Eugène, Pierre Petit dit Claudius-Petit

1907 - 1989

Informations générales
  • Né le 22 mai 1907 à Angers (Maine-et-Loire - France)
  • Décédé le 24 octobre 1989 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Loire
Groupe
Résistance démocratique et socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Loire
Groupe
Démocratique et socialiste de la Résistance
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Loire
Groupe
Union démocratique et socialiste de la Résistance
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Loire
Groupe
Union démocratique et socialiste de la Résistance
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Loire
Groupe
Entente démocratique
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Loire
Groupe
Progrès et démocratie moderne
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 30 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Loire
Groupe
Progrès et démocratie moderne
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Paris
Groupe
Union centriste

Biographies



Né le 22 mai 1907 à Angers (Maine-et-Loire)
Décédé le 24 octobre 1989 à Paris (4e)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Loire)
Député de la Loire de 1946 à 1955
Ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme du 11 septembre 1948 au 7 janvier 1953
Ministre du Travail et de la Sécurité sociale du 19 juin au 3 septembre 1954
Ministre du Logement et de la Reconstruction, par intérim, du 14 août au 3 septembre 1954

D'origine charentaise par son père, mécanicien de locomotive aux chemins de fer de l'Anjou, Eugène Petit est angevin par sa mère. Après des études primaires à l'école des Cordeliers d'Angers, il entre en apprentissage à l'âge de douze ans, fait son tour de France de compagnon artisan avant de travailler à Paris chez un ébéniste du faubourg Saint-Antoine. S'intéressant aux questions syndicales, il mène une campagne active pour le contrat collectif de travail, en conduisant de nombreuses grèves. Les cours de l'Ecole Boulle puis de l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs lui permettent d'être nommé, en 1934, professeur de dessin au lycée Ampère de Lyon.

Militant du mouvement chrétien laïc « Jeune République », Eugène Petit entre très tôt dans la Résistance, sous le pseudonyme de Claudius. Membre, depuis 1942, du Comité de direction de « Franc-tireur », il est, le 27 mai 1943 à Paris, l'un des fondateurs du Conseil national de la Résistance. Il quitte la France le 17 octobre pour Londres puis Alger. Délégué à l'Assemblée consultative provisoire, ses pouvoirs sont validés le 9 novembre. Il est nommé membre des Commissions de l'éducation nationale, des affaires économiques et sociales, du règlement et de l'intérieur. Le 8 janvier 1944, il prend part au débat sur l'aide aux résistants français, demandant que les Alliés leur fournissent des armes : « Leur aide sera égale à la lutte de nombreuses divisions », déclare-t-il à cette occasion.

De retour à Paris, Eugène Claudius-Petit préside le Mouvement de libération nationale et continue de siéger à l'Assemblée consultative, jusqu'en août 1945. Décoré de la Légion d'honneur et de la Croix de guerre 1939-1945, il est fait compagnon de la Libération le 19 octobre.

Le 21 octobre 1945, il est élu à la première Constituante. La liste d'Union démocratique (à laquelle appartient la S.F.I.O.) qu'il conduit, obtient 44 593 suffrages sur 298 134 exprimés et emporte l'un des sept sièges à pourvoir dans la Loire. Inscrit au groupe de la Résistance démocratique et socialiste, il est nommé membre de la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre et de la Commission de l'équipement national et de la production. Il vote pour la nationalisation du crédit (2 décembre 1945), du gaz et de l'électricité et des assurances (mars-avril 1946), pour le projet de loi relatif à la dévolution des biens des entreprises de presse (16 avril) et s'oppose au premier projet de Constitution (19 avril).

Réélu, le 2 juin 1946, comme tête de liste du Rassemblement des gauches républicaines qui obtient 32 648 voix sur 307 075 suffrages exprimés, Eugène Claudius-Petit, de nouveau membre de la Commission de la reconstruction, fait également partie de la Commission de l'éducation nationale. Favorable à l'élection de Georges Bidault comme président du gouvernement provisoire et à la confiance à son cabinet (19 et 26 juin), il se prononce contre le second projet de Constitution (28 septembre).

Membre fondateur de l'Union démocratique et sociale de la Résistance, dont il préside le groupe parlementaire, il conduit la liste du Rassemblement des gauches républicaines aux élections législatives du 10 novembre. Il est réélu avec 38 570 suffrages sur 287 320 exprimés. Les communistes et la liste M.R.P. de Georges Bidault emportent respectivement trois sièges, Antoine Pinay, Indépendant, enlevant le huitième.

Dans la nouvelle Assemblée, Eugène Claudius-Petit est reconduit dans les Commissions de l'éducation nationale (1946-1948) et de la reconstruction dont il est élu vice-président en 1946 et 1948. En 1947, il est désigné pour faire partie de la Commission supérieure des sites. Le 4 décembre 1946, il dépose une proposition de loi tendant à la création d'une Commission de l'Indochine. Député actif, il intervient très fréquemment à la tribune, notamment sur tous les problèmes relatifs à la reconstruction, au logement et aux loyers.

