Bernard Debré
1944 - 2020
DEBRE (Bernard)
Né le 30 septembre 1944 à Toulouse (Haute-Garonne).
Décédé le 13 septembre 2020 à Paris
Député d’Indre-et-Loire de 1986 à 1994
Député de Paris de 2004 à 2017
Ministre de la Coopération du 12 novembre 1994 au 11 mai 1995
Comme son frère jumeau Jean-Louis, Bernard Debré nait le 30 septembre 1944 à Toulouse. Il est issu d’une famille de rabbins (son arrière-grand-père, Simon Debré, était un rabbin alsacien ayant quitté Westhoffen pour Paris afin de ne pas devenir allemand), médecins (son grand-père paternel, Robert Debré, était un pionnier de la pédiatrie moderne, il épousa la fille du peintre dreyfusard Edouard Debat-Ponsan), artistes (son oncle, Olivier Debré, était un peintre et sculpteur célèbre, représentant de l’abstraction lyrique), scientifiques (son autre oncle, Laurent Schwartz, était un brillant mathématicien) et juristes à l’image de son père Michel Debré. Celui-ci, membre du Conseil d’Etat, membre du cabinet de Paul Reynaud avant la guerre, a rejoint la Résistance durant l’Occupation avant d’être nommé en août 1944 commissaire de la République à Angers chargé de la réforme administrative. A la Libération, le général de Gaulle lui confie le projet de créer une nouvelle école de cadres pour l’Etat, la future Ecole nationale d’administration (ENA). Après le départ en janvier 1946 du général de Gaulle du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), Michel Debré lui reste fidèle. Il le suit au Rassemblement du peuple français (RPF) et le représente au Conseil de la République à partir de 1951 comme élu de l’Indre-et-Loire. Pourfendeur virulent de la IVe République, ce proche de l’ancien chef de la France libre dénonce en 1957 l’impuissance du « régime des partis » dans un pamphlet, Ceux qui nous gouvernent, et un périodique, Le Courrier de la colère. Bernard Debré, qui a trois frères, Vincent, François et Jean-Louis son jumeau, évolue donc dans une famille profondément gaulliste, préoccupée du destin du pays et très attachée à la chose publique.
Dans sa jeunesse, ses parents orientent Bernard Debré sur les traces de son grand-père. Sa scolarité se fait à Paris, évoluant entre enseignement public et enseignement privé : élève du cours Hattemer, puis lycéen à Janson-de-Sailly, il intègre un partenariat de celui-ci avec le cours privé Gerson. Après son baccalauréat, il fait sa médecine.
D’abord externe, il devient en 1971 interne des hôpitaux de Paris (reçu douzième sur 3 500). Il se marie avec Véronique Duron. Quatre enfants naîtront de cette union. En 1975, il soutient une thèse sur la polykystose rénale de l'adulte à université Pierre-et-Marie-Curie. Chirurgien, urologue, il sera également certifié en médecine aéronautique et spatiale. Il défend par ailleurs les médecines non traditionnelles, telles que l’acupuncture ou la phytothérapie qu’il qualifie de « mère de toutes les médecines ». En tant que député, il s’attachera à la reconnaissance comme profession réglementée des ostéopathes.
Chef de clinique en 1975, il devient professeur agrégé chirurgien des hôpitaux avant de devenir professeur de CHU-praticien hospitalier. Dix ans après, il est nommé chef du service d'urologie de l'hôpital Cochin, où le président de la République, François Mitterrand, est opéré en 1992 et 1994.
Bernard Debré accorde une dimension humanitaire internationale à sa fonction professionnelle, amenant deux fois par an son équipe opérer bénévolement dans des pays comme l’Afghanistan, la Côte d'Ivoire ou la Mauritanie. L’Afrique le passionne depuis son premier séjour en 1964 (il fait son service militaire en Côte d’Ivoire comme médecin en 1965), et il écrit deux ouvrages à son sujet, avec l’avocat Jacques Vergès. Lui seront décernées des décorations du Congo, de la Côte d'Ivoire, du Gabon et du Togo.
Bernard Debré s’amusait souvent de n’avoir « jamais su choisir » entre la médecine et la politique, et précisait avoir opéré lui-même une cinquantaine de ses collègues parlementaires au cours de sa double carrière.
