Alfred Clerget
1910 - 1995
CLERGET (Alfred)
Né le 3 octobre 1910 à Ronchamp (Haute-Saône)
Décédé le 2 février 1995 à Servance (Haute-Saône)
Député de 1958 à 1967 de Haute-Saône
Fils d’un industriel exploitant une entreprise franc-comtoise, Alfred Clerget naît le 3 octobre 1910 à Ronchamp, en Haute-Saône. Après des études à l’école libre Notre-Dame de Mont-Roland, à Dôle dans le Jura, il obtient un baccalauréat en sciences. Alfred Clerget accomplit un service militaire de dix-huit mois au 105e régiment d’artillerie lourde de Bourges. Il est admis à l’École centrale lyonnaise où il assume déjà des responsabilités en qualité de président du Cercle catholique de l’école. À la suite de son père, il embrasse une carrière industrielle : il devient adjoint à la direction des Etablissements Petitgirard, installée à Servance, en Haute-Saône, puis gérant et enfin président-directeur-général des sociétés Mater et Madec, sises dans la même commune, d’un millier d’habitants. Ces entreprises de décolletage et de matriçage des métaux employaient 350 à 700 personnes. Alfred Clerget devient une figure importante du patronat départemental. En 1943, il est élu maire de Servance et le demeurera quarante ans. Alfred Clerget est élu conseiller du canton de Melisey en 1951, accède à la présidence du conseil général de Haute-Saône en 1958 et conserve son siège jusqu’en 1970. L’industriel est aussi à la tête du syndicat intercommunal d’adduction d’eau de la Haute-Vallée de l’Ognon depuis sa fondation et de celui du collège d’enseignement général de sa création en 1966 jusqu’à avril 1970. Il est vice-président de la Commission de développement économique de Franche-Comté de 1964 à 1970. Son engagement dans le syndicat national du décolletage et dans celui du matriçage, de 1962 à 1975, renforce son implantation locale.
Sa carrière politique prend un tour national en 1958 lorsque le maire de Servance est investi dans la 2e circonscription de Haute-Saône par l’UNR. Il est soutenu à la fois par le Centre national des indépendants (CNI) et par la Démocratie chrétienne de France de Georges Bidault. Dans sa profession de foi électorale, Alfred Clerget met en valeur son ancrage local et son expérience politique : « J’ai fait mes preuves dans tous les domaines, mon passé est le plus sûr garant que, dans l’avenir […] je saurai dans le respect et la défense de la liberté et toutes les libertés, donner une solution juste à tous les problèmes, m’efforçant d’appliquer à l’échelon national ce qui a si bien réussi dans le cadre de la commune, du canton et du département. Mes différentes activités publiques comme mes activités professionnelles m’ont amené à connaître tous les problèmes de la région.» Cette circulaire convainc 53,3 % des électeurs, soit 29 259 voix, dès le premier tour, ce qui permet au candidat gaulliste de battre André Maroselli, député sortant du Parti républicain radical et radical socialiste (32,4 % des suffrages exprimés), le communiste Jean Tortey (8,8 %) et le candidat de la SFIO Raoul Cullerier (5,5 % des voix).
De janvier à octobre 1959, le député de Haute-Saône est membre de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République – qu’il quitte pour rejoindre la Commission de la production et des échanges, à laquelle il siège jusqu’à la fin de la législature. Alfred Clerget est également nommé à la Commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi tendant à favoriser l'intéressement des travailleurs à l'entreprise en mai 1962 et au Conseil national des services départementaux et communaux en juin 1959. Il est élu secrétaire de l'Assemblée nationale à partir d’octobre 1959. Le maire de Servance dépose une proposition de loi, le 24 juin 1960, tendant à classer dans la catégorie B, pour la détermination de l'âge du droit à la retraite, les fonctionnaires des P.T.T. appartenant aux centres de tri postaux, aux centres téléphoniques et aux centres de chèques.
Lors des scrutins d’importance nationale, Alfred Clerget soutient avec constance la politique de l’exécutif. Il approuve le programme du gouvernement Debré le 16 janvier 1959, le nouveau règlement de l’Assemblée nationale encadrant les possibilités d’expression des élus de la Nation le 3 juin 1959, la déclaration de politique générale du Premier ministre prononcée le 15 octobre 1959, quelques semaines après que le général de Gaulle eut évoqué l’« autodétermination » de l’Algérie, le projet de loi Debré sur le financement de l’enseignement privé, votée le 23 décembre 1959, les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades, le 2 février 1960, le programme du gouvernement Pompidou du 27 avril 1962 et la levée de l’immunité de Georges Bidault mise aux voix le 5 juillet 1962. Il ne s’associe pas à la motion de censure du 4 octobre 1962.
