Fernand Darchicourt

1917 - 1968

Informations générales
  • Né le 26 septembre 1917 à Saint-etienne (Loire - France)
  • Décédé le 23 décembre 1968 à Gasville (Eure-et-Loir - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Fédération de la gauche démocrate et socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 30 juin 1968 au 1er décembre 1968
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Fédération de la gauche démocrate et socialiste

Biographies

Biographie de la Ve République

DARCHICOURT (Fernand, Ildefonse, Joseph)
Né le 26 septembre 1917 à Saint-Etienne (Loire)
Décédé le 23 décembre 1968 à Gasville (Eure-et-Loir)

Député du Pas-de-Calais de 1958 à 1968

Issu d’une famille de sept enfants, Fernand Darchicourt dont les ascendants sont ouvriers mineurs de père en fils, naît à Saint-Etienne, où ses parents sont réfugiés durant la Grande guerre et l’occupation du Nord par les troupes allemandes. A 11 ans, il obtient à l’école Voltaire de Saint-Etienne le certificat d’études primaires en 1929, puis travaille comme chauffeur de rivets dans l’usine Sartiaux d'Hénin-Liétard (de décembre 1929 à décembre 1930). A 13 ans, le 6 janvier 1931, il est embauché aux mines de Dourges (Pas-de-Calais) et à 14 ans descend au fond, où il occupe successivement les fonctions de galibot, hercheur et ouvrier mineur à la fosse numéro 6 de Fouquières-lès-Lens. Parallèlement, il suit les cours professionnels du soir de l’Ecole primaire supérieure et obtient un CAP d’ajusteur en 1933.
Fernand Darchicourt milite dans le mouvement socialiste dans les années trente. Il appartient aux pupilles socialistes « dès sa plus tendre enfance » selon une notice autobiographique faite pour la SFIO, adhère aux Jeunesses socialistes en 1930, à l’âge de 13 ans, puis est nommé secrétaire fédéral adjoint de ce mouvement pour le Pas-de-Calais en 1938. Il est aussi un syndicaliste actif. Mais, cette même année, 3 novembre 1938, il est appelé sous les drapeaux au 43ème régiment d'infanterie de Lille. Il suit le peloton des élèves sous-officiers et devient caporal. Il est toujours sous les drapeaux lorsque la guerre est déclarée et participe aux combats de la bataille de France et se trouve prisonnier de guerre le 27 mai 1940 à Lomme. Interné en Allemagne, il tente une évasion, puis, malade est rapatrié par train sanitaire le 13 septembre 1943. Après un séjour à l’hôpital de Courbevoie, il se lance dès novembre dans la Résistance au sein du réseau « Voix du Nord » dont il devient l’un des chefs locaux. Son action lui vaut d’être nommé membre du comité local de Libération d’Hénin-Liétard et il se trouve désigné à la délégation municipale de la ville. Il est homologué comme sous-lieutenant après la guerre.
A la Libération Fernand Darchicourt cumule des fonctions politiques dans la SFIO, milite surtout dans un premier temps dans les organisations d’anciens prisonniers, puis se taille un fief local.
Secrétaire de la section socialiste SFIO d’Hénin-Liétard et membre du bureau fédéral provisoire de la SFIO en septembre 1944, au titre des jeunesses socialistes, Darchicourt est nommé secrétaire de la Fédération des Jeunesses socialistes et surtout secrétaire administratif de la Fédération socialiste du Pas-de-Calais de 1945 à 1947. Il est délégué par la SFIO comme grand électeur pour les élections au Conseil de la République en 1946. Il siége de nouveau à la Commission exécutive de la SFIO du Pas-de-Calais en 1954-1963. Ces différentes fonctions sont vite incompatibles avec la poursuite de son métier de mineur de fond.
