Louis, Charles, Elie, Armanieu Decazes de Glücksbjerg
1819 - 1886
Représentant à l'Assemblée nationale de 1871, ministre, député de 1876 à 1881, né à Paris, le 29 mai 1819, mort au château de la Grave, commune de Bourg (Gironde), le 16 septembre 1886, Louis, Charles, Elie, duc de Glücksberg, duc Decazes était le fils aîné du duc Elie Decazes (1780-1860), député de 1815 à 1816, ministre, pair de France.
Il entra de bonne heure dans la diplomatie, fut nommé, en 1841, secrétaire d'ambassade à Londres, en 1843 à Madrid, puis envoyé extraordinaire à Madrid (1846) et à Lisbonne (1847). Membre du conseil général de la Gironde depuis 1846, il cessa toute fonction publique à la révolution de Février, et s'occupa sous l'Empire d'agriculture et d'affaires industrielles.
Le 1er juin 1863, il se présenta comme candidat de l'opposition au Corps législatif dans la 5e circonscription de la Gironde, et il échoua avec 12 838 voix contre 16 552 accordées au député sortant, élu, M. Arman.
Il rentra au conseil général de la Gironde en 1864, et brigua encore, le 24 mai 1869, les suffrages législatifs de la 5e circonscription, qui ne lui donna que 11 867 voix contre 15 862 à M. Chaix d'Est-Ange fils, élu.
Le duc Decazes entra au Parlement le 8 février 1871, comme représentant de la Gironde, élu le 3e sur 14, par 100 332 voix sur 133 349 votants et 207 101 inscrits ; il prit place au centre droit, fut réélu, le 8 octobre suivant, conseiller général de la Gironde pour le canton de Guîtres, et vota :
- pour l'abrogation des lois d'exil,
- pour la pétition des évêques,
- pour le pouvoir constituant de l'Assemblée,
- contre le service militaire de trois ans,
- pour l'acceptation de la démission de Thiers.
Quelque temps après ce vote, il était appelé (6 septembre 1873) à l'ambassade de Londres, se prononçait pour le septennat (19 novembre), et remplaçait (22 novembre) le duc Broglie au ministère des affaires étrangères. Il conserva ce portefeuille dans plusieurs cabinets jusqu'au 30 octobre 1877, et ne s'associa que modérément à la politique de résistance de MM. de Broglie et de Fourtou ; durant son passage au pouvoir, il provoqua patriotiquement l'intervention de l'empereur de Russie contre les menées belliqueuses du parti militaire allemand, et parvint à conjurer une déclaration de guerre imminente (1875) ; en décembre, il défendit la réforme égyptienne des Capitulations, déclara (juin 1876), au moment où se rouvrait la question d'Orient, que la France avait le droit de ne penser qu'à elle-même et de rester en dehors des complications; sauvegarda les intérêts de la politique française (mai 1877) devant l'agitation politique soulevée par de nouvelles plaintes de Pie IX ; consentit, à la prière du maréchal de Mac-Mahon, après la chute du cabinet Simon-Martel (17 mai 1877), à conserver son portefeuille, et défendit assez heureusement, en juin suivant, le cabinet de Broglie contre les attaques de Gambetta qui déclarait que ce cabinet n'excitait à l'étranger que des méfiances.
Il avait été réélu député, aux élections générales du 20 février 1876, par le 8e arrondissement de Paris, au second tour de scrutin, avec 7 232 voix sur 10 924 votants et 15 353 inscrits, contre 2 533 à M. Raoul Duval.
Aux élections du 14 octobre 1877, qui suivirent la dissolution de la Chambre des 363, le duc Decazes ne songea pas à se représenter à Paris ; porté dans la 2e circonscription de Libourne et à Puget-Théniers, il échoua à Libourne avec 7 221 voix contre 7 704 à l'élu, M. Lalanne, et fut élu, à Puget-Théniers, par 3 194 voix sur 5 624 votants et 6 806 inscrits, contre 2 395 à M. de Saint-Cyr.
Mais l'élection de Puget-Théniers fut invalidée par la nouvelle Chambre, et le duc Decazes ne se représenta pas au nouveau scrutin du 2 février 1879, qui nomma M. Récipon.
Il ne fut pas plus heureux au Sénat qui avait à élire un sénateur inamovible en remplacement du général d'Aurelles de Paladine, décédé. Les « constitutionnels » dont c'était le tour, présentèrent le duc Decazes, les gauches lui opposèrent M. Victor Le franc. L'élection du duc était certaine, mais un certain nombre de voix légitimistes et bonapartistes s'égarèrent à dessein sur divers noms, et, aux trois scrutins des 23 et 24 janvier et 7 février, M. Decazes ne put réunir la majorité requise par la loi constitutionnelle ; il retira sa candidature, et rentra dans la vie privée.
Grand officier de la Légion d'honneur le 18 juillet 1876, et décoré de la plupart des ordres étrangers.
Date de mise à jour: décembre 2017