Pierre, Guy Coulon
1913 - 1967
Né le 28 juin 1913 à Paris (17e)
Décédé le 6 août 1967 au Pouliguen (Loire-Atlantique)
Député de l'Allier de 1951 à 1958
Aîné d'une famille de six enfants, Pierre Coulon, après ses études à Paris, s'installe dans l'Allier, en 1934. Mobilisé en 1939, il est décoré de la Croix de guerre pour son action durant les combats. A la fin des hostilités, Pierre Coulon retrouve ses activités à la tête de la Société bourbonnaise des applications du fil métallique, à Casset, qu'il dirige depuis 1936. L'estime dans laquelle le tiennent ses collègues chefs d'entreprise le porte à la présidence du Syndicat patronal de la métallurgie de l'arrondissement de Vichy dès 1943.
Intéressé par les questions sociales, il crée, en juin 1944, un service médico - social interprofessionnel qui fonctionne dans toutes les branches d'activité de l'arrondissement de Vichy. Dans ce même esprit, il institue pour son personnel en 1942, la participation aux résultats d'exploitation de l'entreprise.
Nommé Conseiller de l'enseignement technique en 1947, Pierre Coulon est élu, la même année, Conseiller municipal de Vichy dont il devient maire en août 1950.
Tête de liste du Rassemblement du peuple français aux élections législatives du 17 juin 1951, il est élu député de l'Allier par 28 981 voix sur 180 003 suffrages exprimés, les quatres autres sièges à pourvoir étant enlevés par le Parti communiste pour deux d'entre eux, la S.F.I.O. et les radicaux. Membre du groupe parlementaire R.P.F. au début de la législature, il le quitte le 11 juillet 1952 avec vingt-cinq de ses collègues. Quelques jours plus tard, les dissidents constituent le groupe d'action républicaine et sociale.
Pierre Coulon fait partie de la Commission des moyens de communication et du tourisme, dont il est nommé secrétaire en 1953, de la Commission de la production industrielle, de la Commission du travail et de la Sécurité sociale et de la Commission de l'intérieur. Le 3 février 1953, il est désigné par l'Assemblée pour la représenter au sein du Conseil supérieur de la Sécurité sociale. En 1955, il dépose deux propositions de loi, l'une relative au contrat de travail des représentants de commerce, l'autre au code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre.
Il vote pour les lois Marie et Barangé favorables à l'enseignement privé (21 septembre 1951), contre la ratification du traité instituant la Communauté charbon-acier (13 décembre). Favorable à l'investiture d'Antoine Pinay (6 mars 1952) puis à celle de Joseph Laniel (26 juin 1953), il se prononce pour le cessez-le-feu en Indochine (9 mars 1954) et soutient le gouvernement jusqu'à sa chute (12 juin). Pierre Coulon vote l'investiture de Pierre Mendès-France (17 juin) et approuve les accords de Genève qui mettent fm aux hostilités en Indochine (23 juillet). Il s'oppose au projet de Communauté européenne de défense en votant la question préalable qui équivaut à son rejet (30 août). Il vote pour la ratification des accords de Londres sur la fin de l'occupation de l'Allemagne (12 octobre), mais s'abstient volontairement lors du vote sur les accords de Paris qui autorisent l'entrée de l'Allemagne dans l'O.T.A.N. (29 décembre). Après avoir refusé la confiance à Pierre Mendès-France sur l'Algérie (4 février 1955, chute du cabinet), il soutient Edgar Faure jusqu'à sa chute sur le mode de scrutin et la date des élections (29 novembre).
Aux élections anticipées du 2 janvier 1956, Pierre Coulon conduit la liste de coalition républicaine, présentée par le Centre national des Indépendants et paysans et par le M.R.P. qui avait conclu un apparentement avec la liste radicale. Il est réélu avec 33 481 voix sur 191 803 suffrages exprimés. Sa liste obtenant 16,4 % des suffrages, les quatre autres sièges reviennent aux communistes qui conservent leurs deux sièges, à la S.F.I.O. et aux poujadistes.
Dans la nouvelle Assemblée, Pierre Coulon s'inscrit au groupe des Indépendants et paysans d'action sociale. Il est reconduit dans la Commission des moyens de communication, dont il est élu secrétaire en 1957, et fait également partie de la Commission de la presse et de la Commission de comptabilité, dont il est vice-président en 1956 et 1957. Il est élu représentant de la France à l'Assemblée commune de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (23 février et 26 juin 1956, 3 juillet 1957), puis à l'Assemblée unique des Communautés européennes (13 mars 1958).
Au cours de la dernière législature de la IVe République, Pierre Coulon s'abstient lors de l'investiture de Guy Mollet (31 janvier 1956), vote contre les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 mars), pour la confiance au moment de l'affaire de Suez (25 octobre). Il se prononce en faveur de la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne et l'Euratom (9 juillet 1957) et s'oppose à tous les projets relatifs aux institutions de l'Algérie présentés par les gouvernements Bourgès-Maunoury ou Félix Gaillard (septembre 1957-janvier 1958). Pierre Coulon refuse sa confiance à Pierre Pflimlin (13 mai 1958), vote contre la déclaration de l'état d'urgence (16 mai), pour la confiance au général de Gaulle, les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (1er et 2 juin).