L’engagement politique de Bernard Debré commence par le combat syndical. Opposé à la réforme hospitalière portée par le ministre communiste de la Santé Jack Ralite, il apparaît en 1982 dans le débat public en tant que coordinateur du collectif intersyndical Solidarité médicale (en référence au syndicat polonais Solidarnosc, symbole de la lutte contre le régime communiste polonais). Il estime que ce mouvement n’est pas catégoriel car « la véritable opposition, ce sont les socioprofessionnels ». En publiant La France malade de sa santé (Paris, La Table ronde, 1982), il entre explicitement dans l’arène politique, en affirmant que le projet gouvernemental est « totalitaire » et vise à confier les hôpitaux à des « soviets ». Dès lors, il rejoint son frère et son père au Rassemblement pour la République (RPR). Il publie aussi des articles dans Contrepoint, revue intellectuelle réputée proche du Club de l’horloge.
Nommé en 1985 délégué national du RPR aux affaires hospitalières et hospitalo-universitaires, Bernard Debré se présente aux élections législatives de 1986, au scrutin proportionnel départemental à un tour, dans le département d’Indre-et-Loire. Son père en a été sénateur, puis député, et est encore à l’époque maire et conseiller général de sa préfecture, Amboise. Il est élu député.
Au Palais-Bourbon, il retrouve son frère Jean-Louis, qui vient d’être élu député de l’Eure, et son père Michel, qui vient d’être à nouveau réélu député de la Réunion.
Il adhère au groupe RPR et siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il en est vice-président à partir d’avril 1987. Il est membre du comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé.
Il préside le groupe d’amitié avec la Côte d’Ivoire.
Bernard Debré est nommé, en novembre 1986, rapporteur du projet de loi sur la famille. Il est également nommé, en mai 1987, rapporteur de la proposition de loi sur la protection de la deuxième carrière des militaires retraités et de celle sur le droit au travail des militaires retraités.
Il présente aussi, en novembre 1987, un rapport d’information sur le syndrome immunodéficitaire acquis (sida), alors au centre des préoccupations en matière de santé publique.
Il dépose cinq propositions de loi : sur le rétablissement des attributions des services hospitaliers, ainsi que sur la réforme des études médicales et de l’enseignement médical en mai 1986 ; sur les activités du secteur privé en milieu hospitalier en juin 1986 ; pour faciliter la mobilité géographique en mai 1987 ; sur les médiateurs médicaux en novembre 1987.
En mai 1987, à l’occasion d’une grève des étudiants en médecine, il revient sur la réforme des études médicales dans le cadre d’une question au gouvernement.
Ses autres interventions en séance publique concernent principalement les questions sociales, notamment en avril 1987 lors de l’examen du projet de loi relatif aux établissements d’hospitalisation et à l’équipement sanitaire.
Sur le fond, Bernard Debré fait preuve d’une grande liberté de ton, exprime certaines réserves sur des réformes entreprises (nouvelle réforme hospitalière, réforme de l'allocation parentale d'éducation) et finit la première année de cohabitation en déclarant que « le gouvernement a mal sérié les problèmes ».
Rapporteur du projet de loi sur la famille, il se fait remarquer par sa critique des « léninistes » et des « hyperféministes » qui auraient mis à mal cette structure sociale. Il fait adopter un amendement qui réserve aux pharmacies la vente des laits et aliments pour les bébés de moins de quatre mois, afin d’assurer « une meilleure protection des nourrissons ».
Après la réélection de François Mitterrand à la présidence de la République, Bernard Debré se représente dans la deuxième circonscription du Loir-et-Cher, autour d’Amboise. Il est réélu par 50,98% des suffrages exprimés, au second tour, face au socialiste Jean-Jacques Filleul.
Il poursuit son ancrage territorial car il devient conseiller municipal d’opposition, à Amboise en 1989. Il figure sur la liste conduite par son père, maire sortant, mais celui-ci est battu.
Bernard Debré bat cependant, dès l’automne 1992, le nouveau maire sortant Bernard Chollet, au cours d’une élection municipale partielle, et reprend ainsi la fonction longtemps détenue par son père. Il sera réélu en 1995 pour un mandat de six ans. Il est également conseiller général d’Indre-et-Loire de 1992 à 1994.
