Pierre-Bernard Cousté
1920 - 1989
COUSTÉ (Pierre-Bernard)
Né le 29 juin 1920 à Rochefort-sur-Mer (Charente-Inférieure)
Décédé le 10 avril 1989 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
Député du Rhône de 1963 à 1986
Né à Rochefort-sur-Mer en Charente-Inférieure en 1920, Pierre-Bernard Cousté entame à la fin des années 1930 des études juridiques à Paris et à Lyon. Celles-ci le mènent jusqu’au doctorat en droit. Il est également diplômé de l’École des hautes études commerciales (HEC). Cela ne l’empêche pas de débuter dans la vie active comme ouvrier tubiste dans une entreprise de travaux publics. Proche des milieux démocrates-chrétiens à la Libération, il est recruté en septembre 1944 comme chargé de mission auprès du ministre de l’Information, Pierre-Henri Teitgen, avant d’entrer, en novembre 1945, au cabinet d’une autre figure du Mouvement républicain populaire (MRP), le ministre des Armées Edmond Michelet. Il y reste jusqu’en juin 1946. Sa formation de juriste lui permet alors de devenir le collaborateur de Me Roger de Segogne, président de l’Ordre des avocats au Conseil d’État et à la Cour de cassation. Il exerce ces fonctions jusqu’en 1951, date à laquelle il rejoint le monde de l’entreprise. Il s’est entretemps marié avec Jacqueline Lebocey, avec laquelle il aura quatre enfants. Directeur général adjoint de la Société Lebocey-Aiguilles, firme textile appartenant à son beau-père, Pierre-Bernard Cousté est également administrateur de la Compagnie lyonnaise d’outillage, de la Compagnie européenne d’outillage et de la Société Lumière, dont il devient le directeur général adjoint en 1961. Ces responsabilités professionnelles l’amènent à s’installer dans le Rhône.
À partir de 1958, il s’engage dans le syndicalisme patronal en étant élu à trente-huit ans président du Centre des jeunes patrons (CJP). Cette structure, créée en 1938 par Jean Mersch, entend aider les jeunes dirigeants de sociétés dans leur métier d’entrepreneur et a également l’ambition de rendre l’entreprise à la fois plus compétitive et plus humaine. Le jeune patron lyonnais assure la présidence du CJP jusqu’en 1961. Persuadé que les jeunes chefs d’entreprise peuvent défendre et développer des idées originales face au Conseil national du patronat français (CNPF) dirigé au même moment par Georges Villiers, ancien maire de Lyon, il se rapproche des gaullistes désormais au pouvoir pour défendre sa conception d’un patronat plus social et responsable.
Il entre en politique en acceptant, lors des législatives de novembre 1962, d’être le suppléant du candidat Union pour la nouvelle République (UNR) Maurice Herzog, ancien d’HEC comme lui, dans la 4e circonscription du Rhône, constituée de trois cantons de Lyon (VII, VIII et XI). Elu député, le célèbre alpiniste est nommé l’année suivante secrétaire d’État à la Jeunesse et aux sports. Cela permet à son suppléant d’être proclamé député du Rhône le 12 juin 1963. Siégeant parmi les non-inscrits, Pierre-Bernard Cousté est membre de la commission des affaires étrangères. Soucieux d’apaisement, il dépose notamment, en décembre 1963, une proposition de loi tendant à faire admettre au bénéfice de grâce amnistiante les personnes condamnées pour des infractions commises à l’occasion des événements d’Algérie. Il intervient également en octobre 1965 lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1966 à propos des harkis et des rapatriés. Mais Pierre-Bernard Cousté s’intéresse prioritairement aux questions économiques : fiscalité des entreprises, formation professionnelle, commerce extérieur - il est conseiller du commerce extérieur depuis 1961 - et aménagement du territoire, en particulier les métropoles d’équilibre et villes nouvelles. Auteur en 1959 d’un ouvrage sur L’Association des pays d’Outre-Mer à la Communauté économique européenne (Librairie technique), il est partisan de l’intensification des échanges économiques entre les pays africains et l’Europe, estimant qu’ils assureront le développement au sud et la prospérité au nord de la Méditerranée. Il est d’ailleurs membre, dès mai 1976, de l’Assemblée consultative paritaire Afrique Caraïbes Pacifique-Communauté économique européenne (ACP-CEE). Le député lyonnais poursuit par ailleurs son engagement dans le milieu patronal en dirigeant, de 1961 à 1966, la Fédération des jeunes chefs d’entreprise, ainsi que sa carrière de chef d’entreprise, devenant en 1964 P-DG de la Société Lumière.