Le 11 septembre 1948, Henri Queuille le nomme ministre de la Reconstruction et de l'urbanisme. Le Président du Conseil se devait d'accorder une place de choix à l'un des principaux représentants de l'U.D.S.R. Dans un temps où les ministères se font et se défont au gré de crises incessantes, Eugène Claudius-Petit, grâce à sa compétence technique, est reconnu indispensable à son poste. Il est maintenu dans ses fonctions les 28 octobre 1949 (cabinet Bidault), 30 juin 1950 (2e cabinet Queuille), 12 juillet 1950 (cabinet Pleven) et 10 mars 1951 (3e cabinet Queuille). A ce titre, il dépose dix-sept projets de loi. Tirant parti d'une conjoncture économique favorable, il insuffle à la reconstruction un dynamisme nouveau, en s'appuyant sur les tenants du modernisme architectural, parmi lesquels Le Corbusier auquel il voue une fervente admiration depuis sa visite au Pavillon des Temps nouveaux à l'Exposition de 1937. Malgré les oppositions de toutes natures, il mène à bien l'édification de l'unité d'habitation de Marseille. A son cabinet, sont nommés des architectes fonctionnalistes comme Marcel Roux, André Sive, Paul Herbé et Jean Le Couteur.

Durant la législature, il vote la confiance aux cabinets Blum (17 décembre 1946) et Ramadier (4 mai 1947). Il s'oppose à la nationalisation des écoles des Houillères (14 mai 1948), se prononce en faveur de la ratification du plan Marshall (7 juillet). Il approuve le statut du Conseil de l'Europe et la ratification du pacte Atlantique (9 et 26 juillet 1949). Il vote pour le projet de réforme électorale introduisant le scrutin de liste départemental avec apparentements (7 mai 1951). Au congrès de l'U.D.S.R. d'octobre 1950, Eugène Claudius-Petit fait acclamer la reconstruction parmi les thèmes susceptibles de galvaniser la formation d'un grand rassemblement démocratique national en vue des prochaines législatives.

Le 17 juin 1951, il se présente en troisième position sur une liste d'Union nationale (présentée par le M.R.P., les Indépendants et paysans et l'U.D.S.R.), derrière deux de ses collègues au gouvernement, Georges Bidault et Antoine Pinay. Grâce à cette liste gouvernementale qui obtient 31,2 % des voix, lui-même améliore considérablement ses précédents résultats, avec 90 019 voix sur 292 398 suffrages exprimés. Le 11 août suivant, il est reconduit au ministère de la Reconstruction et de l'urbanisme (2e cabinet René Pleven) et maintenu dans ces fonctions jusqu'au 7 janvier 1953 (cabinets Edgar Faure et Antoine Pinay). Le 13 novembre, au cours du débat sur le budget de son département ministériel, il répond aux accusations de dirigisme qui lui sont faites : « Le ministère de la Reconstruction et de l'urbanisme se prépare-t-il à être le grand ministère de la construction dont la France a besoin ? Je réponds tout de suite par l'affirmative. Je n'ai d'ailleurs jamais caché mes intentions en la matière, car j'estime qu'un pays moderne doit considérer le problème de la construction de logements non comme l'accessoire d'une politique, mais comme un élément essentiel de sa politique générale ».

Le 20 décembre 1952, le député U.D.S.R. Roger Secrétain dépose un amendement tendant à majorer de 25 % les droits sur l'alcool en vue d'affecter leur produit aux anciens combattants et aux H.L.M. et coopératives de construction. Devant l'opposition de certains députés, Eugène Claudius-Petit s'indigne alors en ces termes : « Il importera que les femmes de France, toutes électrices, puissent connaître les noms des parlementaires qui, plutôt que de permettre la mise en chantier de 12 000 logements de plus en 1953, préférent ne pas frapper l'alcool et continuer à voir des familles vivre dans des taudis ». Au cours de cette période, il dépose sept projets de loi relatifs, notamment, à l'acquisition des terrains nécessaires à la construction d'habitations et à l'équipement industriel, ou à la procédure de codification des textes législatifs concernant l'urbanisme et l'habitation.

Il vote pour la loi Marie favorable à l'enseignement privé (21 septembre 1951) et se prononce en faveur de la ratification du traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (13 décembre).

Redevenu simple député, il est de nouveau nommé membre de la Commission de la reconstruction (1953-1955), et fait également partie de la Commission du travail et de la Sécurité sociale (1953) et de la Commission des affaires étrangères (1954-1955). Les 5 mars 1954 et 2 février 1955, il est désigné par cette dernière pour siéger à la Commission de coordination chargée des questions relatives à la C.E.C.A.