Alfred Clerget sollicite le renouvellement de son mandat parlementaire lors des élections anticipées de novembre 1962. Le député sortant gaulliste se place largement en tête du premier tour en recueillant 24 267 voix, soit 49 % des suffrages exprimés. Il devance ainsi le communiste Jean Tortey (4 125 voix), le maire PSU de Ronchamp, Alphonse Pheuplin (4 610 voix) et le candidat de l’Union des Républicains et membre du parti radical-socialiste Jacques Maroselli, fils du sénateur et ancien ministre André Maroselli battu quatre ans plus tôt (15 710 voix). La campagne de l’entre-deux-tours est très vive. Alfred Clerget prévient les électeurs que « tout élu du Front populaire – même camouflé – fût-il, lui, l’héritier dynastique […] de la politique d’un autre âge, serait le gravier qui enrayerait la machine pour la ruine de tous… mais l’enrichissement de quelques-uns ». Le second tour est très serré : le député sortant le remporte avec 36 voix d’avance sur 53 416 exprimées, soit 26 726 voix.
À son retour à l'Assemblée nationale, Alfred Clerget s’inscrit au groupe UNR-UDT. Il est par ailleurs réélu secrétaire de l'Assemblée nationale en décembre 1962 et en avril 1963. Le député de Haute-Saône siège à la commission de la production et des échanges en 1962, jusqu’à la fin de la législature. Le 29 juin 1965, à l’occasion de la discussion du projet de loi modifiant certaines dispositions de l'ordonnance de 1945 instituant des comités d'entreprises, Alfred Clerget intervient pour indiquer quel est, à ses yeux, le rôle du délégué syndical : « Je voudrais simplement préciser ma pensée sur deux points. Tout d’abord, nous sommes nombreux dans cette Assemblée à souhaiter, compte tenu des pouvoirs qui lui sont accordés et qui sont accrus par rapport à ceux que prévoyait l'ordonnance de 1945, que le délégué syndical, élu de manière démocratique par ses pairs, soit un interlocuteur valable pour le chef d'entreprise. Ensuite, nous désirons que le délégué syndical, élu dans ces conditions, soit dégagé des pressions venant de l'extérieur et ne puisse en aucun cas devenir un jour le porte-parole de certains partis politiques et s'assimiler en quelque sorte à « un commissaire du peuple ».
Lors des grands scrutins de la législature, le député de Haute-Saône soutient avec constance l’action du gouvernement. Il se prononce ainsi en faveur de la ratification du traité de l’Élysée entre la France et la RFA le 13 juin 1963, du projet de loi encadrant les grèves des services publics le 26 juillet 1963, de la modification des dates des sessions parlementaires le 20 décembre 1963, de la réforme du mode d’élection des conseillers municipaux le 17 juin 1964 et de la réforme du service national, le 26 mai 1965.
Aux élections législatives de 1967, le député sortant retrouve Jacques Maroselli, alors investi par la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS). Ce dernier a manifesté une opposition virulente à l’encontre du député de Haute-Saône durant tout son mandat, relevant qu’« il n’a jamais été un combattant, [et qu’] il n’a pas de sentiment particulier pour les anciens combattants » ou le qualifiant de « pieuvre vorace » en 1964. Le fils d’André Maroselli se place en tête du premier tour en recueillant 44,5 % des voix, devançant le député sortant (40,7 %), le communiste Michel Federspiel (10,7 %), le candidat sans étiquette de droite René Josse (4 %). Au second tour, Alfred Clerget est battu avec 8 419 voix de moins que son adversaire socialiste (24 170 voix contre 32 589).
À la suite de cet échec, le maire de Servance décide de ne pas se représenter aux élections législatives de juin 1968 qui voient la victoire de Jean-Jacques Beucler dans la 2e circonscription de la Haute-Saône. Il continue à assumer des responsabilités locales en devenant conseiller du commerce extérieur de la France à partir de 1969.
Alfred Clerget s’éteint le 2 février 1995 dans la ville dont il a été maire pendant quarante ans. Décoré des médailles d’honneur du Travail (vermeil) et départementale et communale (argent), il était officier de la Légion d'honneur et commandeur de l’Ordre national du mérite.