COULON (Pierre, Guy)
Né le 28 juin 1913 à Paris
Décédé le 6 août 1967 au Pouliguen (Loire-Atlantique)
Député de l’Allier de 1951 à 1962
Lors de la crise finale de la IVe République, il suit de bout en bout la ligne politique choisie par Roger Duchet et Antoine Pinay au sein du CNIP: renversement du gouvernement de Félix Gaillard le 15 avril, refus de soutenir celui de Pierre Pflimlin dès le 13 mai, et votes en faveur de Charles de Gaulle les 1er, 2 et 3 juin.
Investi par le CNIP dans la 4ème circonscription de l’Allier, composée des cantons de Vichy, Cusset, Escurolles, Lapalisse, Le Mayet-de-Montagne et Varennes-sur-Allier, Pierre Coulon affronte cinq candidats le 23 novembre 1958 : Jacques Guillaumin (PCF, 10 279 voix), Henry Castaing (SFIO, 4 459), Gabriel Péronnet (radical, 11 052), Robert Tardif (UNR, 3 509) et le général Pierre Faure (divers droite – « démocrate indépendant », 3 047). Dans le cadre des six cantons formant la circonscription, le député-maire de Vichy améliore assez sensiblement son score par rapport à janvier 1956 : 15 688 voix au lieu de 12 021. Mais le candidat radical, vétérinaire et conseiller général de Cusset très bien implanté, progresse bien plus nettement encore, incarnant localement le renouveau de la gauche non communiste et récupérant plusieurs milliers d’anciens suffrages socialistes. Le second tour est âprement disputé : Pierre Coulon – Édouard Porte, vétérinaire, est son suppléant – l’emporte cependant grâce au soutien massif du canton de Vichy, le plus peuplé de la circonscription. Avec 18 993 suffrages, il devance Gabriel Péronnet de près de 2 000 voix (17 121) tandis que les candidats communiste (10 231) et gaulliste (3 173), qui se sont maintenus, voient leurs scores légèrement diminuer, malgré une augmentation de la participation.
Réinscrit au groupe Indépendant et paysan d’action sociale (IPAS), Pierre Coulon est élu membre de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République le 27 janvier 1959. Il y siège jusqu’à la fin de la législature, sauf pendant une brève période entre mai et octobre 1960. Il est aussi membre de la commission spéciale chargée de vérifier et d’apurer les comptes (élu le 8 octobre 1959, réélu les 6 octobre 1960, 5 octobre 1961 et 4 octobre 1962), et représentant de la France à l’Assemblée parlementaire européenne (élu le 16 décembre 1959 et réélu le 14 décembre 1961). Peu actif au Palais-Bourbon comme pendant les précédentes législatures, il n’intervient jamais à la tribune et ne dépose que deux propositions de lois : l’une tendant à prohiber l’usage de la clause de non-concurrence postérieure au contrat de travail des représentants de commerce (n° 95, 26 mai 1959, finalement retirée le 29 juin suivant) ; l’autre visant à exclure les fonctionnaires déportés ou internés de la Résistance ou révoqués pour attitude patriotique, les grands mutilés de guerre et les veuves de guerre ayant encore charge d’enfants, des mesures de mise à la retraite par anticipation ou d’office ou par dégagement des cadres (n° 513, 20 décembre 1959).
Parlementaire fidèle à la direction de son parti depuis 1954, il suit à nouveau son secrétaire général Roger Duchet, à la fin de l’automne 1959, lorsque celui-ci lance le CNIP, rassemblé derrière son porte-drapeau Antoine Pinay, ministre des Finances jusqu’en janvier 1960, dans une offensive contre le chef de l’État et son gouvernement sur le thème de l’étatisme. Pierre Coulon, à l’image de la grande majorité du groupe IPAS, rejette ainsi, le 17 décembre 1959, le projet de budget de 1960. Mais au cours des mois qui suivent, hostile à la stratégie des « ultras » depuis la « Semaine des barricades », sa position sur la question algérienne commence à évoluer. À l’occasion du IVème congrès du CNIP, réuni à Paris du 30 novembre au 2 décembre 1960, il se détache du secrétariat général, suivant Raymond Mondon et Aimé Paquet qui, avec Paul Reynaud, souhaitent soutenir le président de la République dans sa politique d’autodétermination. Fin décembre 1960, comme 44 autres députés, il signe une lettre collective appelant les parlementaires IPAS à prendre publiquement parti en faveur du « oui » lors du référendum du 8 janvier 1961. Son opposition au gaullisme n’en demeure pas moins forte. Lors du vote sur la déclaration de politique générale du nouveau premier ministre Georges Pompidou, le 27 avril 1962, il délègue son vote à Michel Jacquet qui s’abstient. Et le 4 octobre 1962, il vote la motion de censure condamnant le gouvernement et s’opposant au projet d’élection du président de la République au suffrage universel, ce qui entraîne la dissolution de l’Assemblée.
