Albert Dassié
1913 - 2009
DASSIÉ (Albert)
Né le 8 février 1913 à Pau (Basses-Pyrénées)
Décédé le 14 août 2009 à La Baule-Escoublac (Loire-Atlantique)
Député de la Loire-Atlantique de 1962 à 1967 et de 1968 à 1973
Né à Pau le 8 février 1913, Albert Dassié est issu d’une famille landaise. Enfant, il suit son père, fonctionnaire, qui a été nommé à Nantes. Il entame des études secondaires techniques à l’École nationale professionnelle Livet, puis entre comme dessinateur industriel aux Ateliers et chantiers de Bretagne (ACB), une entreprise locale de sous-traitance pour l’aéronautique. Son mariage lui ouvre les portes du monde automobile. Au sein des établissements Thiriau (une importante société nantaise de concessionnaires automobiles), il est d’abord vendeur, puis chef des ventes, directeur et termine enfin P-DG de la société. Président de l’amicale des concessionnaires de l’Ouest et de l’amicale des concessionnaires Ford-Simca en France, il est vice-président de la chambre syndicale du commerce de l’automobile. À la chambre patronale automobile, il est également président de la commission d’apprentissage et du fond de formation professionnelle.
À l’époque où il travaille encore au bureau d’études des ACB, Albert Dassié pratique assidûment plusieurs activités sportives : athlétisme, basket et voile. Dès 1936, et jusqu’en 1971, il est membre de différents clubs alliant sport, loisirs et culture. Champion de France de yachting à deux équipiers avec son cousin, Roger Thiriau, il se passionne surtout pour le basket. Avec un groupe d’amis, il est le fondateur de l’Association sportive Saint-Joseph (ASSJ) et surtout du prestigieux Atlantique basket club (ABC) nantais, rassemblant les meilleurs joueurs de la région et longtemps au sommet du classement national.
De sensibilité gaulliste depuis la Seconde Guerre mondiale et l’époque du Rassemblement du Peuple Français (RPF), dont il a la carte, Albert Dassié adhère à l’Union pour la nouvelle République (UNR), à l’automne 1958. Lors des législatives de novembre, il accepte d’être le suppléant du candidat gaulliste à Nantes, dans la 1ère circonscription de Loire-Atlantique, Henri Rey, lequel est cependant battu. En 1959, il est élu conseiller municipal de Nantes sous l’étiquette UNR et devient adjoint au maire de Nantes. Il améliore son implantation locale en étant élu conseiller général UNR du canton de Nantes 1 en 1962.
Le soutien du parti gaulliste et sa notoriété personnelle lui permettent, lors des législatives de l’automne 1962, de l’emporter largement dans la 2ème circonscription, au second tour, avec 22 140 voix, soit 58,19 % des suffrages exprimés, contre son adversaire socialiste Christian Chauvel (15 9023 suffrages), après avoir au premier tour réuni 15 009 voix et éliminé ainsi le député sortant du CNIP et maire de Nantes, Henry Orrion (8 571 votes). La suppléante d’Albert Dassié est la pharmacienne Paule Marret. Inscrit au groupe UNR-UDT (Union démocratique du travail), Albert Dassié siège dans la commission des affaires culturelles, familiales et sociales jusqu’en 1963, puis dans celle de la production et des échanges. L’année 1962 le voit également rejoindre l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe où il est vice-président de la commission des relations entre les parlements nationaux. Il siège également à l’Assemblée de l’Union de l’Europe occidentale (structure interparlementaire européenne compétente dans les domaines de la défense et de la sécurité) où il préside la commission des affaires budgétaires.
Le député de Loire-Atlantique est rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles pour le projet de loi de finances rectificatives pour 1963, puis de la commission de la production pour le projet de loi autorisant la ratification de deux protocoles afférents à la convention relative à l’aviation civile internationale en mai 1964, ainsi que pour le projet de loi autorisant la ratification du traité de commerce entre la France et l’Albanie, en décembre suivant. Il est également, en décembre 1966, rapporteur de la proposition de loi tendant à organiser et à faciliter la vente immobilière à tempérament.
