Paul, André, Ferdinand Constans

1857 - 1931

Informations générales
  • Né le 8 septembre 1857 à Néfiach (Pyrénées-Orientales - France)
  • Décédé le 4 décembre 1931 à Montluçon (Allier - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 11 mai 1902 au 31 mai 1906
Département
Allier
Groupe
Socialistes parlementaires
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IXe législature
Mandat
Du 6 mai 1906 au 31 mai 1910
Département
Allier
Groupe
Socialistes unifiés
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIe législature
Mandat
Du 26 avril 1914 au 7 décembre 1919
Département
Allier
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIIe législature
Mandat
Du 11 mai 1924 au 31 mai 1928
Département
Allier
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIVe législature
Mandat
Du 29 avril 1928 au 4 décembre 1931
Département
Allier
Groupe
Parti socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 8 septembre 1857 à Néfiach (Pyrénées-Orientales), mort le 4 décembre 1931 à Montluçon (Allier).

Député de l'Allier de 1902 à 1910, de 1914 à 1919 et de 1924 à 1931.

Fils d'un tisserand de campagne, Paul Constans quitta à l'âge de 15 ans, l'école de son village pour faire quelques mois d'études à l'école primaire supérieure de Perpignan. Il désirait entrer à l'Ecole des Arts-et-Métiers, puis à l'Ecole centrale, mais dut y renoncer, faute de moyens financiers. Il se fit employé de magasin à Paris.

Ayant contribué à fonder le Syndicat des employés de commerce de la capitale, il dut aussitôt quitter sa place. Il en trouva aussitôt une autre, plus avantageuse, où il sut se faire apprécier; et sur recommandation particulière de son patron, il fut appelé à Montluçon pour y diriger une maison de tissus.

Dans cette ville, il se lia d'amitié avec Jean Dormoy, adhéra au Parti ouvrier français et en devint rapidement un des militants les plus actifs. Ayant décliné plusieurs offres de candidature aux élections municipales, en 1893 et en 1895, il consentit enfin à entrer au conseil municipal de Montluçon en 1896, qui l'élut aussitôt adjoint au maire. A la suite d'élections complémentaires nécessitées par le décès de Jean Dormoy, il devenait le 8 janvier 1899, maire de Montluçon et, le 29 janvier conseiller général de Montluçon-Ouest. Il devait garder l'écharpe de maire jusqu'en 1925 où il la céda à Marx Dormoy, et le mandat de conseiller général jusqu'à sa mort. Il présidait l'Assemblée départementale depuis 1928.

Il tenta de se faire élire député de la première circonscription de Montluçon, aux élections générales législatives du 8 mai 1898. Mais n'ayant obtenu au premier tour de scrutin que 3.191 voix contre 8.535 à M. Vacher et 6.509 à M. Létang, sur 18.888 votants, il se désista avant le second tour en faveur de ce dernier dont il assura le succès.