Le 19 juin 1954, Pierre Mendès-France lui confie le ministère du Travail et de la Sécurité sociale. Le projet de Communauté européenne de défense auquel il est très attaché complique sa position au sein du gouvernement. A la suite de la démission de Maurice Lemaire, l'un des trois ministres républicains sociaux opposés au projet, il reçoit l'intérim du portefeuille du logement et de la reconstruction, le 14 août. A la suite du rejet de la C.E.D. par l'Assemblée, le 30 août, lui-même démissionne le 3 septembre, après en avoir déjà menacé le Président du Conseil, à plusieurs reprises, au cours du mois précédent.

Durant la fin de la législature, il s'abstient volontairement sur la ratification des accords de Londres (12 octobre 1954) qui mettent un terme à l'occupation de l'Allemagne et vote pour celle des accords de Paris (29 décembre) qui prévoient son réarmement, après avoir reproché à Pierre Mendès-France son attitude ambiguë lors des débats : « Je constate que vous n'avez pas cessé de tenir compte de la politique intérieure puisque vous n'avez pas perdu une occasion d'aller au devant des désirs de ceux qui ne cachent pas leur opposition aux accords que vous avez négociés ». Le 4 février 1955, il refuse la confiance à Pierre Mendès-France puis approuve la politique d'Edgar Faure (23 février) qu'il soutient sur la réforme électorale (16 novembre) et la date des élections (29 novembre, chute du cabinet). Au cours des mois d'octobre et novembre, il intervient très fréquemment à la tribune lors de la discussion des propositions de loi relatives aux bouilleurs de cru.

De nouveau candidat de l'U.D.S.R. aux élections anticipées du 2 janvier 1956, il n'obtient plus que 13 396 voix sur 328 899 suffrages exprimés, sa liste emportant 3 % des suffrages. Il n'est donc pas réélu.

Eugène Claudius-Petit se consacre alors à la gestion de la ville de Firminy dont il a été élu maire en mai 1953. Il y donne toute la mesure de son expérience en matière de logement et d'urbanisme. Dans cette ancienne agglomération industrielle sur le déclin, il se lance dans une vaste opération de rénovation à laquelle participe son ami Le Corbusier qui réalise le stade, la maison de la culture et l'Unité d'habitation. En 1957, il est nommé membre du Haut comité d'étude et d'information sur l'alcoolisme et du Haut conseil de l'aménagement du territoire.



CLAUDIUS-PETIT (Eugène)
Né le 22 mai 1907 à Angers (Maine-et-Loire)
Décédé le 24 octobre 1989 à Paris (Paris)

Député de la Loire de 1958 à 1962, puis de 1967 à 1973
Député de Paris de 1973 à 1978


En avril 1958, Eugène Claudius-Petit fait son retour en politique conquérant le siège du canton de Firminy au conseil général de la Loire, siège détenu jusqu’à présent par le communiste Claudius Buard.

Son parti, l’UDSR, se fracture sur la question du référendum constitutionnel du 28 septembre 1958 sur la Ve République. La tendance majoritaire milite pour le non tandis que les partisans de René Pleven, dont il fait partie, prennent position pour le oui et quittent le parti le 13 octobre.

Lors des élections législatives de novembre 1958, Eugène Claudius-Petit est candidat dans la quatrième circonscription de la Loire (Bourg-Argental, Chambon-Feugerolles, Firminy, Saint-Genest-Malifaux) avec le soutien des gaullistes, du MRP, et l’UDSR, comme candidat du « rassemblement des forces républicaines ». Dans sa profession de foi, il se félicite du changement de mode de scrutin, qui permet selon lui d’écarter les hommes du passé et de choisir véritablement un candidat. Il revient également sur son parcours et fait campagne sur une organisation économique plus humaine, la défense des libertés et l’espoir de la paix en Algérie.

Au premier tour, il prend la tête avec 18 782 voix contre 12 793 à l’Indépendant de gauche, ancien député également conseiller général, Pétrus Faure, et 8 917 au communiste Théodore Massat (plus connu sous le nom de Théo Vial-Massat). Eugène Claudius-Petit est finalement élu au second tour, dans le cadre d’une triangulaire, avec 20 857 voix, soit 52,96% des suffrages exprimés, Pétrus Faure ne recueillant plus que 10 862 voix et Théo Vial-Massat, 7 664.

Comme les députés issus de l’UDSR, Eugène Claudius-Petit siège d’abord dans la formation administrative des non-inscrits, puis crée en 1959 avec les radicaux et quelques divers gauche, le groupe de l’Entente démocratique.

Il est membre de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, ainsi que de la commission spéciale du règlement, constituée en janvier 1959 pour établir une proposition pour le nouveau règlement. Il est également en 1961 membre de la commission spéciale chargée d’examiner une demande de levée de l’immunité d’un membre de l’Assemblée nationale.

Le 6 octobre 1959, il devient vice-président de l’Assemblée nationale et en décembre de la même année, président du groupe de l’Entente démocratique. En juillet 1961, il redevient vice-président de l’Assemblée nationale.