Fernand Darchicourt quitte une première fois la mine, après un concours, et devient secrétaire de mairie à Harnes (juin 1944-janvier 1945), puis à Evin-Malmaison (janvier à décembre 1945). Il redevient brièvement mineur à la fosse numéro 3 d’Hénin-Liétard, de janvier à novembre 1946, mais abandonne définitivement le fond pour exercer la fonction de secrétaire général adjoint permanent de la Fédération nationale des anciens combattants prisonniers de guerre de fin 1946 à 1953. Il est ensuite vice-président de cette fédération en 1953-1954, puis enfin contrôleur de chantiers à l’entreprise des travaux publics routiers d’application de goudrons et d’asphalte de Librecourt, filiale des Houillères nationales, de juin 1954 à janvier 1956. Auteur du plan quadriennal en faveur des anciens combattants et victimes de guerre, il participe à la conférence d’experts réunie à Genève pour la modification des conventions internationales. Darchicourt anime la section anciens combattants de la Commission nationale d’études de la SFIO en 1953-1954 et en 1958-1959 ; à ce titre, il est conseiller technique au cabinet de François Tanguy-Prigent, ministre des anciens combattants dans le cabinet Guy Mollet (février 1956-juin 1957). Il préside par la suite, jusqu’en 1968, la fédération nationale des prisonniers.
Dans le même temps, Fernand Darchicourt se construit un fief local en une dizaine d’années. Désigné conseiller municipal en décembre 1944, la liste SFIO sur laquelle il figure en 21ème position est battue aux élections municipales d’avril 1945 par la liste communiste. Il ne se représente pas en 1947, mais figure parmi les onze socialistes élus aux élections municipales de mars 1953. Désigné maire d’Hénin-Liétard, le 23 novembre 1953, avec l’appui des voix MRP, il succède au socialiste Jean Théry, réélu en mars précédent et décédé peu après. Dans cette période d’affrontement avec les communistes, il dirige une municipalité de type Troisième force qui comprend onze socialistes et cinq MRP, face à une opposition composée de dix communistes et un RPF. Il est reconduit en mars 1959, puis en mars 1965 (par 76 % des exprimés au premier tour), toujours avec l’appui du MRP. Le 24 avril 1955, Fernand Darchicourt a gagné (avec 39 % au premier tour et 54,9 % au second) le siège de conseiller général du canton de Carvin (il succède à Camille Delabre élu député en 1954 et qui lui succède à son tour en 1961). Réélu l’année suivante, il siége pratiquement (avec une interruption de 1961 à 1962) à l’Assemblée départementale jusqu’à son décès, étant réélu à Hénin-Liétard, nouveau canton créé à partir de 1962 (il l’emporte avec 53,7 % au premier tour). Il préside le district réunissant les cantons de Hénin et Carvin et l’Association des maires du Pas-de-Calais. Il est encore membre du bureau de la fédération nationale des élus socialistes en janvier 1957 et secrétaire général adjoint ce celle-ci en 1958.
Après un échec aux élections législatives en 1956, où il figure en 5ème position sur la liste socialiste de la 2ème circonscription, la carrière politique de l’ancien mineur de fond culmine avec son élection comme député socialiste de la 14ème circonscription du Pas-de-Calais (Carvin) le 30 novembre 1958. Arrivé en tête avec 16 272 suffrages sur 41 846 exprimés (38,9 %), il l’emporte au second tour, avec 19 810 suffrages (48,3 %) des exprimés, contre 14 006 à son concurrent communiste et 7 237 à celui du MRP. Il siége sans discontinuer durant dix ans au Palais-Bourbon, creusant régulièrement le fossé avec ses concurrents communistes qui plus jamais n’atteindront le score de 1958. Il est réélu en 1962 (15 613 voix au premier tour, 27 581 au second sur 38 684 exprimés), progresse plus nettement encore en 1967 comme député FGDS (20 542 voix au premier tour, 33 053 au second sur 44 743 exprimés) et perd peu de suffrages en 1968 (18 220 voix au premier tour, 27 929 au second sur 42 711 exprimés).
