à l'Algérie française et à l’Organisation armée secrète (OAS). En réaction à ces milieux d’extrême-droite, Didier Chouat s’insère dans des réseaux enseignants, syndicaux et politiques, qui contribuent à son entrée en politique, au contact notamment des filières pour les jeunes du Parti socialiste unifié-PSU avec Olivier Todd et du Parti communiste français (PCF) avec Pierre Juquin. En outre, il fait la rencontre de celle qui devient plus tard son épouse, Anna-Claire Weitz, scolarisée au lycée de filles Claude Debussy de Saint-Germain-en-Laye. C’est la fille de Lucien Weitz (1912-1972), membre des Jeunesses socialistes (JS) puis du Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP) dans les années 1930, qui a dirigé le journal Alger-Soir à la Libération. Anticolonialiste, exclu de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) en 1956, Lucien Weitz milite à Tribune marxiste puis au Parti socialiste autonome (PSA), avant de devenir secrétaire fédéral du Parti socialiste unifié (PSU) en Seine-et-Oise. Candidat PSU aux législatives en 1962, comme suppléant d’Olivier Todd, Lucien Weitz suit le courant conduit par Jean Poperen à compter de 1967 : Union des groupes et clubs socialistes (UGCS), Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) puis Parti socialiste (PS). Devenu jeune secrétaire de section PSU à Sartrouville dans les Yvelines, Didier Chouat, encouragé par Lucien Weitz, se fait remarquer lors de divers stages de formation du PSU, intégrant entre 1961 et 1967 la direction nationale des jeunes du PSU (Jeunesses socialistes unifiées-JSU et Etudiants socialistes unifiés-ESU). En 1967, il suit, comme lui, le courant Poperen qui quitte le PSU pour former l’UGCS, rejoignant précocement la nouvelle famille socialiste en cours d’émergence.
Après le lycée Marcel Roby (1955-1962), où il décroche son baccalauréat (philosophie), Didier Chouat poursuit ses études au lycée Lakanal de Sceaux, en Technique-Lettres (classe préparatoire à l’École nationale supérieure de l’enseignement technique-ENSET de Cachan) entre 1962 et 1964. Surveillant d’externat à l’annexe du Vésinet du lycée de Saint-Germain-en-Laye (1965-1968), il obtient une licence en histoire puis une maîtrise, avec un mémoire sur l’affaire Dreyfus, et, enfin, un diplôme d’études supérieures (DES) dans la même discipline, fréquentant les universités de la Sorbonne puis de Nanterre. Il revient à l’annexe du Vésinet, en tant que professeur d’histoire-géographie (1969-1970), après avoir pris son premier poste d’enseignant l’année précédente. Entre 1970 et 1973, Didier Chouat enseigne au Maroc, à Essaouira, au titre de la coopération, et suspend ses engagements militants. De retour en métropole en septembre 1973, il adhère au PS, à Saint-Brieuc, où il retrouve Claude Saunier, dont la trajectoire politique initiale (famille d’élus SFIO, PSU, courant Poperen) s’avère proche.
Professeur d'histoire-géographie au collège de Tréguier, puis de Plœuc-sur-Lié, dans la périphérie de Saint-Brieuc, il est président de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) à Saint-Brieuc (1975-1980) et co-responsable du comité de quartier de la Croix-Lambert, l’un des quartiers populaires briochins. Enseignante également, son épouse, Anna Chouat, occupe des responsabilités au PS jusqu’en 1992. Surtout, c’est une militante très active du Planning familial local dès 1973 et dans les milieux féministes.
Secrétaire fédéral à la formation à partir de 1974 puis premier secrétaire fédéral du PS des Côtes-du-Nord de 1976 à 1981, Didier Chouat succède à Charles Josselin, devenu président du conseil général à l’issue des cantonales de 1976. Jusqu’en 1990, il restera membre du bureau fédéral puis siègera au conseil national du PS de 1993 à 1997. De 1977 à 2002, il mènera au total quatorze campagnes électorales : sept élections législatives, deux cantonales, cinq municipales. Il connaît une première expérience de conseiller municipal, à Saint-Brieuc de 1977 à 1983, pendant le dernier mandat d’Yves Le Foll, dont l’équipe est exclusivement socialiste.
