Jean, Joseph, Antoine Cristofol

1901 - 1957

Informations générales
  • Né le 24 mars 1901 à Aja-vilallovent (Espagne)
  • Décédé le 21 novembre 1957 à Villejuif (France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 26 avril 1936 au 21 janvier 1940 *
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Communiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Communiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 21 novembre 1957
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Communiste

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Biographies

Né le 24 mars 1901 à Aja (Espagne), mort le 21 décembre 1957, à Villejuif (Seine).

Député des Bouches-du-Rhône de 1936 à 1942.

Député des Bouches-du-Rhône aux deux Assemblées Nationales Constituantes de 1945 à 1946.

Député des Bouches-du-Rhône de 1946 à 1957.

Issu d'une modeste famille de paysans d'Angoustrine (Pyrénées-Orientales), Jean Cristofol eut une jeunesse laborieuse et difficile. Il était orphelin à 14 ans.

Engagé volontaire, en 1918, à peine âgé de 17 ans, pour la durée de la guerre, il est envoyé dans la zone des armées après quelques semaines d'instruction. Après l'armistice, il fait partie de l'armée d'occupation en Allemagne et prend position contre l'occupation de la Ruhr.

Démobilisé, il travaille à la ferme de ses parents, puis entre dans l'administration des douanes en 1923. Il milite activement dans les organisations syndicales de fonctionnaires ce qui lui vaut d'être poursuivi plusieurs fois et il est révoqué en mai 1934 pour avoir entraîné les fonctionnaires des douanes actives de Marseille à la grève antifasciste du 12 février 1934. Il est sympathisant communiste actif depuis la fondation du parti et y est admis en 1932.

Candidat au Conseil d'arrondissement de Marseille (5e canton), il est élu en octobre 1934.

Il entre à la Chambre des Députés à la faveur des élections générales législatives du 26 avril 1936 ; il emporte le siège de la deuxième circonscription de Marseille au premier tour de scrutin, par 8.639 voix contre 5.381 à M. Toussaint Ambrosini, député sortant, sur 17.524 votants. Inscrit au groupe communiste, il s'occupe particulièrement de commerce extérieur, et de la marine marchande. Il dépose une proposition de résolution tendant à inviter le Gouvernement à compléter l'article 16 du règlement d'administration publique du 13 juillet 1923 pris en exécution de la loi du 30 janvier 1923, relative aux emplois réservés (1937), et une proposition de loi tendant à une nouvelle organisation administrative, électorale, financière, urbaine et économique de la ville de Marseille (1939) ; et il est chargé de rapporter : le projet de loi portant rectification du décret du 4 novembre 1936 qui a modifié les droits de douane applicables à l'entrée en Corse des tabacs fabriqués (1937), le projet de loi tendant à l'approbation de l'arrangement commercial entre la France et la Grande-Bretagne, intervenu par échange de lettres en date des 16 et 23 juillet 1937 (1938), le projet de loi tendant à la ratification du décret du 31 août 1937, relatif à la protection du trafic des ports français (1938), et un certain nombre de projets de loi portant approbation d'arrangements commerciaux ou portant modification de la tarification douanière de certains produits (1938 et 1939). Il se fit entendre à la tribune au cours de discussions concernant : l'octroi de grâces amnistiantes (1936), les budgets du commerce et de la marine marchande de l'exercice 1937 (1936), l'amélioration de la situation des personnels de l'Etat et des titulaires de pensions (1937), la loi de finances de l'exercice 1938 (1937), le budget de la marine marchande de l'exercice 1939 (1938).

Arrêté le 8 octobre 1939 pour reconstitution illicite du parti communiste, il fut emprisonné à la Santé et condamné à cinq ans de prison. Déchu de son mandat de député le 20 février 1940, il connut successivement les prisons de Poitiers, Tarbes, Le Puy et Valence. Déporté au bagne de Maison Carrée, à Alger, le 31 mars 1941, il fut libéré le 5 février 1943 après l'avance alliée en Afrique du Nord, par le général Giraud, devenu Haut-Commissaire de France.

