Roger, Albert, Marie Crespin
1913 - 2008
CRESPIN Roger
Né le 14 novembre 1913 à Brest (Finistère)
Décédé le 8 avril 2008 à Reims (Marne)
Député de la Marne de 1971 à 1978
Roger Crespin naît peu de temps avant la Grande Guerre, le 14 novembre 1913, à Brest dans une famille de marins : ses deux grands-pères étaient officiers de marine ; son grand-oncle était l’amiral de la Roncière ; son père, Vincent Crespin, capitaine de vaisseau, mène une belle carrière qui lui vaut le grade de commandeur de la Légion d'honneur. Cette famille de marins n’est pas étrangère à la politique puisque Roger Crespin est aussi le petit-neveu du capitaine de vaisseau Doret, gouverneur de l’Ile de la Réunion, puis sénateur sous Napoléon III.
Après des études chez les Jésuites à Brest, Roger Crespin s’engage dans l’armée en 1935. Il opte toutefois pour l’armée de terre et non pour la marine : sous-lieutenant, lieutenant puis capitaine de réserve, Roger Crespin fait une carrière brillante. Pendant la Seconde guerre mondiale, après avoir été un membre actif des Compagnons de France, un mouvement de jeunesse vichyste, ce patriote décide de s’évader par l’Espagne. L’officier français est alors interné à la prison de Figueras jusqu’en mars 1943 puis parvient finalement à gagner le Maroc, par le Portugal. Il s’engage alors dans la première division de la France libre et participe aux campagnes d’Italie et du Rhône en direction de l’Alsace. Après la guerre, il retourne à la vie civile, pour prendre la tête d’une société familiale de soudure et d’outillage basée à Reims.
En 1959, Roger Crespin brigue son premier mandat électif : il est élu conseiller municipal de Reims sur la liste de Jean Taittinger, élu l’année précédente député de la Marne sous l’étiquette de l’Union pour la nouvelle République (UNR). En 1965, Roger Crespin devient premier adjoint au maire. Entre-temps, en 1961, il est élu conseiller général du premier canton de Reims et devient même vice-président du conseil général en 1968. Par ailleurs, Roger Crespin est le suppléant de Jean Taittinger lors des élections législatives de 1962, élu dès le premier tour dans la première circonscription de la Marne. Les deux hommes se présentent une nouvelle fois aux électeurs rémois en 1967. Il manque 302 voix au député sortant pour être réélu dès le premier tour du scrutin, mais il l’emporte largement au second tour face au communiste Michel Delaitre. Les événements du printemps 1968 ayant conduit le général de Gaulle à dissoudre l’Assemblée nationale, Jean Taittinger et son suppléant Roger Crespin se portent candidats à leur propre succession en juin 1968. Leur principal adversaire est l’ancien député communiste, René Tys. Le candidat du PCF ne recueille cependant que 21,2 % des voix contre 58,3 % à Jean Taittinger dès le premier tour. Devenu un spécialiste des questions économiques et s’étant rapproché de Valéry Giscard d’Estaing lors de ses années à la vice-présidence de la commission des finances, le maire de Reims est appelé en janvier 1971 au gouvernement de Jacques Chaban-Delmas, en qualité de secrétaire d’État auprès du ministre de l’Economie et des finances chargé du Budget. Il le reste dans le gouvernement de Pierre Messmer de juillet 1972. En février 1971, Roger Crespin est donc amené à remplacer le député de la Marne au Palais-Bourbon.
Inscrit au groupe Union des démocrates pour la République (UDR) de l’Assemblée, il siège, en avril 1971, à la commission de la production et des échanges qu’il quitte pour celle de la défense nationale et des forces armées en avril 1972. À la tribune, le député de la Marne intervient lors des débats des deuxièmes parties des projets de loi de finances pour 1972 et 1973 portant sur les crédits de l’Éducation, pour souligner la nécessité de créer de nouvelles universités dans le bassin parisien.