Pierre-Bernard Cousté est élu, en mars 1967, sous l’étiquette Ve République au second tour dans la 5e circonscription du Rhône, qui comprend les IXe et Xe cantons de Lyon, avec 15 815 voix et 41,45% des suffrages exprimés, à l’occasion d’une triangulaire où il affronte le député sortant du Centre national des indépendants (CNI) Roger Fulchiron (8 262 voix) et l’avocat André Soulier, candidat de la Convention des institutions républicaines (14 076 voix). Il s’apparente au groupe parlementaire de l’Union démocratique pour la Ve République (UD-Ve République). Membre de la commission de la production et des échanges, il dépose en décembre 1967 une proposition de loi tendant à créer un ordre national des agents immobiliers, mandataires en fonds de commerce et administrateurs de biens et syndics. En avril 1968, il dépose une autre proposition de loi tendant à permettre aux femmes assurées sociales de bénéficier de la retraite normale dès l’âge de 60 ans. La discussion du projet de loi de finances pour 1968 lui permet d’évoquer, à l’automne 1967, les problèmes des PME et de l’artisanat, les enjeux de l’élargissement du Marché commun, les mérites des groupements d’intérêt économique, l’endettement croissant des entreprises françaises, le risque d’un désarmement douanier après le Kennedy Round. À partir de mai 1967, il siège également au Parlement européen.
Avec le soutien de l’Union pour la défense de la République (UDR), Pierre-Bernard Cousté est réélu lors des législatives de juin 1968 au second tour, avec 19 068 voix et 55,39% des suffrages exprimés, à l’occasion d’une nouvelle triangulaire l’opposant à Pierre Soret, candidat du Parti communiste (8136), et à Henri Vignier, Progrès et démocratie moderne (7283). Il s’apparente au groupe gaulliste Union des démocrates pour la République. Membre de la commission des affaires étrangères, il se montre très actif durant cette législature, déposant pas moins de quinze propositions de loi, en particulier sur la création de régimes complémentaires de prévoyance pour les travailleurs non-salariés, le fonctionnement d’organismes privés dispensant un enseignement à domicile, l’emploi de handicapés physiques par les entreprises, l’encouragement d’activités d’intérêt général. Il présente dix-neuf rapports au nom de la commission des affaires étrangères, dont la plupart sur la ratification par la France d’accords internationaux ou sur son adhésion à des organismes internationaux. Ses interventions annuelles sur le projet de loi de finances sont nombreuses et portent sur des sujets aussi variés que la gestion des entreprises nationales, le déséquilibre du commerce extérieur, l’encadrement du crédit, la politique industrielle de l’État et la coopération scientifique en Europe. Il pose de nombreuses questions sur les domaines socio-économique mais aussi diplomatique. Le député lyonnais s’intéresse de manière pionnière aux télécommunications par satellite et à l’effort spatial européen. Il vote le 10 octobre 1968 pour le projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur (la loi dite « Edgar Faure » du 12 novembre 1968), le 27 avril 1972 pour le projet de loi portant création et organisation des régions (la loi du 5 juillet 1972) ainsi que, le 19 octobre 1973, pour le projet de loi d’orientation du commerce et de l’artisanat (la loi dite « Royer » du 27 décembre 1973). Par ailleurs, il dirige à partir de septembre 1972 l’Institut de préparation à l’administration et à la gestion des entreprises (IPAG).
Réélu député sous l’étiquette Union des républicains de progrès (URP) dans la 5e circonscription du Rhône en mars 1973, au second tour, Pierre-Bernard Cousté obtient 15 468 voix, soit 47,7% des suffrages exprimés, à l’occasion d’une triangulaire où il devance François Loncle, Union de la gauche socialiste et démocrate-Radical de gauche (12 332 voix) et Jean-Noël Ghilini, Réformateur-Centre démocrate (4 597 voix). Pierre-Bernard Cousté s’apparente au groupe Union des démocrates pour la République (UDR) et siège à la commission des affaires étrangères. Il dépose plusieurs propositions de loi, en particulier sur la création de sociétés unipersonnelles, le lancement d’une commission de contrôle des moyens informatiques afin d’assurer la protection de la vie privée et de la liberté des citoyens, l’élaboration d’une carte d’identité européenne et l’instauration d’un contrôle technique des véhicules de tourisme. Lors des questions d’actualité ou des questions au gouvernement, il montre son intérêt pour les nouvelles technologies et les enjeux du programme spatial européen - le lanceur Ariane. Spécialiste des questions européennes - il publie en janvier 1974 avec François Visine Pompidou et l’Europe (Litec) préfacé par Jacques Chirac -, Pierre-Bernard Cousté assure la vice-présidence du Parlement européen de juillet 1973 à mars 1975. Il est ensuite secrétaire général de la délégation française à ce même Parlement. Il rejoint également, en septembre 1973, la délégation française à l’Assemblée générale des Nations unies.
