André, Victor Cornil
1837 - 1908
Député de 1878 à 1882, membre du Sénat, né à Cusset (Allier), le 17 juin 1837, il est le fils d'un médecin de cette ville qui fut attaché à l'établissement thermal de Vichy. A l'exemple de son père il étudia la médecine, se fit recevoir docteur, puis devint agrégé de la Faculté de Paris. Il s'occupait aussi de politique, et, dans les dernières années de l'Empire, il se lia avec Gambetta.
Nommé préfet de l'Allier le 4 septembre 1870, il donna sa démission à la fin du même mois, dans le dessein de se porter candidat aux élections législatives prochaines. Mais il échoua le 8 février 1871, avec la liste républicaine sur laquelle il figurait, et n'obtint que 31,194 voix contre 49,741 accordées au dernier élu de la liste conservatrice, M. de Montlaur. En 1874, le canton de Cusset l'envoya siéger au Conseil général de l'Allier qu'il fut bientôt appelé à présider.
Lors des élections du 20 février 1876 à la Chambre des députés, il se présenta, comme candidat républicain modéré, dans l'arrondissement de la Palisse et adressa aux électeurs une circulaire où il disait : « Notre Constitution, mûrement élaborée, et qui va être mise en œuvre, est éminemment conservatrice : elle rassure tous les intérêts : le Sénat nommé le 30 janvier, en sera le ferme soutien, car il est composé en majorité de républicains. J'ai applaudi dès l'origine au vote de la Constitution, parce qu'elle fondait la République sur une base solide. Si, par suite de circonstances imprévues, la Chambre des députés était appelée à réviser cette Constitution, je voudrais qu’on n'y touchât que pour l'améliorer. Le moment est venu pour les républicains qui entreront à la Chambre des députés de constituer un parti de gouvernement. Toute politique de revendication, d'aventures ou de sentiment devra être rejetée pour faire place à une politique de raison et de sagesse. Il faut en effet tenir compte du temps, du milieu, des circonstances, être prêt à faire les concessions nécessaires pour assurer un progrès lent peut-être, mais certain. Telle sera ma ligne de conduite. »
M. Cornil fut élu député de la Palisse par 9,194 voix (17,379 votants, 21,935 inscrits), contre MM. Desmaroux de Gaulmin, conservateur, 5,751 voix, et Gallay, républicain radical, 2,087. Il s'inscrivit aux groupes de l'Union républicaine et de la gauche modérée et fit partie de la majorité des 363.
Le 14 octobre 1877, M. Cornil fut réélu par 11,884 voix (20,035 votants, 24,935 inscrits). Il continua de s'associer à toutes les manifestations de la politique opportuniste, et vota :
- pour le ministère Dufaure,
- pour l'élection de M. J. Grévy comme président de la République,
- contre l'amnistie plénière,
- pour l'invalidation de l'élection de Blanqui,
- pour l'article 7,
- pour l'application des lois existantes aux congrégations non autorisées,
- pour les lois nouvelles sur la presse et le droit de réunion, etc.
Il obtint encore sa réélection dans la même circonscription le 21 août 1881, par 7,614 voix (12,687 votants, 26,870 inscrits), contre 4,516 à M. Préveraud, républicain radical, soutint le ministère Gambetta dans la journée du 26 janvier 1882, et donna sa démission deux mois après (26 mars) à la suite de sa nomination comme professeur d'anatomie pathologique à la Faculté de médecine de Paris.
Pendant quelque temps il se consacra exclusivement à ses nouvelles fonctions, et, le 15 juillet 1884, il fut nommé membre de l'Académie de médecine. Un grand nombre d'ouvrages spéciaux des plus estimés le désignaient au choix de cette compagnie : outre sa thèse, Des différentes espèces de néphrite, (1869), M. Cornil a publié : De la phtisie pulmonaire (1866); Du cancer et de ses caractères anatomiques (1867); Manuel d'histologie pathologique (1869-1872); Leçons professées pendant le premier trimestre de 1883-1884 (1884), etc.
