Louis, Winocq, Achille, Eugène Christiaens
1890 - 1975
Né le 20 décembre 1890 à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais)
Décédé le 17 janvier 1975 à Ronchin (Nord)
Membre de la seconde Assemblée nationale Constituante (Nord)
Député du Nord de 1946 à 1958
Secrétaire d'Etat aux Forces armées et à l'Air du 2 juillet 1953 au 19 juin 1954 et du 11 novembre 1957 au 14 mai 1958
Issu d'une vieille famille flamande d'origine scandinave, fils d'un armateur, Louis Christiaens est né le 20 décembre 1890 à Boulogne-sur-Mer. Après des études secondaires au collège des Jésuites de sa ville natale, il obtient ses licences en droit et ès sciences à l'université de Lille. Sa brillante conduite durant la Grande Guerre lui vaut d'être décoré de la Légion d'honneur le 4 janvier 1917, sur le champ de bataille, par le maréchal Fayolle. Négociant en vins et liqueurs, il fonde, en 1926, l'Union lilloise du commerce et de la petite industrie et, en 1928, la Fédération des groupements commerciaux et industriels du Nord. Il siège au tribunal de commerce de Lille dont il sera président.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il prend une part active à la Résistance comme chef régional du réseau Navarre et commandant des forces françaises combattantes de la région Nord. Arrêté le 7 décembre 1943 par la Gestapo en même temps que sa fille aînée, il est interné à Fresnes puis déporté au camp de Buchenwald du 29 janvier 1944 au 22 avril 1945. De nombreuses distinctions récompensent son action militaire : Croix de guerre, Croix des combattants volontaires, rosette de la Résistance, diplôme d'honneur du maréchal Montgomery. Il est élevé au grade de commandeur de la Légion d'honneur par décret du 16 janvier 1946, puis à celui de Grand croix en 1956.
Le 2 juin 1946, Louis Christiaens est élu député de la deuxième circonscription du Nord à la seconde Assemblée nationale Constituante. La liste d'Union des républicains du Nord, qu'il conduit, obtient 42 762 voix sur 457 801 suffrages exprimés, derrière les listes M.R.P. conduite par Maurice Schumann, S.F.I.O. conduite par Augustin Laurent et communiste. Nommé membre de la Commission des affaires économiques, des douanes et des conventions commerciales, il prend la défense des commerçants contre l'alourdissement de la fiscalité (25 septembre 1946). Il vote en faveur de Georges Bidault comme chef du gouvernement provisoire (19 juin) mais s'abstient lors du vote de confiance au cabinet (26 juin) et s'oppose au projet de Constitution (28 septembre).
Les élections législatives du 10 novembre le portent à nouveau à l'Assemblée, avec 94 657 voix sur 453 725 suffrages exprimés. L'Union des républicains et de rassemblement gaulliste, dont il est tête de liste, obtient deux élus. Elle est précédée par les listes communiste, S.F.I.O. et M.R.P. Inscrit au groupe des Républicains indépendants, Louis Christiaens est nommé membre de la Commission des affaires économiques (1946-1948), de la Commission de la défense nationale (1949-1951) dont il est secrétaire, de la Commission des boissons (1950) et de la Commission de la production industrielle (1951). Le 3 décembre 1946, il est élu secrétaire de l'Assemblée nationale.
Au cours de la législature, Louis Christiaens dépose plusieurs propositions de loi ou de résolution relatives aux baux commerciaux, ainsi qu'aux dommages de guerre (1950) et à l'aggravation des pénalités prévues pour les auteurs de coups et blessures sur les enfants (1951). Député actif, il intervient fréquemment à la tribune, en particulier comme rapporteur de la Commission de la défense nationale et dépose de nombreux amendements. Le 5 janvier 1948, il critique le projet gouvernemental de prélèvement exceptionnel de lutte contre l'inflation qui, selon lui, frappe particulièrement les classes moyennes. Le 25 février 1949, il intervient dans la discussion générale sur la politique agricole pour dénoncer les abus qui se commettent dans l'attribution des licences d'importation. Lors des votes des crédits affectés aux dépenses militaires pour 1949 et 1950, il insiste sur la nécessité d'augmenter les primes d'engagement afin de maintenir la proportion de Français dans le corps expéditionnaire en Indochine.
