Joseph, Issoufou Conombo
1917 - 2008
Né le 9 février 1917 à Combissiri (Haute-Volta)
Député de la Haute-Volta de 1951 à 1958
Secrétaire d'Etat à l'Intérieur du 4 septembre 1954 au 20 janvier 1955
Secrétaire d'Etat aux Affaires économiques, chargé de l'Union française du 20 janvier au 23 février 1955
Fils de cultivateur, Joseph Conombo est né le 9 février 1917 à Combissiri (Haute-Volta), dans la région de Ouagadougou. En 1936, il entre à l'école normale William-Ponty de l'A.O.F. à Gorée. Etudiant à l'Ecole africaine de médecine et de pharmacie de Dakar à partir de 1938, il en sort, en 1942, avec le diplôme de médecin africain. Mobilisé comme médecin militaire à la 2e division d'infanterie coloniale, il participe aux opérations du Maroc, à la libération de la Corse, au débarquement en Provence, puis aux campagnes d'Alsace et d'Allemagne. Cité à l'ordre de la brigade, il est décoré de la Croix de guerre.
Médecin-chef de l'hôpital de Batié en Haute-Volta, en 1945, il adhère à l'Union voltaïque, mouvement africain qui milite en faveur de la reconstitution du territoire de la Haute-Volta, séparé entre trois territoires de la Côte d'Ivoire, du Niger et du Soudan. En juillet 1948, il est élu conseiller de l'Union française, sous l'étiquette d'Indépendant d'outre-mer.
Revenu en France pour exercer son mandat, il s'inscrit à la Faculté de médecine de Paris, étant obligé de refaire toutes ses études pour pouvoir exercer en métropole. Il est reçu docteur, avec mention très bien, après avoir soutenu une thèse sur le traitement de la maladie du sommeil qui lui vaut le titre de lauréat de la Faculté de Paris.
Aux élections législatives du 17 juin 1951, Joseph Conombo conduit la liste d'Union pour la défense des intérêts de la Haute-Volta qui, avec 146 861 voix sur 249 940 suffrages exprimés, obtient trois des quatre sièges à pourvoir par le collège unique de Haute-Volta. Le 30 mars suivant, il est élu Conseiller général de Ouagadougou. Inscrit au groupe parlementaire des Indépendants d'outre-mer, Joseph Conombo est nommé membre de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique, dont il est élu secrétaire en 1951 et 1953, de la Commission des pensions, de la Commission des finances dont il est élu secrétaire en 1954, de la Commission de la presse et de la Commission des territoires d'outre-mer.
Au cours de la législature, il dépose plusieurs propositions de loi ou de résolution relatives, notamment, au statut des chefs coutumiers en A.O.F. et A.E.F., au transfert du siège de l'Assemblée de l'Union française, ainsi qu'aux territoires d'outre-mer (anciens combattants, représentation électorale, santé publique, etc.)
Le 4 septembre 1945, Joseph Conombo est nommé Secrétaire d'Etat à l'Intérieur dans le cabinet Mendès-France. Il est ainsi l'un des premiers Africains à participer à un gouvernement français. Lors du remaniement ministériel du 20 janvier 1955, il est nommé Secrétaire d'Etat aux Affaires économiques, chargé des problèmes de l'Union française, poste qu'il occupe jusqu'à la chute du gouvernement, le 4 février suivant.
Joseph Conombo, tant en qualité de député que comme membre du gouvernement, intervient très fréquemment à la tribune de l'Assemblée, sur tous les sujets touchant aux territoires d'outre-mer. Il vote pour les lois Marie et Barangé favorables à l'enseignement privé (21 septembre 1951), pour la ratification du traité instituant la Communauté charbon-acier (13 décembre). Votant pour l'investiture d'Antoine Pinay (6 mars 1952) et de Joseph Laniel (26 juin 1953), il s'abstient lors du vote de confiance après Diên-Biên-Phû (13 mai 1954). Le 30 août 1954, Joseph Conombo, ainsi que onze de ses collègues du groupe des Indépendants d'outremer, votent contre la question préalable dans le débat sur la Communauté européenne de défense. Alors membre du gouvernement, il vote pour la ratification des accords de Londres (12 octobre) et de Paris (29 décembre), relatifs à la fin de l'occupation de l'Allemagne et à son réarmement. Il se prononce en faveur de la confiance à Edgar Faure (23 février 1955), soutient le gouvernement sur l'état d'urgence en Algérie (31 mars), vote contre la réforme électorale rétablissant le scrutin d'arrondissement (16 novembre) et s'abstient sur la date des élections (29 novembre, chute du cabinet).
Aux élections anticipées du 2 janvier 1956, Joseph Conombo conduit la liste du Parti social de l'éducation des masses africaines qui emporte deux des quatre sièges à pourvoir, avec 273 232 voix sur 626 136 suffrages exprimés. Membre du groupe des Indépendants d'outre-mer (apparenté au M.R.P.) puis, à partir de juin 1957, du groupe de l'U.D.S.R. et du Rassemblement démocratique africain, il fait successivement partie des Commissions des finances, comme membre suppléant, de l'intérieur, de la famille, des moyens de communication et du tourisme.
Le 13 janvier 1958, il dépose une proposition de loi portant augmentation du nombre des députés représentant les territoires de l'Union française. Toutes ses interventions à la tribune portent sur les problèmes de l'Union française, notamment, le 29 janvier 1957, lors de la discussion générale sur treize décrets concernant les territoires d'outre-mer au cours de laquelle il déclare : « La France se doit d'établir en Afrique noire un solide bastion de confiance en marquant l'étape que nous lui réclamons : l'apprentissage, sous son égide, de la gestion des affaires territoriales par des responsables territoriaux ».
Durant la troisième législature, Joseph Conombo vote la confiance à Guy Mollet (31 janvier 1956), s'abstient sur les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 mars), soutient le gouvernement lors de l'affaire de Suez (25 octobre). Il se prononce en faveur de la confiance à Maurice Bourgès-Maunoury (12 juin 1957), vote pour la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne et l'Euratom (9 juillet), s'abstient lors du vote sur les institutions de l'Algérie (30 septembre, chute du cabinet), mais vote le texte repris par Félix Gaillard (31 janvier 1958). Joseph Conombo vote la confiance à Pierre Pflimlin (13 mai) et la déclaration de l'état d'urgence (16 mai), ne prend pas part au vote de confiance à Charles de Gaulle mais vote pour les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (1er et 2 juin).