Félix Defontaine

1858 - 1918

Informations générales
  • Né le 12 août 1858 à Vieux-reng (Nord - France)
  • Décédé le 26 février 1918 à Fontenay-aux-roses (France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIe législature
Mandat
Du 20 août 1893 au 31 mai 1898
Département
Nord
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 8 mai 1898 au 31 mai 1902
Département
Nord
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 27 avril 1902 au 31 mai 1906
Département
Nord
Groupe
Radical-socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IXe législature
Mandat
Du 6 mai 1906 au 31 mai 1910
Département
Nord
Groupe
Gauche radicale-socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Xe législature
Mandat
Du 24 avril 1910 au 31 mai 1914
Département
Nord
Groupe
Républicains radicaux-socialistes
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIe législature
Mandat
Du 10 mai 1914 au 26 février 1918
Département
Nord
Groupe
Parti républicain radical et radical socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né à Vieux-Reng (Nord) le 12 août 1858, mort à Fontenay-aux-Roses (Seine) le 26 février 1918.

Député du Nord de 1893 à 1918.

Après avoir fait ses études de médecine à la Faculté de Lille, où il soutint en 1881 sa thèse de doctorat « Quelques considérations sur la pathogénie de la mort subite dans la fièvre typhoïde », Defontaine vint s'installer à Louvroil où ses concitoyens l'élurent conseiller municipal.

Aux élections générales législatives du 20 août 1893, il fut sollicité par les Comités de l'Alliance républicaine socialiste de poser sa candidature dans la deuxième circonscription d'Avesnes à laquelle il était attaché par sa naissance, sa famille et l'exercice de sa profession. Dans son programme, il se prononçait pour la révision de la Constitution dans un sens démocratique, l'impôt progressif sur le revenu, la séparation des Eglises et de l'Etat, la nationalisation des chemins de fer et de la banque, la création d'un Ministère du Travail, l'institution d'une Caisse de retraites et de l'assurance obligatoire pour les travailleurs. Il fut élu dés le premier tour de scrutin avec 8.133 voix contre 5.759 à M. Herbecq, sur 14.461 votants.

Inscrit au groupe radical-socialiste et membre de diverses Commissions, il déposa une proposition de loi relative à l'organisation et à la gestion des Caisses de secours dans les usines, ateliers et manufactures (1894) ; il rédigea un rapport sur la proposition de loi de Jules Guesde tendant à assurer la sincérité des opérations électorales (1895) et déposa lui-même une proposition de loi ayant pour but d'assurer la liberté du vote (1897). Il interpella le Gouvernement sur l'organisation par la Compagnie du Nord de trains spéciaux pour transporter en France les ouvriers belges (1893). Il prit part à la discussion de la proposition de loi de Marcel Sembat portant modification de la loi du 21 mars 1884 sur les syndicats professionnels (1894) et, lors des débats sur les budgets de 1897 et 1898, il présenta des observations sur les bourses nationales et sur la situation du personnel des douanes.

Aux élections générales du 8 mai 1898, il fut réélu au premier tour de scrutin avec 8.514 voix contre 7.341 à Walrand sur 16.037 votants. Au cours de cette septième législature, il appartint notamment à la Commission d'assistance et de prévoyance sociales. Il reprit sa proposition de loi sur la liberté du vote (1898) et déposa trois propositions de loi relatives aux traitements et aux retraites des agents de douanes (1898 et 1901). Il demanda à interpeller le Gouvernement sur les mesures qu'il comptait prendre pour protéger la main-d'œuvre nationale menacée par les ouvriers étrangers non domiciliés en France (1899). Il prit part à la discussion d'une proposition de loi sur le payement des salaires des ouvriers (1898), des budgets de 1899, 1900, 1901 et 1902, de sa proposition de loi ainsi que de celles de Pastre et Jacob sur la liberté et le secret du vote (1901), des propositions de loi relatives à l'affichage électoral (1902).

Aux élections générales du 27 avril 1902, il fut de nouveau réélu au premier tour de scrutin avec 10.703 voix contre 6.347 à d'Hendecourt sur 17.333 votants. Pendant cette huitième législature, il siégea à la Commission du suffrage universel, à la Commission d'enquête sur les mines, à la Commission d'assistance et de prévoyance sociales et à la Commission d'enquête sur l'industrie textile. Il reprit ses propositions de loi de la précédente législature et en déposa deux nouvelles, l'une tendant à compléter la loi du 8 août 1893, sur la protection du travail national (1903), et l'autre à appliquer un droit d'entrée unique sur les chaux (1904). Il prit part à la discussion des budgets de 1903, 1904, 1905 et 1906 et à une nouvelle discussion sur sa proposition de loi et celles de Constans et Delory tendant à assurer la liberté et le secret du vote.

