André, Gabriel, Marie Colin

1910 - 1978

Informations générales
  • Né le 19 janvier 1910 à Brest (Finistère - France)
  • Décédé le 29 août 1978 à Carantec (Finistère - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Finistère
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Finistère
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Finistère
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Finistère
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Finistère
Groupe
Mouvement républicain populaire

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 19 janvier 1910 à Brest (Finistère)
Décédé le 29 août 1978 à Carantec (Finistère)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Finistère)
Député du Finistère de 1946 à 1958
Secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil du 24 juin au 16 décembre 1946
Ministre de la Marine marchande du 11 septembre 1948 au 28 octobre 1949
Secrétaire d'Etat à l'Intérieur du 7 février au 2 juillet 1950, du 11 août 1951 au 8 mars 1952 et du 8 janvier au 28 juin 1953
Ministre de la France d'outre-mer du 14 mai au 1er juin 1958

André Colin est né le 19 janvier 1910 à Brest (Finistère), dans une famille, d'origines exclusivement bretonnes, ayant déjà compté deux parlementaires. Son père, Pierre Colin, originaire de Ploudalmézeau, exerce alors la profession d'avoué à Brest, où il sera également commissaire aux comptes de La Presse libérale du Finistère. Après son cursus secondaire poursuivi au collège Notre-Dame de Bonsecours à Brest, André Colin entame des études de droit à l'université catholique d'Angers puis à celle de Paris, où il soutient, en 1931, une importante thèse de doctorat sur « La famille dans la législation italienne », thèse publiée la même année aux Presses universitaires de France. Son engagement dans la vie publique se manifeste pourtant très rapidement, sur le terrain d'abord, puis avec son élection au secrétariat général et, de 1936 à 1939, à la présidence générale de l'Association catholique de la jeunesse française (A.C.J.F.) fondée par le comte de Mun. Il est également secrétaire général du Bureau d'informations maritimes, qu'il dirige pendant deux ans et demi, et gardera toujours un attachement très profond à la démocratie sociale et au mouvement syndicaliste d'inspiration chrétienne. En 1936, André Colin devient professeur de droit civil à la faculté catholique de Lille. Mobilisé en août 1939 comme officier de justice maritime, il est attaché au 2e Bureau de la division navale du Levant à Beyrouth. A la suite de l'armistice, il appelle par radio, dès le 22 juin 1940, la population de Beyrouth à poursuivre la lutte contre l'Allemagne, déclarant notamment : « Nous nous sommes engagés dans cette guerre, qui nous était imposée, avec toute notre volonté et notre force, parce que nous savons que, défendant la France, nous luttons aussi pour tout ce qui fait que la vie vaut d'être vécue... ». Ayant finalement réussi à revenir en France, André Colin participe dès lors très activement à l'organisation de la Résistance dans la jeunesse, notamment dans le cadre de 1'A.C.J.F. : il travaille en liaison avec Pierre Brossolette et, surtout, Georges Bidault, alors que ce dernier est devenu président du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) après l'arrestation de Jean Moulin (21 juin 1943), et il contribue tout particulièrement à l'organisation des Forces unies de la jeunesse patriotique (F.U.J.P.).

Appelé en octobre 1943 à siéger à l'Assemblée consultative provisoire, André Colin échoue, malgré trois tentatives, à rejoindre Alger, et poursuit donc en France même la lutte anti-allemande dans la clandestinité. A plusieurs reprises, il rencontre alors Jules Catrice, personnalité la plus marquante de la future fédération M.R.P. du Nord, et, à partir de 1944, prépare activement avec Georges Bidault la fondation du futur M.R.P., d'abord sous le nom de Mouvement républicain de libération (M.R.L.). Nommé délégué général du M.R.P. à la Libération, il est appelé à remplacer, au sein du Conseil national de la Résistance, Georges Bidault lorsque ce dernier prend le portefeuille des Affaires étrangères dans le premier cabinet Charles de Gaulle (10 septembre 1944).

Siégeant à l'Assemblée consultative provisoire de Paris, en sa qualité de membre du C.N.R., à compter du 8 novembre 1944, André Colin y est tout naturellement nommé membre de la Commission de la jeunesse et des sports, de celle de l'intérieur et de la santé publique, et de celle du règlement. A l'origine de deux propositions de résolution, la première pour instituer des allocations prénatales, la seconde pour favoriser le remembrement des propriétés agricoles, il intervient en outre très fréquemment dans les discussions, notamment à propos du monde agricole et des problèmes de l'enseignement privé. André Colin est Secrétaire général du M.R.P., alors le deuxième parti de France après le Parti communiste, à compter de 1945, et il conservera ce poste jusqu'en 1955.