Louis Christiaens s'abstient lors des votes de confiance aux cabinets Blum (17 décembre 1946) et Ramadier (4 mai 1947). Il vote contre la nationalisation des écoles des houillères (14 mai 1948), s'abstient sur la ratification du plan Marshall (7 juillet). Il approuve le statut du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949) et la ratification du pacte Atlantique (26 juillet). Le 30 décembre 1949, à l'occasion du débat budgétaire, Louis Christiaens refuse la confiance au gouvernement de Georges Bidault malgré le fait que des ministres indépendants y participent. Devant l'ironie de plusieurs de ses collègues, il déclare : « Je ne puis que vous confirmer l'indépendance absolue dans laquelle nous nous trouvons au sein du groupe des Républicains indépendants ». Il vote contre le projet de réforme électorale introduisant le scrutin de liste départemental avec apparentements (7 mai 1951).
Aux élections législatives du 17 juin 1951, Louis Christiaens conduit de nouveau la liste d'Union des indépendants, des paysans et des républicains nationaux qui est apparentée avec la S.F.I.O., le Rassemblement des gauches républicaines et le M.R.P. Il est réélu avec 39 857 voix sur 451 713 suffrages exprimés. Dans la nouvelle Assemblée, il est reconduit dans les Commissions de la défense nationale et des affaires économiques ; il fait également partie des Commissions de la famille (1951), des territoires d'outre-mer (1954) et des pensions (1955). De 1951 à 1955, il est désigné par la Commission de la défense nationale pour faire partie de la Sous-commission chargée de suivre et de contrôler de façon permanente l'emploi des crédits affectés à la défense.
Le 1er juillet 1952, il intervient longuement lors de la séance d'interpellations consacrée à la crise de l'industrie textile qui frappe particulièrement le département qu'il représente. Il dénonce les charges sociales excessives qui nuisent à la compétitivité de l'économie française.
Louis Christiaens est nommé, le 2 juillet 1953, secrétaire d'Etat aux Forces armées et à l'Air dans le cabinet de Joseph Laniel qui avait obtenu l'investiture de l'Assemblée le 26 juin. Pilote éprouvé et particulièrement compétent dans les questions d'aviation, il est le premier ministre à franchir le « mur du son » à bord d'un chasseur bombardier, le 27 décembre 1953. Dans son action gouvernementale et devant l'Assemblée, il s'attache à favoriser l'expansion de l'industrie aéronautique française face à la concurrence étrangère et doit résoudre le conflit provoqué par la fermeture de l'usine du Havre de la Société de construction aéronautique du Nord (octobre 1953). En mars 1954, Louis Christiaens, ainsi que les autres ministres représentant la région du Nord, accompagnent le président du Conseil dans son voyage officiel à Lille, au cours duquel est tracé le bilan de la politique gouvernementale. Il donne sa démission comme les autres membres du cabinet, le 12 juin 1954.
Au cours de la deuxième législature, Louis Christiaens vote pour les lois Marie et Barangé favorables à l'enseignement privé (21 septembre 1951), pour la ratification du traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (13 décembre). Il vote l'investiture d'Antoine Pinay (6 mars 1952) et s'abstient volontairement lors de celle de Pierre Mendès-France (17 juin 1954), mais approuve les accords de Genève mettant fin aux hostilités en Indochine (23 juillet 1954). Il vote contre la question préalable ayant pour objet de faire décider qu'il n'y a pas lieu de discuter le projet de Communauté européenne de défense (30 août), s'abstient volontairement sur la ratification des accords de Londres qui mettent un terme à l'occupation de l'Allemagne (12 octobre) ainsi que des accords de Paris qui autorisent le réarmement de la R.F.A. (29 décembre). Le 4 février 1955, il refuse la confiance au gouvernement Mendès-France sur l'Algérie. Il vote en faveur de l'état d'urgence en Algérie (31 mars), s'oppose à la réforme électorale (16 novembre) et vote la confiance au gouvernement (29 novembre, chute du cabinet Edgar Faure).
De nouveau candidat, dans la même circonscription, aux élections anticipées du 2 janvier 1956, Louis Christiaens est réélu par 58 145 voix sur 507 934 suffrages exprimés. La liste d'Union des indépendants améliore sensiblement ses résultats, passant de 8,7 % des suffrages en 1951 à 11,3 %.
Appartenant au groupe des Indépendants et paysans d'action sociale, il est désormais membre de la seule Commission de la défense nationale. Ses interventions à la tribune concernent essentiellement les questions militaires et l'industrie aéronautique dont il dénonce la faiblesse des crédits dans le budget de 1957 (6 décembre 1956). En septembre 1957, il dépose une demande d'interpellation sur les charges nouvelles imposées aux agriculteurs et souligne à cette occasion les menaces de disparition des classes moyennes.
Le 11 novembre 1957, Louis Christiaens retrouve ses fonctions de secrétaire d'Etat à l'Air, dans le gouvernement Félix Gaillard qui démissionne le 15 avril suivant.
