Pierre Courant

1897 - 1965

Informations générales
  • Né le 12 septembre 1897 à Le havre (Seine-Inférieure - France)
  • Décédé le 22 mars 1965 à Le havre (Seine-Maritime - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Seine-Inférieure
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Seine-Inférieure
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Seine-Inférieure
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Seine-Maritime
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Seine-Maritime
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Seine-Maritime
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale

Biographies



Né le 12 septembre 1897 au Havre (Seine-inférieure)
Décédé le 22 mars 1965 au Havre (Seine-inférieure)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Seine-inférieure)
Député de la Seine-inférieure de 1946 à 1958
Ministre du Budget du 11 août 1951 au 8 mars 1952
Ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme du 8 janvier au 28 juin 1953

Pierre Courant est né le 12 septembre 1897 dans la ville du Havre dont les malheurs inspireront son activité de parlementaire. Après de brillantes études - licence d'histoire, licence de droit, Ecole libre des sciences politiques - il s'inscrit au barreau du Havre où il traite surtout des affaires commerciales et maritimes. Il épouse Liliane Wilkes dont il aura deux filles. En 1941 le gouvernement le nomme maire du Havre, tâche difficile car la ville est fréquemment et violemment bombardée ; le courage et l'efficacité du maire sont unanimement reconnus.

Pierre Courant est élu en 1945, Conseil-1er général puis à la première Assemblée nationale Constituante sur la même liste que René Coty qui porte l'étiquette d'Entente des républicains de gauche (40 494 suffrages). Nommé membre de la Commission de la Constitution, il tente de donner un peu de pouvoir au Conseil de l'Union française faute de quoi celui-ci ne serait plus selon lui, qu'une « nécropole où des vieillards viendront se réunir et parler de ce qu'ils faisaient autrefois, alors qu'en ce temps-là, ils agissaient. » Son souhait d'une Constitution parlementaire avec séparation et équilibre des pouvoirs n'est pas réalisé. Le rejet du projet par le peuple provoque des élections pour une nouvelle Assemblée Constituante au cours desquelles les habitants de Seine - inférieure confirment leur choix de 1945 avec une poussée en faveur des communistes, la liste républicaine indépendante de Pierre Courant recueillant 45 802 suffrages. Le député du Havre retrouve la Commission de la Constitution. Le second projet de Constitution, fruit d'un compromis lui semble aussi médiocre et incapable de doter le pays d'institutions fortes. Le temps des discussions sur des principes généraux lui apparaît comme dépassé devant l'urgence des problèmes matériels des Français : au Havre, 30 000 personnes n'ont plus de toit et les contraintes financières ne laissent pas espérer une reconstruction rapide ; il souligne l'utilité de la création d'une Caisse autonome de la reconstruction.

Après l'adoption du projet constitutionnel, contre lequel il a voté, Pierre Courant reçoit, aux élections du 10 novembre 1946 le même soutien de ses électeurs havrais (45 437 voix pour sa liste de républicains indépendants qui a deux élus). Il est nommé membre de la Commission de la justice dont il devient vice-président en 1949, membre de la Commission de la marine marchande et des pêches dont il est immédiatement élu vice-président, et membre de la Commission des finances en 1950. Il fait également partie de la Commission supérieure du crédit maritime mutuel et de la Commission des immunités parlementaires.

Le député du Havre intervient brièvement dans les questions judiciaires par un rapport en 1947 sur une loi modifiant le fonctionnement de la Cour de cassation qu'on cherche à accélérer en supprimant la chambre des requêtes et en réglant plus précisément le calendrier d'examen des pourvois. Il propose un amendement à la loi d'amnistie de 1947 dont il souhaite exclure les faillis déjà bien protégés par une législation indulgente. En revanche il voudrait adoucir la loi contre l'accaparement des denrées en excluant des peines prévues les Français qui ne recherchent qu'un ravitaillement familial et considère qu'une rédaction plus claire des lois et une meilleure information seraient plus utiles que la répression.

Elu maire du Havre en 1947, il s'intéresse à la navigation en demandant à l'Etat d'aider la station de pilotage de Rouen et de réorganiser l'enseignement maritime et en approuvant le projet de loi portant organisation de la marine marchande en 1948.

Déjà s'affirme sa sympathie active pour les sinistrés qu'il voudrait voir exemptés des prélèvements fiscaux exceptionnels. Il proteste contre l'emprise excessive de l'armée sur les terrains urbains et il déplore l'absence de coordination entre les services de la reconstruction et ceux des écoles. Certaines dépenses somptuaires du plan d'équipement, réalisées aux dépens du relogement, le choquent.