En juillet 1962, Eugène Claudius-Petit présente une proposition de loi tendant à l’abolition de la peine de mort. Il est, en 1959, rapporteur des propositions de loi de Jean-Paul David, tendant à étendre les dispositions de la loi n° 56-1222 du 1er décembre 1956, relative à la coordination des régimes de retraite professionnelle, et de René Pleven, tendant à prévoir des sanctions à l'encontre des directeurs, administrateurs et responsables d'institutions de retraites visées par cette même loi et qui ne se conformeraient pas à ses prescriptions. Il est également, en juillet 1961, rapporteur de la proposition de loi relative aux modalités de liquidation des retraites complémentaires servies par les organismes professionnels.

Les interventions en séance publique d’Eugène Claudius-Petit sont très nombreuses et concernent plusieurs sujets essentiels.

Sur l’Algérie, le député de la Loire est favorable à la paix, et l’exprime d’emblée, dès le 16 janvier 1959, dans le débat sur le programme de gouvernement de Michel Debré. Il prône une « solution intermédiaire entre l’intégration et l’abandon, fondée sur l'assistance fraternelle ». En novembre 1961, lors de l’examen des crédits prévus pour 1962 au titre des affaires algériennes, il se dit convaincu de la nécessité de négocier pour sortir de la guerre et arriver à l’autodétermination. Il subit, en raison de ses positions, une certaine hostilité dans son propre camp.

Ses compétences, acquises au cours de ses mandats précédents et de ses expériences ministérielles, permettent à Eugène Claudius-Petit d’intervenir régulièrement dans le domaine social, ainsi qu’en matière de construction et d’aménagement.

Il prend ainsi part à la discussion du projet de loi de programme relatif à l’équipement sanitaire et social en mai 1959, pour souligner l’insuffisance des structures de soin, comme du projet de loi sur la promotion sociale en juillet 1959, à propos duquel il se prononce pour l’assouplissement du statut de la fonction publique pour faciliter l’accès, selon l’expérience, aux fonctions administratives.

Eugène Claudius-Petit prend également une part active aux projets de loi qui ont pour objectif d’équilibrer l’expansion des territoires et de répondre aux besoins massifs en matière d’aménagement et de logement. Il intervient ainsi régulièrement sur les crédits prévus pour la Construction par les projets de loi de finances, et également sur le projet de loi tendant à la limitation de l’extension des locaux à usage industriel et de bureaux pour la région parisienne, en juillet 1960, sur le projet de loi portant réorganisation de la région de Paris en décembre 1960, sur le projet de loi sur le droit de préemption dans les zones à urbaniser en priorité et les zones d’aménagement différé, en juillet 1961, et sur le projet de loi de programme relatif aux HLM, en juin 1962. Il évoque ces questions, parmi d’autres, en juin 1962, lors du vote du projet de loi portant approbation du IVe Plan.

Par ailleurs, il dénonce en octobre 1961, lors de l’examen des crédits prévus par le projet de loi de finances pour 1962, l’inégale répartition des professeurs agrégés et certifiés entre les territoires, ce qui nuit à l’homogénéité du niveau de l’enseignement.

Eugène Claudius-Petit se prononce également contre les excès de l’alcool lors de l’examen, en décembre 1959, du projet de loi sur le régime fiscal des bouilleurs de cru.

Enfin, affirmant de manière rigoureuse et scrupuleuse son attachement aux équilibres institutionnels et aux principes de l’indépendance des parlementaires et de l’exercice des droits de la défense, il vote, le 15 novembre 1960, pour la suspension de la détention de Pierre Lagaillarde, député impliqué dans les événements de la semaine des barricades d’Alger, et exprime certaines réticences de pur droit avant de voter la demande de levée de l’immunité parlementaire de Marc Lauriol, en juin 1961, à la suite de son soutien au putsch des généraux. Son point de vue est « de défendre la République à l'encontre même des parlementaires qui oublient leur devoir ». Pour des raisons identiques, il vote pour la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault, en juillet 1962, qui avait été pourtant « son président » au sein du Conseil national de la Résistance.

Son grand attachement au parlement et au mandat parlementaire, indépendamment de la circonscription d’élection, le conduit de même à protester le 3 juillet 1962, parmi d’autres, contre la fin du mandat des députés élus dans les circonscriptions de l’Algérie et du Sahara.

Le 4 octobre 1962, Eugène Claudius-Petit se prononce en séance publique, parmi les derniers orateurs inscrits, pour des raisons de droit, contre la réforme constitutionnelle visant par référendum à faire élire le président de la République au suffrage universel direct, et vote la motion de censure qui renverse le Gouvernement de Georges Pompidou.

En difficulté, tant pour ses positions favorables à l’indépendance de l’Algérie que, du côté gaulliste, pour celles critiques sur les institutions, Eugène Claudius-Petit se représente dans une situation défavorable aux élections législatives de 1962, en dépit de son ancrage local puisqu’il est conseiller général, et qu’il est toujours maire de Firminy, après sa réélection en 1959.

