Léonce Clérambeaux
1909 - 1984
CLERAMBEAUX (Léonce, Marcel)
Né le 15 février 1909 à Villers-Ecalles (Seine-Maritime)
Décédé le 3 mars 1984 à Roubaix (Nord)
Député du Nord de 1973 à 1978
Léonce Clérambeaux est né le 15 février 1909 dans l’agglomération de Rouen, à Villers-Ecalles. Fils d’une famille ouvrière, il réussit son brevet supérieur et entre à l’Ecole militaire d’administration de Vincennes. Il en est démissionnaire en 1934, l’année de son mariage avec Léonie Perron, le 31 mars. Il entre, par la suite, à l’Ecole normale d’instituteurs, dans la ville-préfecture de Seine-Maritime, et devient enseignant en établissement primaire.
Mobilisé en 1939 comme lieutenant, il tombe aux mains de l’ennemi et est interné au camp spécial de Lübeck jusqu’en 1945. Par la suite, il est fait chevalier de la Légion d’honneur, chevalier de l’ordre de Léopold de Belgique et chevalier du mérite militaire. Il est également titulaire de la croix du combattant. Quelques mois après la fin du second conflit mondial, en 1946, il est nommé secrétaire général de la mairie de Roubaix. Il reste à ce poste jusqu’en 1967, date à laquelle il accède aux mêmes fonctions, à la mairie de Lille. C’est fort de cette double légitimité que l’année d’après, il devient secrétaire général de la communauté urbaine de Lille, avant de prendre sa retraite en 1971. Quelques années plus tôt, en mai 1964, il s’est marié en troisièmes noces avec Denise Dubois.
C’est alors que commence réellement sa carrière politique, stricto sensu. Au mois de mars 1971, il est élu conseiller municipal de Roubaix, et devient premier adjoint au maire. Deux mois plus tard, il est premier vice-président de la Communauté urbaine de Lille. Aussi, président de la Société d’aménagement et d’équipement du Nord, est-il le candidat naturel du Parti socialiste aux élections législatives du printemps 1973. Il se présente sans surprise dans la huitième circonscription du Nord, qui regroupe les cantons occidentaux et septentrionaux de la ville de Roubaix. Secondé par son remplaçant éventuel, le conseiller de la communauté urbaine Gustave Dedecker, conseiller général et maire de Croix, Léonce Clérambeaux mène une campagne hardie dont l’axe principal est le combat contre la majorité soutenant Georges Pompidou. Condamnant les « conditions déplorables » dans lesquelles vivent « des millions de Français », il stigmatise le nombre de chômeurs qu’il estime à 500 000 en France, et propose « une société de progrès social qui mettra l’économie au service de l’homme et corrigera sans délai les injustices criardes dans la répartition de la richesse nationale ». Il se veut aussi l’un des défenseurs de sa région et, à ce titre, l’« interprète autorisé et qualifié de (ses) aspirations ».
Au soir du premier tour, le secrétaire général honoraire de la Communauté urbaine de Lille est devancé de quelques 1800 voix par Pierre Herman, député gaulliste sortant et maire de la commune résidentielle de Wasquehal. Des cinq autres candidats en lice, seul le centriste Jacques Bossut, investi par le Centre démocrate, se maintient au second tour de scrutin. Le report des voix des trois candidats venus de la gauche et de l’extrême gauche – Parti communiste français, Lutte ouvrière et Parti socialiste unifié – sur le nom de Léonce Clérambeaux entraîne la victoire de ce dernier, avec 48% des voix contre 43% à son principal adversaire.
Le nouveau député de la huitième circonscription du Nord rejoint l’Assemblée nationale, et s’inscrit au groupe du Parti socialiste et des radicaux de gauche. Il est nommé membre de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il y siège durant toute la législature. Simultanément, il appartient à deux commissions spéciales chargées, pour la première, du contrôle de la concentration économique et de la répression des ententes illicites et des abus de position dominante et, pour l’autre, de la réforme de l’aide au logement. Au cours de son mandat, Léonce Clérambeaux, élu par ailleurs conseiller régional au mois de novembre 1973, ne dépose aucune proposition de loi, mais intervient en séance publique, à l’occasion de trois discussions d’importance.
La première d’entre elles concerne le projet de loi portant réforme du régime administratif de la Ville de Paris, qui vient à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le 2 décembre 1975. Dans ce débat, il dépose et défend 17 amendements. Trois d’entre eux sont adoptés, qui s’intéressent au fonctionnement de la ville de Paris réunie en Conseil général. A cet égard, il tient à préciser que le Conseil de Paris votera un budget de la préfecture de police, un budget communal et un budget départemental. A côté d’un amendement reporté et d’un autre déclaré sans objet, trois autres amendements sont repoussés alors que, satisfait par les arguments donnés dans la discussion, il choisissait aussi d’en retirer neuf autres. Un certain nombre de suggestions ne sont pas retenues, à l’instar de la proposition d’organiser la capitale en trois échelons administratifs : arrondissement, ville, agglomération parisienne. Il en est de même de la compétence à reconnaître aux conseils d’arrondissement, de l’applicabilité du droit commun budgétaire à Paris, de la soumission de Paris au droit commun de la tutelle financière, de la volonté que l’assistance publique de Paris soit un établissement public municipal et hospitalier dont le conseil d’administration serait présidé par le futur maire de la capitale. Au terme des débats, Léonce Clérambeaux admet que le projet « a été considérablement amélioré au cours de la discussion ». Il regrette cependant que le maintien du contrôle financier sur le budget de financement soit une mesure incompatible avec les libertés locales. Ses regrets sont de la même intensité au sujet des pouvoirs du préfet de police qu’il estime « excessifs ». Enfin, il considère que les arrondissements n’ont pas fait l’objet de suffisantes prises en considération.
