Camille Dahlet
1883 - 1963
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né à Saverne (District de Basse Alsace Empire allemand) le 21 juillet 1883, mort à Brumath (Bas-Rhin) le 28 décembre 1963.
Député du Bas-Rhin de 1928 à 1942.
Camille Dahlet naquit le 21 juillet 1883 à Saverne (District de Basse Alsace Empire allemand) d’une famille protestante, originaire de « l’Alsace courbe » : son père était de Saar-Union et sa mère de Maursmünster (Marmoutier), ces deux localités relevant de l’arrondissement de Saverne. Son enfance se déroula dans un milieu très francophile ; son père était, en effet, le président du Souvenir français à Saverne. Dans une de ses interventions à la Chambre, Camille Dahlet pourra, plus tard, faire à juste titre allusion à son « passé de propagandiste français sous le régime allemand », car il commence, dès ses études de pharmacie, à prendre part à des manifestations anti-allemandes. Il s’insurge alors, dans des journaux d’étudiants, contre le nationalisme allemand.
La fin de la guerre de 1914-1918 arrive pour lui comme une délivrance et il abandonne, dès 1919, la pharmacie pour se lancer dans le journalisme. Il écrit d’abord au Strassburger Echo, puis, ayant été l’un des fondateurs du parti radical du Bas-Rhin et vice-président de la section de Strasbourg, il devient rédacteur en chef à La République, le journal local de ce parti. Il est élu conseiller municipal de Strasbourg le 10 mai 1925 et conserve ces fonctions jusqu’en 1939. En 1937, il devient conseiller général du canton de Saverne.
Lorsqu’il fut élu député de cet arrondissement en 1928, il s’était déjà présenté deux fois sans succès, le 16 novembre 1919 et le 11 mai 1924. En 1919, huitième de la liste républicaine socialiste, il arrivait en tête de cette liste avec 12.779 voix, sur 133.616 votants, mais bien loin des 65.996 suffrages composant la majorité absolue. En 1924, placé au troisième rang sur la liste du parti radical et d’union républicaine, il réunissait encore le plus grand nombre de suffrages parmi ses co-listiers, avec 17.717 voix sur 149.824 votants. La liste n’eut aucun élu, mais Dahlet pouvait tirer satisfaction d’avoir, cette fois-ci, dépassé de 1.277 voix le quotient de 16.440.
Après 1925, en désaccord avec la politique suivie par le parti radical-socialiste qui préconise l’assimilation complète de l’Alsace à la France et la suppression de sa législation particulière, il se rapproche du parti autonomiste (Volkspartei), sans y adhérer. Au contraire, il fonde son propre journal, Die Zukunft (L’Avenir), plus tard Die Neue Zukunft et son propre parti, le Fortschritts-Partei (Parti du Progrès). Ce ne fut qu’au renouvellement législatif de 1928, avec le retour au scrutin uninominal, qu’il fut élu. Arrivé en deuxième position au premier tour, le 22 avril, il l’emporta, le 29 avril, avec 10.957 voix sur 20.525 votants, contre 9.228 au pasteur Altorfer, candidat de Poincaré ; il fait partie, au Palais-Bourbon, des indépendants de gauche. Aux élection des 1er et 8 mai 1932, ou il se présente comme radical indépendant, il est élu au second tour par 11.516 voix sur 21.014 votants, contre 8.815 à M. Wolff, et siège parmi les membres de la gauche indépendante. En 1936, il est élu lors du scrutin de ballottage du 3 mai avec 10.973 voix contre 8.585 à M. Heintz, sur 20.306 votants ; il s’inscrit à la Chambre au groupe des indépendants d'action populaire.
Porté, en 1928, par les proclamations au style pittoresque et incendiaire du parti alsacien-lorrain de progrès républicain, où l’Alsace est « notre pays » et les Alsaciens « notre peuple », Camille Dahlet, de façon plus mesurée, se présente, avec quelque avance sur son temps, comme le champion de la création des États-Unis d’Europe, dans la constitution desquels, à côté de l’idée de fédération d’états, pointe une lueur de supra-nationalité et d’autodétermination pour les minorités. Il veut aussi renouveler la démocratie française, est pour le vote des femmes, demande la participation des salariés aux bénéfices et, en ce qui concerne les problèmes purement alsaciens, « l’autonomie la plus large possible », la suppression des conseils de triage chargés d’épurer la population de ses éléments allemands et germanophiles, celle du passeport, le bilinguisme total, l’autonomie des chemins de fer et l’accession des Alsaciens aux « premières places dans les administrations ».