Sous l’étiquette du Centre républicain, il est notamment opposé à un candidat gaulliste, un candidat socialiste et un candidat démocrate-chrétien. Devancé au premier tour par le candidat communiste Théo Vial-Massat (28,62% des suffrages exprimés) et talonné par le candidat démocrate-chrétien Pierre Louis (21,35%), il termine en troisième position au second tour avec 28,31 % des voix, derrière Pierre Louis (32,98%) et Théo Vial-Massat (38,7%), qui est élu député.

Concentré sur l’échelon local, il se consacre alors au développement de la ville de Firminy. Le projet d’urbanisme Firminy-Vert, inspiré par les principes de la Charte d’Athènes, qu’il a lancé au cours de son premier mandat et a été couronné en 1962 par le prix de l’urbanisme 1961, est complété par des constructions de l’architecte le Corbusier, dans le cadre du centre civique (Maison de la culture, stade et projet d’une église paroissiale). Celui-ci sera achevé après la mort de celui-ci par André Wogenscky, et assorti d’un programme de construction de logements sociaux.

Sur le plan politique, Eugène Claudius-Petit rejoint, comme René Pleven, le Centre démocrate fondé par Jean Lecanuet après la campagne présidentielle de 1965.

C’est sous cette étiquette qu’il se présente à nouveau, aux élections législatives de 1967, dans la quatrième circonscription de la Loire. Sa profession de foi est sévère. Il juge sa défaite de 1962 comme « une erreur d’appréciation », et affirme que, malgré son échec, il n’a jamais renoncé à son engagement pour son territoire.

Devancé au premier tour par Théo Vial-Massat (34,14 % des suffrages exprimés contre 31,14%), Eugène Claudius-Petit se présente, dans sa profession de foi du second tour, comme le candidat de rassemblement des démocrates et des républicains qui associent liberté et dignité humaine, et s’attaque au député sortant communiste, dont il juge le bilan médiocre et le potentiel faible. Il s’impose finalement au second tour avec 22 201 voix, soit 52,84 % des suffrages exprimés.

Inscrit au groupe Progrès et démocratie moderne (PDM), qui rassemble le centre-droit indépendant du mouvement gaulliste, il siège d’abord à la commission de la production et des échanges, avant de rejoindre en mai 1967 la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République.

Il présente deux propositions de loi, l’une en mai 1967 pour renouveler son opposition à la peine capitale, l’autre en juin pour reporter l’application de la loi du 3 janvier 1967 relative aux ventes d’immeubles, et en préciser certaines dispositions.

En séance publique, il se consacre au logement et à l’aménagement. Il est ainsi l’un des principaux intervenants sur le projet de loi d’orientation foncière et urbaine, en juin 1967. Il se prononce, en décembre 1967, en faveur du projet de loi de programme relatif à la restauration des monuments historiques et à la protection des sites. En décembre 1967 également, il pose par ailleurs une question orale avec débat sur les problèmes du logement, mettant en évidence les insuffisances des opérations d’aménagement et le manque de transports collectifs.

Sur le plan politique, Eugène Claudius-Petit continue à se placer dans l’opposition au général de Gaulle. Il vote notamment les motions de censure examinées le 24 avril 1968 et, surtout, le 22 mai 1968, en plein cœur des événements de Mai.

Aux élections législatives anticipées de juin 1968, qui suivent la dissolution de l’Assemblée nationale, il est de nouveau candidat dans la 4e circonscription de la Loire et fait, une fois encore, face à Théo Vial-Massat et à un candidat gaulliste, Serge Le Griel.

Dans sa profession de foi, il dénonce autant le régime gaulliste solitaire qui aurait laissé la situation s’envenimer, que les agissements du Parti communiste. Aussi, il se présente comme le candidat d’une troisième voie, qui refuse la tenaille entre deux blocs, entend réformer dans la paix sociale et souhaite le changement sans le désordre.

Devancé au premier tour par son adversaire communiste, et ne recueillant que 12 852 voix, soit 31,83% des suffrages exprimés, il emporte finalement le second tour avec 22 248 voix, soit 58,2% des suffrages exprimés dans le duel du second tour.

Il s’inscrit au groupe Progrès et démocratie moderne (PDM) et en devient le président en septembre 1969. Il siège de nouveau à la commission des lois, et en est vice-président d’avril 1970 à avril 1971. En novembre 1969, il rejoint par ailleurs la Commission supérieure chargée d'étudier la codification et la simplification des textes législatifs et réglementaires.

Eugène Claudius-Petit est à nouveau élu vice-président de l’Assemblée nationale, en juillet 1968, et le reste tout au long de la législature.

Sur le plan législatif, il présente, à nouveau, sa proposition de loi tendant à l’abolition de la peine de mort, en juillet 1968, et deux autres propositions relatives aux associations : l’une en octobre 1972, pour permettre aux associations de lutte contre le proxénétisme de se constituer partie civile devant les juridictions répressives, l’autre en décembre 1972, concernant les associations auxquelles peut être reconnu le caractère d’« associations familiales ».

