Bernard Davoine

1941 - 2023

Informations générales
  • Né le 15 janvier 1941 à Quiévy (Nord - France)
  • Décédé le 18 avril 2023 à LOOS (Nord - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Xe législature
Mandat
Du 2 avril 1993 au 21 avril 1997
Département
Nord
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
XIe législature
Mandat
Du 5 juillet 1997 au 18 juin 2002
Département
Nord
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie de la Ve République

DAVOINE (Bernard)
Né le 15 janvier 1941 à Quiévy (Nord)
Décédé le 18 avril 2023 à Loos (Nord)

Député du Nord de 1993 à 2002

Bernard Davoine naît le 15 janvier 1941 à Quiévy. Élevé au sein d’une famille ouvrière du Cambrésis, aux côtés de ses deux sœurs, il intègre l’école normale de Douai (1957-1961) et se destine à une carrière de professeur d’enseignement général au collège (1962). Son expérience d’handballeur en Nationale 1, entravée par une blessure au genou, l’oriente finalement vers l’enseignement de l’éducation physique et sportive. Il rejoint, après son service militaire (1965-1966), le collège Léon Blum de Wavrin qui vient tout juste d’être activé, et au sein duquel il effectue l’intégralité de sa carrière. Il se marie. Le couple aura un fils.

Profondément marqué par une tradition familiale militante ancrée à gauche, Bernard Davoine adhère à la SFIO en 1965 qui devient le Parti socialiste (PS) en 1969. Élu le 13 mars 1977 au conseil municipal de Wavrin, il est nommé par le maire Adalbert Lepetz (SFIO, élu en 1965) adjoint au Sport et à l’Environnement. À la suite de la démission de ce dernier et aux élections partielles qui suivent (mai 1982), Bernard Davoine se présente comme son successeur. Élu maire, puis réélu l’année suivante, en mars 1983, dès le premier tour de scrutin des élections municipales, il débute une longue carrière locale au service des Wavrinois. L’homme se familiarise ainsi avec les problématiques d’une commune de près de 7 000 administrés, entre ville et campagne, cernée par des terres agricoles et une zone maraîchère horticole. Il se distingue par son action au service du développement économique et culturel de la commune. Face à la fermeture programmée de la centrale thermique des Ansereuilles (1986), entraînant la disparition d’une taxe professionnelle qui représentait près de la moitié du budget de la commune, l’édile, à peine élu, démontre de réelles aptitudes de gestionnaire. Reconnu pour sa proximité avec ses administrés, il lance un vaste plan de développement des équipements de la ville à l’instar de la zone des Ansereuilles, de la Maison de l’enfance Françoise Dolto, du centre culturel du Moulin, de la Halle des sports, ou encore de la Maison de l’Olivier. Sa politique de préservation de l’environnement est également saluée, notamment par le biais du parc de la Deûle, qui couvre 450 hectares. Politique locale qui au terme de trente années à la tête de la mairie (constamment réélu au premier tour en 1989, 1995, 2001 et 2008) parvient à assainir les finances et à faire de Wavrin une commune centrale des Weppes.

Un ancrage politique local que l’élu porte également au sein du Conseil général du Nord. Jeune pousse du Parti socialiste du Nord, Bernard Davoine succède à Arthur Notebart, maire de Lomme, au poste de conseiller général du canton d’Haubourdin (mars 1982). Réélu conseiller en octobre 1988, il accède à la vice-présidence déléguée à l’Aménagement et au développement rural.

Enfin, son engagement comme conseiller à la Communauté urbaine de Lille (1989-1995) chargé de la voirie, le rapproche de l’ancien Premier ministre Pierre Mauroy, à la tête de la puissante fédération socialiste du Nord, pour qui il a une profonde admiration et qu’il avait déjà eu l’occasion d’accueillir sur ses terres, aux côtés de Lionel Jospin (alors Premier secrétaire du Parti socialiste) et Michel Delebarre (alors ministre du Travail), lors d’un banquet de plus de 750 militants à Wavrin en mars 1986, à l’occasion des élections législatives. Reconnu pour ses compétences et sa loyauté, l’élu local peut dorénavant songer à un destin national.

