Jean-Claude Dalbos
1928 - 2022
DALBOS (Jean-Claude)
Né le 24 septembre 1928 à Bordeaux (Gironde)
Décédé le 17 février 2022 à Bordeaux (Gironde)
Député de la Gironde de 1958 à 1962 et de 1986 à 1988
Jean-Claude Dalbos naît le 24 septembre 1928 à Bordeaux. Ses parents sont médecins. Il est le deuxième enfant d’une famille qui en compte six, et dont chaque enfant sera médecin ou épouse de médecin. Alors qu’il n’est encore qu’adolescent et finit sa scolarité au lycée Montaigne, il s’engage comme volontaire en 1944 lors des combats de la Libération en tant que secouriste, sur le front du Médoc (il recevra pour cette action la médaille de la reconnaissance des sous-officiers). Après son baccalauréat, il entame des études à la faculté de médecine de Bordeaux. Secrétaire général de l’Association générale des étudiants à Bordeaux, il préside également la Corpo de Médecine et l’association des étudiants de médecine d’Aquitaine. Parallèlement à ses études, il rejoint le camp gaulliste et adhère au Rassemblement du peuple français (RPF) dès 1947. Il devient le responsable « jeunes » du RPF pour la Gironde et dirige ensuite les Jeunes amis de la liberté, une organisation rassemblant des cadets gaullistes et des jeunes de droite sur fond d’anticommunisme de Guerre froide. Sur le plan professionnel, après son doctorat de médecine soutenu en 1956, sur « Le Problème de l'hygiène bucco-dentaire sur le plan médical », il obtient un certificat de stomatologiste en 1957. A partir de cette date, il tient un cabinet privé à Bordeaux, travaille à la clinique chirurgicale de Bordeaux-Pessac-Mérignac et enseigne comme chargé de cours à l’Ecole supérieure dentaire de perfectionnement. En tant que médecin, il obtiendra plusieurs décorations comme la médaille de l’Académie de médecine en 1960. Veuf de Catherine Soye, il se remarie en 1968 avec Marie-Josée Danguet, avec laquelle il aura en 1971 une fille.
Après le retour au pouvoir du général de Gaulle en juin 1958, Jean-Claude Dalbos, qui avait appartenu au comité directeur des Républicains sociaux de 1954 à 1958, fait partie de ces anciens du RPF qui obtiennent des investitures du nouveau parti gaulliste, l’Union pour la nouvelle République-Union démocratique du travail (UNR-UDT), lors des législatives de novembre 1958. Il est le candidat gaulliste dans la 6e circonscription de la Gironde (Mérignac, Pessac, Bègles). Avec l’aide de son suppléant, le docteur Georges Ithier, ancien adjoint du maire de Mérignac, il arrive en tête à l’issue du premier tour avec 28,2 % des suffrages exprimés devant le socialiste André Le Floch (26,6 %). Au second tour, le retrait du candidat très à-droite, l’ancien résistant se prévalant d’un soutien au général de Gaulle, Pierre Auriac (22%), et le maintien du candidat communiste René Duhourquet (17,8 %) avantagent Jean-Claude Dalbos. Ce dernier s’impose au second tour avec 52,8 % face à son rival de la SFIO. Au Palais-Bourbon, celui qui à 30 ans seulement est le plus jeune député de France, rejoint le groupe UNR-UDT et la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Très actif durant cette législature, il dépose cinq propositions de loi tendant à instituer dans les mairies, préfectures et sous-préfectures des « cahiers d'observations » mis à la disposition des particuliers (mai 1959), à différencier les pensions versées aux assurés sociaux relevant du troisième groupe d’invalidité (mai 1960), à simplifier le transfert d'attribution des prestations familiales aux ayants droit des personnes placées dans les établissements psychiatriques (avril 1961), à modifier les délais d'appréciation des droits à pension pour certaines victimes d'accidents du travail (novembre 1961) et à instituer un haut-commissariat aux personnes âgées (novembre 1961). Intéressé par les questions sociales, il suit de près les dossiers relatifs au logement social, au chômage, à la santé publique et à l’enseignement. Il vote en faveur du projet de loi sur les pouvoirs spéciaux en Algérie autorisant le gouvernement à prendre, par application de l’article 38 de la Constitution, certaines mesures relatives au maintien de l’ordre, à la sauvegarde de l’Etat, à la pacification et à l’administration de l’Algérie (la loi du 4 février 1960). Ce gaulliste fidèle ne vote pas la motion de censure du 4 octobre 1962, dont l’adoption renverse le gouvernement de Georges Pompidou.