Il est aussi le rapporteur à l’Assemblée nationale du projet de loi dit « anti-casseurs », tendant à réprimer certaines formes nouvelles de délinquances, et qui vise les violences pendant les manifestations, alors nombreuses dans la période qui suit Mai 1968. Très controversé, ce dispositif marque une fracture profonde entre une certaine partie du centre et la gauche.

En séance publique, Eugène Claudius-Petit prend souvent la parole. Il défend des positions toujours modérées, et empreintes d’une réelle volonté de réforme. Lors du débat sur la déclaration du Gouvernement relative à l’Education nationale, en juillet 1968, il prône la démocratisation de l’enseignement, l’intégration des handicapés ainsi que l’accès, dans un cadre séparé, des adultes à l’université.

Le député de la Loire continue de suivre avec la plus grande attention les questions d’aménagement et de logement. Il prend ainsi régulièrement la parole sur les crédits destinés à l’équipement et au logement, ainsi qu’à l’aménagement du territoire et à l’action régionale. Il est l’un des principaux orateurs, en décembre 1968, sur le projet de loi portant réforme du code de l’urbanisme et de l’habitation en ce qui concerne le permis de construire, ainsi que sur la proposition de loi tendant à humaniser les opérations de rénovation urbaine. Il défend notamment, lors du débat qui suit la déclaration de politique générale de Jacques Chaban-Delmas en septembre 1969, la nécessité de bâtir des villes heureuses.

En juin 1970, l’ancien ministre de la Reconstruction et de l’urbanisme intervient longuement lors de la discussion du projet de loi tendant à faciliter la suppression de l’habitat insalubre. En juin 1971, il prend la parole lors de l’examen des trois projets de loi relatifs à l’allocation logement, aux HLM et à diverses opérations de construction, puis du projet de loi portant dispositions diverses en matière d’urbanisme et d’action foncière.

Soucieux de la modernisation du pays, il défend le développement des équipements collectifs, en particulier du téléphone, le même mois, lors du débat portant approbation d’un rapport sur les principales options du VIe Plan.

Enfin, de manière plus ponctuelle, le député de Firminy intervient sur plusieurs sujets, parmi lesquels la réforme hospitalière qui fait l’objet d’un projet de loi en décembre 1970, l’enseignement, lors de l’examen en avril 1971 du projet de loi modifiant la loi de 1959 sur l’enseignement privé, les incompatibilités parlementaires, à l’occasion de l’examen du projet de loi correspondant portant loi organique, en novembre 1971, pour y défendre certains ajustements au regard de l’affaire de la Garantie foncière, ainsi que sur la délimitation des eaux territoriales françaises, lors de l’examen du projet de loi en ce sens, en décembre 1971.

Enfin, l’ancien adhérent du Sillon, en décembre 1972, intervient sur la contraception, lors de l’examen de la proposition de loi de Lucien Neuwirth sur la création d’un Office national d’information et d’éducation familiale, pour marquer sa préférence pour un appui à l’action des associations.

Sur le plan politique, Eugène Claudius-Petit s’est rapproché de la majorité. Lors de l’élection présidentielle qui suit le référendum d’avril 1969 et la démission du général de Gaulle, il soutient Georges Pompidou, contre le candidat centriste Alain Poher et vote ainsi, le 16 septembre, pour l’approbation de la déclaration de politique générale de Jacques Chaban-Delmas sur la « Nouvelle société ».

Il se différencie de la majorité du Centre démocrate, et de son président Jean Lecanuet, qui s’est rangée derrière le président du Sénat.

Ce même choix en faveur de l’ancien premier ministre du général de Gaulle est suivi par Jacques Duhamel, Joseph Fontanet et René Pleven.

Ceux-ci créent un nouveau parti, le Centre démocratie et progrès (CDP), présidé par Jacques Duhamel. Eugène Claudius-Petit en devient vice-président. Il est également membre de la délégation permanente de la majorité à l’Assemblée nationale et représentant du groupe PDM au comité d’action pour les Etats-Unis d’Europe.

En mars 1970, Eugène Claudius-Petit connaît un premier revers électoral sur le plan local. Il est battu aux élections cantonales dans son canton de Firminy face à son vieil adversaire communiste, Théo Vial-Massat. En mars 1971, il subit face à celui-ci un second revers, étant battu également lors des élections municipales à Firminy.

Ainsi privé de tous ses mandats locaux, et peut-être animé par la crainte de voir la dynamique du programme commun de la gauche bénéficier à Théo Vial-Massat aux législatives de mars 1973, Eugène Claudius-Petit change de circonscription. Il est investi par le CDP, les gaullistes et les Républicains indépendants dans la 15e circonscription de Paris qui correspond à une large partie du XIVe arrondissement (Petit-Montrouge, Montparnasse, Montsouris). Cette circonscription est un fief de la droite depuis 1958, et gaulliste depuis 1962.