Tout en s'abstenant volontairement lors de l'investiture de Guy Mollet (31 janvier 1956), il soutient le gouvernement sur les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 mars 1956) et la politique étrangère (affaire de Suez, 25 octobre). Il ratifie les traités instituant la Communauté économique européenne et l'Euratom (9 juillet 1957) et, le 19 juillet, intervient dans le débat pour justifier la prorogation des pouvoirs spéciaux. Il vote pour la confiance au gouvernement Maurice Bourgès-Maunoury (30 décembre, chute du cabinet), pour la loi-cadre sur l'Algérie (31 janvier 1958), refuse la confiance à Pierre Pflimlin (13 mai). Il se prononce en faveur de la déclaration d'état d'urgence (16 mai), pour la confiance au général de Gaulle, les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (1er et 2 juin).
CHRISTIAENS (Louis, Winocq, Achille, Eugène)
Né le 20 décembre 1890 à Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais)
Décédé le 17 janvier 1975 à Ronchin (Nord)
Membre de la seconde Assemblée nationale constituante (Nord)
Député du Nord de 1946 à 1958 puis de 1962 à 1968
Secrétaire d’Etat aux forces armées de l’air du 2 juillet 1953 au 19 juin 1954, puis du 14 novembre
1957 au 14 mai 1958
La famille Christiaens originaire de Scandinavie, était installée de longue date en Flandre maritime. Louis Christiaens naquit à Boulogne-sur-mer, où son père était armateur. Il fut élève au collège des Jésuites de sa ville natale puis partit à Lille faire ses études supérieures : il obtint une licence de droit et deux certificats de licence ès-sciences. Mobilisé à l’été 1914, il fut un soldat particulièrement héroïque : le maréchal Emile Fayolle le décora personnellement de la Légion d’honneur sur le champ de bataille, le 4 janvier 1917. Peu de temps après avoir été démobilisé, il épousa en septembre 1919 Marie-Antoinette Pourbaix. De cette union naquirent six enfants : Monique (1921), Géry (1922), Marguerite-Marie (1924), Marie-Antoinette (1925), Marie-France (1931) et Louis-Winocq (1935).
Louis Christiaens s’installa à Lille comme négociant en vins et liqueurs. Très entreprenant, il devint vite un homme de premier plan dans l’organisation du patronat du Nord. En 1926, il fonda l’Union lilloise du commerce et de la petite industrie, groupant plus de 40 syndicats, puis, en 1928, la Fédération des groupements commerciaux et industriels du Nord, forte de plusieurs dizaines de milliers d’adhérents. Devenu un des dirigeants patronaux lillois en vue, il fut désigné juge consulaire au tribunal de commerce de Lille, qu’il présida bientôt, entra dans le comité de la Foire commerciale et internationale de Lille, et fut nommé en 1933 conseiller du commerce extérieur (il le resta jusqu’en 1968). Il présidait nombre de sociétés d’intérêt social, jardins ouvriers notamment. Colonel de réserve de l’infanterie, il s’était initié à l’aviation et était devenu un pilote chevronné.
La deuxième guerre mondiale modifia profondément le cours de son existence. Il s’engagea tôt dans la Résistance. Chef du réseau « Navarre », il fut, avec sa fille aînée, arrêté par la Gestapo. Enfermé à Fresnes, il partit pour Buchenwald le 29 janvier 1944 et n’en revint que le 22 avril 1945. Ayant retrouvé ses fonctions au sein des organisations patronales, il choisit d’entrer en politique au printemps 1946 pour combattre le tripartisme. Comme nombre de patrons, il ne s’accommodait pas de la stratégie suivie par le MRP. Il fonda une nouvelle organisation capable de rassembler les modérés résolument hostiles au collectivisme : l’Union des républicains du Nord. L’URN présenta des listes aux élections du 2 juin 1946 dans les 2ème et 3ème circonscriptions du Nord. A la tête de celle de la 2ème circonscription (conurbation de Lille-Roubaix-Tourcoing), il fut élu député et alla siéger au petit groupe des Républicains Indépendants (RI). L’URN consolida ses résultats le 10 novembre 1946. Quand Charles de Gaulle lança le RPF au printemps 1947, il y adhéra, sensible au projet de rassemblement de toutes les forces antimarxistes derrière l’homme du 18-Juin. Il s’inscrivit à l’intergroupe parlementaire créé par le parti gaulliste peu avant le début de la campagne des élections municipales de 1947. Prototype des gaullistes de double appartenance, il fut porté à la présidence du groupe des RI en janvier 1948, remplaçant René Coty devenu sénateur. Il suivit ensuite à peu près la même évolution que Bertrand Motte, vice-président de l’URN et trésorier du RPF dans le Nord : méfiant devant la structure militante du Rassemblement qu’il jugeait rigide, il refusa de plus en plus nettement sa stratégie d’opposition jusqu’au-boutiste au régime, dans une région où SFIO et PCF étaient particulièrement puissants. Le conflit éclata au grand jour à l’occasion des élections législatives de juin 1951. Louis Christiaens avait été remplacé à la présidence du groupe RI par Emmanuel Temple en janvier 1950 mais, depuis mars 1951, il siégeait au comité directeur du Centre national des indépendants et paysans. Il souhaitait un apparentement antimarxiste large qui inclût le MRP. Charles de Gaulle refusa et signa la lettre d’exclusion du député récalcitrant le 8 juin 1951. Le 17, Louis Christiaens retrouva son siège à la tête d’une liste investie par le CNIP (Centre national des indépendants et paysans).