Fernand Darchicourt, inscrit au groupe socialiste, est nommé le 27 janvier 1959 à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales, reconduit à celle-ci lors du renouvellement de 1962, jusqu’au 29 juin 1965. A cette date, il entre à la Commission des finances, de l’économie générale et du plan. Il est encore membre suppléant de la Commission spéciale du règlement en janvier 1959. Par ailleurs, il est désigné pour siéger au Conseil supérieur de la sécurité sociale. En décembre 1962, il appartient à la Commission chargée de vérifier et d’apurer les comptes de la Nation. Il est nommé à la Commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi relative aux filiales d’entreprises publiques en mai 1963, puis à la Commission chargée d’examiner la proposition de loi tendant à modifier des articles du code de la sécurité sociale, pour permettre à certains travailleurs chargés de travaux pénibles de prendre leur retraite avant 60 ans en décembre 1966. Il fait plusieurs interventions remarquées. Le 17 juillet 1963, il joue un rôle central dans le débat sur la réglementation de la grève dans les services publics, déposant pour la gauche une motion préalable afin de voir repousser sans débat le projet de loi gouvernemental. Dans une intervention fort chahutée par les députés de la majorité et appuyée par ceux de l’opposition, il affirme que « le pouvoir et son chef n'ont pas digéré le camouflet que leur infligèrent les mineurs en faisant échec à la réquisition » quelques mois plus tôt et cherche « une revanche ». C’est le gouvernement, qui entend contrôler et limiter le dialogue social, qui est seul responsable des conflits en cours et de la gêne pour le public. Cette question préalable est écartée par 315 voix contre 146. Il intervient ensuite longuement dans les discussions sur le budget, notamment lors de la discussion du budget du ministère des anciens combattants où il est le principal porte-parole de l’opposition avec le communiste Tourné en 1964 et 1966.
A partir de 1967, Fernand Darchicourt siège avec ses camarades socialistes au groupe de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste. Il est désigné secrétaire de l’Assemblée nationale le 2 avril 1968. Il retrouve la Commission des affaires culturelles, sociales et familiales et siège à la Commission spéciale chargée d’examiner la proposition de résolution de Rémy Montagne, tendant à créer une Commission d’enquête sur les émissions des actualités régionales télévisées de l’ORTF le 16 mai 1967. Après sa réélection en 1968, il retrouve à la fois le secrétariat de l’Assemblée et sa place à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales.
Il se préoccupe naturellement de la défense des travailleurs de la mine et de celle des anciens combattants ; il appartient à l’amicale parlementaire des anciens combattants et prisonniers de guerre. Président d’honneur de la fédération des mineurs et similaire Force Ouvrière de Dourges (Hénin-Liétard), il participe à toutes les réunions professionnelles et à celles des anciens combattants. Il est encore président du comité départemental de l’amélioration de l’habitat et d’une association d’échange de jeunes.
Fernand Darchicourt, toujours membre du bureau de la fédération socialiste SFIO est par ailleurs très actif dans les associations d’élus nationales et locales : secrétaire général adjoint de la fédération nationale des élus socialistes SFIO (le 9 octobre 1958), il préside la fédération des élus socialistes du Pas-de-Calais et l’association des maires du département, appartient au comité directeur de l’Association des maires de France. Il appartient encore au conseil d’administration du groupement de défense des communes minières et est vice-président du bureau du comité d’expansion économique de l’arrondissement de Lens. Travailleur acharné, il ressent un premier malaise le 4 octobre 1968 à l’Assemblée nationale, à l’issue de trois jours et deux nuits passées pratiquement sans interruption en séances et dans l’hémicycle. Il meurt le 23 décembre 1968.
Fernand Darchicourt s’est marié le 8 avril 1944 à Hénin-Liétard avec Yvette Vanderstraete, sans profession, née le 7 août 1920 à Calais. Ils eurent deux enfants.
Il était chevalier de la Légion d'honneur, titulaire de la croix du combattant et de la médaille de la Résistance.