Mais il prit sa revanche aux élections générales des 27 avril et 11 mai 1902, dans la deuxième circonscription de Montluçon, au deuxième tour de scrutin. Il emporta le siège par 9.352 voix contre 6.598 à M. Thaury, sur 16.367 votants. Il fut réélu aux élections générales du 6 mai 1906, au premier tour, par 8.231 voix contre 7.541 à M. Etienne Lamoureux sur 16.648 votants. Par contre, le renouvellement des 24 avril et 8 mai 1910, lui fut fatal: arrivé en tête au premier tour, le deuxième le mit en échec avec 1.793 voix contre 9.747 à M. Etienne Lamoureux qui fut élu, sur 17.758 votants. Mais il rétablit la situation aux élections générales du 26 avril 1914 dès le premier tour de scrutin, avec 9.472 voix contre 5.256 à M. Etienne Lamoureux, sur 16.344 votants. Aux élections générales du 16 novembre 1919, qui se déroulèrent au scrutin de liste, il prit la tête de la liste du parti socialiste qui n'eut aucun élu. Il recueillit personnellement 38.532 voix sur 89.972 votants. Cependant, aux élections générales du 11 mai 1924, il conduisit la liste d'Union socialiste à la victoire. Elle eut, en effet, quatre élus et 49.864 voix se portèrent sur son nom, sur 100.927 votants. Enfin, au renouvellement du 22 avril 1928 qui marqua le retour au scrutin uninominal, il retrouva sa deuxième circonscription de Montluçon par 8.452 voix contre 5.535 à M. Aumoine et 1.701 à M. Vallet, sur 16.356 votants, dès le premier tour de scrutin. Il s'inscrivit en 1902 au groupe des socialistes révolutionnaires, en 1906, au groupe des socialistes unifiés, et, à partir de 1924, au groupe du parti socialiste. Il appartint à la Commission du travail, à celle de l'hygiène publique, à celle d'assurance et de prévoyance sociales, à celle du règlement, à celle des travaux publics, des chemins de fer et des voies de communication, et il prit l'initiative de la nomination d'une Commission d'études pour la reconstruction de la salle des séances de la Chambre. Dès son arrivée, il conquit, parmi les socialistes une place de choix en raison de sa sincérité, de sa puissance de travail et de sa probité. On lui doit une foule de propositions de loi ou de résolution concernant : le secret et la liberté du vote, l'amnistie (dont il rédigea le rapport), le contrat d'association, l'exploitation des mines par les travailleurs qui y sont employés, la suppression des droits de douane sur les blés et farines, les casernes contaminées par les épidémies, les accidents du travail, la révision du revenu de la propriété non bâtie, le droit de grève, la répression des fraudes en matière électorale, l'avancement des instituteurs et des institutrices, la création d'un Ministère de la Santé publique, etc. Il fut chargé de rapporter les propositions de loi sur l'organisation départementale et cantonale et la suppression de la tutelle administrative, sur les sociétés des auteurs et compositeurs de musique, etc. Il n'est guère de débat auquel il ne prit part. On l'entendit parler notamment: des décrets pris contre divers établissements congréganistes, de la grève générale des mineurs, de la contribution des patentes, du droit d'entrée sur les blés, des bouilleurs de cru, de l'outillage national, des allocations de secours aux familles nécessiteuses des réservistes et territoriaux pendant les périodes d'instruction militaire, de l'amnistie en faveur des faillis simples, du recrutement de l'armée (service de deux ans), des accidents du travail, de la séparation des Eglises et de l'Etat, des caisses de retraites ouvrières, des atteintes portées à la liberté politique des membres de l'enseignement, etc. Rallié dès le début de la guerre de 1914-1918, à l'Union sacrée, Paul Constans demeura inébranlablement fidèle, jusqu'à la fin des hostilités, à cette formule, sans d'ailleurs l'empêcher de défendre vigoureusement, dans d'autres domaines, le point de vue de son parti.

Le 27 septembre 1931, les socialistes bourbonnais célébraient en une grande manifestation, présidée par Léon Blum, et en présence de Paul Faure, Renaudel, Bracke, etc. le jubilé politique de Paul Constans. Mais celui qui faisait l'objet de cet hommage populaire en était absent, condamné à ne pouvoir que recueillir dans sa chambre de malade, les échos de la cérémonie, que lui apportaient les microphones.

Il devait s'éteindre une semaine après, le 4 octobre 1931, dans sa ville de Montluçon, entouré dés regrets de ses amis et de l'estime de ses adversaires. Il avait 74 ans.

Le Président Fernand Bouisson annonça la triste nouvelle à la Chambre, à la séance de rentrée du 12 novembre. Après avoir retracé la longue carrière politique du disparu : « Dès 1898, déclara-t-il, militant du parti ouvrier français, disciple de Jules Guesde, il était maire de Montluçon. Et, dès cette époque, il avait conçu, pour réaliser l'une après l'autre, toute une série d'œuvres d'hygiène sociale, de protection ouvrière, et de protection de l'enfance. Préoccupations qui furent toujours les siennes et que son cœur lui dictait rappelons que Paul Constans, dès 1915, demandait, par une proposition de loi, la création d'un Ministère de la Santé publique. Il était entré à la Chambre en 1902. Il se proposait, aux élections prochaines de ne plus demander le renouvellement d'un mandat qui lui avait été confié et confirmé pendant 30 ans, et qui n'avait subi que deux interruptions seulement. En recherchant, en relisant ses interventions passionnées, où il mettait tout son désintéressement et toute sa foi, j'admirais la ligne si pure, si droite d'une telle vie. Et je comprenais mieux le respect affectueux dont l'entouraient les générations nouvelles, auquel se joignait l'estime profonde de ses collègues de tous les partis. Le nom de Paul Constans ne sera pas oublié. »

Son destin politique eut cette étrangeté que malgré sa popularité, malgré ses succès répétés aux élections législatives, Paul Constans ne put jamais accéder au Sénat : le 7 janvier 1912, présenté par la fédération socialiste, il n'obtint que 130 voix au premier tour de scrutin et 123 au second, sur 824 votants. Le 11 janvier 1920, il groupa 310 voix au premier tour, 329 au Second et 342 au troisième, sur 810 votants. Le 9 janvier 1921, il recueillit 349 suffrages sur 810 votants. Enfin, quatrième tentative infructueuse, le 20 octobre 1929, il n'obtint que 336 voix au premier tour et 373 au second, sur 814 votants. Mais ces échecs n'entamèrent jamais sa sérénité.

Dernier hommage qui lui fut rendu, son nom fut donné à une rue de Montluçon, de Vallon-en-Sully, de Roubaix et de Boulogne-Billancourt