A partir de ce moment-là, Louis Christiaens, avec l’aide de Bertrand Motte, devint le leader des indépendants dans le Nord. L’URN s’intégra dans une nouvelle structure partisane, le Centre départemental des indépendants et paysans, créé en janvier 1952. Président du CDIP, le député de la 2ème circonscription s’efforça de développer son organisation : il intégra les comités électoraux de Paul Reynaud dans la 1ère circonscription et multiplia les relais dans la 3ème, où le PCF exerçait une influence considérable. Louis Christiaens entra dans le gouvernement de Joseph Laniel (CNIP) comme secrétaire d’Etat aux forces armées de l’air. Ce fut à ce poste qu’il effectua en janvier 1954 un vol dans un avion à réaction – une première pour un ministre français. Il fut réélu en janvier 1956, mais la percée poujadiste empêcha l’élection de Bertrand Motte, deuxième de liste. Fidèle à la ligne de la direction de son parti, il conduisit la délégation du CDIP – une vingtaine de délégués à chaque fois – aux 2ème (novembre 1956) et au 3ème (mars 1958) congrès du Centre national. Il vota en faveur de la loi-cadre sur l’Algérie le 30 septembre 1957, puis fut choisi pour être un des six indépendants qui entrèrent dans le gouvernement de Félix Gaillard. Cela afin de sortir de la crise gouvernementale d’octobre 1957, mais avec mission de n’occuper que des postes secondaires et de poursuivre le combat contre la SFIO, elle aussi associée à la majorité : Louis Christiaens retrouva le poste de secrétaire d’Etat à l’air. Il suivit le secrétaire général du CNIP, Roger Duchet, et le président du groupe des IPAS (Indépendants et Paysans d’Action Sociale), Antoine Pinay, en refusant d’investir Pierre Pflimlin le 13 mai 1958, et en soutenant le retour de Charles de Gaulle au pouvoir. Acceptant le rajeunissement des cadres du parti souhaité par la direction du Centre, il ne se représenta pas aux élections des 23 et 30 novembre 1958, permettant à Bertrand Motte, de 24 ans son cadet, délégué général du CDIP du Nord et conseiller général de Lille, d’être élu dans la 1ère circonscription du Nord.
Louis Christiaens, resté président du CDIP du Nord, entra cependant vite en conflit avec Bertrand Motte. L’occasion de la crise fut offerte par les élections municipales de mars 1959. L’ancien député souhaitait ardemment une liste d’union avec l’UNR, seule chance à ses yeux de reprendre la mairie de Lille à la SFIO. Mais le CDIP, suivant les consignes du secrétariat général du Centre, envisageait au contraire les relations entre les deux partis sur le mode de la concurrence avant tout. Les indépendants présentèrent donc une liste séparée qui réalisa un mauvais score, concurrencée par deux listes divers droite, dont l’une – « liste d’union des intérêts lillois » – était conduite par Léon Van Calster, commerçant-artisan de cycles et motos, ancien résistant et proche de Louis Christiaens. Le conflit prit une telle ampleur que ce dernier fut exclu du CDIP. Il ne supporta pas que son ancien parti, suivant la stratégie de Roger Duchet qui espérait une scission de l’UNR derrière Jacques Soustelle, glissât de plus en plus nettement vers le soutien aux « ultras » de l’Algérie française, comme l’attesta l’indulgence manifestée envers les émeutiers de la « Semaine des barricades » en janvier 1960. Il lança donc au printemps 1960 un nouveau parti, le Rassemblement républicain et social, pour regrouper les indépendants du Nord – essentiellement dans l’arrondissement de Lille – qui refusaient comme lui de combattre le chef de l’Etat.