En mars 1978, Didier Chouat se présente aux élections législatives dans la 3e circonscription des Côtes-du-Nord, Loudéac-Dinan, contre Marie-Madeleine Dienesch, candidate du Rassemblement pour la République (RPR) et ancienne ministre. Au premier tour, il obtient 13 437 voix, soit 22,5 % des suffrages exprimés. C’est moins de la moitié de ceux recueillis par Marie-Madeleine Dienesch, mise en ballottage avec 27 164 voix et 49,2 % des suffrages exprimés, mais le rapport avec le PCF est inversé : le conseiller général de Collinée depuis 1976, Yvon Renault, ne réunit que 11 739 voix. Au second tour, avec 48 % des suffrages exprimés, Didier Chouat est battu d’une courte tête, comparé aux scores antérieurs de Marie-Madeleine Dienesch depuis la Libération.
Sur le plan syndical, il se démarque à la fin des années 1970 de la tendance Unité action (UA) du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES) dans laquelle il militait depuis son arrivée dans les Côtes-du-Nord, sachant que son frère, Francis Chouat, était à l’époque l’un des animateurs du secteur Education nationale du PCF et qu’il rejoindra ensuite le PS, jusqu’à devenir en 2014 maire d’Evry à la suite de Manuel Valls, puis député lors de l’élection partielle du 25 novembre 2018, consécutive à la démission de Manuel Valls. Didier Chouat tente, sans succès, de mettre en place le courant socialisant Unité indépendance démocratie (UID) dans le département et prend en charge l’animation syndicale du secteur de Loudéac pendant plus de deux décennies.
Dans une région caractérisée par une implantation croissante du PS s’inscrivant dans le « cycle d’Epinay », Didier Chouat s’appuie sur différents relais, dont Raymond Hinault, résistant, SFIO puis PSU, maire de Mûr-de-Bretagne (1971-1983), et Gilbert Le Roy, commerçant enraciné à Corlay, conseiller régional (1992-1998), qui organisent ses campagnes législatives entre 1973 et 1981. Entre 1980 et 2003, la section PS de Loudéac est animée par un couple d’instituteurs, Michel et Nicole Duponcel, proches amis de Didier Chouat. Son futur premier adjoint à la mairie de Loudéac, en 1989, Jean Buchon, syndicaliste paysan issu des filières chrétiennes, qui prendra sa suite comme conseiller général entre 1998 et 2004, fait aussi partie du premier cercle des réseaux locaux qu’il fédère.
En juin 1981, à 35 ans, Didier Chouat devient député de la 3e circonscription des Côtes-du-Nord, profitant d’une « vague rose » particulièrement puissante dans le département, où le PS remporte les cinq circonscriptions. Son suppléant, Ange Cadoret, est maire de Saint-Barnabé entre 1977 et 2001. À l’issue du premier tour, Didier Chouat est en deuxième position, avec 19 041 voix et 38,1 % des suffrages exprimés, derrière Michel Denieul (RPR), directeur général de la marine marchande, qui obtient 42,6 % des suffrages, mais il peut compter sur le désistement des autres candidats de gauche, Yvon Renault (PCF ; 15,8 % des suffrages exprimés) et Jean Robin (PSU, 3,5 %). Au second tour, il l’emporte nettement avec 29 789 voix, soit 55,52 % des suffrages exprimés, face au candidat de droite, qui est sans réelle implantation locale et réalise un score très inférieur à ceux de Marie-Madeleine Dienesch lors des scrutins précédents.
Inscrit au groupe socialiste, Didier Chouat se révèle extrêmement actif dès son premier mandat parlementaire. Il siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il est également désigné, en octobre 1981, membre de la commission nationale pour l'éducation, la science et la culture, laquelle est chargée de faire le lien avec l’UNESCO.
Ses interventions se concentrent sur deux sujets, l’enseignement, dont il devient l’un des principaux spécialistes au sein de la majorité, et l’agriculture.