Aux élections du 21 octobre 1945 pour la première Assemblée nationale Constituante, la liste M.R.P. qu'il dirige, obtient, dans le Finistère, 126 803 voix sur 366 073 suffrages exprimés (34,6 % des voix), et emporte quatre des neuf sièges à pourvoir. Nommé membre de la Commission du règlement et de celle de l'agriculture et du ravitaillement, le nouveau député du Finistère est notamment l'auteur d'une proposition de loi, le 9 avril 1946, tendant à organiser la profession d'artisan. Il intervient en outre à plusieurs reprises dans les débats parlementaires, particulièrement lorsque ceux-ci viennent sur la question constitutionnelle. Favorable au processus de nationalisation des banques (2 décembre 1945), de l'électricité et du gaz (28 mars 1946), et des assurances (24 avril), il est à l'origine d'un amendement sur la propriété, « droit inviolable et sacré d'user, de jouir et de disposer d'un bien ». Comme les autres députés M.R.P., André Colin vote, le 19 avril 1946, contre le projet de constitution, à ses yeux trop inspiré par la majorité socialiste et, surtout, communiste, de l'Assemblée. La Constitution est rejetée par le référendum du 5 mai 1946, ce qui rend nécessaire la convocation d'une nouvelle Assemblée nationale Constituante.

A nouveau tête de liste M.R.P. dans le Finistère aux élections du 2 juin 1946, André Colin y est brillamment réélu, le M.R.P. avec 163 312 voix sur 387 313 suffrages exprimés, emportant cinq sièges sur neuf (42 % des voix). Il retrouve, à l'Assemblée, la Commission de l'agriculture et est également nommé à celle des moyens de communication et des postes, télégraphes et téléphones. Le M.R.P. dans son comité directeur du 10 juin, revendique, sur la base de son incontestable succès électoral, les plus hautes responsabilités, et notamment la présidence du gouvernement. Favorable à la candidature de Georges Bidault comme président du gouvernement provisoire de la République (19 juin), André Colin entre, le 24, dans le cabinet Georges Bidault, comme secrétaire d « Etat à la présidence du Conseil. C'est à ce titre qu'il intervient à plusieurs reprises devant l'Assemblée, notamment le 23 juillet en réponse à une question posée par Emmanuel d'Astier de la Vigerie concernant la D.G.E.R. Il soutient naturellement le nouveau projet de constitution (28 septembre), qui est accepté par le référendum du 13 octobre.