A Alger, il participe avec ses amis communistes, à la création du journal Liberté, et mène campagne pour l'union de toutes les forces qui doivent participer à la libération de la France. En août 1944, il est correspondant de guerre de l'armée de Lattre de Tassigny, et fait avec elle le débarquement de Saint-Tropez. Membre, puis président du Comité régional de Libération pour la région du Sud-Est, délégué au Conseil national de la Résistance, son action, jusqu'à la capitulation d'Hitler, consiste à mobiliser toutes les énergies militaires et économiques de la région. Une décision du Conseil des Ministre du 28 octobre 1944, prise en vertu de l'ordonnance du 9 août 1944, relative au rétablissement de la légalité républicaine, vient annuler la déchéance de 1940, et il est rétabli dans ses droits. Réinstallé à Marseille, il prend la direction du quotidien Rouge Midi, puis de La Marseillaise.

En janvier 1946, il est élu président du Conseil municipal de Marseille, dont il devient maire en novembre de la même année, et jusqu'en octobre 1947.

Aux élections générales du 21 octobre 1945, il retrouve un siège de député, à la première Assemblée Nationale Constituante, dans la première circonscription des Bouches-du-Rhône, second de la liste communiste, par 122.096 voix, sur 300.284 votants ; et il conserve ce siège aux élections générales du 2 juin 1946 (deuxième Assemblée Nationale Constituante), toujours deuxième de la liste communiste, par 104.920 voix, sur 287.801 votants. Il est nommé membre de la Commission de l'intérieur, de l'Algérie et de l'administration générale, départementale et communale, de celle des affaires économiques, des douanes et des conventions commerciales, et de celle de la marine marchande. Son activité est abondante et diverse, mais il est surtout préoccupé par les questions commerciales, douanières, et maritimes, sans cesser de s'intéresser à sa ville de Marseille.

Successivement réélu aux élections générales du 10 novembre 1946, par 113.448 voix sur 286.520 votants, à celles du 17 juin 1951 par 112.594 voix, sur 293.146 votants, et à celles du 2 janvier 1956, par 122.235 voix, sur 347.129 votants, toujours sur la liste communiste de la première circonscription de Marseille, il appartient à la Commission du règlement et du suffrage universel, dont il devient vice-président ; à celle de l'intérieur ; à celle des finances. Son activité est telle qu'il est impossible de la résumer dans le cadre qui nous est imparti. Il n'est pas de discussion à laquelle il ne participe, mais le militant syndicaliste qu'il était -resté, se sentait particulièrement attiré par les problèmes de la fonction publique, qui le trouvaient toujours à son banc, attentif et vigilant.

Cette activité prodigieuse prit fin brutalement, le 21 novembre 1957. Transporté à l'hôpital de Villejuif quelques jours auparavant à la suite d'une hémorragie foudroyante, il ne pût la surmonter. Il n'avait que 56 ans.

La nouvelle fut annoncée à l'Assemblée par le Président André Le Troquer, à la séance du 26 novembre 1957. Après avoir retracé la brillante carrière du disparu, il termina ainsi son éloge funèbre : « Jean Cristofol laissera parmi nous le souvenir d'un homme loyal et courageux qui savait défendre avec courtoisie les convictions auxquelles il fut toujours fidèle. Il méritait l'estime que nous lui portions. L'Assemblée adresse à son parti, à ses amis, ses condoléances les plus sincères et j'exprime à sa veuve - avocat distingué au barreau de Marseille -, à ses quatre enfants, dont deux sont encore des adolescents, en votre nom et en mon nom personnel, la part très vive que nous prenons à leur douleur. »

M. Robert Lacoste, Ministre de l'Algérie, associa le Gouvernement à cet hommage et adressa à Jean Cristofol, un souvenir personnel et ému.




Né le 24 mars 1901 à Aja-Vilallovent (Espagne)
Décédé le 21 novembre 1957 à Villejuif (Seine)

Député des Bouches-du-Rhône de 1936 à 1940
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Bouches-du-Rhône).
Député des Bouches-du-Rhône de 1946 à 1957.

(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome III, p. 1186 à 1888).

En mars 1941, alors qu'il effectuait la peine de cinq ans d'emprisonnement à laquelle il avait été condamné en avril 1940 pour son appartenance au Parti communiste, alors interdit, Jean Cristofol est transféré à Maison Carré (Alger) par le gouvernement de Vichy. Libéré en février 1943, l'ancien député contribue à la reconstitution du Parti communiste en Algérie et participe à la création du journal Liberté. Dans la nuit du 14 au 15 août 1944, il débarque à Saint-Tropez avec l'armée de de Lattre. De retour à Marseille, il est nommé président du Comité régional de Libération par le commissaire de la République, Raymond Aubrac. Délégué du Sud-est au Conseil national de la Résistance, il exerce par ailleurs la direction de Rouge Midi puis de la Marseillaise.