Lors de l’examen des crédits de l’éducation nationale inscrits au projet de loi de finances pour 1982, le 10 novembre 1981, il insiste ainsi sur la gratuité de l’école publique, plaidant pour une réforme financière d’ampleur : « Diminution de la participation des familles aux dépenses de fonctionnement des internats ; gratuité des manuels scolaires pour les LEP ; augmentation des crédits affectés aux transports scolaires ; construction d'établissements neufs à proximité des installations sportives nécessaires à l'éducation physique ; attribution plus large des bourses scolaires ».
De même, l’année suivante, à l’occasion du projet de loi de finances pour 1983, le 5 novembre 1982, sur les crédits de l’enseignement, il est en pointe sur les questions d’éducation au titre des parlementaires socialistes bretons, défend l’augmentation des crédits destinés à l’enseignement privé, réclamant « le respect des engagements pris », et souligne « la volonté de nombreux maîtres de l'enseignement privé d'être intégrés dans la fonction publique » dans la perspective du grand service public laïc unifié. Il soulève la question de l’inégale répartition du produit de la taxe d’apprentissage, au profit du secteur privé. Il évoque également deux questions précises, concernant la lutte contre les inégalités scolaires et la création des zones d’éducation prioritaires (ZEP).
Sur l’agriculture, il intervient le 16 décembre 1981 contre la motion de censure déposée par l’opposition, la troisième de l’année, pour dénoncer, en se fondant sur les exemples locaux de sa circonscription, au cœur du modèle agricole breton, « la tentative de l'opposition de récupérer le mécontentement du monde agricole à des fins politiques ». Il souhaite que se mettent en place des « offices d’organisation des marchés, par produits et par filières », et il expose sa vision d’une « agriculture moderne, productive, économe en énergie et en produits importés », citant l’exemple des « aliments pour l'élevage produits au détriment des cultures vivrières des pays sous-développés ». Il revient ensuite sur ces questions, lors de la discussion du projet de loi relatif à la création d'offices d'intervention dans le secteur agricole, insistant sur la situation de l’agriculture bretonne, autour des enjeux de la production porcine, regrettant « l’absence de garantie de prix dans le cadre européen » et « les conséquences des montants compensatoires monétaires », le 29 juin 1982.
L’année suivante, il revient sur la question des montants compensatoires, qui privent les agriculteurs des effets bénéfiques des dévaluations du franc, à deux reprises, les 13 avril et 19 octobre 1983, dans le cadre des questions au gouvernement.
Didier Chouat a également l’occasion d’exposer ses conceptions d’ensemble comme rapporteur pour avis du projet de loi définissant les moyens d'exécution du 9e Plan de développement économique, social et culturel, le 14 juin 1983. Il met notamment l’accent sur les enjeux économiques et sociaux de la planification, selon une conception exigeante partagée par les socialistes bretons et fondée sur l’éducation et la formation, avec un rôle clef de la culture et de la décentralisation. Il légitime le tournant de la rigueur en relayant « l’appel à l’effort » du gouvernement dans le contexte de « la lutte pour l’emploi » et présente plusieurs amendements sur la question du temps de travail, s’inscrivant dans un objectif de 35 heures hebdomadaires et une vision plus large de la politique des prestations sociales. Lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1984, il évoque, le 4 novembre 1983, à propos des crédits de l’agriculture et du budget annexe des prestations sociales agricoles (BAPSA), la complexité du dossier de l’enseignement agricole, notamment à travers la nécessaire égalité de traitement et de situation financière du secteur public et du secteur privé, et il pose les bases du point de vue des socialistes bretons au moment de l’ouverture des négociations correspondantes.
Cette spécialisation de Didier Chouat dans le travail parlementaire en matière d’enseignement, avec une expertise fondée notamment sur la configuration bretonne, est essentielle en 1984. Celui-ci est, en effet, au printemps, membre de la commission spéciale chargée d'examiner le projet « Savary », le projet de loi relatif aux rapports entre l'État, les communes, les départements, les régions et les établissements d'enseignement privés et membre titulaire de la commission mixte paritaire constituée pour l'examen du projet de loi portant rénovation de l'enseignement agricole public, puis rapporteur du projet de loi portant réforme des relations entre l'État et les établissements d'enseignement agricole privés, à l’automne.