André Colin sollicite à nouveau le renouvellement de son mandat lors des élections du 10 novembre 1946 pour la première législature de la IVe République, toujours comme tête de liste M.R.P. dans le Finistère, où dix députés doivent désormais être désignés ; avec 172 285 voix sur 380 219 suffrages exprimés, le M.R.P. conforte son avance (45 % des voix) et conserve ses cinq sièges. A l'Assemblée, André Colin est nommé membre de la Commission des territoires d'outre-mer (1947) et de celle de la marine marchande et des pêches (1948). Le comité directeur du M.R.P. avait demandé, dans sa réunion du 21 novembre, la reconduction du gouvernement Bidault, mais celui-ci comme c'est la tradition, donne sa démission dès le 28 novembre. Après l'élimination de celle de Maurice Thorez, la candidature de Georges Bidault comme président du gouvernement provisoire est repoussée par l'Assemblée le 5 décembre ; André Colin se rallie alors avec le M.R.P., à la solution extra-parlementaire et vote l'investiture du cabinet Blum le 16 décembre. A la suite de la crise du printemps 1947, il accorde, le 4 mai, la confiance au gouvernement Paul Ramadier dans le scrutin à la suite duquel celui-ci se sépare de ses ministres communistes. La « Troisième force » regroupant socialistes, radicaux et M.R.P. tend alors à se constituer pour s'opposer aux communistes, et le Secrétaire général du M.R.P. joue évidemment dans cette évolution un rôle très important. Le 27 août suivant, André Colin soutient le gouvernement lors du scrutin sur le statut de l'Algérie. Député tout particulièrement actif, il dépose onze textes, la majorité ayant trait aux problèmes de la marine, dont il s'est fait une spécialité : il est notamment rapporteur du projet de loi portant organisation de la Marine marchande le 19 février 1948. Le 11 septembre suivant, André Colin entre, comme ministre de la Marine marchande dans le premier cabinet Henri Queuille et sera à ce titre amené à intervenir longuement, dans les séances des 9 mars et 8 avril 1949, à propos du budget de son département. Opposé à la nationalisation des écoles des houillères (14 mai 1948), il est en revanche partisan du plan Marshall (7 juillet 1948), de la formation du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949) et de la ratification du pacte de l'Atlantique (26 juillet). André Colin entre à nouveau comme secrétaire d'Etat à l'Intérieur dans le deuxième cabinet Georges Bidault, lors du remaniement du 7 février 1950 où, notamment, le M.R.P. Paul Bacon prend en charge le portefeuille du Travail et de la Sécurité sociale, lui-même souligne alors l'importance de ces problèmes : « l'indépendance nationale et la concorde ne sont assurées que quand la justice sociale est défendue ». Il intervient longuement dans la séance du 31 mai, consacrée à la discussion du budget de l'Intérieur - et notamment de la police et de la gendarmerie. Progressivement, la question du régime des élections tend alors à dominer la vie politique française. Au septième congrès national du M.R.P., tenu à Lyon à partir du 3 mai 1951, André Colin, toujours Secrétaire général du mouvement, déclare notamment à ce propos : « tout n'est pas gagné, rien n'est perdu (...). Dans notre esprit, la loi électorale appelle à une union », et il lance un appel, le 6, pour demander « aux élections le plus large regroupement possible sur un programme d'attachement à la République et aux conquêtes sociales ». Le 7 mai 1951, il vote naturellement pour la réforme électorale instituant le scrutin de liste majoritaire départemental à un tour avec apparentements. Le 14 octobre 1951, André Colin est élu Conseiller général de l'Ile d'Ouessant.

Les élections pour la deuxième législature de la IVe République se déroulent le 17 juin 1951 : le M.R.P., sera le grand vaincu de la consultation électorale, et, dans le Finistère, où aucun apparentement n'a été conclu, il perd deux sièges. André Colin, toujours tête de liste, est à nouveau réélu, mais avec seulement 97 662 voix sur 375 012 suffrages exprimés (soit 26 % des voix). Ses engagements électoraux insistaient sur la nécessité de refuser les solutions « d'extrême gauche ou d'extrême droite », et sur l'importance de l'œuvre accomplie par les différents gouvernements depuis 1946. Dès le 11 août 1951, il entre, comme secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, Charles Brune, dans le deuxième cabinet René Pleven. Il ne prend pas part au vote du 21 septembre 1951 sur la proposition de loi d'Edmond Barrachin (R.P.F.) et de Charles Barangé (M.R.P.) sur l'enseignement privé. Après la démission du cabinet Pleven, André Colin est à nouveau nommé secrétaire d'Etat à l'Intérieur dans le premier cabinet Edgar Faure mais, dès le 29 février suivant, celui-ci offre à son tour sa démission. La « Troisième force » disparaît alors pratiquement de la vie politique française. Le 6 mars 1952, André Colin vote pour l'investiture d'Antoine Pinay, mais une nouvelle crise ministérielle est ouverte par la démission du cabinet Pinay le 22 décembre 1952. Le 8 janvier 1953, André Colin entre comme secrétaire d'Etat à l'Intérieur dans le cabinet René Mayer, à son tour démissionnaire le 21 mai suivant : la crise ministérielle qui s'ouvre alors est la plus longue de toute la IVe République, jusqu'à ce que, le 26 juin 1953, le vote de confiance à Joseph Laniel, confiance à laquelle André Colin est favorable, permette enfin de trouver une issue. La question cruciale est, alors, devenue celle de l'Indochine. André Colin vote, le 27 octobre 1953, pour l'adoption de l'ordre du jour gouvernemental en conclusion des interpellations sur la situation dans la péninsule, puis, le 9 mars 1954, il soutient le gouvernement lors du scrutin sur le cessez-le-feu. Dans le même temps s'était ouverte la conférence de Genève (26 avril 1954), devant aboutir à une solution dans le conflit quand, le 7 mai, a lieu la capitulation de Diên-Biên-Phû ; le 13, André Colin soutient à nouveau le gouvernement lors du vote sur la situation en Indochine. Il accorde toujours la confiance à Joseph Laniel lors du scrutin du 12 juin à la suite duquel la démission du gouvernement ouvre une nouvelle crise ministérielle, largement dominée par la question indochinoise. André Colin s'abstient volontairement lors du débat du 17 sur l'investiture de Pierre Mendès-France. Les accords de Genève mettant fin à la guerre d'Indochine sont signés dans la nuit du 20 au 21 juillet 1954, et massivement approuvés par l'Assemblée le 23 : André Colin s'abstient à nouveau volontairement lors de ce scrutin. Partisan de l'intégration européenne et occidentale, André Colin se prononce, le 30 août, contre la question préalable opposée par Edouard Herriot et le général Aumeran à la ratification du traité de Paris sur la Communauté européenne de défense (C.E.D.), question dont l'adoption équivaut au rejet du traité. Puis, le 10 décembre suivant, il refuse la confiance au gouvernement Mendès-France sur sa politique en Algérie et, le 20 décembre, s'oppose à la ratification des accords de Paris permettant l'entrée de l'Allemagne dans l'O.T.A.N. A nouveau opposé à la confiance lors du scrutin du 4 février 1955 à la suite duquel le Gouvernement est renversé, il soutient de son vote la formation du deuxième cabinet Edgar Faure (23 février), approuve l'état d'urgence en Algérie, le 31 mars 1955, et se prononce pour la confiance au gouvernement Edgar Faure, le 29 novembre. La chute de ce dernier, à la suite du scrutin, provoque, le 2 décembre, la dissolution de l'Assemblée nationale.

