Jean Crouzier

1899 - 1970

Informations générales
  • Né le 2 novembre 1899 à Raon-l'etape (Vosges - France)
  • Décédé le 26 décembre 1970 à Saint-dié (Vosges - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Meurthe-et-Moselle
Groupe
Parti républicain de la liberté
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Meurthe-et-Moselle
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Meurthe-et-Moselle
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 2 novembre 1899 à Raon-l'Etape (Vosges)
Décédé le 26 décembre 1970 à Saint-Dié (Vosges)

Député de la Meurthe-et-Moselle de 1946 à 1958
Secrétaire d'Etat à la Défense nationale et aux Forces armées du 1er mars 1955 au 1er février 1956

Jean Crouzier est né le 2 novembre 1899 à Raon-l'Etape dans une famille originaire des Vosges. Après des études au collège de Saint-Dié, au lycée Henri Poincaré et à la faculté de droit de Nancy, où il obtient une licence, Jean Crouzier s'installe comme notaire à Blamont en Meurthe-et-Moselle après avoir fait la campagne de 1918.

Très vite, il se consacre à la gestion locale de Blamont puisqu'il devient en 1928 conseiller municipal, et en 1937 maire. Officier de réserve, il fait la première bataille de France en 1940, puis démobilisé, héberge de nombreux prisonniers évadés, des Alsaciens et des Lorrains. En octobre et novembre 1944, il aide de son mieux les victimes des bombardements de Blamont. Sa conduite lui vaut d'être nommé chevalier de la Légion d'honneur et titulaire de la Croix de guerre avec palme.

A la Libération, ses concitoyens lui renouvellent leur confiance en l'élisant conseiller général du canton de Blamont. Aux élections à la seconde Assemblée nationale Constituante, le 2 juin 1946, Jean Crouzier se présente en quatrième position sur la liste du Rassemblement républicain de la liberté (P.R.L.) conduite par Louis Marin. Celle-ci obtient 68 262 suffrages sur 244 662 exprimés et deux sièges lui sont attribués. Jean Crouzier doit donc attendre les élections à la première législature de la IVe République pour prendre le chemin du Palais Bourbon. Le 10 novembre 1946, en effet, troisième de la liste du Rassemblement républicain et gaulliste de la liberté, avec 86 757 suffrages sur 233 709 exprimés, le maire de Blamont enlève un siège au M.R.P., et s'apparente au groupe P.R.L. avant de s'inscrire chez les indépendants.

Jean Crouzier, vice-président du Conseil général de Meurthe-et-Moselle mais aussi président de la Fédération des sinistrés de ce département qui a beaucoup souffert des dernières guerres, et vice-président de la Confédération nationale des sinistrés de France, est tout naturellement nommé membre de la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre dont il assure le secrétariat à partir de 1948 pour toute la durée de la législature. Il est, en outre, membre des Commissions de l'intérieur (1948-1951), de la réforme administrative (1948), et juré à la Haute Cour de justice (1947).

Au cours de la législature il dépose six propositions de loi et plusieurs rapports touchant aux dommages de guerre. Il intervient très souvent sur ce sujet et à propos de la reconstruction, toujours pour souligner l'insuffisance des crédits et la lenteur de l'indemnisation des sinistrés. Le 1er juillet 1947, au cours du débat sur les interpellations concernant la politique économique du gouvernement, il condamne le rationnement du textile. Le 7 juillet 1947, son amendement tendant à ce que l'amnistie s'étende aux sanctions administratives prises en conséquence de l'infraction amnistiée est accepté par la Commission. Le 18 mars 1948, il prend part à la discussion du projet de loi relatif aux secours aux victimes des inondations de l'Est. Lors du débat sur l'investiture du Président du Conseil désigné, Guy Mollet, le 6 mars 1951, Jean Crouzier au nom du libéralisme économique refuse de lui accorder sa confiance pour lutter contre la hausse des prix. De plus, il juge sa déclaration trop discrète sur la nécessité d'intensifier la reconstruction par une augmentation des crédits, et dangereusement silencieuse sur la situation au Maroc et en Tunisie. Il a d'ailleurs voté contre le statut de l'Algérie en 1947, et pour la ratification du pacte de l'Atlantique en 1949.

Aux élections à la deuxième Assemblée nationale, le 17 juin 1951, Jean Crouzier ne se présente pas sur la liste de Louis Marin mais sur la liste d'Union des indépendants, des paysans et des républicains nationaux conduite par Pierre André. Avec 56 690 suffrages sur 239 802 exprimés, bien que l'apparentement conclu avec la liste R.P.F. ne joue pas, Jean Crouzier est réélu.

Il est nommé membre de la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre dont il est secrétaire en 1951 et 1954, et vice-président en 1953 et 1955. Il est en outre membre des Commissions de l'intérieur, des immunités parlementaires (en 1951) et de la défense nationale (1953 et 1954). Le 28 août 1951, il est élu juge titulaire à la Haute Cour de justice.

