Maurice Arreckx
1917 - 2001
ARRECKX (Maurice)
Né le 13 décembre 1917 à Saint-Junien (Haute-Vienne)
Décédé le 21 mars 2001 à Toulon (Var)
Député du Var de 1978 à 1981 et en 1986
Né le 13 décembre 1917 en Haute-Vienne, d’une famille originaire des Flandres et du Limousin, Maurice Arreckx est le dernier de six enfants. Son père est industriel dans le textile. Élève des jésuites, à Toulouse, Maurice Arreckx s’engage avec ardeur dans le scoutisme jusqu’en 1935, date à laquelle la famille déménage à Toulon. Bachelier, il s’y établit comme négociant grossiste en bonneterie et mercerie. Il épouse le 14 février 1938 Jane Correard ; le couple aura quatre enfants. Il prend part à la Seconde Guerre mondiale.
Maurice Arreckx entre en politique en 1953. Adoubé par une droite catholique conservatrice et influente, il devient conseiller municipal de Toulon. Plus tard, il adhère dès les débuts de la Ve République à l’Union pour la nouvelle République (UNR). C’est sous cette étiquette qu’il est élu maire de Toulon en 1959, fonction qu’il occupe pendant 26 ans. Favorable à l’Algérie française, il se fait rapidement le porte-parole des rapatriés qui constituent, durant deux décennies, son socle électoral. Son attachement à ses fonctions municipales et à la ville de Toulon se traduit par son engagement dans le Syndicat des maires du littoral varois, qu’il préside à partir de 1971, dans l’Association des maires des grandes villes de France dont il devient le vice-président en 1983, dans l’Union centrale des caisses de crédit municipal, dont il devient président en 1985, ou encore dans ses ouvrages, en particulier Vivre sa ville (1982) et Toulon, ma passion (1985). En 1985, il obtient la Marianne d’or qui rend hommage à son action à la tête de la municipalité de Toulon.
Maurice Arreckx devient l’une des figures politiques du Var. Il est conseiller général d’avril 1958 à mars 1994. Il préside l’assemblée départementale de 1985 à 1994. Il est alors battu aux élections cantonales par la candidate du Front national (FN), Eliane de la Brosse. Maurice Arreckx est aussi une personnalité politique régionale. Il entre en 1975 au conseil régional de Provence-Alpes-Côte-d'Azur où il s’investit et dont il démissionne en mars 1992, bien que réélu, pour se mettre en conformité avec la loi sur le cumul des mandats. Il est un élu local reconnu, membre en 1983 du comité des finances locales.
Maurice Arreckx assume aussi des responsabilités partisanes au sein de la droite non gaulliste : il devient en 1975 président de la fédération du Var des Républicains indépendants, mouvement qui devient en mai 1977 le Parti républicain. Il devient, en septembre 1978, président de la fédération de l’Union pour la démocratie française (UDF) du Var.
Témoignage de sa notabilité, il est chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’Ordre national du Mérite et chevalier des Palmes académiques.
Lorsqu’il se présente pour la première fois aux élections législatives en 1978, Maurice Arreckx s’estime être le seul candidat capable de « recueillir le plus de suffrages des électeurs de bonne volonté et de tous partis pour empêcher que cette circonscription ne tombe aux mains du parti communiste », et en homme « sans sectarisme », il votera tout ce qui lui paraîtra bon pour la France. En tête au premier tour, il rassemble 20 314 voix et 26,2 % des suffrages exprimés contre 24,2 % au communiste Maurice Delplace, 17,2 % à l’ancien ministre gaulliste Pierre Mazeaud ou encore 15 % à la socialiste Yvonne Arrou Vignod. Ayant recueilli 44 069 voix et 56,2 % des suffrages exprimés au second tour face à son adversaire communiste, il est confortablement élu député de la 3e circonscription du Var (Toulon II, III et IV).
Inscrit au groupe UDF, dont il est vice-président, le député siège d’abord à la commission des affaires étrangères puis, à partir d’avril 1980, à celle de des affaires culturelles, familiales et sociales. Il est membre de la délégation à la session extraordinaire de l’assemblée générale des Nations Unies en mai 1978. D’octobre 1978 à avril 1979, il est parlementaire en mission auprès du ministre de la Santé et de la famille, sur les conditions de vie des personnes très âgées. Il est l’auteur de deux propositions de loi, l’une en octobre 1978 relative à la périodicité du paiement des commissions dues aux voyageurs, représentants et placiers, et l’autre, en avril 1980, tendant à étendre le bénéfice des charges déductibles de nature immobilière aux dépenses obligatoires de sécurité supportées par les propriétaires d'un immeuble de grande hauteur.
Ses interventions en séance publique portent sur quatre sujets. Les affaires extérieures, d’abord : à l’occasion de la déclaration du gouvernement sur la politique étrangère en juin 1978, Maurice Arreckx s’étonne des critiques de l’opposition sur le plan français de désarmement, qui vise la maîtrise de l’arsenal nucléaire, et souligne « l’impossibilité pour la France d’abandonner son effort d’armement ». Les collectivités locales ensuite : l’élu de Toulon s’intéresse aux prérogatives des maires, en octobre 1978, qu’il juge insuffisantes en matière de recrutement des policiers lors de l’examen des crédits de l’Intérieur prévu par le projet de loi de finances pour 1979. L’année suivante, le 9 octobre 1979, lors de l’examen du projet de loi portant aménagement de la fiscalité directe locale, il exprime ses réserves vis-à-vis du plafonnement du taux d’imposition des communes. Les transports également : Maurice Arreckx intervient sur la situation difficile des chantiers navals de Toulon et sur le manque de liaisons maritimes entre sa ville et la Corse, le 9 novembre 1978, lors de l’examen des crédits de la marine marchande. L’année suivante, le 23 octobre 1979, sur les crédits des transports, il se fait à nouveau le défenseur de son département en demandant une aide pour la Chambre de commerce et d’industrie du Var en vue de parfaire les installations du nouveau port de commerce de Toulon. Il souligne encore les difficiles liaisons aériennes de la ville avec Paris et maritimes avec l’île de Beauté. Enfin, Maurice Arreckx s’intéresse aussi aux conditions de vie des personnes âgées dépendantes, le 15 novembre 1979, dans le cadre de l’examen des crédits relatifs à la santé et à la sécurité sociale prévus par le projet de loi de finances pour 1980.