Lors des grands scrutins de la législature, Roger Crespin soutient l’exécutif, qu’il s’agisse notamment de la création des régions, le 27 avril 1972, ou de la déclaration de politique générale du gouvernement Chaban-Delmas (24 mai 1972).
Lors des élections législatives de 1973, Jean Taittinger sollicite le renouvellement de son mandat parlementaire avec toujours pour suppléant, Roger Crespin et il est réélu au second tour avec 57,3 % des suffrages exprimés contre le candidat communiste, René Tys. Cependant, dès avril 1973, il est nommé garde des Sceaux du deuxième cabinet de Pierre Messmer. Roger Crespin assure donc son remplacement au Palais-Bourbon.
Il retrouve la commission de la défense nationale et des forces armées, dont il est le vice-président en avril 1977. Pendant toute la durée de la législature, ce fils de capitaine de vaisseau né à Brest est rapporteur du budget de la Marine ; il est par ailleurs l’auteur d’une proposition de loi sur l’appellation contrôlée Coteaux-champenois, en octobre 1976. Enfin, à partir de novembre 1976, il est secrétaire de la commission d’enquête sur l’utilisation des fonds publics alloués aux entreprises de construction aéronautique.
Ses interventions portent sur des sujets variés : il s’oppose ainsi, en octobre 1976, à l’ouverture le dimanche et la nuit de certains commerces, ou encore prend position sur la question du stationnement dans les centres villes en décembre de la même année. Cependant, l’essentiel de ses prises de parole concernent la marine. Il intervient à de nombreuses reprises pour regretter l’insuffisance du budget qui lui est alloué et la diminution de l’effort national dans le budget global de la défense. Roger Crespin se fait, comme lors de la discussion du 12 novembre 1974, l’ardent défenseur d’une marine bien dotée et dynamique « dans un pays dont les frontières sont des côtes pour les trois cinquièmes ».
Le député de la Marne soutient constamment l’exécutif lors des grands scrutins de la législature. Il se prononce en faveur de la réforme constitutionnelle souhaitée par Georges Pompidou, sur la réduction du mandat présidentiel à 5 ans, le 16 octobre 1973, qui n’aboutira pas, ou de celle présentée par Valéry Giscard d’Estaing sur l’extension de la saisine du Conseil constitutionnel le 10 octobre 1974. Il est aussi favorable à l’élection des membres de l'Assemblée des communautés européennes au suffrage universel, le 21 juin 1977. Par ailleurs, Roger Crespin soutient les trois déclarations de politique générale des Premiers ministres : Pierre Messmer le 12 avril 1973, Jacques Chirac le 6 juin 1974, Raymond Barre le 28 avril 1977. Il vote également en faveur de la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse, le 28 novembre 1974 (la loi « Veil » du 17 janvier 1975), et la création du divorce par consentement mutuel, le 4 juin 1975.
Déjà retiré de la vie municipale rémoise depuis le mois de mars 1977, Roger Crespin annonce, en septembre, qu’il ne se présentera pas aux élections législatives de mars 1978, le RPR lui ayant préféré la candidature du diplomate Jacques Kosciusko-Morizet. À son grand regret, il ne se porte donc pas candidat au siège de député laissé vacant par le retrait de la vie politique de Jean Taittinger. En 1978, il quitte également le conseil régional de Champagne-Ardenne. Il demeure conseiller général jusqu’en 1985, mais ne brigue pas en mars le renouvellement de son dernier mandat local. Roger Crespin poursuit toutefois ses divers engagements comme la présidence des Français libre de la Marne, celle des Amis du fort de la Pompelle à Reims ou de l’Association rémoise des membres de la Légion d'honneur. Il participe également à la Fondation Charles de Gaulle comme membre actif.
Roger Crespin s’éteint le 8 avril 2008. Il était titulaire de la Légion d'honneur, de la Croix de guerre avec quatre citations, de la médaille de la France libre, de la médaille des évadés et officier des Palmes académiques.