Une entreprise qui n’est toutefois pas sans obstacle. Le premier réside dans le choix de la 5e circonscription du Nord, cette dernière particulièrement convoitée depuis la démission du député sortant historique Arthur Notebart (élu depuis 1962) en avril 1987. Tenté par cette nouvelle aventure politique, Bernard Davoine doit néanmoins s’incliner devant Denise Cacheux. Première adjointe à la mairie de Lille et députée de la 16e circonscription (Cambrai) en 1981 comme suppléante de Jean Le Garrec (nommé secrétaire d’État auprès du Premier ministre), vice-présidente du groupe socialiste en 1983, première femme élue questeure de l’Assemblée nationale en 1986, mais battue la même année aux législatives, celle-ci est finalement investie dans la 5e circonscription en 1987, puis candidate aux législatives l’année suivante. Parachutage qui n’est toutefois pas sans susciter certaines crispations au sein de la Fédération du Nord, notamment chez Bernard Davoine. Toutefois, l’unité prévaut durant les législatives de 1988. Les élections législatives de 1993 et les difficultés conjoncturelles auxquelles doit faire face le gouvernement Bérégovoy (chômage sans précédent, montée de l'exclusion sociale, conjoncture morose, usure du pouvoir, accumulation des affaires) rebattent cependant les cartes dans le département. Bien décidé à ne pas laisser passer une nouvelle fois sa chance, Bernard Davoine réclame cette fois une primaire au sein du parti. S’appuyant sur son réseau militant, il triomphe de sa rivale et se voit désigné candidat dans cette circonscription qu’il convoite depuis cinq ans.

Se présentant, d’une part, comme l’ardent défenseur des grandes réformes sociales mitterrandiennes, et, d’autre part, comme un élu de terrain, un homme d’expérience ancré dans le local qui « comprend les Hommes » dont il « connaît les problèmes » et « partage les soucis », le candidat entreprend une campagne éprouvante. Bien qu’arrivé en tête du premier tour avec 21,5% des suffrages exprimés (loin toutefois des 41,65% récoltés par Denise Cacheux lors des précédentes législatives) et malgré une abstention en léger recul (29,66% des inscrits contre 33,48% en 1988), le candidat socialiste est talonné par ses adversaires de droite (le Rassemblement pour la République Marcel Deraedt et l’Union pour la démocratie française Philippe Barret) et d’extrême droite (le Front national Jacques Bourrez) qui dépassent chacun la barre des 15%. Il prend la tête de peu au premier tour avec 18%. Le second tour s’avère particulièrement préoccupant, d’autant plus que s’esquisse pour la gauche la menace d’une conjonction des forces de droite. Avec à peine 140 voix d’avance (sur 49 866 votes exprimés), Bernard Davoine est toutefois élu au soir du second tour, le 28 mars 1993 (50,14% des suffrages). Alors que le Parti socialiste perd onze députés dans le Nord, l’homme remporte ainsi son défi en faisant partie des trois seuls socialistes élus.

Trésorier adjoint du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, il rejoint la commission des affaires culturelles, familiales et sociales (8 avril 1993). Membre de la mission d’information commune sur les problèmes généraux liés à l’application des lois (21 juillet 1994), le député, relativement discret au sein de l’hémicycle, se concentre principalement sur deux problématiques : d’une part l’emploi (questions au gouvernement des 22 juin, 12 octobre et 30 novembre 1994 sur les licenciements, le seuil de pauvreté et les statistiques du chômage, et du 28 mai 1995 sur les contrats emploi-solidarité), d’autant plus vigoureusement lorsqu’il s’agit de fermeture d’usines dans le Nord (13 février et 21 mai 1996) ou des perspectives d’emploi du site Renault-Douai (26 mars 1997) ; d’autre part, la formation professionnelle (discussions du 29 septembre 1993 relatives au projet de loi quinquennale relatif au travail, à l’emploi et à la formation professionnelle, question du 25 octobre 1994 sur l’insertion des jeunes). La dissolution de l’Assemblée nationale en 1997 va toutefois poser au député sortant un nouveau défi : celui d’être réélu mais aussi d’abord d’assurer sa candidature.