Aux élections de 1951 Pierre Courant présente une liste de candidats qui se veulent « administrateurs plutôt qu'hommes politiques » et, rappelant qu'il a toujours souhaité une révision constitutionnelle, il demande aux électeurs de chasser du Parlement ceux qui nuisent à son travail. Un apparentement est conclu entre les listes S.F.I.O., radicale, U.D.S.R., M.R.P. et indépendante qui dépassent, avec 96 975 voix la majorité absolue ce qui leur permet d'obtenir les six sièges de la Seine-inférieure dont quatre vont aux indépendants (45 541 voix), un au M.R.P. (19 396 voix) et un à la S.F.I.O. (21 763 voix). Les communistes perdent leurs représentants (54 231 voix) et la liste R.P.F., conduite par un adjoint au maire du Havre, ne recueille que 27 600 voix. Après ce succès électoral le député du Havre est élu vice-président de la Commission de la justice. Au cours de la législature il est également membre de la Commission de la marine marchande et de la Commission des finances. Il appartient à la Caisse autonome de la reconstruction (1952), à la Commission de coordination pour l'étude des questions relatives à la C.E.C.A., et, en 1955, à la Commission de coordination de l'énergie atomique et des recherches nucléaires. Nommé le 11 août 1951, ministre du budget, il participe à la discussion des projets de loi financières en affirmant sa volonté d'une rédaction sensible aux problèmes humains. Il améliore les aides aux aveugles et accorde aux vieillards le bénéfice de la longue maladie limitée jusque-là à six mois. Le 8 janvier 1953, Pierre Courant est ministre de la Reconstruction du gouvernement de René Mayer où il œuvre pour l'achèvement de la reconstruction. Auteur d'une loi destinée à accélérer la construction de logements économiques par l'adoption de plans - types, il allège la fiscalité des terrains à construire, prévoit un livret d'épargne-construction préservant les souscripteurs des risques de l'inflation et un système d'épargne permettant aux propriétaires d'immeubles à faibles loyers de procéder à des réparations. Redevenu député le 29 juin 1953, le maire du Havre poursuit son œuvre de reconstructeur : « Construire, dit-il, est, d'abord, un acte de volonté. » Il dénonce les freins administratifs, élabore des systèmes d'aides financières vient au secours de victimes des faillites des banques spécialisées dans le financement de logement et peut espérer la solution prochaine de cet important problème social. Désormais les difficultés de l'emploi vont relayer dans ses préoccupations les questions de logement. Il demande la mise en chantier d'un grand navire transatlantique. Elu vice-président du Conseil général de la Seine-inférieure en 1954, il se préoccupe des conditions de la modernisation du patrimoine industriel français. L'exemple de la S.N.C.A.N. qui est fermée au Havre alors qu'elle reste ouverte à Sartrouville montre l'urgence d'un programme de décentralisation industrielle.

En 1956, il présente un bilan d'une législature qu'il estime décevante car la réforme des institutions n'est pas réalisée. Partisan d'une évolution de l'outre-mer il propose une politique de développement de l'économie française et des allègements fiscaux. La présence d'une liste poujadiste qui obtient un élu pour 26 706 voix ne permet pas cette fois aux listes radicale, M.R.P., républicaine sociale et indépendante apparentées d'atteindre la majorité absolue des suffrages et la répartition se fait donc à la proportionnelle, la liste des indépendants de Pierre Courant obtenant deux élus pour 44 638 voix. Le député de la Seine-inférieure retrouve la Commission des finances. Il est également élu représentant de l'Assemblée nationale à la Commission de contrôle de la circulation monétaire et à la Commission de surveillance de la Caisse des dépôts et consignations et siège au conseil d'administration de la Caisse autonome de reconstruction, et, en 1958, de la Commission tendant à favoriser la construction de logements et d'équipements collectifs. Il est représentant suppléant de la France à l'Assemblée consultative du Conseil de l'Europe.

Pierre Courant définit la condition financière - la stabilité monétaire - nécessaire à l'action sociale. Il met le gouvernement en garde contre les effets inflationnistes de certaines décisions fiscales et il réprouve la taxe de 1956 sur les automobiles. Il ne faudrait pas, dit-il, perdre la confiance des petits épargnants. Favorable à un marché commun il attire l'attention sur la nécessaire égalisation préalable des prix de revient des produits et voudrait que la Grande - Bretagne fit partie de cette nouvelle Europe économique.