Dans ses interventions, Albert Dassié s’intéresse à l’industrie automobile. Lors du débat d’octobre 1964 qui suit les questions orales relatives à la situation de ce secteur économique, il suggère la création d’un « fonds de casse » automobile et le financement de la construction d’autoroutes par un grand emprunt. En décembre 1964, il intervient dans la discussion du projet de loi modifiant le code de la route en s’appuyant de manière originale sur une expérience d’alcootest, qu’il juge peu significative, au bar de l’Assemblée nationale. En juin 1965, le débat sur le projet de loi portant réforme des taxes sur le chiffre d’affaires est l’occasion pour lui d’évoquer les difficultés des garages publics et la nécessité de ne pas freiner l’expansion de l’industrie automobile par l’augmentation du prix des cartes grises et de la taxe sur la vente des véhicules d’occasion. Le même mois, le sportif Albert Dassié insiste, en pionnier, lors de l’examen du projet de concernant la répression de l’usage de produits dopants lors de compétitions sportives, sur la nécessité de lutter contre ces stimulants dangereux pour la santé des athlètes. Le député nantais s’intéresse aussi à l’aménagement de sa région. En novembre 1965, lors de la discussion du projet de loi portant approbation du Plan de développement économique et social, il évoque le soutien financier de l’État pour développer la métropole régionale Nantes-Saint-Nazaire et moderniser les infrastructures de transport en Loire-Atlantique.
Au cours de ce premier mandat, Albert Dassié reste fidèle à la majorité parlementaire. Il vote le 13 juin 1963 en faveur de la ratification du traité du 22 janvier 1963 (le traité de l’Élysée), signé entre la République française et la République fédérale d’Allemagne, ainsi que du projet de loi relatif à certaines modalités de la grève dans les secteurs publics, le 26 juillet 1963. Il agit de même, devant le Parlement réuni en Congrès, le 20 décembre 1963, sur le projet de loi constitutionnelle portant modification des dispositions de l’article 28 de la Constitution. Les 21 mai et 17 juin suivants, il approuve la réforme relative à l’élection des conseillers municipaux, en première et deuxième lectures. Enfin, le 26 mai 1965, il vote en faveur de la réforme du service militaire, défendue par le ministre des Armées Pierre Messmer.
Adjoint au maire de Nantes, Henry Orrion, en 1959, Albert Dassié ne retrouve pas son fauteuil de conseiller municipal lors des élections de 1965 remportées par André Morice, figure du Centre républicain. La liste gaulliste, soutenue par le professeur Monnet et les deux députés Rey et Dassié, est victime de l’alliance tactique entre le SFIO et le CNI (Albert Dassié a été élu contre Henry Orrion en 1962). L’année 1967 voit un autre revers pour Albert Dassié qui, candidat lors des législatives sous l’étiquette Ve République, n’est pas reconduit à l’Assemblée. Bien qu’arrivé en tête au premier tour avec 17 941 voix, contre 11 228 à son adversaire Christian Chauvel, adjoint au nouveau maire de Nantes et également conseiller général, le député sortant doit s’effacer, au second tour, devant le socialiste qui obtient 23 752 des suffrages exprimés (contre 22 322). Ces échecs dégradent ses relations avec le parti gaulliste et le gouvernement. Estimant que la politique menée par Georges Pompidou n’est pas assez « sociale », Albert Dassié se présente d’ailleurs aux élections cantonales de 1967 sous l’étiquette « indépendante » pour manifester son esprit critique, et est réélu. Il se rapproche alors des giscardiens et, lors des législatives de juin 1968, obtient une double investiture : gaulliste et « indépendant giscardien ». Pour de nombreux observateurs locaux, Albert Dassié a rejoint le camp du « oui, mais ».
La dynamique de juin 1968 lui permet de retrouver l’Assemblée nationale. Contrairement au précédent scrutin, le Centre démocrate ne présente pas de candidat dans la 2ème circonscription de Loire-Atlantique. Albert Dassié l’emporte ainsi au second tour, sous l’étiquette UDR, avec 24 307 voix, soit 52,15 % des suffrages exprimés, contre 22 295 au député sortant, le socialiste Christian Chauvel, adjoint au maire de Nantes. Le suppléant d’Albert Dassié est Henri Loudéac, vérificateur technique.