Agnostique, opposé au cléricalisme, au nationalisme et au communautarisme, Didier Chouat se déclare favorable à l'enseignement du fait religieux au sein des écoles publiques. Passé par les écoles laïques, il fait sien le slogan « fonds publics, contrôle public ». Didier Chouat se révèle particulièrement actif sur ce dossier politiquement brûlant en Bretagne et rencontre à intervalles réguliers les responsables syndicaux de la Fédération de l’éducation nationale (FEN) durant la période allant de 1983 à 1985.
Sur le projet « Savary », le 4 juin 1984, il refuse le « régime d'aide financière « à deux vitesses» en faveur de l'enseignement agricole privé », souhaite « débarrasser le débat de ses aspects passionnels » et considère qu’il convient d’œuvrer au « rapprochement des établissements privés du service public », à condition que « le financement public, contrepartie de ces rapprochements », s’accompagne de « la laïcisation du personnel enseignant de l'enseignement privé ». Il rappelle aussi la « nécessité de concrétiser la décentralisation du service public de l'éducation », dans un « climat d’apaisement », et refuse résolument, au nom des valeurs de la laïcité, « la volonté de la droite de faire fonctionner le service public de l'éducation comme le secteur privé ».
Il est également, le 6 juillet 1984, l’un des orateurs qui se prononce contre la motion adoptée par le Sénat, tendant à soumettre la question à référendum, alors que la manifestation du 24 juin 1984 vient d’avoir lieu.
Sur le projet relatif à l’enseignement agricole public, il a, le 4 juin, évoqué la nécessité d’accompagner les mutations techniques du secteur, et, aussi, celle d’une harmonisation des statuts avec ceux de l’éducation nationale. Le 22 novembre suivant, comme rapporteur sur le projet de loi précité relatif à l’enseignement agricole privé, il défend le projet de modernisation et d’amélioration du financement de l’enseignement agricole privé, selon le principe du contrat et du forfait, notamment.
L’année suivante, il se prononce à nouveau pour la décentralisation du système d’éducation, le 2 mai 1985, à l’occasion de l’examen du projet de loi relatif à la création d’établissements d’enseignement public, ainsi que, le 29 octobre 1985, lors de l’examen des crédits de l’éducation nationale prévus par le projet de loi de finances pour 1986. De même, il regrette, le 8 octobre 1985, « l’inadaptation de certaines filières de l’enseignement technique au marché du travail », à l’occasion de la discussion sur l’enseignement technologique et professionnel.
Parallèlement à son mandat national, Didier Chouat poursuit sa carrière locale avec des résultats contrastés. Il entre au conseil municipal de Loudéac, dans l’opposition, en 1983, en raison de la victoire de la liste d’union des droites conduite par Yves Ropers, maire depuis 1979. En revanche, en mars 1985, dans un contexte électoral largement défavorable au PS, il parvient à faire basculer le canton de Loudéac à gauche, le Dr Pierre Etienne, conseiller général (1967-1985) et ancien maire (1955-1979) de Loudéac ne se représentant pas. Dans la foulée, il devient vice-président du conseil général, chargé de l'éducation et des affaires sociales.
Lors des législatives de mars 1986, sur 324 731 suffrages exprimés, la liste PS parvient à sauver deux sièges, au profit de Charles Josselin et Didier Chouat, en obtenant 82 669 voix soit 25,46 %, des suffrages exprimés, tandis que les deux listes de droite, UDF et RPR, se partagent les trois élus restants. Didier Chouat s’inscrit au groupe socialiste et siège de nouveau à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il est également membre du Conseil supérieur de l'établissement national des invalides de la marine. De même que Charles Josselin, il se recentre sur ses responsabilités départementales, mais reste attentif aux questions d’éducation comme à l’agriculture. Il évoque ainsi les difficultés des producteurs laitiers le 30 octobre 1986, lors de la discussion des crédits de l’agriculture prévus par le projet de loi de finances pour 1987, ainsi que la carte scolaire et la lutte contre l’échec scolaire, l’année suivante, le 28 octobre 1987, à l’occasion des crédits prévus pour l’enseignement scolaire pour 1988. Il insiste sur la nécessité de développer les enseignements artistiques, le 16 décembre suivant, lors de la discussion du projet de loi correspondant. Il est par ailleurs l’un des défenseurs des positions de son groupe lors de la discussion, les 19 et 20 mai 1987, du projet de loi en faveur de l’emploi des travailleurs handicapés. Huit de ses quelque trente-cinq amendements ou sous-amendements qu’il dépose, ou présente, sont adoptés. Il pose enfin une question au gouvernement sur l’évolution du commerce extérieur, qui tend à se redresser, le 25 novembre 1987.