La question algérienne pose, selon lui, à nouveau la question des institutions. S'il s'est abstenu volontairement lors du vote du statut de 1947, il évolue désormais vers une solution fédérative à condition qu'à Paris existe un exécutif stable. Les richesses du Sahara serviraient la communauté franco-musulmane. Si des élections étaient organisées ce ne pourrait être que longtemps après le cessez-le-feu, lorsque le retour au calme serait revenu. Le 30 septembre 1957 il vote pour le projet de loi-cadre présenté par Maurice Bourgès-Maunoury. Le 1er juin 1958 il intervient dans le débat sur la confiance au gouvernement du général de Gaulle pour dire qu'il voit en lui la « seule autorité capable de rétablir l'ordre républicain et la paix en Algérie » et il se félicite de ce que, conformément à ce qu'il a toujours souhaité, les institutions soient rénovées. Après avoir voté la confiance, il accorde les pleins pouvoirs au gouvernement et se prononce en faveur de la révision constitutionnelle (2 juin 1958).


COURANT (Pierre, Octave)
Né le 12 septembre 1897 au Havre (Seine-Inférieure)
Décédé le 22 mars 1965 au Havre (Seine-Maritime)

Député de la Seine-Inférieure puis de la Seine-Maritime de 1945 à 1958 et de 1958 à 1962
Ministre du budget du 11 août 1951 au 8 mars 1952
Ministre de la reconstruction et de l’urbanisme du 8 janvier au 28 juin 1953

