Léon, Paul Debouverie
1889 - 1950
Né le 3 juin 1889 à Lannoy (Nord)
Décédé le 10 mars 1950 à Amiens (Somme)
Membre de la première Assemblée nationale Constituante (Somme)
Léon Debouverie est né le 3 juin 1889 dans une famille de travailleurs du textile d'origine flamande. Elevé par sa mère, veuve avec deux enfants, il obtient son certificat d'études primaires, puis suit des cours du soir à l'Institut technique de Roubaix pour acquérir un diplôme de comptabilité et de commerce. La Première Guerre mondiale l'oblige à quitter sa place de comptable dans une usine de filature et de tissage à Lannoy. Mobilisé comme maréchal des logis, il devient sous-lieutenant en 1915, combat à Verdun, est nommé lieutenant en octobre 1916 avant de participer dès novembre à la mission militaire française en Roumanie, destinée à encadrer l'armée roumaine. De retour en France en 1918, il participe à nouveau aux combats à la tête d'une compagnie du 201e régiment d'infanterie et, se trouve blessé le 26 juin 1918. Son comportement au combat lui vaut d'être titulaire de la Croix de guerre, de la croix de chevalier de la Couronne de Roumanie et d'être nommé chevalier de la Légion d'honneur.
De retour à la vie civile, Léon Debouverie devient chef comptable, puis directeur commercial de la « Grande brasserie coopérative » à Lille. En 1927, après la mort de sa femme à la naissance de leur sixième enfant, il s'installe à Amiens, où il crée et dirige jusqu'à sa mort en 1950 une entreprise d'importation et de distribution de produits pétroliers, complétée quelques années après par une activité de transport routier de marchandises.
Après avoir mis sur les routes de l'exode ses enfants et son personnel, Léon Debouverie reste à Amiens lors de l'entrée des troupes allemandes le 20 mai 1940. Dans une ville en grande partie détruite et désertée, avec d'autres concitoyens, il participe à la remise en ordre des services publics, à l'organisation du ravitaillement, à l'inhumation des morts retirés des décombres. L'armée d'occupation qui a besoin d'un interlocuteur représentant les habitants de la commune, publie le 17 juin 1940 un communiqué le nommant « maire de la ville d'Amiens », nomination confirmée par Vichy qui institue le 26 novembre 1940, une Délégation spéciale de sept membres présidée par Léon Debouverie, délégation convertie le 13 mars 1941 en Conseil municipal. S'opposant aux exigences de l'armée allemande, il est arrêté en juillet 1941, traduit devant un tribunal militaire allemand et condamné à onze mois de prison. Après avoir purgé sa peine à la forteresse de Zweibrücken, de retour en France en août 1942, il est assigné à résidence surveillée à Soissons pour toute la durée de la guerre.
A la Libération, l'expérience de l'Occupation décide Léon Debouverie à se présenter aux suffrages de ses concitoyens. Fortement marqué dans sa jeunesse par le catholicisme social et le Sillon de Marc Sangnier, cet ancien membre de la Jeune République puis du Parti démocrate populaire, adhère tout naturellement au Mouvement républicain populaire. Sous cette étiquette, il se présente aux élections cantonales des 23 et 30 septembre 1945 dans le canton d'Amiens-sud-ouest. Arrivé en tête des candidats au premier tour avec 30,55 % des suffrages exprimés, il est battu au second tour par le candidat socialiste qui recueille 57,19 % des voix. Le 21 octobre 1945, la liste M.R.P. qu'il conduit aux élections à l'Assemblée Constituante recueille 68 742 suffrages sur 228 689 exprimés et obtient deux élus.
Léon Debouverie est nommé membre de la Commission des moyens de communication et des postes, télégraphes et téléphones, et de la Commission de l'équipement national et de la production.
Déçu par son expérience parlementaire, fatigué par un état de santé depuis longtemps délabré, soucieux de reprendre en main son entreprise qu'il avait dû négliger pendant sept ans, Léon Debouverie décide de ne pas solliciter le renouvellement de son mandat, le 2 juin 1946, mais, par solidarité, figure en dernière position de la liste M.R.P. qui conserve deux sièges.
En 1947, en désaccord avec l'évolution du M.R.P. et les compromissions dans lesquelles il s'engage face à l'influence du Parti communiste, il décide de le quitter. Cependant, il se présente le 19 octobre 1947 aux élections municipales sur une liste groupant des Républicains populaires et des Indépendants. C'est, du reste au cours d'une intervention vigoureuse devant le Conseil municipal que Léon Debouverie décède brutalement le 10 mars 1950.