Il dépose à nouveau de nombreuses propositions de loi ou rapports concernant les dommages de guerre et la reconstruction. Mais, il n'oublie pas pour autant la défense de ses mandants. Ainsi, il invite le gouvernement, le 26 juillet 1951, à secourir d'urgence les habitants victimes de la tomade du 22 juillet dans la région de Lunéville-Blamont, le 23 juin 1953, à prendre les mesures nécessaires à l'indemnisation des propriétaires de vignobles et d'arbres fruitiers de Meurthe-et-Moselle victimes de gelées. A la tribune, il soutient la politique économique et financière du Président Antoine Pinay le 1er avril 1952, et regrette lors de sa chute en mars 1953 qu'elle n'ait pas été poursuivie jusqu'à son terme pour réparer les errements de la gestion socialiste. Lors du débat sur l'investiture du Président désigné, Pierre Mendès-France, le 3 juin 1953, il s'étonne de l'absence de toute allusion dans sa déclaration à la reconstruction et aux réparations des préjudices subis par les sinistrés. Du reste, le 18 décembre 1954, lors de la discussion du projet de loi relatif aux dépenses du ministère du logement et de la reconstruction, il dénonce à nouveau l'insuffisance des dotations pour les réparations.

Le 2 février 1955, il développe son interpellation sur la situation en Algérie, à la suite d'un voyage qu'il y a effectué avec d'autres parlementaires. Il souligne l'extrême gravité des événements qu'il a pu observer, plus particulièrement en Kabylie. Plutôt que de masser des troupes sur quelques points, il suggère de développer les réseaux de renseignements et de mettre sur pied des commandos très mobiles ou des contre-maquis. Enfin, il met en garde l'Assemblée de ne pas comparer l'Algérie à l'Indochine, car plus d'un million d'européens y vivent qui sont bien décidés à défendre leur pays « même contre le gouvernement si celui-ci continue à ignorer certaines vérités élémentaires (...) ». Aussi, le 4 février 1955 n'accorde-t-il pas sa confiance au gouvernement Mendès-France.

Dans le deuxième gouvernement Edgar Faure, Jean Crouzier est nommé le 1er mars 1955, Secrétaire d'Etat à la Défense et aux forces armées. Plus spécialement chargé des questions de fabrication des armements, il intervient lors des discussions dont l'objet relève de son département ministériel.

La dissolution de l'Assemblée ayant été décidée par Edgar Faure, Jean Crouzier se présente, le 2 janvier 1956, pour la quatrième fois aux suffrages de ses concitoyens. Dans sa profession de foi, il place en tête de ses préoccupations « la réforme profonde de l'Etat, de ses institutions politiques et de nos mœurs publiques ». La liste présentée par le Centre national des indépendants, apparentée cette fois-ci aux listes des républicains populaires et des républicains sociaux, avec 79 531 suffrages sur 284 325 exprimés gagne un troisième siège. Jean Crouzier s'inscrit au groupe des Indépendants paysans d'action sociale. Il est membre des Commissions de la défense nationale dont il est le secrétaire en 1958, de la Commission de la reconstruction, des dommages de guerre et du logement. Il est, en outre, juge titulaire à la Haute Cour de justice, représentant de la France à l'Assemblée commune de la C.E.C. A (1956-1957), et à l'Assemblée unique des Communautés européennes (1958). Il est élu membre de la Commission spéciale tendant à favoriser la construction de logements et les équipements collectifs, et est désigné par la Commission de la défense nationale pour faire partie de la sous-commission chargée de suivre et de contrôler l'emploi des crédits affectés à la défense nationale.

Faisant toujours preuve d'une grande activité parlementaire, Jean Crouzier dépose plusieurs propositions de loi et rapports au nom des différentes commissions dont il fait partie.

Il intervient fréquemment en séance. Ainsi, le 26 avril 1956, lors de la discussion du projet de loi créant le fonds national de solidarité, il invite le gouvernement à faire des économies et à procéder à une réforme fiscale au lieu d'augmenter les impôts qui ralentissent l'expansion économique tout en ne comblant pas le déficit budgétaire, comme il le souligne le 19 mars 1957.

Le 14 novembre 1956, il combat énergiquenent le projet de loi tendant à favoriser la construction de logements et les équipements collectifs qu'il juge inadapté en déposant douze amendements lors de l'examen du texte. Le 19 mars 1957, il se prononce en faveur du Marché commun sous la réserve que le gouvernement veille à l'harmonisation des mesures sociales afin de ne pas pénaliser la France. Enfin, lors de la discussion des crédits d'investissement du projet de loi de finances pour l'exercice 1958, en mars de cette même année, il ne cache pas son scepticisme sur l'efficacité de la politique de blocage des prix, et conteste les choix opérés dans les restrictions de crédit au secteur public qui risquent d'entraîner une stagnation des investissements privés et du chômage.

Pour ce qui concerne la défense nationale, le 5 et le 11 juillet 1956, il se déclare favorable à l'Euratom tout en souhaitant que la France se dote d'un armement nucléaire qui représente sa dernière chance pour se maintenir au niveau d'un grand pays. Lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1957, il revient sur ce point le 6 décembre 1956 et le 17 janvier 1957 et souligne la nécessité d'un armement atomique adapté au caractère continental de la France et partant, la construction de vecteurs. En février 1958, il fait part de sa crainte de voir l'engagement en Algérie compromettre la modernisation des armées qui devrait se faire en coopération avec les alliés, et met en lumière l'accroissement du fossé entre le pouvoir politique et le commandement militaire.

Le 1er juin 1958, Jean Crouzier accorde sa confiance au général de Gaulle, et vote le 2 juin les pleins pouvoirs à son gouvernement et la loi constitutionnelle.