La situation est complexe car, outre le nombre de candidatures (10), la droite est divisée. Bien que sans investiture, Michel de Grailly, le député sortant gaulliste, se présente en candidat indépendant sous l’étiquette Présence et action du gaullisme. Quant au Mouvement réformateur (MR), coalition rassemblant plusieurs partis centristes dont le Parti radical et le Centre démocrate, il investit également un candidat, Alain Lombard.

Dans sa profession de foi, Eugène Claudius-Petit appelle à choisir la République, d’abord face au péril communiste dissimulé dans l’Union de la gauche. Il rappelle son parcours, depuis la Résistance jusqu’à son action comme ministre qui a, selon lui, posé les bases de la nouvelle société.

En dépit de l’éparpillement des suffrages entre plusieurs candidatures concurrentes, Eugène Claudius-Petit arrive en tête du premier tour avec 9 867 voix, soit 26,09 % des suffrages exprimés. Il devance le candidat socialiste Bernard Parmantier (16,74%), le candidat communiste Jean-Michel Catala (14,54%), Michel de Grailly n’obtenant que 9,97 % et Alain Lombard, 12,69 %. Le candidat Divers droite Augustin Marboeuf-Régnault rallie 7% des votants, suivi de près par Robert Chapuis, le candidat du Parti socialiste unifié (PSU). Vient ensuite à l’extrême droite le représentant du Front national, Jean-Marie Le Pen, avec 5,22% des voix, notamment.

Entre les deux tours, Jean-Michel Catala décide de se retirer pour renforcer la position du candidat socialiste. Néanmoins, Eugène Claudius-Petit emporte le duel avec 56,88 % des suffrages exprimés (21 159 voix). Dans son ancienne circonscription de la Loire, le candidat Union des républicains de progrès-CDP Roger Partrat vainc Théo Vial-Massat.

Eugène Claudius-Petit rejoint le groupe de l’Union centriste, qui rassemble les députés du CDP, dont il devient quelques jours le président en avril 1973. Il siège de nouveau à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il est également, en décembre 1975, membre de la commission spéciale chargée d’examiner les propositions de Gaston Defferre, Georges Marchais et Jean Foyer sur les libertés et membre du comité d’études chargé de proposer au Parlement les moyens d’améliorer les interventions foncières des collectivités locales.

Il est en 1973 rapporteur pour avis sur les crédits prévus pour les Territoires d’outre-mer.

Le groupe de l’Union centriste fusionne en juillet 1974, après l’élection de Valéry Giscard d’Estaing à la présidence de la République, avec le groupe des Réformateurs démocrates sociaux, qui rassemblait les députés du Mouvement réformateur, pour former le groupe des Réformateurs, des centristes et des démocrates sociaux (RCDS). Eugène Claudius-Petit en est membre.

Il est à nouveau vice-président de l’Assemblée nationale d’avril 1976 à avril 1977.

Outre ses deux propositions de loi antérieures sur l’abolition de la peine de mort et la lutte contre le proxénétisme, il présente trois propositions de loi : l’une, en mai 1974, sur la modification des dispositions du code de procédure pénale, l’autre, en octobre 1974, sur les voies et moyens d’une politique de l’urbanisme et la dernière, en juin 1976, pour interdire la circulation des navires pétroliers géants dans les eaux territoriales françaises.

Eugène Claudius-Petit pose plusieurs questions d’actualité, en mai 1973, sur la protection des œuvres d’art qui forment « le trésor de la France » ; en novembre 1974, sur la grève des détaillants en fuel, puis des questions sans débat au gouvernement après la modernisation de la procédure des questions orales ; en octobre 1976, sur la position de l’UNESCO vis-à-vis d’Israël ; en mai 1977, sur la liberté du travail et ce qu’il considère comme des abus de droit lors de grèves à EDF puis, en décembre 1977, sur cette même liberté du travail et, en novembre 1977, sur l’expression d’une position française sur la rencontre de Jérusalem entre le président égyptien Sadate et le Premier ministre israélien Begin.

S’agissant des textes législatifs, le député de Paris continue d’intervenir à de très nombreuses reprises en séance publique.

S’il prend la parole lors de certains discours de politique générale, en avril 1973, à l’occasion d’un discours où il rend hommage à Marc Sangnier et, en juin 1974, pour appuyer notamment la réhabilitation du travail manuel, c’est surtout sur les questions d’aménagement, d’urbanisme et de logement que l’ancien ministre de la Reconstruction fait valoir son point de vue.