Le 25 janvier 1885, M. Cornil rentra au Parlement comme sénateur de l'Allier, ayant été élu par 445 voix sur 836 votants (le plus favorisé de la liste conservatrice, M. de Chantemerle, obtint 286 suffrages). M. Cornil a voté avec la gauche sénatoriale : pour la nouvelle loi militaire, pour l'expulsion des princes, et, comme rapporteur, a conclu (décembre 1888) en faveur du projet de loi autorisant la ville de Paris à déverser ses eaux d'égout dans la plaine d'Achères. A la fin de la législature il s'est prononcé:
- pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (13 février 1889),
- pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- pour la procédure à suivre devant le Sénat pour juger les attentats contre la sûreté de l'Etat (affaire du général Boulanger).
Date de mise à jour: novembre 2017
Né le 17 juin 1837 à Cusset (Allier), mort le 14 avril 1908 à Menton (Alpes-Maritimes).
Député de l'Allier de 1876 à 1882.
Sénateur de l'Allier de 1885 à 1903.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. II, p. 188).
Membre de diverses commissions spéciales, il fut chargé de rapporter : le projet de loi, adopté par la Chambre des députés, ayant pour objet la reconnaissance d'utilité publique de l'Association pour l'enseignement des sciences anthropologiques (1889), le projet de loi tendant à déclarer d'utilité publique les travaux à exécuter par la ville de Paris pour le captage des eaux de source de La Vigne et de Verneuil (1890), le projet de loi relatif à l'exercice de la médecine (1891), la proposition de loi sur le recrutement de l'armée (1893), le projet de loi sur l'exercice de la pharmacie (1893). Il intervint dans la discussion : du projet de loi sur l'assainissement de la Seine (en qualité de rapporteur) (1889), des interpellations sur les expertises médico-légales (1889), du projet de loi relatif aux droits d'entrée applicables aux viandes de porc salées (1891), du budget des travaux publics de l'exercice 1892 (1891), du projet de loi sur l'exercice de la médecine (en qualité de rapporteur) (1892), du projet de loi sur l'assistance médicale gratuite (1893), du budget des dépenses et recettes de l'exercice 1893 (1893).
Il retrouva son siège au renouvellement du 7 janvier 1894, au deuxième tour de scrutin, par 424 voix sur 838 votants. Siégeant dans diverses commissions spéciales, il rapporta : le projet de loi relatif à l'assainissement de Paris et de la Seine (1894), le projet de loi adopté par la Chambre des députés, sur la protection de la santé publique (1895), et se fit entendre au cours des débats sur : les interpellations concernant l'application des nouveaux règlements relatifs aux études médicales (1894), le projet de loi sur l'assainissement de Paris et de la Seine (en qualité de rapporteur) (1894), la proposition de loi sur l'exercice de la pharmacie (en qualité de rapporteur) (1894), le projet de loi concernant la réforme de l'impôt des boissons (1896), le projet de loi ayant pour objet la protection de la santé publique (en qualité de rapporteur) (1897), les interpellations sur les mesures à prendre à l'occasion de l'épidémie de fièvre typhoïde qui a éclaté dans la garnison de Lure (1898), la proposition de loi sur la police sanitaire des animaux (1898), la proposition de loi tendant à l'abrogation de la loi sur l'enseignement supérieur (1902).
Il essuya un échec au renouvellement du 4 janvier 1903. Il ne recueillit au deuxième tour de scrutin que 225 voix sur 843 votants. Il avait été réélu en 1894 en trouvant ses appuis dans les milieux de droite qu'il avait combattus jadis, et avait subi les attaques véhémentes des radicaux auxquels il reprochait des alliances avec les collectivistes. L'évolution politique du département, ne pouvait que lui être de plus en plus défavorable, d'où sa défaite aux élections sénatoriales de 1903. Ce scrutin termina sa vie publique, cependant qu'il poursuivait ses activités scientifiques jusqu'en 1907.
Décédé à Menton le 14 avril 1908 à 71 ans, il a laissé une œuvre importante dans le domaine de la médecine, et de nombreux travaux parlementaires sur les questions de santé publique. Un monument à sa mémoire a été élevé, en 1910, à Cusset, sa ville natale ; un autre, en 1911, à la Faculté de médecine de Paris. Sa fille avait épousé le député de la Seine, Messimy devenu Ministre des Colonies en 1911, puis Ministre de la Guerre en 1911 et 1914, enfin sénateur de l'Ain de 1923 à 1935. Un de ses petits-neveux fut le professeur Lucien Cornil, doyen de la Faculté de médecine d'Aix-Marseille ; son petit-fils, le docteur Messimy, exerce à Paris.
André-Victor Cornil était Officier de la Légion d'honneur.