Gabriel, Eugène Citerne
1901 - 1981
Né le 20 août 1901 à Saint-Hilaire de Pionsat (Puy-de-Dôme)
Décédé le 27 juillet 1981 à Niort (Deux-Sèvres)
Membre de la seconde Assemblée nationale Constituante (Deux-Sèvres)
Député des Deux-Sèvres de 1946 à 1951
Né d'un père forgeron et d'une mère couturière, Gabriel Citerne quitte l'école avec son Certificat d'études primaires. Ouvrier menuisier en région parisienne, il adhère aux Jeunesses socialistes qui elles-mêmes optent pour la S.F.I.C. (Section française de l'internationale communiste) avant le Congrès de Tours. Il exerce de nombreuses responsabilités dans les organisations de jeunesse du Parti communiste et milite alors à Villejuif. Il effectue son service militaire dans la Ruhr. Membre fondateur du Secours rouge international, élu secrétaire-trésorier de la région parisienne et au comité central de cet organisme en 1929, Gabriel Citerne en devient permanent et secrétaire national l'année suivante. A ce titre il anime de multiples réunions à travers la France, spécialement en Vendée. Parallèlement il est secrétaire de la Fédération des Deux-Sèvres-Vendée du Parti communiste en 1933-1934, puis de la Fédération de la Haute-Vienne de 1934 à 1938. Il prend part aux manifestations du Front populaire et à la fondation du journal Le Semeur. Candidat en Haute-Vienne (circonscription de Bellac) aux élections législatives du 26 avril 1936, il ne recueille que 914 voix sur 17 810 suffrages exprimés mais son désistement et sa campagne vigoureuse contribuent à la victoire de Georges Tessier, candidat S.F.I.O., arrivé en seconde position à l'issue du premier tour.
Mobilisé à la déclaration de guerre dans la 22e section d'infirmiers en région parisienne, fait prisonnier en juin 1940, il parvient à s'évader et poursuit ses activités militantes. Responsable de la région Paris-Nord et des 18e, 19e et 20e arrondissements, arrêté en juillet 1944, libéré par les grèves des gardiens de prison, il participe à la libération de la capitale avec les F.T.P. Son comportement lui vaudra la Médaille de la Résistance. Vice-président du comité de libération du 20e arrondissement, nommé maire-adjoint, il démissionne peu après et redevient secrétaire fédéral de la Haute-Vienne, fonction qu'il assurera jusqu'en 1947.
Entre-temps, aux élections du 2 juin 1946 à la seconde Assemblée nationale Constituante, le Parti communiste lui confie la tête de liste dans les Deux-Sèvres. Huit mois plus tôt, aux élections du 21 octobre 1945, la liste communiste ne recueillait que 13,7 % des suffrages exprimés et n'obtenait aucun élu dans le département. Le 2 juin 1946, avec 24 479 voix, le Parti communiste atteint 15,6 % des suffrages exprimés ce qui lui confère un élu et prive le M.R.P. du second siège qu'il aurait remporté si la liste de Gabriel Citerne avait compté 244 suffrages de moins. Aux élections législatives du 10 novembre 1946, Gabriel Citerne est réélu dans des conditions beaucoup plus confortables. Recueillant 18,7 % des suffrages exprimés sa liste arrive en seconde position derrière le M.R.P. A la suite de son élection, Gabriel Citerne devient secrétaire de la fédération des Deux-Sèvres du Parti communiste. Il le restera jusqu'en 1950.
Pendant toute la durée de la législature, il siège à la Commission de la justice et de la législation. Il est par ailleurs membre de celle des territoires d'outre-mer (1947-1950 et 1951) ainsi que des Commissions de la reconstruction et des dommages de guerre (1948), du suffrage universel (1949), du ravitaillement (1949) et de la Commission chargée d'enquêter sur les problèmes du vin (1949). Enfin le 11 mars 1947, il est nommé juge titulaire à la Haute-Cour de justice.