Conformément à ses engagements politiques, il participe à l’élan de solidarité envers la Roumanie, après la chute de la dictature de Ceausescu, pendant l’hiver 1989, en convoyant lui-même trois tonnes de médicaments et de denrées.
Désormais dans l’opposition, Bernard Debré est, au Palais-Bourbon, inscrit au groupe RPR et rejoint la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il en est le rapporteur pour avis du budget de la famille, pour le projet de loi de finances pour 1989.
Il siège également au sein de la délégation parlementaire pour les problèmes démographiques. En juin 1990, il rejoint la commission de contrôle du Fonds d’action sociale.
En octobre 1990, le professeur de médecine rejoint la mission d’information commune sur la bioéthique.
Il est également reconduit comme président du groupe d’amitié avec la Côte d’Ivoire.
Il présente deux propositions de loi, l’une sur un sujet qui lui tient à cœur, la protection des enfants utilisés pour des photographies publicitaires en novembre 1988 ; l’autre, d’ordre public, sur le stationnement des gens du voyage en décembre 1991.
En séance publique, Bernard Debré pose plusieurs questions au gouvernement : en juin 1992, sur le sida et plus spécifiquement sur l’origine de la contamination des transfusés, qui donne ensuite lieu à une commission d’enquête ; en décembre 1992, sur le volet agricole des négociations du GATT, sujet alors très sensible dans toutes les circonscriptions agricoles à l’approche des élections législatives de mars 1993. Il pose aussi, en mai 1989, au ministre chargé de la Sécurité sociale une question sur les crédits affectés à la lutte contre le sida.
Ses autres interventions concernent les sujets sanitaires. Il prend ainsi la parole en novembre 1988 sur la proposition de loi adoptée par le Sénat sur la protection des personnes en matière de recherche biomédicale ; en juin 1990 sur le projet de loi Evin relatif à la lutte contre le tabagisme et à la lutte contre l’alcoolisme, à l’occasion duquel il s’affirme comme l’un des orateurs de référence, mais échoue à faire adopter un amendement imposant d'assortir toute publicité en faveur du tabac d'un message de caractère sanitaire ; en décembre 1990, sur le projet de loi relatif à la santé publique et aux assurances sociales ; en juin 1991, contre le projet de loi portant diverses mesures d’ordre social ; en juin 1992, sur le projet de loi relatif aux relations entre les médecins et l’assurance maladie, débat où il défend une conception libérale de la médecine conformément aux orientations de son groupe.
En avril 1991, il est l’orateur de référence de son groupe sur le projet de loi portant réforme hospitalière, soutenu par le ministre centriste d’ouverture Bruno Durieux. Opposé au projet, il est le premier signataire des amendements de son groupe politique, vainement présentés. Il défend une conception souple et décentralisée de la gestion hospitalière, et dénonce le corsetage administratif par le budget global et juge que la réforme, « inspirée par un esprit tatillon et frileux », ne saura améliorer la situation. Il parle avec l’autorité d’un chef de service hospitalier qui a fixé un objectif d’économie substantielle à celui-ci.
Il évoque également d’importants sujets d’ordre public : en juin 1989 pour une intervention très ponctuelle sur le projet de loi relatif aux conditions d’entrée et de séjour en France ; en juin 1990, sur le projet de loi relatif aux agences de mannequins et la protection des enfants et des adultes exerçant cette activité, sujet hautement sensible qui vise à mettre fin à des dérives aux conséquences humaines, sociales et sanitaires auxquelles le médecin est très sensible.
Enfin, en décembre 1990, il vient appuyer la motion de censure conjointement déposée par les groupes RPR et Union pour la démocratie française (UDF), et dénonce notamment la « désagrégation de l’Etat ».
Profondément attaché à la souveraineté nationale, Bernard Debré démissionne de la présidence départementale du RPR d’Indre-et-Loire pour mener campagne contre la ratification du traité de Maastricht.
Sur le plan médical, la renommée de Bernard Debré est renforcée lorsqu’en 1992 c’est dans son service qu’est opéré le président de la République François Mitterrand, affecté par un cancer de la prostate.