Fils de Gaston Courant et de Liliane Brouillon, Pierre Courant naquit au Havre. Toute sa carrière professionnelle et politique se déroula dans le cadre de ce grand port industriel. Licencié en histoire et en droit, diplômé de l’Ecole libre de Sciences politiques, il s’inscrivit au barreau de sa ville natale en 1919. Il mena une belle carrière d’avocat d’affaires et se lia progressivement aux milieux dirigeants du port. Bâtonnier de l’ordre des avocats du Havre, il entra au comité directeur de l’Association des avocats de France, fut membre de l’Association française de droit maritime et de l’International Law Association. En novembre 1926, il épousa Liliane Wilkes, née en 1906. Deux filles naquirent de cette union : Marie-Pierre en 1927, Chantal en 1931.
Sa carrière politique commença véritablement sous le régime de Vichy. Le maire du Havre, le député radical et ancien ministre de la marine marchande Léon Meyer, fut destitué par l’Etat français : il avait quitté le parti radical en 1937 par refus du Front populaire, et voté les pleins pouvoirs au maréchal Philippe Pétain le 10 juillet 1940, mais le nouveau régime ne tolérait pas qu’il fût issu d’une famille de Juifs alsaciens. Par arrêté du 1er mars 1941, Jean Risson fut officiellement nommé maire, après avoir assuré l’intérim depuis l’automne précédent. Pierre Courant était membre de la délégation municipale et adjoint au maire. Après le décès de Jean Risson, le 13 août 1941, et un nouvel intérim, Pierre Courant fut nommé maire par l’arrêté du 24 septembre 1941. Il le demeura jusqu’à la Libération, administrant la ville dans la situation d’urgence créée par les bombardements aériens et les destructions massives qui s’ensuivirent. Il obtint la médaille de vermeil pour actes de courage et de dévouement. En 1943, il entra au Conseil départemental. Le 12 septembre 1944, il fut destitué par le Comité local de Libération qui le remplaça par Emile Sicre, président du Comité local de libération. Aux élections municipales du printemps 1945, Pierre Courant se porta candidat bien qu’il fût inéligible : Pierre Voisin devint maire. Son dévouement et son courage pendant la guerre lui valurent d’être relevé de son inéligibilité le 23 septembre 1945. Il fut alors élu conseiller général du 5ème canton du Havre et il conduisit une liste « d’entente des républicains de gauche » (2ème circonscription de Seine-Inférieure) à l’élection de la première Assemblée nationale constituante, le 21 octobre 1945 : il devint député, en même temps que René Coty, lui aussi relevé de son inéligibilité. Tous deux s’inscrivirent au petit groupe des Républicains Indépendants (RI).
Pierre Courant déploya beaucoup d’énergie à reconquérir la mairie de sa ville natale. Aux élections d’octobre 1947, il mena une liste modérée et devint conseiller municipal. Aucune majorité n’existait et le nouveau maire, Albert Le Clainche, élu le 25 octobre, démissionna le lendemain. Pierre Voisin fut nommé président de la délégation spéciale mise en place par le ministre de l’intérieur pour assurer l’intérim. Les Havrais revinrent aux urnes en décembre 1947 et le 13, Pierre Courant fut élu maire par le nouveau conseil municipal. Le 2 avril 1953, peu avant les élections, le Conseil municipal fut dissout à cause de l’annexion de Bléville par Le Havre : du 3 avril au 4 mai, Pierre Courant fut président de la délégation spéciale. Le 5 mai, il fut réélu maire, mais dans des conditions très difficiles. Faute de majorité stable, le Conseil fut à nouveau dissout le 18 mars 1954 et Eugène Gas assura l’intérim comme président de la délégation spéciale. Après de nouvelles élections en mai, qui virent une nette progression des gauches, Pierre Courant ne retrouva pas son fauteuil de maire. Léopold Abadie le remplaça. En janvier 1956, ce fut le député communiste René Cance qui devint le premier magistrat de la ville. Pierre Courant, simple conseiller municipal, anima dès lors l’opposition des droites, fort de son indéniable enracinement : il avait été réélu conseiller général du 5ème canton en mars 1949 et en avril 1955, et était le premier vice-président de l’assemblée départementale depuis 1954.
Sans discontinuité, Pierre Courant fut réélu député de la 2ème circonscription de Seine-Inférieure en juin et en novembre 1946, en juin 1951 et en janvier 1956. Ministre du budget dans le second gouvernement de René Pleven puis dans le premier gouvernement d’Edgar Faure, d’août 1951 à mars 1952, il marqua surtout la vie politique nationale par sa loi sur le logement, adoptée tandis qu’il était ministre de la reconstruction et de l’urbanisme dans le gouvernement de René Mayer (janvier-mai 1953). Elle représenta une étape importante dans la reconstruction du pays. Le « Plan Courant » visait à favoriser l’accession à la propriété ainsi que les initiatives privées en matière de logement. Cela correspondait bien au nouveau cours amorcé avec le retour des modérés aux affaires depuis mars 1952. Pierre Courant était un membre actif du Centre national des indépendants et paysans. A la différence de son ancien colistier René Coty (fondateur du Centre, en décembre 1948, avec deux autres sénateurs : Roger