Dépourvu de mandat de maire ou de conseiller général, Pierre-Bernard Cousté étaye son assise locale en intégrant le Conseil régional de Rhône-Alpes en novembre 1973. Au sein de l’UDR, il appartient à l’aile démocrate-chrétienne ralliée au gaullisme. Celle-ci s’est structurée dès 1967 autour d’un mouvement, les Démocrates Ve République, présidé par Marie-Madeleine Dienesch puis Guy Fialon, et animé par Marc Bécam. Dès mai 1973, l’élu lyonnais siège au comité directeur puis au comité national des Démocrates Ve République. Il est choisi à la fin octobre 1973 comme délégué de ce mouvement au comité central de l’UDR.
Lors de la campagne présidentielle de 1974, Pierre-Bernard Cousté se fait remarquer en étant l’un des 43 signataires de l’Appel piloté par Jacques Chirac pour affaiblir Jacques Chaban-Delmas au nom d’une candidature unique de la majorité, favorisant ainsi Valéry Giscard d’Estaing. Toujours attaché à un capitalisme humain et responsable, il fonde en octobre 1974 l’association Économie et progrès qui diffuse l’idée gaulliste de la participation. Il défend cette ligne au sein des Clubs Cadres et participation - il en est le président national - et de l’association Économie et progrès. Son engagement se poursuit sous la législature suivante, lorsqu’il est nommé parlementaire en mission entre octobre 1978 et avril 1979 auprès de Robert Boulin, ministre du Travail et de la participation, et remet un rapport sur les entreprises de travail temporaire. Pierre-Bernard Cousté n’est pas présent lors du vote, le 28 novembre 1974, sur le projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse (loi dite « Simone Veil » du 17 janvier 1975) et s’abstient volontairement le 4 juin 1975, lors du vote sur le projet de loi portant réforme du divorce (loi du 11 juillet 1975). Il vote le 5 octobre 1977 en faveur du projet de loi relatif à l’informatique, aux fichiers et aux libertés (la loi dite « informatique et libertés » du 6 janvier 1978).
Lors des législatives de mars 1978, il est réélu dès le premier tour avec 53,88% des suffrages exprimés, soit 16 804 voix, député de cette même 5e circonscription du Rhône sous l’étiquette Rassemblement pour la République (RPR), dans un contexte de forte dispersion des voix à gauche. Il est membre du groupe gaulliste et siège de nouveau à la commission des affaires étrangères. Très actif, il continue de déposer de nombreuses propositions de loi, ainsi sur le repos hebdomadaire des salariés, la promotion des Petites et moyennes entreprises (PME), l’adaptation de la comptabilité des entreprises à l’inflation et l’amélioration du statut et de l’emploi des travailleurs temporaires. Inquiet face à la crise économique qui s’installe à partir du premier choc pétrolier de l’automne 1973, il interpelle régulièrement le gouvernement lors des questions orales sans débat à propos de la politique de reconversion industrielle, du contrôle des importations, des relations commerciales avec le Japon ou des obstacles à l’embauche dans les PME. Intervenant fréquemment lors des discussions sur le projet de loi de finances ou sur les projets de lois relatifs à des ratifications ou approbations de conventions internationales, il participe aussi à des groupes d’étude, notamment sur l’enfance inadaptée et les handicapés, sur les problèmes de l’information, sur les industries de main d’œuvre, sur les difficultés des petites et moyennes entreprises. Il continue de suivre de près les dossiers relatifs au commerce extérieur. Il en est chargé au sein du RPR. Toujours conseiller du commerce extérieur, il préside le comité régional de Rhône-Alpes et assure la vice-présidence de la section française de la Ligue européenne de coopération économique. Cependant, il échoue en 1979 à prendre la présidence du comité national des conseillers du commerce extérieur. Résolument tourné vers les questions internationales, il prend part à plusieurs groupes parlementaires d’amitié, notamment France-Etats-Unis, qu’il préside, France-Malaisie, France-Nigéria et, à partir de mai 1978, à la délégation française à la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies consacrée au désarmement.