Lors des élections législatives de juin 1988, Didier Chouat se représente dans la nouvelle 3e circonscription des Côtes-du-Nord, département rebaptisé Côtes-d’Armor en 1990, et l’emporte dès le premier tour avec 30 476 voix, soit 50,92 % des suffrages exprimés. Son suppléant est Claudy Lebreton, animateur de l’Union départementale des élus socialistes et républicains (UDESR), qui commence son parcours politique. Son principal adversaire, Sébastien Couépel, député UDF sortant, épaulé par Pierre Pasco, 1er adjoint au maire de Loudéac, est nettement distancé avec 23 804 voix. À gauche, Moïse Rouget, PCF, maire de Collinée depuis 1983, recueille 3 571 voix.
De nouveau inscrit au groupe socialiste, Didier Chouat est particulièrement actif au sein de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, qu’il ne quitte que quelques jours pour la commission des affaires étrangères, du 7 au 9 avril 1992. Il est également membre de la délégation de l’Assemblée nationale pour la planification et du Conseil supérieur pour le reclassement professionnel et social des travailleurs handicapés. Il préside par ailleurs la mission d'information commune sur l'évaluation des lois de décentralisation en matière d'éducation nationale, constituée le 20 juin 1991.
Il est, en 1990, le rapporteur de deux textes touchant à des questions humainement sensibles : d’une part, le projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes hospitalisées en raison de leurs troubles mentaux ; d’autre part, la proposition de loi sénatoriale visant à reporter la date d’entrée en vigueur de la loi de 1988 sur la protection des personnes qui se prêtent à des recherches biomédicales. Il insiste sur les droits et la protection des personnes dans un cas comme dans l’autre.
Ses autres interventions en séance publique sont centrées non seulement sur l’éducation et les questions agricoles, mais aussi sur les enjeux sanitaires.
Le 26 octobre 1989, il interroge ainsi le gouvernement sur la possibilité de faire bénéficier du revenu minimum d’insertion (RMI) les agriculteurs en difficulté. En mai et juin 1989, il souligne à l’occasion de l’examen du projet de loi relatif à l’accueil par des particuliers, à leur domicile, à titre onéreux, de personnes âgées ou handicapées adultes, les avancées d’un texte qui va dans le sens d’un décloisonnement. Le 26 octobre 1989, à l’occasion de l’examen des crédits de l’agriculture prévus par le projet de loi de finances pour 1990, il évoque les difficultés des agriculteurs et la question des quotas laitiers. Le 8 novembre 1992, par une question au gouvernement, il pointe les difficultés auxquelles doivent faire face les services d’urgence des hôpitaux.
Sur le plan local, Didier Chouat fait l’expérience d’un retournement de situation. En 1989, il devient maire de Loudéac, impulsant une politique municipale ambitieuse durant ses deux mandats, jusqu’en 2001. Aux cantonales de mars 1992, dans le contexte difficile de la crise économique, alors à son maximum, et de l’usure politique du gouvernement d’Édith Cresson, Didier Chouat est battu par Pierre Etienne, le candidat Divers droite.
Lors des législatives de mars 1993, Didier Chouat se représente mais est battu au second tour par Marc Le Fur (RPR), qui réunit 51,33% des suffrages exprimés. Il était pourtant en tête à l’issue du premier tour avec 19 232 voix et 32,39 % des suffrages exprimés.
Il s’investit alors pleinement dans la vie locale et participe à la fondation de la communauté de communes du pays de Loudéac, qu’il préside de 1993 à 2001.