Le 28 octobre 1944, en application de l'ordonnance du 9 août de la même année relative au rétablissement de la légalité républicaine, le Conseil des ministres le relève de la déchéance de son mandat qui l'avait frappé le 20 février 1940, ainsi que d'autres députés communistes.

Nommé conseiller municipal de Marseille au lendemain de la Libération, Jean Cristofol conserve ce mandat aux élections du 30 avril 1945 qui voient la victoire d'une liste d'union de la gauche conduite par Gaston Defferre et François Billoux. Le dirigeant socialiste, élu à l'unanimité président du conseil municipal le 11 mai, en démissionne le 1er octobre, avec certains de ses collègues, à la suite des élections cantonales du 30 septembre. En effet la S.F.I.O. y subit un sérieux recul, résultat pour une large part de dissensions dans sa fédération des Bouches-du-Rhône. Estimant ne plus disposer de la légitimité lui permettant de présider l'assemblée municipale, Gaston Defferre résigne ses fonctions. Jean Cristofol lui succède. Il poursuit la reconstruction de Marseille et lance de grands programmes de rénovation.

En application de la loi du 20 février 1946 supprimant le régime administratif spécial de la cité phocéenne, de nouvelles élections sont organisées en décembre 1946. Au second tour les listes socialiste et communiste fusionnent assurant la victoire de la gauche. Majoritaires en son sein les communistes présentent Jean Cristofol au poste de maire. Il est élu avec le soutien de la S.F.I.O.

Il n'en ira pas de même après les élections de 1947 et de 1953. Distancé de peu par le R.P.F. en 1947, le Parti communiste retrouve sa première place en 1953 mais, à ces deux occasions, la mairie lui échappe. En 1947 le maintien de la candidature de Gaston Defferre permet l'élection de Michel Carlini (R.P.F.) dans une triangulaire. En 1953, Gaston Defferre fait alliance avec les modérés. Aussi, président du groupe communiste, Jean Cristofol siège-t-il dans l'opposition municipale de 1947 à sa mort. Il sera plus heureux sur le plan national.

Aux élections du 21 octobre 1945 pour la première Assemblée nationale Constituante, le Parti communiste le présente en deuxième position sur la liste conduite par François Billoux dans la première circonscription des Bouches-du-Rhône (Marseille). Arrivée nettement en tête -41,7 % des suffrages exprimés contre 25,3 % à la S.F.I.O. et à l'U.D.S.R. - elle obtient quatre des neuf sièges à pourvoir.

Malgré une perte de près de 5 % -37 % des voix contre 24,3 % à la S.F.I.O. - elle les conservera aux élections du 2 juin 1946 pour la seconde Assemblée nationale Constituante dans laquelle Jean Cristofol est réélu derrière François Billoux.

Membre de la Commission des affaires économiques, des douanes et des conventions commerciales et de celle de l'intérieur, de l'Algérie et de l'administration générale, départementale et communale, c'est surtout au titre de cette dernière que Jean Cristofol réalise l'essentiel de son activité parlementaire durant les deux Constituantes.

Le 16 janvier 1946 il dépose une proposition de loi supprimant la tutelle administrative sur la ville de Marseille qui deviendra la loi du 20 février 1946. Il rédige des rapports et intervient en séance sur des propositions relatives à l'exercice du droit de vote de certaines catégories de citoyens - inscrits maritimes, mariniers et autres professions nomades, personnes hospitalisées - ou d'électeurs qui pour une raison majeure seraient absents de leur domicile lors des élections. Dans le même esprit, le 11 juillet 1946, il dépose une proposition de résolution invitant le Gouvernement à procéder à une nouvelle révision des listes électorales. Enfin le 19 septembre 1946, il rapporte le projet de loi portant organisation du référendum sur le second projet de Constitution de la IVe République.

Avec son groupe il vote les nationalisations et les deux projets de Constitution de la IVe République.

Tout au long de la IVe République, Jean Cristofol sera candidat en deuxième position et élu sur la liste présentée par le Parti communiste et conduite par François Billoux dans la première circonscription des Bouches-du-Rhône. A chacune de ces consultations, le Parti communiste conserve ses quatre élus et arrive en première position avec 40,3 % des suffrages exprimés le 10 novembre 1946, 38,6 % le 17 juin 1951 et 36,2 % le 2 janvier 1956.