A nouveau candidat aux législatives de mars 1993, il bat une deuxième fois Jean-Jacques Filleul au second tour des élections législatives et est réélu député avec 59,46 % des suffrages exprimés.
Il rejoint le groupe RPR, le plus nombreux au sein de la nouvelle majorité parlementaire, et retrouve la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, ainsi que la délégation parlementaire pour les problèmes démographiques. Il est également nommé au Conseil national du sida.
En février 1994, il est membre de la commission spéciale chargée d’examiner deux projets de loi sur la « bioéthique ».
Par ailleurs chargé d'une mission parlementaire sur le sida, il s’oppose aux organisations non-gouvernementales françaises en estimant que le « sidaction » doit être mondial et non national, puisque le nombre de malades est plus important dans les pays en voie de développement.
En séance publique, Bernard Debré intervient principalement sur son plus grand sujet de préoccupation, la lutte contre le sida, d’abord en mai 1993, à l’occasion d’une communication hebdomadaire du gouvernement, ensuite en décembre 1993, dans le cadre des questions au gouvernement, puis en mai 1994 dans le débat qui suit la déclaration du gouvernement sur ce sujet.
En novembre 1993, il fait adopter deux amendements au projet de loi relatif à la santé publique et à la protection sociale, et défend le texte du gouvernement contre plusieurs amendements de l’opposition.
La carrière politique de Bernard Debré prend une dimension nouvelle lorsque le ministre de la Coopération Michel Roussin démissionne en novembre 1994, en raison de sa mise en cause, provisoire, dans l’affaire des HLM de la Ville de Paris.
Le président de la République, François Mitterrand propose, et même impose selon certains, au Premier ministre Edouard Balladur, la nomination du député-chirurgien.
Une fois ministre, Bernard Debré donne trois priorités à son action en Afrique : « Répondre à l'urgence humanitaire », « assurer la stabilité des Etats en voie de démocratisation », « promouvoir la francophonie ». Il sait éviter les écueils d’un ministère difficile, dans une période de cohabitation et dans un cadre politique marqué par le drame du Rwanda. Il sait également que le terme du gouvernement est proche, avec la perspective très proche de l’élection présidentielle de 1995.
Au Palais-Bourbon, il est remplacé par sa suppléante, Michèle Beuzelin, longtemps proche de Jean Royer, député et maire de Tours.
Pour celle-ci, il apporte son soutien à Edouard Balladur, contrairement à son frère jumeau Jean-Louis, resté fidèle à Jacques Chirac, jusqu’au plus creux de la vague.
Bernard Debré cesse donc ses fonctions ministérielles lorsque Jacques Chirac nomme Alain Juppé Premier ministre, en remplacement d’Edouard Balladur.
Sa suppléante démissionne, mais à la législative partielle du 24 septembre 1995, Bernard Debré échoue à se faire réélire face à Jean-Jacques Filleul. Arrivé en tête au premier tour avec 42,76% des suffrages exprimés (contre 34,48% au candidat PS), il peine à trouver des réserves. Le candidat du Front national, Jean-Pierre Jolivet, arrivé troisième au premier tour avec 10,67 %, exige que Bernard Debré reprenne à son compte l’idée de la « préférence nationale » pour appeler à voter pour lui, ce à quoi il se refuse. Au second tour, l’ancien ministre est battu sur le fil, recueillant 49,51% des votes exprimés.
Bernard Debré se consacre pleinement à la médecine, et à son mandat de maire d’Amboise. Il ne s’est en effet pas représenté aux cantonales de 1994. Réélu aux municipales de juin 1995, il reste maire d’Amboise jusqu’en 2001.
Il demeure présent sur la scène politique, mais ses prises de position indépendantes en font une personnalité en marge de son mouvement politique.
Après une éclipse longue de presque dix ans, Bernard Debré retrouve cependant un mandat parlementaire en 2004, à l’occasion d’un concours de circonstances unique, qui témoigne d’une notoriété restée intacte dans l’opinion.