Aux élections générales du 6 mai 1906, il fut encore réélu au premier tour de scrutin avec 11.091 voix contre 6.079 à d'Hendecourt sur 18.171 votants. Au cours de cette neuvième législature, il fit partie de la Commission d'assistance et de prévoyance sociales, de la Commission des usages industriels de l'alcool et de la Commission de l'assistance publique. Il déposa deux propositions de loi sur la protection du travail national (1907 et 1909), cinq propositions de loi tendant à compléter la loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail (1907, 1908 et 1909) une proposition de loi tendant à modifier le tarif général des douanes en ce qui concerne la carrosserie (1908). Il prit part à la discussion de la proposition de loi, adoptée par le Sénat, sur le secret et la liberté de vote (1907), des budget de 1909 et 1910, des propositions tendant à modifier le tarif général des douanes (1909).

Lors du renouvellement du 24 avril 1910, il rappelait fermement aux électeurs qu'il avait toujours lutté pour le programme radical-socialiste, mais qu'il était opposé au collectivisme intégral. Il fut triomphalement réélu au premier tour de scrutin avec 12.720 voix contre 3.865 à Sustendoel sur 18.055 votants. La même année, il fut élu conseiller général de Maubeuge-Sud.

Durant cette dixième législature, il fut membre de la Commission d'assistance et de prévoyance sociales et de la Commission de l'hygiène publique. Outre les onze propositions de loi et les trois rapports qu'il déposa ou reprit sur les modifications à apporter à la loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail (1910, 1911, 1913 et 1914), il déposa une proposition de loi tendant à la diminution du nombre des députés (1910), une proposition de loi ayant pour objet de comprendre les enfants de troupe dans la liste des ayants droit à la Médaille commémorative de la guerre de 1870-1871 (1911), une proposition de loi ayant pour but de compléter la loi du 8 août 1893 sur la protection du travail national (1911), une proposition de loi ayant pour objet d'étendre le bénéfice de la loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail au personnel salarié des établissements hospitaliers (1912), une proposition de loi ayant pour but d'accorder, en cas de décès, une indemnité au conjoint survivant divorcé ou séparé de corps lorsque le divorce ou la séparation de corps ont été prononcés en faveur du survivant et que le jugement a condamné la victime à payer une pension alimentaire à son conjoint (1912). Il présenta un ordre du jour à la suite des interpellations relatives à la grève des Chemins de fer (1910). Il prit part à la discussion des budgets de 1911 et 1913 et à la discussion de la proposition de loi, adoptée par le Sénat, ayant pour objet d'assurer le secret et la liberté du vote (1912) : au cours de la campagne électorale suivante, il pouvait se féliciter de la mise en pratique de cette proposition qu'il avait déposée sur le bureau de la Chambre près de vingt et un ans auparavant.

Aux élections générales des 26 avril et 10 mai 1914, il fut mis en ballottage au premier tour de scrutin, ayant obtenu 7.645 voix contre 6.572 à Walrand et 5.383 à Sarot : mais il fut réélu très facilement au second tour avec 9.781 voix contre 730 à Walrand et 660 à Laline sur 13.889 votants. A la suite du décès du sénateur Lecomte, Defontaine posa sa candidature à l'élection sénatoriale partielle qui eut lieu le 2 août 1914 : mais il n'obtint que 217 voix contre 359 à Delory et 1.047 à Dehove qui fut proclamé élu. Defontaine demanda l'annulation de cette élection en invoquant le fait qu'un certain nombre de délégués sénatoriaux n'avaient pu se rendre au scrutin, l'accès des gares leur ayant été interdit par suite de la mobilisation. Le Sénat ne retint pas ce grief, car le rapporteur fit observer que Dehove avait obtenu, dès le premier tour, 125 voix de plus que la majorité absolue, 688 de plus que le candidat le plus favorisé après lui, que le protestataire n'occupait que le troisième rang et qu'il n'était pas téméraire d'admettre que les 665 abstentions ne lui auraient pas toutes profité.

Cependant, dès la déclaration de guerre, Defontaine avait regagné Maubeuge et son attitude devant les Allemands fut telle qu'ils le prirent comme otage. Il ne fut libéré qu'au début de 1917 et, au Président Deschanel qui, lors de la séance du 23 janvier 1917, saluait son retour à son banc, il répondait « Permettez-moi d'adresser un souvenir ému à ceux que j'ai laissés là-bas. Ils continuent à souffrir, mais ils souffrent avec patience... Ils sont pleins d'espoir parce qu'ils savent que, dans une République, la Patrie doit conduire ses troupes à la victoire définitive ».

Il se fit tout naturellement le porte-parole des populations des régions envahies et des réfugiés, déposant deux propositions de loi concernant les réfugiés (1917). Il interpella le Gouvernement, avec plusieurs de ses collègues, sur l'application des circulaires relatives à l'allocation des réfugiés et fut le premier signataire de l'ordre du jour que la Chambre adopta à l'issue de la discussion de ces interpellations (1917).

Mais sa santé s'était gravement altérée pendant sa captivité et il mourut à Fontenay-aux-Roses le 26 février 1918 avant d'avoir atteint 60 ans.

De l'éloge funèbre que le Président Deschanel prononça au début de la séance du 27 février, nous détacherons ces deux phrases : « Dans l'invasion, il fut pour ses compatriotes une lumière, un foyer, une force... La France n'oubliera pas sa noble conduite, elle le comptera parmi les généreuses victimes de l'invasion détestée et de l'odieuse tyrannie dont souffrent nos héroïques populations du Nord et de l'Est ».