Toujours en froid avec le courant gaulliste, il siège comme non-inscrit puis au sein du groupe Progrès et démocratie moderne (PDM) à partir du 6 octobre 1972. Il fait partie de la commission des affaires étrangères, avant de rejoindre celle des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République en 1969. En octobre 1972, il retrouve la commission de la production et des échanges.
Il est rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères pour le projet de loi autorisant l’approbation de la convention fiscale entre la France et le Japon en décembre 1968, puis rapporteur de la commission des lois pour le projet de loi relatif à certains personnels du service de déminage du ministère de l’Intérieur, en avril 1970.
Il intervient sur des sujets variés : l’aide à l’investissement, les opérations financières portant sur les immeubles et fonds de commerce, la responsabilité des hôteliers. Mais le député nantais se focalise surtout, lors de ce deuxième mandat, sur les enjeux régionaux d’aménagement liés à la préparation du VIe Plan. Soucieux de favoriser l’industrialisation de l’Ouest, il recommande l’implantation d’un complexe pétrochimique en Basse-Loire et l’amélioration des transports entre Saint-Nazaire et Nantes. Il se montre aussi favorable à une « politique des eaux » pour le même bassin fluvial et préconise la construction de six grands barrages réservoirs. Attaché à son identité bretonne, il profite, en avril 1972, de la discussion du projet de loi portant création et organisation des régions pour souhaiter le rattachement administratif de la Loire-Atlantique à la Bretagne.
Lors des principaux scrutins publics de la législature, il vote conformément à la majorité gouvernementale. Il se prononce en faveur du projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur, le 10 octobre 1968, du projet de loi relatif à l’exercice du droit syndical dans les entreprises, le 4 décembre 1968, du projet de loi tendant à renforcer la garantie des droits individuels des citoyens, le 28 mai 1970, du projet de loi tendant à réprimer certaines formes nouvelles de délinquance, le 4 juin 1970, et enfin du projet de loi relatif au service national, le 10 juin 1970. Albert Dassié approuve également la déclaration de politique générale du gouvernement Chaban-Delmas sur la Nouvelle société, le 16 septembre 1969. Il se prononce pour le projet de loi organique modifiant l’ordonnance du 24 octobre 1958 relative aux incompatibilités parlementaires, le 25 novembre 1971. Le 27 avril 1972, lors du scrutin sur la réforme régionale, il approuve le projet de loi « portant création et organisation des régions » et le 24 mai 1972, la déclaration de politique générale du gouvernement Chaban-Delmas, faite après le référendum sur l’élargissement de la Communauté économique européenne.
En 1973, aux élections législatives, Albert Dassié se présente sous l’étiquette de l’Union des Républicains de Progrès-Union des démocrates de la République, est battu dans sa circonscription par son rival habituel, le socialiste Christian Chauvel, qui l’emporte par 27 220 voix contre 25 561. Il se consacre alors aux travaux du conseil général de la Loire-Atlantique. La même année, il entre aussi au conseil régional des Pays-de-Loire. Il siège dans les deux assemblées départementale et régionale jusqu’en 1979. À cette date, il devient membre du comité économique et social de la région et y reste jusqu’en 1982. Dans ces hémicycles, Albert Dassié se fait remarquer par son intérêt pour les dossiers d’équipement et d’aménagement du territoire. Il se montre également très actif comme administrateur de l’Association des résidences des personnes âgées.
Alors que beaucoup croient sa carrière politique terminée, l’ancien député rebondit localement lors des municipales de 1983 en figurant sur la liste du sénateur RPR Michel Chauty qui remporte les élections. En 1989, il est candidat de nouveau sur la liste conduite par le conseiller régional RPR, Daniel Augereau, et l’ancien attaché parlementaire du ministre François Léotard, Yannick Favennec. Mais il n’est pas élu et se retire alors de la vie politique.
Albert Dassié décède le 14 août 2009 à La Baule. Il était chevalier du Mérite sportif. Titulaire de la Médaille d’honneur du Travail et de la médaille de l’Enseignement technique, il avait également reçu la médaille de la Jeunesse et des Sports. En 2003, la fédération des médaillés de la Jeunesse et des Sports lui avait attribué la médaille Grand Or récompensant son engagement en faveur du monde sportif.