En mai 2004, Gilbert Gantier, alors député UDF de la 15e circonscription de Paris, en désaccord avec la politique menée, décide de démissionner pour se consacrer à la publication d’un ouvrage. Il a alors soixante-dix-neuf ans et trente ans de mandat. A l’élection législative partielle qui suit en juin, l’Union pour un mouvement populaire (UMP) décide de présenter Laurent Dominati, que Gilbert Gantier avait pourtant battu en 2002.
Sans investiture puisque l’UMP la lui a refusée, mais avec le soutien du député sortant et du président de l’UDF, François Bayrou, mais sans l’investiture de l’UDF non plus, Bernard Debré se présente.
Sa posture d’opposant dans le cadre de la droite au président de la République Jacques Chirac porte ses fruits. Il obtient 58,99 % des suffrages exprimés au premier tour, le candidat UMP accusant 40 points de moins et les autres récoltant moins de 10%. Cependant, la participation étant faible, un second tour doit se tenir, dont il est l’unique candidat puisque Laurent Dominati se retire prudemment. Le nouveau député annonce sa candidature à la mairie de Paris en 2007.
A l’Assemblée nationale, il s’apparente d’abord au groupe UDF, puis en septembre 2005 à celui de l’UMP.
Il rejoint la commission des affaires étrangères. En décembre 2004, il est membre de la mission d’information sur la famille et les droits des enfants, sujet qui lui tient à cœur. Il en est vice-président en février 2005. C’est un sujet sur lequel il intervient de manière appuyée, en novembre 2004, lors de l’examen des crédits correspondants prévus par le projet de loi de finances pour 2005.
Dans ses autres interventions en séance publique, Bernard Debré se concentre sur la santé. Il pose ainsi en mars 2005 une question au gouvernement sur les professions médicales, pour dénoncer les rackets et agressions à l’encontre des médecins.
Bernard Debré préside le groupe d’amitié de l’Assemblée nationale avec le Kenya.
S’il avait publié un réquisitoire contre l’euthanasie (Nous t’avons tant aimé, Paris, Cherche Midi, 2004), il vote cependant, en novembre 2004, la proposition de loi Léonetti relative aux droits des malades et à la fin de vie en 2005 car il la considère comme un point d’équilibre.
Attentif aux préoccupations des électeurs de sa circonscription, face au développement de la vente par lots séparés des immeubles de rapport, il prend la parole en mai et juin 2005 sur les deux propositions de loi déposées sur ce sujet. S’il s’oppose à celle relative aux droits des locataires victimes de ventes à la découpe, présentée par le groupe socialiste, il est favorable à celle relative au droit de préemption des locataires en cas de vente d’un immeuble. Il prend aussi la parole, en janvier 2006, sur le projet de loi portant engagement national sur le logement.
Bernard Debré présente par ailleurs, en mai 2006, une proposition de loi pour laisser libre de leurs heures de sortie les patients subissant une affection de longue durée.
Enfin, l’élu de la capitale présente en janvier 2007 une proposition de loi pour créer une communauté urbaine incluant Paris, et une autre proposition de loi relative aux modalités d’élection des élus de Paris.
Investi par l’UMP aux élections législatives de 2007, Bernard Debré est réélu dès le premier tour avec 64,91% des voix (sur les quatorze autres candidats, seul le dissident UMP Claude Fain dépasse les 10%, avec 11,78% des suffrages).
Membre du groupe UMP, il siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, puis après la révision constitutionnelle de 2008, au sein de la commission des affaires culturelles et de l’éduction. Il est également membre de l’office parlementaire d’évaluation des politiques de santé, ainsi que membre du comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé.
En juillet 2008, il rejoint la mission d’information sur les lois bioéthiques puis, en novembre 2010, la commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique.
Il est aussi membre de la commission spéciale chargée d'examiner la proposition de loi renforçant la protection des victimes ainsi que la prévention et la répression des violences faites aux femmes à partir du 9 décembre 2009.
De même, le professeur de médecine fait partie, en mars 2010, de la commission d'enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1).
Il est enfin rapporteur pour avis du projet de loi de finances pour 2011 sur la recherche et l’enseignement supérieur. En 2009, il présente au nom de l’Office parlementaire d'évaluation des politiques de santé, un rapport sur le dépistage et le traitement du cancer de la prostate.
