René Dejean
1915 - 1988
Né le 4 février 1915 à Saint-Girons (Ariège)
Décédé le 27 août 1988 à Toulouse (Haute-Garonne)
Député de l'Ariège de 1951 à 1958
Fils de Léon Dejean, administrateur des colonies en Algérie, René Dejean est né le 4 février 1915 à Saint-Girons, dans l'Ariège dont sa famille était originaire. Après ses études au collège de sa ville natale, il suit les cours de la Faculté de droit de Paris, où il obtient sa licence, et à l'Ecole libre des sciences politiques dont il sort diplômé de la section administrative. Mobilisé en septembre 1939, il s'établit à Saint-Girons après l'armistice et s'inscrit au barreau de l'Ariège, en octobre 1941, pour exercer les fonctions d'avocat avoué. Organisateur du mouvement « Combat » puis des Mouvements unis de la Résistance dans l'arrondissement de Saint-Girons, il est décoré de la médaille de la Résistance.
En septembre 1944, il est désigné comme membre du comité départemental de libération de l'Ariège puis comme conseiller municipal et adjoint au maire de Saint-Girons en novembre de la même année. Confirmé dans ces fonctions aux élections municipales de 1945 et 1949, il est élu conseiller général de l'Ariège en octobre 1945, mandat qui lui est régulièrement renouvelé.
René Dejean se présente sans succès aux élections législatives du 10 novembre 1946, en deuxième position sur la liste S.F.I.O. conduite par Jean Durroux. De nouveau candidat sur la même liste le 17 juin 1951, il est élu député de l'Ariège par 21 525 voix sur 71 285 suffrages exprimés.
Inscrit au groupe parlementaire socialiste, il est nommé membre de la Commission de l'intérieur (1951-1953), de la Commission du suffrage universel (1951-1955), de la Commission de la justice et de la législation (1955) et de la Commission des immunités parlementaires (1955). Rapporteur, à deux reprises, de la Commission de l'intérieur, il dépose également deux propositions de résolution invitant le gouvernement à venir en aide aux agriculteurs ariégeois victimes des orages (juin et septembre 1955).
Il vote contre les lois Marie et Barangé favorables à l'enseignement privé (21 septembre 1951), pour la ratification du traité instituant la Communauté charbon-acier (13 décembre), contre la confiance à Antoine Pinay (6 mars 1952) et à Joseph Laniel (26 juin 1953), auquel il refuse son soutien après Diên-Biên-Phû (13 mai et 12 juin 1954, chute du cabinet). Après avoir voté l'investiture de Pierre Mendès-France (17 juin), il approuve les accords de Genève qui mettent fin aux hostilités en Indochine (23 juillet). Partisan de la Communauté européenne de défense, il vote contre la question préalable qui équivaut à son rejet (30 août), puis ratifie les accords de Londres (12 octobre) et de Paris (29 décembre) relatifs à la fin de l'occupation de l'Allemagne et à son réarmement. Le 4 février 1955, René Dejean approuve le gouvernement Mendès-France sur l'Afrique du Nord (chute du cabinet), puis refuse la confiance à Edgar Faure (23 février), mais se prononce en faveur du projet de réforme électorale rétablissant le scrutin d'arrondissement (16 novembre).
Le 2 janvier 1956, René Dejean est réélu à l'Assemblée nationale par 21 542 voix sur 73 242 suffrages exprimés. La liste S.F.I.O. de Jean Durroux, qui était apparentée avec la liste radicale, obtient le même résultat qu'en 1951 (29,7 % des suffrages) et emporte deux des trois sièges à pourvoir. Dans la nouvelle Assemblée, René Dejean est reconduit dans les Commissions de la justice (1956-1957) dont il est élu vice-président le 10 février 1956, des immunités parlementaires (1956), et du suffrage universel (1956-1957) dont il est élu président le 18 octobre 1957.
Au cours de la législature, il dépose treize propositions de loi ou de résolution relatives, notamment, à la législation sur les loyers et les baux d'habitation, et intervient très fréquemment à la tribune. Il vote l'investiture de Guy Mollet (31 janvier 1956) qu'il soutient lors de tous les scrutins. Favorable à l'investiture de Maurice Bourgès-Maunoury (12 juin 1957), il se prononce pour la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne et l'Euratom (9 juillet) et pour les différents projets relatifs aux institutions de l'Algérie (septembre 1957-janvier 1958).
Le 21 février 1958, en tant que président de la Commission du suffrage universel, il obtient de l'Assemblée le renvoi en commission des textes sur la réforme constitutionnelle. S'étant prononcé pour l'investiture de Pierre Pflimlin (13 mai) et l'instauration de l'état d'urgence (16 mai), il vote pour la confiance au général de Gaulle, les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (1er et 2 juin).