Outre ses interventions régulières sur les crédits de l’équipement et du logement prévus par les projets de loi de finances et sur la déclaration du gouvernement sur les orientations de la politique urbaine, en mai 1973, Eugène Claudius-Petit fait part de sa vision très complète sur les enjeux de la modernisation des espaces aménagés. Il prend la parole, y compris sur le détail des très nombreux projets de loi examinés tout au long de la législature : le projet de loi relatif à l’hébergement collectif, en mai 1973, le projet de loi « Royer » d’orientation du commerce et de l’artisanat, en octobre 1973, règlementant les grandes surfaces en périphérie urbaine, notamment, le projet de loi créant le Centre Georges Pompidou, en décembre 1974, le projet de loi portant réforme de l’urbanisme et de la politique foncière, en octobre 1975, le projet de loi portant réforme de l’urbanisme, en avril 1976, au cours duquel il est l’un des principaux orateurs, le projet de loi relatif aux établissements dangereux, insalubres ou incommodes, en avril 1976, et le projet de loi portant réforme de l’aide au logement, en décembre 1976, tendant à mettre l’accent sur les aides à la personne et non plus l’aide « à la pierre » et dont il estime qu’il doit faire renaître l’espoir, ainsi que le projet de loi relatif à l’architecture examiné peu après, ce même mois.

Marqué par sa dimension spirituelle, Eugène Claudius-Petit prend la parole aussi sur les grandes réformes de société voulues par les présidents de la République, Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing.

Sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG), il intervient de manière appuyée sur le projet de loi présenté par le gouvernement de Pierre Messmer, d’abord en juin 1973, pour s’opposer à la constitution d’une commission spéciale pour en examiner les dispositions -car il souhaite éviter un débat entre spécialistes-, ensuite en décembre 1973, lors de l’examen du texte, pour exposer sa position mesurée, et indiquer qu’il s’agira du vote le plus difficile de son mandat politique avant, in fine, de se prononcer pour le renvoi en commission.

Son intervention la plus célèbre intervient presqu’un an plus tard, sur le même sujet, sur le projet de loi « Veil » relatif à l’IVG. Dans ce débat qui divise les députés de la majorité, le vote annoncé de celui qui est un catholique pratiquant en faveur du projet de loi a une grande valeur symbolique.

Alors que les débats sont tendus, après un discours très dense où il fait part de ses convictions spirituelles les plus profondes, mais parce qu’il ne peut se défaire de la solidarité de la société dans laquelle il vit, il confirme, le 28 novembre 1974, qu’il prendra sa part du fardeau et que s’il luttera contre tout ce qui conduit à l’avortement, il votera la loi. Le film biographique Simone, Le voyage du siècle (2022) consacré à la vie de Simone Veil, souligne la position d’Eugène Claudius-Petit, présenté à plusieurs reprises, au moment des débats, comme celui qui peut faire basculer le vote des députés.

Eugène Claudius-Petit prend aussi la parole en mai 1975 sur le projet de loi portant réforme du divorce, et créant le divorce par consentement mutuel. Il vote le texte « sans allégresse » et fait adopter un amendement qui supprime la prestation compensatoire en cas de concubinage notoire.

Enfin, il se prononce pour la proposition de loi tendant, en juin 1977, à modifier le code de la route pour réprimer plus durement les conducteurs en état d’ivresse ayant provoqué des accidents mortels.

Sur le plan politique, en mai 1976, le CDP et le Centre démocrate se réconcilient en fusionnant dans un nouveau parti, le Centre des démocrates sociaux (CDS). Le 2 avril 1976, Eugène Claudius-Petit redevient vice-président de l’Assemblée nationale et vice-président du groupe RCDS. Il est aussi secrétaire national du CDS à l’aménagement du territoire et membre du bureau politique du parti.

Sur le plan local, Eugène Claudius-Petit reste à l’écart des élections municipales de mars 1977 à Paris. Il ne figure pas dans le XIVe arrondissement sur la liste qui soutient Michel d’Ornano pour la mairie de Paris, et laisse ainsi implicitement le champ libre à celle du Rassemblement pour la République (RPR) conduite par un proche de Jacques Chirac, Christian de La Malène, député de l’autre partie de l’arrondissement.

Aux élections législatives de mars 1978, où il se représente dans la 15e circonscription, il doit cependant affronter la candidature d’un RPR, Yves Lancien, dans un contexte où la fracture de 1977 n’est pas résorbée après le triomphe de Jacques Chirac aux municipales. De surcroît, il y a pléthore de candidatures avec pas moins de quinze prétendants.

Eugène Claudius-Petit se représente sous l’étiquette de l’Union pour la démocratie française (UDF), nom de la confédération des partis qui soutiennent le président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, et dont le CDS est l’un des membres fondateurs. Son suppléant est Claude Goasguen, universitaire, qui sera ultérieurement député de Paris.

N’obtenant que 17,3 % (6 735 voix) des suffrages exprimés, contre plus de 24% (9 418 voix) à Yves Lancien, finalement élu avec 58,50% des voix contre le candidat socialiste M. Chavardès, Eugène Claudius-Petit est éliminé dès le premier tour.

Veuf de son épouse Marie-Louise depuis le 12 mai 1975, Eugène Claudius-Petit décède le 24 octobre 1989 dans le IVe arrondissement de Paris. Il avait été membre du comité central de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) et des instances dirigeantes de l’Association nationale pour l’abolition de la peine de mort.