Enfin, Bernard Debré est nommé en 2011 membre titulaire du comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé.
Ses initiatives parlementaires montrent l’attachement de Bernard Debré à l’ordre public et à la famille. Ainsi, en octobre 2007, il dépose une proposition de loi pour instaurer par injections une castration chimique temporaire des pédophiles à leur sortie d’incarcération.
Ses interventions portent aussi sur les questions de santé publique alors les plus actuelles : la création d'un fonds de financement des travaux de déflocage et de décontamination des immeubles contenant de l'amiante, en janvier 2008 ; l'encadrement et la simplification du droit applicable aux associations et entreprises de services à la personne, en juillet 2009 ; l'ostéopathie et à la chiropraxie en février 2010 ; le système français du contrôle de l'efficacité et de la sécurité des médicaments, en juin 2011 ; la création d'un Haut conseil de l'ostéopathie et de la chiropraxie en septembre 2011.
Dans ses interventions en séance publique, Bernard Debré se concentre sur plusieurs sujets.
Ses questions au gouvernement concernent la santé publique, avec la prise en charge de la maladie d'Alzheimer en novembre 2007, mais aussi l’enseignement supérieur, avec les délicates questions du classement des établissements universitaires, en novembre 2008, les fraudes aux examens et concours, en juin 2011, et l’absence d’adéquation des effectifs de personnel, en octobre 2011.
Il évoque aussi à cette occasion la politique extérieure, avec le cas d’une ressortissante française emprisonnée en Iran, en juillet 2009, et l’aide au développement envers l’Afrique, en juin 2010. Il confirme sa préoccupation face aux agressions sexuelles en octobre 2008.
S’il intervient ponctuellement sur de nombreux sujets, Bernard Debré prend essentiellement la parole sur les questions sociales et de santé publique, en particulier en février 2011 sur le projet de loi relatif à la bioéthique et, en septembre 2011, sur le projet de loi relatif au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé.
En juillet 2010, se fondant sur son expérience en Afghanistan, il se prononce en faveur du projet de loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public, à l’occasion de la question du port de la burqa.
Fidèle à une conception du mandat parlementaire qui confère à chaque député un rôle de constituant, Bernard Debré intervient aussi de nombreuses fois à l’occasion de l’examen en mai 2008 du projet de loi constitutionnelle de modernisation de la Ve République. Sur un ton particulière critique, il prononce notamment des réserves sur la limitation du recours du gouvernement à l’engagement de sa responsabilité pour faire adopter un texte, contre la faculté pour le président de la République de venir s’exprimer devant les parlementaires réunis en Congrès, ainsi que contre le retour à l’Assemblée nationale ou au Sénat, selon le cas, d’un ministre qui démissionne du gouvernement. Il est en revanche favorable à la limitation à deux mandats présidentiels consécutifs. Pourtant, par discipline, il vote pour la révision lors de la réunion du Congrès, le 21 juillet, adoptée à une voix près.
En parallèle à son mandat parlementaire, Bernard Debré se relance aux municipales à Paris en 2008. Il a créé dès 2005 une association « Pour Paris », afin de préparer sa candidature. Il conteste, jusqu’à une date très proche du scrutin, la candidature de Françoise de Panafieu, pourtant choisie par les militants. Se ralliant à elle finalement, et renonçant même à être candidat pour la mairie du XVIe arrondissement, il est in fine élu dans cet arrondissement conseiller de Paris.
Aux élections législatives de 2012, Bernard Debré est candidat dans la quatrième circonscription de Paris, issue du redécoupage et qui reprend une partie du seizième et une partie du dix-septième arrondissement.
Investi par l’UMP, il domine le premier tour obtenant 45,07% des suffrages exprimés, loin devant la dissidente de l’UMP Brigitte Kuster (23,01%), dont le retrait le laisse seul candidat au second tour.
Inscrit au groupe UMP alors dans l’opposition, il reste à la commission des affaires culturelles et de l’éducation.
Bernard Debré s’investit particulièrement sur les sujets de société.
Il est ainsi membre de la commission spéciale pour l’examen de la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel, constituée en octobre 2013.