Parlementaire extrêmement actif, il se spécialise dans les questions de propriété commerciale, de baux commerciaux et plus encore de logement et de baux d'habitation. Dans ces domaines, il dépose de nombreuses propositions de loi et de résolution et rédige avis et rapports au nom de la Commission de la justice et de la législation. En séance, il intervient fréquemment sur ces sujets, parfois en qualité de rapporteur de cette commission. Pour le groupe communiste, il prend une large part à la discussion du projet de loi relatif aux loyers qui deviendra la loi du 1er septembre 1948. Il s'intéresse à la procédure parlementaire et défend des amendements à des propositions de résolution modifiant le règlement de l'Assemblée nationale (17 et 18 mars 1948) ou traitant de la discussion d'urgence (9 décembre 1948).
Gabriel Citerne participe à de nombreux débats : projets de loi relatifs au rationnement (28 août 1947), à la protection de la liberté du travail (29 novembre 1949), à la réglementation des changes (29 janvier 1948), à la répression des hausses de prix injustifiées (17 et 24 février 1948), à la réorganisation du régime d'émission à Madagascar (29 décembre 1949) et proposition de loi sur les rentes viagères (17, 28 et 31 décembre 1948). Il demande à interpeller le gouvernement sur les événements de Côte d'Ivoire (3 février 1950), de Côte d'Ivoire et de Madagascar et sur la politique tunisienne (25 juillet 1950).
Membre de la Commission chargée d'enquêter sur les problèmes du vin, il dépose le 28 février 1950, une proposition de résolution tendant à renvoyer Christian Pineau, Jules Moch et Félix Gouin devant la Haute Cour de justice. Les 4, 9 et 14 décembre 1948 et le 29 mars 1950, il prend à partie l'ancien président du gouvernement provisoire.
Orateur incisif, Gabriel Citerne ne se cache pas d'être parfois brutal : « Je préfere et je continuerai à utiliser le langage direct même s'il paraît un peu trivial » (14 décembre 1948 en réponse à Félix Gouin). Le député des Deux-Sèvres figure au nombre des intervenants communistes de la séance du vendredi 3 mars 1950, ouverte à 9 heures 30 et levée le lundi 6 mars à 10 heures 10 et dont le compte-rendu occupe 194 pages du Journal officiel. Elle était initialement consacrée à l'examen du projet de loi sur la répression d'atteintes à la sûreté extérieure de l'Etat. Dans de très longues interventions, Gabriel Citerne prononce des propos violents à l'égard d'Alfred Coste-Floret et attaque sans ménagement Clovis Macouin, député des Deux-Sèvres. Deux jours après, il tient à nouveau la tribune à propos du procès-verbal de cette séance tumultueuse au cours de laquelle il fut l'objet de multiples rappels à l'ordre. Sa combativité ne l'empêche pas de pratiquer l'humour. Le 8 mars 1950, Charles Rousseau l'interrompt : « Fermez la Citerne ». Il lui répond : « Ne jouez jamais avec ce mot, tous les gamins qui jouent autour finissent par s'y noyer. Cela s'est d'ailleurs passé plus d'une fois déjà. Mon nom, comme le vôtre, figure dans le dictionnaire... En aucun cas je ne voudrais le Troquer contre celui de Félix Gouin car cela ferait trop Moch ».
Aux élections législatives du 17 juin 1951, la liste communiste régresse de cinq points, ne recueillant que 13,7 % des suffrages exprimés et perd son siège. Gabriel Citerne tente de le reconquérir le 2 janvier 1956 mais les 13,5 % des suffrages exprimés de la liste n'y suffisent pas car le radical Roger Chatelain (12,5 %) bénéficie de l'apparentement conclu avec la S.F.I.O. (12 %).
Elu conseiller municipal de Niort en 1947, Gabriel Citerne s'était présenté avec succès aux élections de 1953 à l'Hay-les-Roses où il avait son domicile de région parisienne. Il a exercé les fonctions de premier adjoint au maire de cette ville.