Il faut reconnaître que toute l’action de Dahlet, pendant les douze années qu’il passera au Palais-Bourbon, tendra, sans dévier et avec une remarquable constance, à la mise en œuvre de ce programme. Il défendra, en effet, farouchement et en toutes circonstances ses compatriotes, n’intervenant que sur des questions alsaciennes, sans perdre jamais la moindre occasion, à propos de quelque sujet que ce soit, de critiquer la politique du Gouvernement vis-à-vis de sa province natale : il parviendra même, ainsi, à ramener à l’Alsace une interpellation sur le conflit italo-abyssin en 1935 ! Il n’appartiendra guère qu’à la Commission d’Alsace-Lorraine, où il entre dès 1928, à celle des programmes électoraux en 1932 et à celle des affaires étrangères en 1936 et 1938.
Sa première intervention, dès le début de la législature en 1928, sera pour se faire l’ardent défenseur de Ricklin et Rossé, les deux députés autonomistes du Haut-Rhin, condamnés pour subversion par la Cour d’assises de Colmar. Lorsqu’il participera à la discussion des budgets (1929 à 1936, sauf en 1931 et 1935), il le fera à peu près exclusivement du point de vue de l’Alsace-Lorraine, pour lesquelles il ne cesse de revendiquer systématiquement. Il interviendra dans ce même esprit à propos de l’amnistie (1929, 1931, 1933), de la politique générale (1929, 1930), du sort futur de la Sarre (1931, 1934), des questions de nationalités acquises ou perdues en vertu du traité de Versailles (1933, 1934), de la reconnaissance du bilinguisme, obstinément réclamée par lui sous diverses formes (1934, 1935, 1936), de l’introduction du jury, de diverses mesures en faveur des assurés sociaux (1939), de l’application du concordat dans les faillites et liquidations judiciaires (1939), contre l'aggravation des peines réprimant l’espionnage (1939) et contre le projet complétant et modifiant la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Il interviendra encore en faveur de la prise en charge par l’État du jardin botanique du Col de Saverne (1936), des facultés de médecine et de pharmacie de Strasbourg, ville pour laquelle il demande la création d’un festival capable de lui donner un rayonnement national et international (1939).
À Vichy, le 10 juillet 1940, Camille Dahlet votera les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
Pendant la période d’occupation, il reprend son officine de pharmacien, tout en marquant son hostilité au régime hitlérien. Après la libération, il retourne à son activité journalistique, mais sans trouver, peut-être, la même adhésion parmi ses compatriotes. Il publie Die Grünen Hefte (Les feuilles vertes), collabore à La Voix de l’Alsace, fonde même un nouveau journal La Voix d'Alsace et de Lorraine, dans lequel il se fait toujours le champion du bilinguisme, de l’union et de l’unité de l’Europe, thèmes chers à sa jeunesse. Sous la IVe République, il se présentera aux élections de janvier 1956, au cours d’une campagne qui créa quelques remous à Strasbourg. Placé au neuvième rang de la liste du rassemblement alsacien pour l’union européenne, il arrivera, avec 11.983 voix sur 354.075 votants, second de cette liste, mais bien loin derrière les derniers des listes élues, sans retrouver l’écho d’autrefois.
Il meurt sept ans plus tard, à Brumath (Bas-Rhin), le 28 décembre 1963, à l’âge de 80 ans.
Né le 21 juillet 1883 à Saverne (Bas-Rhin)
Décédé le 28 décembre 1963 à Brumath (Bas-Rhin)
Député du Bas-Rhin de 1928 à 1942
(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome IV, p. 1204 et 1205)
Pendant la période d'occupation qu'il passe en Alsace annexée, il reprend son officine de pharmacien, tout en marquant son hostilité au régime hitlérien par une lettre adressée au Gauleiter de Strasbourg, le 28 juin 1941.
Après la Libération, il retourne à son activité journalistique, mais sans trouver, peut-être, la même adhésion parmi ses compatriotes. Il publie « Die Grünen Hefte » (Les feuilles vertes), collabore à La voix de l'Alsace, fonde même un journal La Voix d'Alsace et de Lorraine, dans lequel il se fait toujours le champion du bilinguisme, de l'union et de l'unité de l'Europe, thèmes chers à sa jeunesse.
Candidat dans le Bas-Rhin aux élections législatives du 2 janvier 1956 sur la liste du Rassemblement alsacien pour l'union européenne, il recueille 11 983 voix sur 344 405 suffrages exprimés et n'est pas élu.
Il meurt à Brumath le 28 décembre 1963.