Lors des législatives de l’automne 1962, organisées après la dissolution de l’Assemblée par le président de la République, Jean-Claude Dalbos se présente dans la même circonscription sous l’étiquette UNR. Bien qu’il soit arrivé très largement en tête au soir du premier tour avec 45,8 % des suffrages exprimés, le député sortant ne dispose pas de réserve de voix contrairement à son rival socialiste Robert Brettes qui, bien que n’ayant atteint que 29,1 % des voix, peut compter sur les apports des voix communistes (René Duhourquet, 21 %, se désiste cette fois-ci) et Parti socialiste unifié (PSU). Au soir du second tour, Jean-Claude Dalbos est battu avec seulement 48,1 % des suffrages.
N’ayant pu se maintenir au Palais-Bourbon, Jean-Claude Dalbos se consacre à la mairie de Pessac qu’il a en charge depuis les municipales du printemps 1959. Quelques mois plus tôt, les anciens maires socialiste et RPF de la ville s’étaient en effet rendus chez le docteur pour lui demander de se présenter à la mairie et mettre ainsi un terme aux dissensions politiques liées à une affaire financière. Elu, Jean-Claude Dalbos choisit comme adjoints ces deux anciens édiles, le socialiste René Cohé et le gaulliste (ancien radical) Roger Chaumet. Par la suite, Jean-Claude Dalbos est réélu en 1965 et 1971. Battu lors des municipales en 1977, il retrouve la mairie de Pessac en 1983 où il est réélu dès le premier tour. Durant ces différents mandats, de nombreuses réalisations voient le jour. La commune, qui passe de 1959 à 1989 de 24 000 à 51 000 habitants, devient la deuxième ville de la Gironde et la troisième ville d’Aquitaine. Le maire a favorisé le développement économique de Pessac en créant le premier parc industriel de Gironde, qui accueille près de 70 entreprises comme Thomson-CSF et IBM, l’ensemble procurant près de 5 000 emplois. Alors que Pessac était initialement la « ville dortoir » de Bordeaux, elle s’émancipe économiquement de sa grande voisine. Au-delà du parc industriel, Jean-Claude Dalbos permet l’installation sur le territoire de la commune du domaine universitaire (facultés de lettres et de droit, IEP, Institut des pays ibériques, villages d’étudiants…), de deux hôpitaux, ainsi que du premier centre européen de recherche cardiologique. En 1963, Jean-Claude Dalbos est élu conseiller général du canton de Pessac dès le premier tour et il est reconduit à l’assemblée départementale jusqu’en 1976. En 1968, le maire de Pessac est un personnage important d’un film de Jean Eustache, La rosière de Pessac, qui évoque une cérémonie se déroulant chaque année depuis 1896 à Pessac (ville natale du réalisateur) et consistant à élire la "rosière", jeune fille vertueuse et méritante.
Battu lors des législatives de 1962, Jean-Claude Dalbos est en compensation nommé au Conseil économique et social, où il entre en 1965 comme membre de la section de l’adaptation à la recherche technique et de l’information économique. Il peine à retrouver la voie du Palais-Bourbon en dépit de nombreuses tentatives dans la même circonscription sous l’étiquette gaulliste. Il est de nouveau distancé lors des législatives de 1967 par le député sortant, le socialiste Robert Brettes et doit se contenter de 41,8 % au second tour. Lors des législatives de juin 1968 pourtant très favorables aux gaullistes, il essuie encore un revers au second tour avec 48,2 % des suffrages face au même Robert Brettes qu’il avait pourtant distancé de 13 points au premier tour, le report des voix communistes lui a été fatal. En 1973, il affronte un nouveau candidat socialiste, Michel Sainte-Marie. Bien qu’arrivé de nouveau en tête au premier tour, il doit se contenter de 41,8 % des suffrages exprimés au second. Le milieu des années 1970 est politiquement difficile pour Jean-Claude Dalbos, affaibli par cette série de trois revers successifs aux législatives. Ayant quitté par ailleurs l’Union des démocrates pour la République (UDR) en 1970, il manque de soutiens militants. Battu lors des cantonales de 1976 par le socialiste Alain Sauterau, il perd l’année suivante l’hôtel de ville de Pessac. Sans mandat, la carrière politique de Jean-Claude Dalbos semble finie.