Duchet et Jean Boivin-Champeaux), il n’y était pas venu directement. Peut-être faut-il expliquer ses hésitations initiales par sa situation particulière au Havre, ses ambitions municipales et les rapports de forces locaux ? Membre du groupe des RI depuis octobre 1945, il se rapprocha du RPF après les élections municipales de l’automne 1947 en adhérant au petit groupe des « Indépendants d’action sociale », devenu en décembre le groupe « d’Action républicaine » (AR), noyau dur des députés gaullistes au Palais-Bourbon, autour duquel gravitait l’Intergroupe, réunissant tous les sympathisants du Rassemblement. Mais à partir du printemps 1949, quand le CNIP (Centre national des indépendants et paysans) commença à émerger véritablement, il quitta le groupe d’AR pour s’inscrire au nouveau groupe « d’Union des indépendants » (UDI). Sous la présidence de Raymond Marcellin, ce groupe se rapprocha de plus en plus nettement des indépendants et, en février 1951, dans la perspective des élections législatives de juin, l’UDI, en même temps que le Parti paysan d’union sociale, entra définitivement dans le Centre national. Ce fut donc avec l’investiture du CNIP que Pierre Courant retrouva son siège le 17 juin 1951.
Il fut dès lors très proche de la direction du parti. Désigné comme rapporteur aux « Journées d’études » des indépendants et paysans de mars 1953, il prit la présidence d’une des commissions d’études, que le secrétaire général avait créées pour alimenter la réflexion du parti : celle chargée des questions économiques et financières. Il la présida jusqu’en 1962. Rapporteur sur la question des ouvriers au 1er Congrès du Centre (décembre 1954), il présida une des séances du 2ème congrès (novembre 1956) et fut rapporteur sur les questions économiques et financières au 3ème congrès (mars 1958). Sa fille aînée, Marie-Pierre (qui épousa bientôt Jean-Paul Bardin, membre du cabinet de Roger Duchet quand il était ministre des PTT), était, de son côté, membre du comité directeur du Centre national des Jeunesses indépendantes et paysannes, créé en juillet 1952. À partir de 1953, Pierre Courant fit partie du comité directeur du Mouvement national des élus locaux (MNEL), créé à l’initiative de Roger Duchet et dirigé par André Voisin pour rassembler tous les élus locaux modérés proches du CNIP, sous la patronage d’Antoine Pinay. A l’issue des élections cantonales d’avril 1958, il fut élu président du Conseil général de Seine-Maritime.
Pendant l’ultime crise de la IVème République, au printemps 1958, il prit quelques distances vis-à-vis de la direction du Centre national. Il ne vota pas contre le gouvernement de Félix Gaillard le 15 avril puis vota l’investiture de Pierre Pflimlin le 13 mai. Mais dès le 26, il rallia les positions défendues par Antoine Pinay et Roger Duchet. Ce fut d’ailleurs lui que le groupe des IPAS désigna pour expliquer le vote des députés indépendants et paysans, unanimement (sauf Jacques Isorni) favorables à l’investiture de Charles de Gaulle, le 1er juin.
Aux élections législatives de novembre 1958, Pierre Courant reçut l’investiture du CNIP dans la 6ème circonscription de Seine-Maritime, formée des 1er, 2ème, 5ème et 6ème cantons du Havre (son suppléant, Robert Lenoble, vice-président du Conseil général, était l’élu du 6ème canton), ainsi que du canton de Montvilliers, les deux communes de Gainneville et de Gonfreville-L’Orcher exceptées. Il affronta au premier tour quatre candidats de gauche – Louis Eudier, député sortant et adjoint au maire du Havre, PCF, 11 519 voix ; Jean Binot, député sortant, dissident de la SFIO passé au PSA (Parti socialiste autonome), 2 587 voix ; Robert Monguillon, SFIO, 3 518 voix ; René Charrière, radical, 2 360 voix – et Jean Chenel, un candidat de Renouveau et Fidélité, petit groupement gaulliste très attaché à l’Algérie française, resté hors de l’UNR, 9 622 voix. Le candidat indépendant recueillit 24 338 suffrages, améliorant sensiblement son score de 1956 (13 148 voix dans les mêmes cantons). Il l’emporta facilement au second tour avec 33 082 voix contre 12 412 à Louis Eudier et 5 896 à Robert Monguillon.
Pierre Courant s’inscrivit comme précédemment au groupe des IPAS, présidé par Antoine Pinay puis, dès janvier 1959, quand celui-ci redevint ministre des finances, par Henry Bergasse. Comme pendant les législatures précédentes, il fut un député très actif au Palais-Bourbon. Il fut désigné membre de la Commission des finances, de l’économie générale et du plan le 27 janvier 1959. Il participa aussi à diverses commissions spéciales : il fut membre de la Commission de contrôle de la circulation monétaire (29 juin 1959), président de la Commission de contrôle sur l’Union générale cinématographique (14 décembre 1961), membre de la Commission de surveillance de la Caisse des dépôts et consignations (5 juin 1962). Il représentait l’Assemblée nationale au conseil d’administration de la Caisse autonome de reconstruction (29 juin 1959) et fut désigné membre du Sénat de la Communauté (8 juillet 1959). En tant que membre de la Commission des finances, il déposa divers rapports : sur les crédits alloués au Logement (n° 328, 28 octobre 1959 ; n° 886, 