Au sein du parti néogaulliste, Pierre-Bernard Cousté occupe une place originale puisqu’il entretient localement de bonnes relations avec le Parti républicain et figure dans le comité directeur de la Fédération nationale des Clubs giscardiens Perspectives et réalités. Il s’efforce de ne pas prendre de positions tranchées ni définitives dans le conflit qui oppose les partisans du maire de Paris et les gaullistes proches du président de la République. Il manifeste toutefois sa fidélité au chef du RPR, lors des élections européennes de juin 1979, où il figure sur la liste Défense des intérêts de la France en Europe (DIFE) conduite par Jacques Chirac. Mais le député lyonnais irrite aussi en refusant, après avoir été élu parlementaire européen, de pratiquer le « système du tourniquet », cher au RPR, prévoyant la démission de chaque élu au bout de douze mois, afin de permettre au colistier d’effectuer également un an de mandat. A partir de juin 1980 seulement, il rejoint le Parlement européen. Il approuve le projet de loi renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes (loi dite « Peyrefitte » du 2 février 1981).
Au printemps 1981, en dépit de ses lourdes obligations professionnelles (administrateur des laboratoires CIBA, vice-président du Syndicat général des fabricants de surfaces sensibles, président de l’association pour le contrôle technique des automobiles), cet industriel se lance de nouveau dans les campagnes électorales. D’abord celle des présidentielles : il figure à partir de mars dans le comité de soutien à Valéry Giscard d’Estaing, ce qui révèle une prise de distance avec le camp chiraquien depuis l’affaire des européennes de 1979. Puis celle des législatives : il est réélu dès le premier tour député Union pour la nouvelle majorité-RPR de la 5e circonscription du Rhône, avec 13 498 voix, soit 55,4% des suffrages exprimés, devançant largement les candidats socialiste et communiste (respectivement 8046 et 1998 voix). Il est membre du groupe RPR et siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il participe à diverses structures - il est ainsi président de l’intergroupe parlementaire sur le textile -, se montre un adversaire résolu de la politique menée sous la conduite du nouveau président socialiste et notamment des nationalisations. Lors de la discussion en octobre 1981 sur le projet de loi les concernant, il en fait la critique, tentant de démontrer leur inconstitutionnalité et leur non-conformité au traité de Rome, soulève le problème des filières étrangères des groupes nationalisés et rappelle les performances médiocres des entreprises publiques. Pierre-Bernard Cousté vote le 18 septembre contre le projet de loi portant abolition de la peine de mort (la loi du 9 octobre 1981) et contre le projet de loi relatif aux droits et libertés des communes, des départements et des régions (la loi dite « Defferre » du 2 mars 1982).
En janvier 1982, mis en demeure par Bernard Pons de choisir entre son mandat de parlementaire européen et son appartenance au groupe RPR de l’Assemblée, Pierre-Bernard Cousté se démet de son mandat européen. Il poursuit ses activités au Palais-Bourbon dans des domaines plus techniques, notamment l’organisation des transports intérieurs, la recherche et l’éducation, et vote, le 23 octobre, contre le projet de loi relatif à l’organisation de Paris, Marseille, Lyon et des établissements publics de coopération intercommunale, après être intervenu en ce sens lors des débats.
En 1983, il choisit de s’investir davantage dans la vie locale et est élu conseiller municipal de Lyon, en mars. À l’Assemblée nationale, il siège dorénavant à la commission de la production et des échanges et concentre ses interventions sur deux projets de loi : celui sur l'enseignement supérieur, contre lequel il vote le 10 juin ; celui sur le IXe plan, qui ne fait pas l’objet d’un scrutin public. Il intervient aussi le 11 octobre suivant, lors du débat qui suit la déclaration du gouvernement sur la politique industrielle, en demandant davantage de liberté sur les prix et de flexibilité dans l’organisation du travail. Jusqu’à la fin de la législature, ses interventions portent essentiellement sur les questions économiques et industrielles.
Son ancrage local conduit Pierre-Bernard Cousté à ne pas se représenter à la députation en mars 1986 mais à briguer un siège de sénateur du Rhône lors des élections de septembre. Si, dans un premier temps, le comité central du RPR chargé des investitures, le choisit pour porter les couleurs du parti gaulliste, Michel Noir, ministre délégué chargé du Commerce extérieur et président de la fédération RPR du Rhône, ne le place pas à un rang éligible. Evincé au profit du candidat de l’Union pour la démocratie française (UDF), Emmanuel Hamel, qui avait soutenu, en 1983, la candidature de Michel Noir à la mairie de Lyon, Pierre-Bernard Cousté décide alors de conduire une liste dissidente sous l’étiquette « Union pour la défense des collectivités locales ». Privé de l’appui du RPR local, il ne parvient pas à se faire élire au Palais du Luxembourg.
Ce passionné de golf, de tennis et de natation, qui s’était fait remarquer par ses nombreuses études sur les problèmes économiques européens, s’éteint le 10 avril 1989 à l’hôpital de Neuilly.