Devenue Première adjointe à la mairie de Lille en 1995, la socialiste Martine Aubry ne cache pas ses ambitions nationales. Les première et seconde circonscriptions étant déjà prises par Bernard Roman (patron de la Fédération socialiste et deuxième adjoint à la mairie de Lille) et Bernard Derosier (ancien président du Conseil général), les 3e et 4e, détenues par la droite, étant réputées imprenables, son choix se porte finalement sur la 5e circonscription de Bernard Davoine. Apprenant par voie de presse la candidature de l’ancien ministre du Travail et de l’emploi, le député sortant s’empresse de dénoncer « une pratique fratricide qui consisterait à lancer une OPA sur une circonscription détenue » par un socialiste (lettre du 20 septembre 1996). Dans ce contexte de tensions au sein de la Fédération socialiste du Nord, les résistances locales ne se font pas attendre. Un comité de soutien à Bernard Davoine s’organise dans la foulée autour de Gérard Boussemart, maire PS de Bauvin, contre « l’énarque parisienne qui sera dans les salons et jamais sur le terrain » à la recherche d’« une circonscription facile » (Libération, 17 octobre 1996). Au terme de pourparlers locaux et nationaux, on s’entend sur un tandem de raison : « un ticket Aubry-Davoine »..

Distançant son rival RPR, Jacques Donnay, de plus de douze points, au premier tour de scrutin du 25 mai 1997, Martine Aubry triomphe au second tour avec 60,81% des suffrages exprimés. Cette dernière devenant ministre de l'Emploi et de la solidarité dans le gouvernement Lionel Jospin, le député sortant, et suppléant, fait son retour sur les bancs socialistes de l’hémicycle (4 juillet 1997) et retrouve sa place au sein du groupe socialiste de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales (12 juillet 1997). Toutefois, ses interventions, de plus en plus rares, se limitent à quelques enjeux locaux ou étroitement liés à sa circonscription, telles les perspectives nationales et européennes du secteur automobile (12 juillet 1997) ou encore la question de l’emploi dans le secteur agroalimentaire dans le Nord (3 mai 2000).

Connu pour « ses avis tranchés et un caractère parfois bien trempé » (La Voix du Nord, 19 juillet 2023), Bernard Davoine, conforté par sa réélection lors des municipales de 2001 (dès le premier tour, avec 61% des voix) ne se prive pas de « nuancer » le bilan de la ministre de l’Emploi ; d’autant plus que l’élection de cette dernière à la mairie de Lille (mars 2001) avec 49,6 % des voix au second tour à la faveur d’une éprouvante triangulaire avec Christian Decocq (RPR, 37,5 %) et Philippe Bernard (FN, 12,9 %) été jugée décevante dans ce bastion socialiste. La rupture est définitivement consommée lorsque Martine Aubry, bien décidée à se représenter dans sa circonscription lors des législatives de 2002, lui préfère dorénavant Noël Dejonghe comme suppléant (son ancien suppléant lors des élections législatives de 1993). La défaite inattendue de la maire de Lille face au candidat de l’Union pour la majorité présidentielle (UMP) Sébastien Huygues (qui l’emporte avec 51,09% des voix au second tour) ouvre pour elle une période de repli. Pour Bernard Davoine également, sur la mairie de Wavrin, où il est aussi présenté par ses détracteurs, comme celui qui a voulu faire tomber « la dame des 35 heures ».

Réélu dès le premier tour lors des municipales de 2008 avec 53% des suffrages, Bernard Davoine demeure cependant une voix écoutée au sein de la Fédération socialiste du Nord et n’hésite pas, en quelques occasions, à faire entendre sa voix discordante en s’opposant au projet de traité sur la Constitution européenne de 2005 ou encore à l’éviction de Brigitte Parat de la liste des régionales en 2009. Affaibli par des problèmes de santé, le maire de Wavrin annonce sa démission le 28 septembre 2012 et se retire de la vie politique. Il décède à l’âge de 82 ans, le 18 avril 2023, à Loos. Il reste dans la mémoire collective, partisane comme adversaire, comme l’incarnation d’un fort tempérament politique au service du socialisme nordiste.