Arthur, Emile Cornette
1903 - 1984
CORNETTE (Arthur)
Né le 15 août 1903 à Quarouble (Nord)
Décédé le 25 février 1984 à Hellemmes (Nord)
Député du Nord de 1962 à 1968 et de 1973 à 1978
Arthur Cornette est né en 1903 à Quarouble, commune du Nord dont son père, tailleur de profession, était le maire. En 1924, après des études à l’école normale de Douai, il est nommé instituteur à Maubeuge. Six ans plus tard, il est promu directeur d’école à Assevent, puis à Fourmies en 1938 et enfin à Hellemmes en 1945, fonction qu’il occupera jusqu’à sa retraite en 1961. Pendant la Grande guerre, Arthur Cornette est mobilisé en Lorraine où il est fait prisonnier mais parvient à s’évader. Compagnon de Léo Lagrange en 1936, il fonde et préside la section du Nord de la Mutuelle générale de l’éducation, dirige la section du Nord du Syndicat national des instituteurs (1945-1962) et appartient au Conseil supérieur de l’éducation nationale.
Venu à la politique par l’action syndicale, il se présente avec succès à la mairie d’Hellemmes, dans la banlieue de Lille, en 1947. Il conservera son mandat municipal pendant trente ans – jusqu’en avril 1977, date du rattachement de la commune à celle de Lille. Il devient alors maire délégué de Lille, responsabilité qu’il assume jusqu’en 1983. Elu sans discontinuité conseiller général du canton de Lille-Est à partir de 1952, il décide de ne pas se représenter aux élection cantonales de 1973 pour se consacrer à son mandat national. Enfin, Arthur Cornette a également été membre du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais.
En 1958, le maire socialiste d’Hellemmes décide, sans succès, de se présenter aux électeurs de la 4ème circonscription du Nord (Lille-Est et Lille Sud-Est). Cinq candidats se disputent le siège à pourvoir dont le communiste Robert Leblond et la gaulliste Madeleine Martinache. Au premier tour, la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) arrive en tête avec 30,8% des suffrages, devançant l’Union pour la nouvelle République (UNR) et ses 24,6%, le Parti communiste français (PCF) et ses 20,4%, l’Action pour le Renouveau de la France représentée par Arthur François (13,6%) et le Mouvement républicain populaire (MRP) qui n’obtient que 10,6%. Au deuxième tour, dans cette région traditionnellement ancrée à gauche, les deux candidats socialiste et communiste choisissent de se maintenir. Cette triangulaire permet à la candidate gaulliste de remporter l’élection avec près de 46,1% des voix. Arthur Cornette a recueilli moins de 35% des suffrages. De son côté, Robert Leblond a totalisé 19% des voix.
En 1962, nullement découragé par cet échec, Arthur Cornette alors à la retraite depuis un an, décide de se présenter à nouveau devant les électeurs lillois. Il y affronte les quatre mêmes formations qui se sont opposées en 1958. Cette fois-ci, c’est la députée sortante de droite, Madelaine Martinache qui obtient le plus de voix (32%) au premier tour. Arthur Cornette, placé en deuxième position (24,4%) est talonné par le candidat du PCF (22%). À la différence des élections de 1958, le communiste Henri Coursier décide de se retirer en faveur du maire d’Hellemmes qui recueille ainsi au second tour 52,4% des suffrages face à la candidate du pouvoir.
Dès son entrée en fonctions, le nouveau député du Nord rejoint le groupe socialiste et est nommé membre de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Auteur d’une proposition de loi tendant à compléter le régime de sécurité sociale des agents des collectivités locales (14 décembre 1966), il est surtout connu pour ses prises de parole en faveur d’un enseignement laïque et doté de ressources importantes. Ainsi, dès janvier 1963, prenant part à la discussion sur le projet de loi de finances pour 1963, il dénonce les conséquences de la loi d’aide aux écoles privées : « Force nous est bien de constater, affirme-t-il, que les fonds qu’on refuse à l'enseignement public, on les trouve pour l'enseignement privé dont, sans vouloir ranimer des querelles idéologiques, nous ne nous lasserons jamais de répéter qu'il est réservé — qu'on le veuille ou non, c'est un fait — à certaines catégories de Français ». En 1964, lors de la discussion du projet de loi de finances, Arthur Cornette déplore encore « le sabordage de l’école laïque ». Le député du Nord entend également défendre l’école élémentaire dont il dénonce à plusieurs reprises le surpeuplement et l’encadrement incomplet des maîtres faute d’une solide formation et d’effectifs substantiels (janvier, juin et novembre 1963 ou encore octobre 1965 dans le cadre de la discussion du budget pour 1966). Il regrette également au cours de ses prises de parole la négligence à l’égard de l’éducation physique, l’insuffisance des locaux, l’intégration difficile des handicapés dans les écoles.
Lors des principaux scrutins de la deuxième législature de la Vème République, Arthur Cornette s’est opposé au gouvernement. Il a en particulier voté contre la ratification du traité de l’Elysée (13 juin 1963), le projet de loi relatif à certaines modalités de grèves dans les services publics (26 juillet 1963), la réforme du mode d’élection des conseillers municipaux (17 juin 1964) et la réforme du service national (26 mai 1965).
Fort de son implantation locale et de son activité parlementaire, le maire d’Hellemmes sollicite le renouvellement de son mandat en 1967. Les électeurs lillois placent le candidat gaulliste Robert Menu en tête du premier tour (36,1%), devant le député sortant (25,5%) et le communiste (23,2%). Cependant, le deuxième tour se présente sous un jour favorable pour Arthur Cornette car le candidat du PCF se désiste au second tour, permettant ainsi au député du Nord de retrouver confortablement le chemin du Palais-Bourbon (52,8% des suffrages face au candidat de la majorité).
