Albert Decrais

1838 - 1915

Informations générales
  • Né le 18 décembre 1838 à Bordeaux (Gironde - France)
  • Décédé le 27 février 1915 à Mérignac (Gironde - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIe législature
Mandat
Du 21 février 1897 au 31 mai 1898
Département
Gironde
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 8 mai 1898 au 31 mai 1902
Département
Gironde
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 27 avril 1902 au 27 mai 1903
Département
Gironde

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1903 au 1er janvier 1915

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 18 décembre 1838 à Bordeaux (Gironde), mort le 27 février 1915 à Mérignac (Gironde).

Député de la Gironde de 1897 à 1903. Sénateur de la Gironde de 1903 à 1915. Ministre des Colonies du 22 juin 1899 au 3 juin 1902.

Après de brillantes études de droit Albert Decrais s'inscrivit au barreau de Paris et il fut en 1862 premier secrétaire de la conférence des avocats. Mais il préféra bien vite la carrière administrative aux succès du prétoire et il fut successivement préfet d'Indre-et-Loire en 1871, des Alpes-Maritimes en 1874, et de la Gironde en 1876, puis conseiller d'Etat le 16 mars 1879.

Peu après, il entrait dans la diplomatie où sa carrière ne devait pas être moins brillante que dans l'administration préfectorale, puisqu'après avoir été Ministre plénipotentiaire à Bruxelles en 1880, et avoir occupé pendant quelques mois (février à novembre 1882) le poste de directeur des affaires politiques du Quai d'Orsay pendant le second cabinet Freycinet, il fut successivement ambassadeur au Quirinal (1882), à Vienne (1886) et à Londres, où il ne fit qu'un bref séjour ayant sa retraite à laquelle il fut admis en 1894. Son activité de grand commis et de diplomate ne l'avait pas empêché de s'intéresser aux problèmes de sa région, puisque de 1880 à 1886 il fut conseiller général de la Gironde. Après sa retraite il se présenta, lors d'une élection législative partielle, comme candidat républicain et fut élu député de la 4e circonscription de Bordeaux le 21 février 1897, en remplacement de David-Raynal, nommé sénateur, par 10.103 voix contre 7.445 à son adversaire Bénon sur 18.852 votants. Il devait être réélu le 8 mai 1898 par 14.868 voix contre 3.718 à Surgaud sur 20.016 votants, et le 27 avril 1902 par 8.715 voix contre 6.768 à Alibert sur 15.842 votants.

Au Palais Bourbon, son activité fut exclusivement consacrée aux Affaires étrangères. Le 17 juillet 1897, intervenant au cours d'une orageuse discussion sur le règlement du conflit gréco-turc qui venait de se terminer, il fit adopter un ordre du jour favorable au Gouvernement Méline. Le 5 février 1898, au cours de la discussion du budget des Affaires étrangères, il rendit hommage à la diplomatie française et approuva de nouveau l'action du Gouvernement et, en particulier, l'entente franco-russe. Le 16 mars de la même année, en conclusion d'une interpellation sur l'affaire de Crète, il proposa de nouveau un ordre du jour en faveur du Gouvernement et le fit adopter.

Du 22 juin 1899 au 3 juin 1902, il fut Ministre des Colonies dans le cabinet Waldeck-Rousseau et, à ce titre, eut à défendre le Gouvernement contre l'assaut des interpellations de ses collègues de la Chambre ou des sénateurs, tant sur les grèves agricoles de la Martinique et sur leurs- suites, que sur les événements du Soudan ou l'implantation française à Madagascar et à justifier les budgets de son ministère.

Le 26 avril 1903, Albert Decrais remplaçait de nouveau, mais au Luxembourg cette fois, David-Raynal qui venait de décéder. Les électeurs sénatoriaux lui avaient donné 741 suffrages contre 492 à Fernand Faure sur 1.298 votants. Au cours de sa campagne, il avait affirmé qu'il avait collaboré avec Waldeck-Rousseau à l'élaboration de la loi sur les congrégations, mais qu'il ne pouvait dans son âme et conscience suivre le Ministère Combes dans une application de cette loi aussi étrangère à son texte qu'à son esprit. Il -déclarait être pour la liberté de l'enseignement contrôlée par l'Etat. Il devait conserver son siège le 7 janvier 1906, où il fut réélu au premier tour de scrutin par 936 voix en tête de tous les candidats, sur 1.807 votants.

Au Sénat, Albert Decrais s'occupa presque exclusivement de politique étrangère et coloniale. Les deux étaient fréquemment liées dans les premières années de notre siècle, comme cela apparut nettement dans la brève discussion à laquelle donna lieu le 31 mars 1905 une question de Decrais à Delcassé, alors Ministre des Affaires. étrangères, au sujet de la campagne de presse à laquelle avaient donné lieu, en Allemagne, l'accord franco-britannique du 8 avril 1904, et, plus généralement, la politique de la France au Maroc dans son ensemble. Decrais rapporta également en 1906 le budget des Affaires étrangères et un projet d'ouverture de crédits relatifs à la conférence d'Algésiras et le 5 juillet 1910, les projets de loi ratifiant les Conventions de La Haye signées en 1907, projets qu'il fit adopter sans débat, après déclaration d'urgence.

La dernière intervention parlementaire d'Albert Decrais porta sur l'institution au Sénat d'une Commission permanente des Affaires étrangères et coloniales analogue à celle qu'avait instituée la Chambre des Députés et dont il n'était pas partisan. Decrais présida la Commission spéciale chargée d'examiner la proposition déposée à cet effet, mais il ne fut pas suivi par la majorité des commissaires, favorable à l'institution d'une Commission permanente. Il intervint donc le 18 décembre 1913 et invoqua, contre son rapporteur Guillaume Chastenet, l'autorité du Gouvernement, les droits de la représentation nationale dans son ensemble et le principe de la séparation des pouvoirs. Il fut approuvé par le Sénat qui refusa l'institution d'une Commission permanente par 210 voix contre 68.

Moins d'un an plus tard, la guerre mondiale éclatait et, comme devait le souligner Antonin Dubost dans son éloge funèbre Decrais « salua avec le calme de la certitude l'aurore sanglante mais glorieuse de la justice historique ».

Il ne devait pas en voir le triomphe puisqu'il mourut le 27 février 1915 à Mérignac (Gironde) âgé de 77 ans, « laissant le souvenir d'un esprit vif et délié (A. Dubost) » « d'un homme d'une haute culture, d'un orateur incomparable, qui incarnait dans tout ce qu'elle a de noble l'âme girondine ». On lui doit l'Eloge de M. de Vatimesnil prononcé en 1863 devant la conférence des avocats et un ouvrage sur Les Conditions du travail en Autriche-Hongrie (1890).