Le 18 novembre 1962, Pierre Coulon, à nouveau investi par le CNIP dans la 4ème circonscription de l’Allier, affronte quatre autres candidats : Théodore Mallet (PCF, 6 802 voix), Antonin Besson (membre de l’Union socialiste républicaine, investi par la SFIO, 4 243), Serge Lefort (UNR, 5 975) et le radical Gabriel Péronnet. Celui-ci accroît encore son score par rapport à 1958 et, avec 13 452 suffrages, dépasse même Pierre Coulon qui en recueille seulement 12 653, malgré le soutien actif de son suppléant, Lucien Colon, conseiller général et maire de Lapalisse. Comme dans le reste du pays, une fraction de l’électorat modéré de l’arrondissement de Vichy n’a pas suivi son député dans son opposition au principe de l’élection du chef de l’État au suffrage universel. Au second tour, malgré une augmentation de plus de 3 500 suffrages exprimés, Gabriel Péronnet, fort du soutien de la SFIO et du PCF, l’emporte très largement (27 900 voix contre 18 853) sur le député sortant qui ne fait pas le plein des voix gaullistes du premier tour.
La carrière parlementaire de Pierre Coulon s’arrête donc le 25 novembre 1962, mais sa carrière d’élu local se poursuit jusqu’à sa mort. Maire de Vichy depuis 1950, il est réélu régulièrement et aisément à ce poste en avril 1953, en mars 1959 et en mars 1965. En juin 1961, il renforce son implantation locale en devenant aussi conseiller général du canton de Vichy. Depuis 1950, son activité est considérable. On peut dire sans exagérer que les dix-sept années de sa présence à la mairie modifient profondément le visage de Vichy, faisant entrer cette grande station thermale du XIXe siècle de plain pied dans le XXe siècle. Pierre Coulon poursuit et amplifie considérablement les efforts d’aménagement entrepris sous les mandats de Pierre-Victor Léger : aménagement du réseau de distribution d’eau et du réseau d’égouts ; construction d’écoles, du Centre culturel Valéry Larbaud, de l’aérodrome Vichy-Charmeil, pour faciliter la venue de la riche clientèle d’Afrique du Nord ; construction aussi de logements sociaux dans les quartiers des Ailes et des Gârets, d’une crèche, d’une maison de retraite, d’un restaurant municipal ; création d’un abattoir semi-industriel, de plusieurs zones industrielles, dont celle de Vichy-Rhue, d’un centre audio-visuel de langues. Pierre Coulon consacre toujours beaucoup de temps à la promotion du thermalisme. Membre du Comité d’expansion économique Allier-Auvergne, président du Syndicat intercommunal Vichy-Cusset-Bellerive, président de la section nationale des maires de stations classées, il est aussi membre du Conseil supérieur du tourisme et du thermalisme. Il voyage en Europe, au Liban et en Chine pour promouvoir la ville et ses activités. Le plus important à long terme a probablement été sa capacité à comprendre la démocratisation en cours de la pratique des loisirs. Il fait aménager un vaste plan d’eau sur l’Allier grâce à la construction d’un pont-barrage, dans le but d’attirer les jeunes vers les sports nautiques. Et sur la rive gauche de l’Allier, au sud du Pont de l’Europe, démarre au milieu des années soixante la construction d’un vaste ensemble d’installations sportives, le Parc omnisports, inauguré l’année même du décès de Pierre Coulon (le Parc porte aujourd’hui son nom), comportant dix terrains de jeux (football et rugby), un stade d’athlétisme, un parcours de canoë-kayak, une salle d’escrime, vingt courts de tennis, une salle de judo, mais aussi des salles de réunion et un théâtre de 400 places.
Dans le mois précédant les élections cantonales, il décède brutalement, le 6 août 1967, d’une crise cardiaque alors qu’il est en vacances au Pouliguen. Ses funérailles, le 10 août, rassemblent une foule impressionnante de Vichyssois et la mémoire du « maire bâtisseur » (plus de la moitié du bâti actuel de la commune daterait des mandats de Pierre Coulon, en comptant les installations sportives), comme aime à l’appeler l’un de ses successeurs, Claude Malhuret, reste très présente aujourd’hui.
Pierre Coulon a reçu la croix de guerre 1939-1945. Il était chevalier du mérite touristique, chevalier du mérite agricole, officier des Palmes académiques, commandeur du mérite sportif, et titulaire de la médaille d’or de l’éducation physique. Il avait aussi reçu plusieurs décorations étrangères : chevalier de l’ordre de Léopold et de l’ordre marocain Ouissam Alaouite, commandeur de l’ordre du Cèdre.