Il siège aussi à la commission d’enquête sur les conditions d’octroi d’une autorisation d’émettre de la chaîne numéro 23 et de sa vente, en 2016.
La capitale reste parmi ses préoccupations de député : en 2013, soutenu par le groupe UMP du conseil de Paris, il propose l’établissement d’une circonscription électorale unique pour l'élection du Conseil de Paris.
Son activité parlementaire continue à accorder une place importante aux questions de société et d’éthique.
Il se prononce contre la recherche sur l’embryon lors des débats parlementaires de mars 2013. Son opposition articule aspects éthiques et techniques : « Avec les cellules souches, cela n'a même plus aucun intérêt, déclare-t-il. Aujourd'hui, on n'a plus tellement besoin de faire de la recherche sur l'embryon ». A propos de la dépénalisation du cannabis, il dépose, le 8 juin 2016, une proposition de loi pour une contraventionnalisation de la première infraction et une judiciarisation en cas de récidive. Concernant le mariage pour les couples homosexuels, il propose une clause de conscience permettant à l'officier d'état civil de refuser la célébration, mais il refuse ensuite de se joindre à la manifestation du 26 mai 2013 contre le mariage pour tous, estimant qu’un parlementaire ne peut plus manifester après le vote de la loi. Il est ainsi conforme au « gaullisme de droite », que symbolise sa participation au comité d’honneur du Mouvement initiative et liberté (MIL) fondé par des membres et sympathisants du Service d’action civique en 1981 quand la dissolution du SAC est envisagée.
Le 12 juin 2014, il fait partie des 121 députés qui demandent que le principe de précaution soit retiré de la Constitution, où il a été intégré en 2005. Toutefois, le 21 juin 2014, il s’oppose fortement à l’amendement présenté par seize députés de l’UMP proposant le déremboursement de l’interruption volontaire de grossesse.
Par ailleurs, Bernard Debré prône l’instauration de l’uniforme dans les écoles : en 2012, d’abord, au nom de la lutte contre les violences scolaires ; après les attentats de janvier 2015, ensuite, pour renforcer la laïcité. Après ceux du 13 novembre, pour sortir des polémiques autour de la déchéance de nationalité, il est partisan de ne pas toucher à la Constitution mais de modifier le Code civil, pour permettre de faire perdre sa nationalité française à un binational.
Enfin, le 21 juin 2016, Bernard Debré narre, lors des questions au gouvernement, avoir acheté sur internet de la cocaïne, des champignons hallucinogènes et du cannabis, et se les être faits livrés. Il demande au gouvernement de prendre en compte ces transformations technologiques des activités criminelles et prône l’interdiction des bitcoins.
La très grande et très constante attention que porte Bernard Debré à certaines pratiques de médecines alternatives lui crée quelques difficultés.
Le 17 mars 2014, Bernard Debré fait l’objet d’une sanction ordinale au titre de son Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux publié en 2012 (Paris, Le Cherche Midi), coécrit avec le docteur Philippe Even. Il est condamné par le Conseil de l'Ordre des médecins à un an d'interdiction d'exercice pour « non-confraternité ». Finalement, la sanction est ultérieurement commuée en blâme, mais l’ouvrage a ouvert un débat qui aboutit à ce que de nombreux médicaments soient déremboursés.
Lors de la primaire des droites en 2016, Bernard Debré soutient François Fillon en vue de l’élection présidentielle de 2017. Une fois ce dernier vainqueur des primaires, il rejoint le pôle « Faits, chiffres, arguments » de la campagne présidentielle. Dans l’entre-deux-tours des élections présidentielles de 2017, il annonce qu’il va voter pour Emmanuel Macron. Il ne se représente pas aux élections législatives suivantes. Brigitte Kuster est alors élue députée.
Bernard Debré meurt des suites d’un cancer le 13 septembre 2020. Le président Emmanuel Macron lui rend hommage en ces termes : « De l’hôpital à la politique, Bernard Debré fut toute sa vie un homme d’action. Les Français perdent un engagé, qui, en héritier du gaullisme, n’hésitait jamais à sortir des cadres et à dire le vrai dès qu’il s’agissait de l’intérêt du pays. Pensées à sa famille et à ses proches. »
Bernard Debré était chevalier de la Légion d’honneur.