28 octobre 1960 ; n° 1445, 10 octobre 1961) ; sur les HLM (n° 1711, 16 mai 1962). Outre sa participation active, chaque automne, aux débats budgétaires, il intervint à de nombreuses reprises à la tribune. En 1959 : handicapés – aveugles et sourds-muets (14 mai) ; enseignement technique (2 juillet) ; réforme fiscale (22, 27, 28 29 octobre et 8 décembre) ; difficultés des villes portuaires (13 novembre) ; réparation des dommages après la rupture du barrage de Malpasset (18 décembre). En 1960 : loi d’orientation agricole (17 mai) ; impôt sur le revenu (5 juillet) ; limitation de l’extension des locaux à usage industriel ou commercial en région parisienne (19 juillet) ; logement (21 juillet). En 1961 : réforme de la Bourse de Paris (11 juillet) ; date des élections locales (18 juillet) ; droit de préemption dans les ZUP et les ZAD (19 juillet) ; débat sur la déclaration de Michel Debré à propos de la politique économique et sociale du gouvernement (5 octobre). En 1962 : IVème plan (6 et 21 juin) ; réparation du Palais de justice de Paris (27 juin) ; réforme de la fiscalité immobilière (17 et 23 juillet). Le 29 juin 1962, il posa une question orale au ministre de l’Intérieur sur la revalorisation des fonctionnaires municipaux.
De 1958 à 1962, Pierre Courant siégea au comité directeur du CNIP. A partir de septembre 1959, il commença à s’interroger sur la stratégie adoptée par le secrétaire général de son parti, centrée sur le soutien des partisans de l’Algérie française afin de favoriser scission de l’UNR derrière Jacques Soustelle. Il évolua cependant dans cette voie plus lentement que Paul Reynaud : à l’issue du conseil national de janvier-février 1960, faisant suite à la « Semaine des barricades », il prônait encore l’apaisement vis-à-vis des « ultras ». Mais l’annonce du référendum sur l’autodétermination précipita les choses. Au IVème congrès du parti (novembre-décembre 1960), il se rangea clairement du côté de la minorité qu’emmenaient Raymond Mondon et Aimé Paquet, décidée à voter « oui » le 8 janvier 1961. Il était sur les mêmes positions que ses collègues députés IPAS de Seine-Maritime, André Bettencourt, Louis Delaporte et Robert Grèverie. En novembre-décembre 1961, il soutint systématiquement le gouvernement pendant le houleux vote du budget de 1962. Il appela à voter « oui » au référendum du 8 avril 1962 sur les Accords d’Evian, contre la majorité de son parti qui choisit de laisser la liberté de vote à ses électeurs.
Le 27 avril suivant, il vota en faveur du nouveau premier ministre, Georges Pompidou (comme 28 autres IPAS seulement sur 123). Il participa à la fondation du « groupe d’études », prélude à la scission « giscardienne » de l’automne. Le 5 octobre 1962, il fit partie des 12 députés IPAS qui votèrent contre la motion de censure frappant le gouvernement de Georges Pompidou après l’annonce de la réforme du mode d’élection du président de la République. Comme André Bettencourt, candidat dans la 5ème circonscription de Seine-Maritime, il repoussa l’investiture du CNIP dans la 6ème circonscription, montrant sa détermination à refuser jusqu’au bout la stratégie de la direction, emmenée par Camille Laurens depuis l’éviction de Roger Duchet en décembre1961. Mais il refusa aussi tout rapprochement avec les gaullistes : il fut ainsi le seul député sortant IPAS, avec André Bettencourt, à se représenter sans aucune investiture nationale.
Le 18 novembre 1962, Pierre Courant affronta trois candidats : Louis Eudier (PCF, 17 979 voix), Lucien Lhonorey (SFIO, 4 520 voix) et un candidat investi par l’UNR, le docteur Maurice Georges qui, bien que son beau-père, René Coty, fût hostile à l’élection du président de la République au suffrage universel, avait choisi d’affronter l’ancien maire du Havre. Il recueillit 16 223 suffrages contre 15 019 seulement à Pierre Courant, qui perdait donc plus de 9 000 voix par rapport à 1958. Au second tour, Maurice Georges fut élu député avec 31 458 voix contre 17 979 au candidat communiste.
Pierre Courant demeura conseiller municipal du Havre : il avait été réélu en mars 1959, sans réussir à redevenir maire de sa ville natale. En juin 1961, il fut réélu conseiller général du 5ème canton. Il resta président du Conseil général de la Seine-Maritime jusqu’à son décès, le 22 mars 1965. Ce fut Maurice Georges, député UNR depuis 1962, qui conquit le siège laissé vacant dans l’élection partielle du 23 mai 1965.
Pierre Courant était commandeur de l’Ordre de Léopold. Il avait adhéré en 1956 au Comité France-Israël et avait été secrétaire du groupe parlementaire d’amitié franco-suisse. Il a rédigé ses souvenirs de la deuxième guerre mondiale : Au Havre pendant le siège. Souvenirs du 1er au 12 septembre 1944, Fayard, 1945. Il a écrit, en collaboration avec Odette Philippon, le docteur Le Moal et L. Dolcerocca, Problèmes sociaux : la prostitution, l’alcoolisme, le logement, Fayard (Recherches et débats), 1954. Il a préfacé deux ouvrages : du commandant Dumont Sapeurs-pompiers du Havre. Soldats du feu, Imprimerie M. Etaix, 1948 et d’Albert Chatelle La base navale du Havre et la guerre sous-marine secrète en Manche, 1914-1918, Editions Médicis, 1949.