Membre de la Commission du règlement et du suffrage universel et de celle de l'intérieur pendant la première législature, le député des Bouches-du-Rhône conserve son siège dans la Commission de l'intérieur et participe par ailleurs aux travaux de celle des finances pendant les deuxième et troisième législatures. Il déploie une activité considérable, spécialement jusqu'à l'été 1954.

En matière de législation électorale, Jean Cristofol dépose des propositions de loi relatives à l'inscription d'office des jeunes sur les listes électorales, à l'abaissement à vingt ans de l'âge de la majorité politique, au vote par correspondance, à l'inscription sur les listes électorales des étrangers ayant acquis la nationalité française ainsi que des femmes et des filles de naturalisés. Fréquemment nommé rapporteur par la Commission du règlement et du suffrage universel, il intervient en séance sur ces textes et participe aux débats concernant la modification du règlement de l'Assemblée nationale, l'élection des Conseillers de la République, la réglementation de la propagande électorale et la révision de la Constitution. Le 28 avril 1951, il qualifie de « trucage électoral » le projet de loi instituant le scrutin majoritaire avec apparentement pour l'élection des députés.

Durant ces onze annés -1946 à 1957- Jean Cristofol s'intéressera tout particulièrement à la fonction publique et à la situation des fonctionnaires de l'Etat et des agents des collectivités locales. Allocations familiales, logement, rémunérations, statuts, carrières, retraites, sur tous ces sujets le député de Marseille dépose propositions de loi ou de résolution et rapports et prend part aux débats tant sur des textes bien définis que sur les nombreux budgets ayant trait à la fonction publique. C'est aussi dans le domaine de compétence de la Commission de l'intérieur que Jean Cristofol dépose des propositions de loi relatives à la révision et à la résiliation des contrats passés par les collectivités locales ou encore à leurs emprunts. Enfin il participe aux discussions de textes portant sur la fiscalité locale.

A partir de 1951, le député des Bouches-du-Rhône élargit son champ d'activité parlementaire aux discussions des lois de finances, à celles des textes portant réformes fiscales ou dispositions d'ordre économique et financier.

Enfin il intervient parfois sur des sujets plus politiques : amnistie des faits de collaboration, loi Barangé créant l'allocation scolaire, loi sur la presse.

Pour autant, ce travail parlementaire intense ne le conduit pas à négliger les intérêts de Marseille. A l'origine - on l'a vu - de la loi mettant fin à la tutelle administrative exercée sur sa ville, Jean Cristofol dépose des propositions de loi la divisant en seize cantons, autorisant le Trésor à augmenter les avances consenties à Marseille ou octroyant une subvention de l'Etat à sa Régie autonome de transports en commun. Enfin par une proposition de résolution, il demande au Gouvernement d'augmenter la puissance de l'émetteur Marseille - Provence.

Marseille et les incidents qui y sont survenus le 12 novembre 1947 sont à l'origine d'un débat animé au Palais - Bourbon le 18 novembre 1947. Jean Cristofol y prend part. A la suite de l'augmentation des tarifs des tramways, elle-même consécutive aux fortes hausses de salaires accordées aux cheminots par la précédente municipalité dirigée par Jean Cristofol, le Parti communiste organise des manifestations. Le 12 novembre des manifestants envahissent le Palais de Justice pour obtenir la libération de quatre d'entre eux. Le soir, le conseil municipal empêché de délibérer, devient le théatre d'un pugilat. Au balcon de l'Hôtel de Ville, Jean Cristofol annonce la démission du maire de Marseille puis la foule se rend au quartier de l'Opéra, siège des profiteurs, de la pègre, des collaborateurs et comptant de nombreuses « boites de nuit » où les uns et les autres font ripaille en compagnie de prostituées. Un jeune ouvrier trouve la mort dans l'attaque d'un de ces « établissements ».

En 1954, Jean Cristofol surmonte un infarctus du myocarde mais, atteint d'un cancer du poumon, il succombe à une hémorragie le 21 novembre 1957. Le 26 novembre, André Le Troquer, Président de l'Assemblée nationale, prononce l'éloge funèbre du député des Bouches-du-Rhône et Robert Lacoste y associe le Gouvernement.