Il n’abandonne pas la partie pour autant et profite rapidement des divisions et erreurs de la gauche locale pour rebondir. En 1982, il est élu conseiller général du nouveau canton de Pessac 1. Réélu en 1985, il est vice-président de l’assemblée départementale et dirige la commission « éducation jeunesse ». A ce titre, et conformément aux lois sur la décentralisation, il est responsable des collèges de Gironde. A l’hôtel de ville, le nouveau maire, le socialiste André Pujol, un cheminot retraité, gère mal la cité. Plusieurs projets annoncés sont abandonnés, la ville perd près de 5 000 habitants, plusieurs usines ferment et le budget de fonctionnement de la mairie explose. En 1983, l’heure de la revanche a sonné pour Jean-Claude Dalbos qui est réélu, dès le premier tour, dans une ville qui s’était pourtant prononcée à 60 % pour François Mitterrand lors de la présidentielle de 1981. Le nouveau maire, qui rejoint le Rassemblement pour la République (RPR) en juillet 1983, parvient à multiplier les nouveaux équipements (mairie nouvelle, parking, village des « anciens »…) sans augmenter les impôts locaux et crée plus de 3 000 emplois nouveaux. Il lance le projet de technopole dans le canton de La Brède, une cité des sciences et de la technique semblable à Sofia Antipolis. La victoire de Jean-Claude Dalbos à Pessac en 1983 permet à Jacques Chaban-Delmas de renverser la majorité à la communauté urbaine de Bordeaux (CUB) jusque-là contrôlée par les socialistes. Le docteur Dalbos devient fin 1983 vice-président de la CUB où il dirige la commission des finances.
Politiquement relancé, Jean-Claude Dalbos figure en sixième position sur la liste RPR-Union pour la démocratie française (UDF) conduite par Jacques Chaban-Delmas lors des législatives du 16 mars 1986 au suffrage proportionnel départemental de liste. Mais la liste d’opposition n’obtient que cinq élus et Jean-Claude Dalbos doit renoncer à un retour au Palais-Bourbon. Pourtant, le 11 avril 1986, la mort prématurée du député Aymard Achille-Fould lui permet de retrouver les rangs de l’Assemblée nationale. Proclamé député de la Gironde en remplacement du parlementaire décédé, il rejoint le groupe RPR et la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il siège aussi au Conseil supérieur de l'Etablissement national des invalides de la marine. Il dépose plusieurs propositions de loi tendant à instituer une vice-présidence de la République (décembre 1986), favorisant le développement des réseaux d'assainissement (mai 1987), relative à la Sécurité dans les transports terrestres (juin 1987). Durant cette législature, le maire de Pessac, adepte d’un gaullisme social, se préoccupe toujours prioritairement de questions sociales : enfance inadaptée (il est président d’honneur du Mouvement parlementaire d’aide à l’enfance inadaptée), troisième âge, chômage, logement, revenu minimum garanti, Sécurité sociale.... En février 1988, il soumet au bureau de l’Assemblée nationale, avant que François Mitterrand n’en parle, une proposition de loi instituant une allocation personnelle de solidarité. Il propose également en juin 1987 de créer à nouveau un haut-commissariat aux personnes âgées. Il défend aussi sa circonscription s’intéressant en particulier à deux dossiers : l’avenir du port de Bordeaux et les transports urbains dans la CUB. Le député de Gironde approuve notamment le projet de loi relatif aux conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France (la loi du 9 septembre 1986).
Toutefois, ce retour en politique est de courte durée pour Jean-Claude Dalbos qui, en 1988 puis 1989, essuie deux revers électoraux. Lors des législatives de juin 1988 organisées après la dissolution de l’Assemblée par François Mitterrand réélu président de la République, il se présente sous l’étiquette RPR dans la nouvelle 7e circonscription de la Gironde (Gradignan, Pessac 1 et Pessac 2). Déjà distancé au premier tour de douze points par le socialiste Pierre Ducout, il est battu au second tour, ne rassemblant que 42,2 % des suffrages exprimés. Lors des municipales du printemps 1989, fragilisé par cette défaite législative, il affronte à Pessac un nouveau venu socialiste, Alain Rousset. Diplômé de l'IEP Paris et d'études supérieures juridiques, ce dernier s’est installé, en Aquitaine et en Gironde, où il est entré rapidement en politique comme directeur de cabinet d'André Labarrère, puis de Philippe Madrelle. En 1988, il a remporté son premier mandat en étant élu conseiller général dans le canton de Pessac-2. En mars 1989, il est élu maire de Pessac après avoir battu, au second tour, Jean-Claude Dalbos avec 53,60% des suffrages exprimés.
Jean-Claude Dalbos se retire alors de la vie politique pour se consacrer à sa famille et à ses loisirs (golf, bridge). Il décède le 17 février 2022 à Bordeaux. Il était officier des Arts et Lettres (1963), officier du Mérite civique (1964), ainsi que titulaire du Mérite français d’Outre-Mer (1965) et de diverses décorations étrangères.