Lors des principaux scrutins publics, le député apporte un soutien constant à l’action gouvernementale. Il vote ainsi pour l'augmentation de la quote-part de la France au Fonds monétaire international (FMI) le 18 avril 1978, pour la déclaration de politique générale du Premier ministre Raymond Barre le 20 avril 1978, pour l’aide aux travailleurs privés d'emploi le 5 janvier 1979, pour l'aménagement de la fiscalité directe locale sur lequel la responsabilité du gouvernement est engagée, le 18 décembre 1979, pour la loi sur la définition et la répression du viol le 11 avril 1980, pour la modification du code électoral en vue de favoriser la participation des femmes aux élections municipales le 20 novembre 1980, ou encore pour le projet de loi renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes le 18 décembre 1980. Seul écart à l’adhésion à la politique menée par l’exécutif, Maurice Arreckx s’abstient volontairement lors de l’examen du projet de loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG), le 20 novembre 1979.
En 1981, le député du Var sollicite le renouvellement de son mandat, mais il est battu au second tour par le socialiste Guy Durbec, élu avec 50,6 % des suffrages exprimés. Cet échec ne décourage nullement l’homme fort du Var. Il retrouve son siège au Palais-Bourbon à la faveur des élections législatives de 1986 : il figure en deuxième position sur la liste d’opposition menée par François Léotard qui obtient 33,5 % des voix et trois élus. Cependant, dès septembre 1986, Maurice Arreckx renonce à son mandat de député (il est remplacé par Michel Hamaide) pour siéger au Sénat, où il vient d’être élu, après avoir obtenu avec sa liste d'Union pour la promotion du Var, les trois sièges à pourvoir dans le département. Cette victoire est très symbolique : c’est la première fois depuis 1876 que la gauche varoise n’est pas représentée au Palais du Luxembourg. Inscrit au groupe sénatorial d'Union des républicains et indépendants dont il est vice-président de 1986 à 1989, Maurice Arreckx siège à la commission des affaires économiques de 1986 à 1992, puis à la commission des affaires culturelles de 1992 à 1995. Il consacre l’essentiel de ses interventions sur les questions d’aménagement rural, en particulier celle touchant son département. Il se fait notamment le défenseur actif de la lutte contre les incendies de forêts. Il est du reste rapporteur pour avis pour l’aménagement rural des projets de loi de finances de 1986 à 1991.
Le sénateur qui s’est toujours présenté comme un homme non sectaire vote le projet de loi relatif au revenu minimum d'insertion en 1988. Il vote également le projet de loi constitutionnelle ajoutant à la Constitution un titre : « De l’Union européenne » en 1992 et ensuite le projet de loi relatif aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale.
Le mandat sénatorial de Maurice Arreckx prend fin en 1995. S’achève ainsi une carrière politique marquée par un regret, celui de ne jamais avoir été ministre, après avoir espéré en vain de Valéry Giscard d’Estaing un secrétariat d’Etat aux personnes âgées, puis avoir eu deux septennats plus tard, son nom sur la liste des possibles ministres d’ouverture de François Mitterrand en 1988. Surtout, celui qui se qualifiait de « maire du Var » doit faire face à de graves accusations de corruption. En effet, l’assassinat de la députée Yann Piat, le 25 février 1994, a révélé un « système » dont Maurice Arreckx apparaît comme l’une des pièces maîtresses. Les enquêteurs mettent au jour les liens entre l’ancien député et Jean-Louis Fargette, patron du milieu varois, assassiné en 1993 en Italie. En juillet 1994, le bureau du Sénat accorde l’autorisation d’arrestation du sénateur à une « assez large majorité », ce qui permet au juge Thierry Rolland de le placer en détention provisoire d’août 1994 à mai 1995. En 1997, la cour d’appel d’Aix-en-Provence reconnaît l’homme politique coupable d’avoir reçu 2 millions de francs d’une société de construction, filiale de la Générale des eaux, en contrepartie de l’attribution du chantier de la Maison des technologies, une école d’ingénieurs. Condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, et à un million de francs d’amende, avec privation pour cinq ans de ses droits civiques, celui qui n’hésite pas à se présenter comme le « parrain politique du Var » bénéficie d’une libération conditionnelle en août 1998, après huit mois de détention, pour raison de santé. L’année suivante, il livre sa version des faits dans un livre intitulé Ça suffit ! En juin 2000, en raison des sommes découvertes (six millions de francs) sur un compte à Genève, Maurice Arreckx est à nouveau condamné à trois de prison ferme et quatre millions de francs d’amende pour recel d’abus de biens sociaux et recel d’abus de confiance, assortie de la confusion avec la peine précédente.
Maurice Arreckx est décédé, le 21 mars 2001, à Toulon des suites d’un cancer à l’âge de 83 ans.