Ce fut lui que les gaullistes vinrent chercher à l’automne 1962 pour s’opposer à Bertrand Motte, désormais figure de premier plan du CNIP puisqu’il venait de remplacer Henry Bergasse à la présidence du groupe des IPAS. Louis Christiaens se présenta donc dans la 1ère circonscription (cantons de Lille-Centre et Lille-Ouest) sous l’étiquette d’« indépendant d’union gaulliste », investi par son petit parti (le Rassemblement républicain et social), l’UNR et l’Association pour la Vème République. Il affronta cinq candidats : André Simoens (PCF, 4 513 voix), Armand Lebleu (PSU, 2 854 voix), Georges Delfosse (MRP, 5 175 voix), Hector Henninot (divers droite, 853 voix) et Bertrand Motte, investi par le CNIP, qui ne recueillit que 5 896 suffrages, soit 6 000 de moins qu’en 1958, et alors que la SFIO n’avait pas présenté de candidat pour ménager un des leaders du « Cartel des non ». Louis Christiaens eut 14 986 voix et n’affronta au second tour que le candidat du PSU : il l’emporta largement avec 24 181 voix contre 8 531 à son adversaire.
Il choisit de s’apparenter au groupe de l’UNR-UDT, signifiant par là qu’il était certes « gaulliste » mais pas adhérent de ce parti. Nommé membre de la Commission de la production et des échanges en décembre 1962 et en mai 1963, il fut ensuite membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées jusqu’à la fin de la législature. Il n’intervint pas une seule fois à la tribune.
Son implantation à Lille était très solide. Il se représenta en mars 1967, toujours soutenu par les gaullistes, affrontant à nouveau cinq candidats : Ali Landréa (PCF, 5 133 voix), Armand Lebleu (PSU, 1 724 voix), Henri Derique (FGDS, 4 510 voix), Georges Delfosse (candidat « d’Action familiale et sociale », ex-MRP, 4 364 voix) et Gustave Rombaut (adjoint au maire de Lille issu du CNIP et passé au Centre démocrate, comme un certain nombre d’indépendants en 1966, 4 100 voix). Louis Christiaens, qui se présentait sous l’étiquette « Vème République » commune aux candidats de l’UNR et de la FNRI, obtint le 5 mars 17 415 suffrages. Un net succès, compte tenu de la remontée des oppositions à l’échelle du pays. Avec 23 859 voix, il l’emporta aisément dans le duel du second tour, le 12 mars, face au candidat communiste (11 066 voix). Toujours apparenté au groupe gaulliste, désormais intitulé « Union démocratique pour la Vème République », il retrouva sa place à la Commission de la défense nationale et des forces armées. Comme dans la précédente législature, il ne fit aucune intervention à la tribune. Il fit toutefois partie de deux commissions spéciales : celle chargée d’examiner la proposition de loi relative à la publicité à l’ORTF (28 novembre-8 décembre 1967) ; celle chargée d’examiner la proposition de loi organique visant à modifier l’article 34 de la constitution (20 décembre 1967-15 février 1968).
Agé de 78 ans, Louis Christiaens ne se représenta pas en juin 1968. François-Xavier Ortoli fut élu dès le premier tour député de la 1e circonscription du Nord. Celui-ci étant redevenu ministre, son suppléant Gabriel Van Calster le remplaça au Palais-Bourbon : âgé de 34 ans, il avait été le candidat suppléant de Louis Christiaens en 1967, ayant succédé dans ce rôle à son père, candidat suppléant en 1962.
Louis Christiaens entra en 1969 au conseil de l’ordre de la Légion d’honneur. Peu d’hommes politiques ont été aussi décorés que lui. Chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire depuis 1917, il avait gravi tous les échelons dans l’ordre pour finir par être décoré grand croix le 3 août 1956, par René Coty. Il était aussi titulaire des croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945, de la croix du Combattant volontaire, des médailles Interalliée, de l’Yser, de Rhénanie, de Verdun, de la Somme, des Blessés (7 blessures), de la Victoire, des Internés résistants, des Déportés résistants, des Services militaires volontaires. Il était aussi porteur de 18 décorations étrangères. A tout cela s’ajoutait encore ses titres de commandeur du Mérite commercial, d’officier du Mérite agricole, d’officier d’Académie, d’officier du Mérite social, d’officier de la Mutualité, de la médaille d’or des Syndicats professionnels, de celle d’argent de l’éducation physique, et de celle de l’aéronautique.
Il décéda à son domicile personnel de Ronchin le 17 janvier 1975, à près de 85 ans.