Le 18 novembre 1976, il intervient en séance publique, dans la discussion du budget du ministère de l’intérieur pour 1977. Il y défend l’aide de l’Etat aux collectivités locales, à la suite de la réforme de la fiscalité. Président de la section départementale de la Mutuelle générale du personnel des collectivités locales, il s’interroge sur les ressources de leur fonds d’équipement. D’ailleurs, il souhaite un état annexe faisant ressortir l’aide de l’Etat aux collectivités locales ; à ce propos, il soutient l’amendement – adopté - de son collègue Boulay. A l’automne de la même année, le 10 novembre, il pose une question au gouvernement, au sujet des subventions aux communautés urbaines. Il souhaite la majoration du taux de ces subventions pour les équipements prévus ou à prévoir. Le député du Nord vient d’être élu au Conseil général, dans le canton de Roubaix-Ouest, que son suppléant Gustave Dedecker ne convoitait plus. Il y siège jusqu’en 1982, date à laquelle il ne se représente pas. C’est le socialiste Gérard Vignoble, maire de Wasquehal et conseiller régional, qui est investi et élu.
Enfin, en 1977, Léonce Clérambeaux prend à nouveau la parole en séance publique, à l’occasion de la discussion de la proposition de loi tendant à compléter les dispositions du code des communes. Il s’agit avant tout d’instituer la coopération intercommunale. Après avoir soutenu la question préalable de son collègue Raymond Forni, député socialiste du Territoire-de-Belfort, il s’intéresse plus particulièrement à la répartition des sièges dans les communautés de Lille, Roubaix, Tourcoing et Dunkerque.
Au cours de son mandat de député, Léonce Clérambeaux s’inscrit clairement dans l’opposition à la majorité présidentielle. Le 12 avril 1973, il vote contre la déclaration de politique générale du gouvernement de Pierre Messmer. Il agit de même, le 16 octobre suivant, sur l’ensemble du projet de loi constitutionnelle portant modification de l’article 6 de la Constitution. Le 6 juin 1974, il s’oppose également à la déclaration de politique générale du gouvernement de Jacques Chirac, ainsi qu’à l’autre réforme constitutionnelle, celle qui vise à modifier l’article 25 de la Constitution, afin d’assouplir le régime de l’incompatibilité entre le mandat parlementaire et les fonctions gouvernementales. En revanche, il soutient la ministre de la santé Simone Veil, dans la discussion relative à l’interruption volontaire de grossesse, et approuve, in fine, l’ensemble de son projet de loi, le 28 novembre 1974. Sur le texte gouvernemental portant réforme du divorce, Léonce Clérambeaux qui, personnellement, a connu cette procédure à deux reprises, ne prend pas part au vote, quand une grande partie de ses camarades socialistes approuve le texte présenté à la tribune par le garde des Sceaux, Jean Lecanuet, le 4 juin 1975. L’opposition du député du Nord à la troisième réforme constitutionnelle, celle qui vise à modifier, à l’article 7 de la Constitution, les règles des campagnes électorales des élections présidentielles, est définitive, le 8 juin 1976. Par ailleurs, c’est sans surprise qu’il vote contre le programme de gouvernement que présente Raymond Barre, le 28 avril 1977, alors que le dernier vote qu’il accomplit, en tant que parlementaire, concerne l’Europe. Le 21 juin 1977, il figure parmi les députés approuvant l’ensemble du projet de loi relatif à l’élection des représentants à l’assemblée des communautés européennes.
Léonce Clérambeaux n’est pas candidat à sa succession, aux élections législatives du mois de mars 1978. C’est l’instituteur Alain Faugaret, conseiller général et maire de Wattrelos, qui lui succède au Palais-Bourbon, dans un face-à-face victorieux, au second tour de scrutin, avec André Diligent, qui sera élu maire de Roubaix en 1983.
L’ancien député socialiste du Nord est réélu conseiller municipal de Roubaix, aux élections municipales, le 13 mars 1977. Il demeure premier adjoint au maire, jusqu’en 1983. Notable influent de la région du Nord, Léonce Clérambeaux est vice-président d’honneur du Syndicat national des secrétaires généraux de mairie, et président d’honneur de l’Association des secrétaires généraux des communautés urbaines. Enfin, il est commandant honoraire, au titre de l’Intendance et de la subsistance militaire.
Léonce Clérambeaux disparaît le 3 mars 1984, à l’âge de 75 ans. Il était officier des palmes académiques et chevalier du mérite social.