Lors des législatives de 1997, Didier Chouat se porte de nouveau candidat contre Marc Le Fur, qui se représente. Au premier tour, il réunit 22 972 voix soit 39,37 % des suffrages exprimés, et Marc Le Fur 22 894 voix, et 39,24 % des suffrages exprimés. Le duel est serré, les deux candidats concentrant près de 80 % des voix à eux deux. Au second tour, profitant de la dynamique nationale, Didier Chouat l’emporte nettement avec 34 036 voix et 53,38 % des suffrages exprimés.
Membre du groupe socialiste, il siège dorénavant à la commission des finances, de l'économie générale et du plan. Parlementaire expérimenté, il prend part à plusieurs instances : la commission spéciale chargée de vérifier et d'apurer les comptes, la délégation de l'Assemblée nationale pour l'Union européenne, de juin 1997 à novembre 1998, le conseil supérieur des prestations sociales agricoles.
Didier Chouat est également rapporteur spécial de la commission des finances sur les PME, le commerce et l’artisanat. Son activité parlementaire se concentre plus particulièrement sur ce secteur. Il évoque chaque année les difficultés de ces entreprises, à l’occasion de l’examen des crédits correspondants prévus par le projet de loi de finances. Il présente également un rapport d'information sur la réforme de la taxe pour frais de chambre de métiers, le 7 juillet 1999, lequel conduit au dépôt de plusieurs amendements adoptés dans le cadre du projet de loi de finances pour 2000. Il est également, le 17 février 2001, conjointement avec Jean-Claude Daniel, député de la Haute-Marne, chargé d'une mission temporaire auprès du secrétaire d'État aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat et à la consommation, sur les mesures susceptibles d’améliorer les conditions de développement des petites entreprises et des entreprises artisanales. Leur rapport est remis au Premier ministre en septembre 2001. C’est ensuite que Didier Chouat est rapporteur pour avis de la commission des finances, sur le projet de loi relatif au développement des petites entreprises et de l’artisanat, en février 2002. Le député socialiste est par ailleurs, en février 1999, rapporteur pour avis de la commission des finances sur le projet de loi relatif à l’organisation urbaine et à la simplification de la coopération intercommunale. Il y fait adopter plusieurs amendements très techniques.
Didier Chouat pose par ailleurs une question au gouvernement, le 6 mai 1998, sur le problème de la délocalisation des sièges sociaux des entreprises.
Les questions agricoles continuent également à occuper une place primordiale dans son travail parlementaire. Il s’exprime notamment au cours des questions au gouvernement sur la crise porcine, le 20 janvier 1999, ou la maladie de la vache folle, le 9 janvier 2001, sollicitant davantage d’aides de la part de l’État.
Sur le plan local, la situation de Didier Chouat est de nouveau difficile. Maire de la commune de Loudéac depuis 1989, il connaît une défaite locale lors des municipales de 2001 face à Gérard Huet, dissident du PS évoluant vers la droite, jouant de son ancrage local et de ses réseaux gallos. Il est en effet critiqué pour son manque d’implantation locale, et abandonne d’ailleurs son mandat de conseiller municipal d’opposition en 2002.
Lors des législatives de 2002, Didier Chouat se représente, mais il est très largement distancé dès le premier tour, avec 20 947 voix et 35,82 % des suffrages exprimés, par Marc Le Fur, qui réunit 25 521 voix. Il est battu au second tour, obtenant 27 739 voix et 47,29 % des suffrages exprimés seulement. Dépourvu de tout mandat électoral, il effectue alors différentes missions à la Fondation Jean Jaurès sur les enjeux politiques du développement du continent africain. En 2012, il est directeur de la campagne de Michel Lesage, nouveau député PS de Saint-Brieuc. Parmi ses assistants parlementaires, citons le parcours de Jacqueline Chevé, conseillère régionale en 2004 puis sénatrice en 2010.
Député (1981-1993, 1997-2002), maire (1989-2001) et conseiller général (1985-1992) de Loudéac, Didier Chouat, décédé fin 2014, s’affirme comme un figure marquante du socialisme costarmoricain, estimée pour l’intensité de son travail politique sur différentes thématiques.