A nouveau tête de liste M.R.P. dans le Finistère aux élections anticipées du 2 janvier 1956, André Colin obtient 102 367 voix sur 398 472 suffrages exprimés, soit un score analogue à celui de 1951 (26 % des suffrages), sa liste conservant ses trois sièges : le M.R.P. avait, dans le Finistère, conclu des accords d'apparentement avec les listes R.G.R. et C.N.I. Lui-même retrouve comme membre titulaire la Commission des finances (1956,1957, 1958), qui le désigne pour siéger dans deux Sous-commissions: la première, chargée d'émettre un avis sur les taxes parafiscales et de péréquation (1956, 1957), et la seconde, de contrôler de façon permanente l'emploi des crédits affectés à la défense nationale (1956, 1957). Il est à l'origine au cours de cette brève législature, de trois textes portant sur des problèmes financiers, et intervient en outre largement dans les discussions, notamment, en novembre et décembre 1956, comme rapporteur spécial des crédits de l'Education nationale, de la jeunesse et des sports pour 1957. Partisan de l'investiture de Guy Mollet lors du scrutin du 31 janvier 1956, André Colin vote, le 25 octobre 1956, pour la confiance au gouvernement sur sa politique générale et sur la situation à Suez et en Algérie, puis, le 9 juillet 1957, pour la ratification des traités instituant la C.E.E. et l'Euratom, et, le 30 septembre 1957, pour la confiance au gouvernement Bourgès-Maunoury à propos du vote de la loi-cadre sur l'Algérie (scrutin à la suite duquel le gouvernement est renversé). Il est en outre élu, le 13 mars, représentant de la France à l'Assemblée des Communautés européennes. Le cabinet Félix Gaillard, démissionaire le 15 avril 1958, est remplacé à compter du 14 mai, par le gouvernement dirigé par le président du M.R.P., Pierre Pflimlin dans lequel André Colin, qui a voté la confiance la veille, est ministre de la France d'outre-mer. A la suite de l'insurrection d'Alger et de la formation d'un comité de Salut public puis de la manifestation algéroise en faveur du général de Gaulle (13-15 mai), André Colin vote le 16, l'état d'urgence sur le territoire métropolitain, puis, le 27, il soutient la proposition de résolution tendant à réviser certains articles de la Constitution. Après la démission du cabinet, André Colin se rallie au général de Gaulle, votant la confiance le 1er juin 1958 et se prononçant, le 2, pour les pleins pouvoirs et pour la révision constitutionnelle.

Chevalier de la Légion d'honneur au titre de la Résistance, André Colin était titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 avec palmes et de la médaille de la Résistance, commandeur du Mérite maritime et chevalier de Saint-Grégoire le Grand. Il était, depuis 1945, membre du Conseil d'administration de Bayard-Presse. Enfin, il avait épousé Marguerite Laurent, et était père de quatre enfants.