Arthur Cornette y retrouve ses collègues du groupe de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) et les bancs de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Ses deux interventions au cours de cette brève législature restent consacrées à la situation de l’enseignement qu’il estime trop élitiste (la première en mai 1967 dans le cadre débat sur la déclaration du gouvernement relative à l’éducation nationale et la seconde en octobre 1967 lors discussion de la deuxième partie du projet de loi de finances pour 1968). Il s’exclame en mai 1967 : « La démocratisation de l’enseignement ne consiste pas exclusivement, selon nous, à permettre l’accès des hautes fonctions aux élèves les mieux doués ; elle consiste également à donner à tous les enfants les possibilités maximales d’épanouissement, à permettre la promotion de tous, à offrir aux retardés, si nombreux, des possibilités de sauvetage. C’est pourquoi nous demandons la mise en place d'un système scolaire conçu, non seulement en vue de dégager une élite, mais aussi d'élever le niveau général de l’ensemble des citoyens en vue du progrès social ». Il ajoute : « On ne conçoit pas, malgré tout, que M. le Premier ministre et M. le ministre de l’éducation nationale, tous deux anciens élèves de l’Ecole normale supérieure, même s’ils appartiennent tous deux à la catégorie des normaliens que Péguy appelait le « fameux contingent » et qui, selon lui, cherchaient ou avaient cherché la réussite dans d’autres voies que celle de l’enseignement — reportez-vous aux Cahiers de la quinzaine — on ne conçoit pas, dis-je, qu’ils se refusent à donner au service public de l’éducation nationale la possibilité de fonctionner normalement et à réaliser une réforme vraiment démocratique ».
Par ailleurs, Arthur Cornette a logiquement soutenu les deux motions de censure présentées les 20 mai et 9 juin 1967. Celles-ci n’ont recueilli que 236 suffrages sur les 244 nécessaires à leur adoption.
Après la crise de mai 1968, Arthur Cornette ne parvient pas à conserver son siège dans le contexte de la vague gaulliste. En effet, dès le premier tour, le maire d’Hellemmes est largement devancé par le candidat Union pour la défense de la République (UDR), Robert Menu qui recueille plus de 46,5% des suffrages. Totalisant 48,7% des suffrages dont 24,3% pour la FGDS d’Arthur Cornette, 20,9% pour le PCF de Robert Leblond et 3,5% pour le Parti socialiste unifié (PSU), la gauche n’apparaît pas battue d’avance. Mais les voix du candidat de Technique et Démocratie (4,8%) se portent très majoritairement sur le gaulliste au second tour et Arthur Cornette, candidat unique de l’opposition, ne parvient à obtenir que 47,8% des suffrages. Il cède donc son siège à Robert Menu qu’il affronte à nouveau, en 1973, à l’occasion des cinquièmes élections législatives de la Vème République.
Celles-ci voient s’affronter pas moins de huit candidats. Parmi eux, se distinguent encore le député sortant qui rassemble 30,5% des suffrages au premier tour, Arthur Cornette (27,2%) et le communiste Robert Leblond (22,6%). Les autres formations de gauche (Jean-François Noël pour le PSU, Jacques Dumez pour Lutte ouvrière et Raymond Herbaux pour le Mouvement réformateur radical socialiste) totalisent 11,8% des voix tandis que les formations de droite (Didier Schottey pour la Majorité présidentielle pour le soutien au président de la République et André Cardon pour le Front national) en comptent 7,9%. Au deuxième tour, Arthur Cornette, candidat du programme commun, dispose donc d’une large réserve de voix qui lui permet de reconquérir son siège avec 54,1% des voix contre 45,9% pour son adversaire de droite. Il s’inscrit au groupe du parti socialiste et des radicaux de gauche. Il retrouve la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales à laquelle il cesse d’appartenir en octobre 1973 pour rejoindre la Commission de la défense nationale et des forces armées. A la tribune, il déploie une activité parlementaire limitée puisqu’au cours de la législature, il ne prend pas la parole en séance publique. En revanche, en décembre 1974, il est chargé de mission au ministère de l’agriculture pour en animer le « comité des usagers ».
Lors des grands scrutins, le député du Nord vote à trois reprises contre le gouvernement (déclaration de politique générale du Premier ministre Pierre Messmer le 12 avril 1973, déclaration de politique générale du Premier ministre Jacques Chirac le 6 juin 1974 et programme du gouvernement de Raymond Barre le 28 avril 1977). Il se montre favorable à légalisation de l’interruption volontaire de grossesse le 28 novembre 1974, à la réforme du divorce (création du divorce par consentement mutuel) le 4 juin 1975, ainsi qu’à l’élection des membres de l’Assemblée des communautés européennes au suffrage universel le 21 juin 1977. En revanche, il s’exprime contre la réduction du mandat présidentiel à cinq ans (16 octobre 1973) et contre l’extension de la saisine du Conseil constitutionnel (10 octobre 1974).
En 1978, Arthur Cornette alors âgé de 75 ans, décide de laisser sa place à son camarade Bernard Derosier, instituteur comme lui, conseiller général et qui est largement élu au second tour contre le candidat du Rassemblement pour la République (RPR). L’ancien député du Nord est décédé six ans plus tard, le 25 février 1984. Il était chevalier de la Légion d’honneur, officier des palmes académiques et chevalier du mérite social.