Désigné par la Commission du suffrage universel pour représenter l'Assemblée nationale au sein du Comité consultatif constitutionnel, il en est élu vice-président le 29 juillet.
DEJEAN (René)
Né le 4 février 1915 à Saint-Girons (Ariège)
Décédé le 27 août 1988 à Toulouse (Haute-Garonne)
Député de l’Ariège de 1958 à 1968
(suite de la notice de la IVe République)
Dans la deuxième circonscription de l’Ariège, autour de Saint-Girons, René Dejean est élu au second tour du scrutin avec 43,81% des suffrages exprimés face à trois autres candidats : Emile Daraud du Parti communiste français (PCF) qui obtient 22,16%, Georges Galy-Gasparrou du Parti radical (13,94%) et André de Verbizier, candidat de l’Union pour la nouvelle République (UNR), qui obtient 20,08% des voix.
Membre du groupe socialiste, il siège à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il est également, en janvier 1959, membre de la commission spéciale du règlement. Il est nommé par ailleurs, en juillet 1961, membre de la commission supérieure chargée d’étudier la codification et la simplification des textes législatifs et réglementaires.
Le député de l’Ariège présente trois propositions de loi : en novembre 1959, pour faciliter le divorce et la séparation de corps en cas d’aliénation mentale de l’un des conjoints ; en mai 1960, pour modifier l’article 320 du code pénal sanctionnant les coups et blessures par maladresse ou défaut de précaution ; en mai 1961, pour autoriser et réglementer la prophylaxie anticonceptionnelle.
En séance publique, le parlementaire expérimenté qu’il est, intervient pour tenter de modifier, tant le projet de règlement provisoire de l’Assemblée, que le projet de règlement définitif.
Il se concentre sur les sujets de droit, droit civil ou droit commercial, notamment en novembre 1960, sur le projet de loi relatif à la réforme des régimes matrimoniaux.
Lors de la discussion des projets de loi de finances pour 1961 et pour 1962, il prend la parole sur les crédits de la Justice pour faire part de ses réserves sur la réforme opérée, et indiquer les orientations qui lui semblent ou non souhaitables. Comme son groupe, René Dejean vote le 4 octobre 1962 la motion de censure qui renverse le gouvernement de Georges Pompidou.
Sur le plan local, René Dejean reste conseiller municipal de Saint-Girons et conseiller général de l’Ariège pour le même canton.
En novembre 1962, aux élections législatives anticipées qui suivent la dissolution de l’Assemblée nationale, René Dejean est à nouveau candidat dans la deuxième circonscription de l’Ariège. Le député sortant remporte l’élection avec 45,2% des suffrages exprimés au second tour du scrutin, lors d’une triangulaire. Il fait une face au candidat Émile Daraud du PCF qui obtient 33,93% des suffrages exprimés et à François Delnondedieu le candidat de l’UNR qui obtient lui 20,87% des voix.
Au Palais-Bourbon, René Dejean retrouve le groupe socialiste et la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il est, en mai 1963, membre de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi pour l’amélioration de la production et de la structure foncière des forêts françaises. Il est aussi, en juin 1966, membre de la commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi de Lucien Neuwirth sur la prophylaxie anticonceptionnelle. Le député de l’Ariège présente plusieurs propositions. Certaines visent à aménager les institutions dans un sens favorable au renforcement du rôle du Parlement : sa proposition de loi constitutionnelle tendant à compléter l’article 30 de la Constitution, en février 1963 ; sa proposition de résolution tendant à modifier plusieurs articles du règlement de l’Assemblée nationale, en février 1963 ; sa proposition de loi constitutionnelle pour modifier le régime de sessions parlementaires, en novembre 1963 ; sa proposition de loi constitutionnelle tendant à modifier l’ordonnance du 2 janvier 1953 relative aux lois de finances.
Sur le plan législatif, René Dejean présente les propositions de loi déjà déposées sans succès lors de la précédente législature, et il y ajoute une proposition interdisant l’expulsion de certains occupants de locaux d’habitation et à usage professionnel, en mai 1966.
En séance publique, René Dejean défend la position de son groupe, hostile à la mise en place de la Cour de sûreté de l’Etat, se fondant sur la défense de la légalité républicaine et le danger de la remise en cause de principes fondamentaux du droit pénal dans le cadre de juridictions d’exception, en janvier puis en février 1963. De même, il témoigne de son hostilité à la suppression de la représentation proportionnelle par l’élection des conseils municipaux des villes de plus de 30 000 habitants, lors de l’examen, en mai 1964, du projet de loi correspondant. Il défend aussi l’abstention de son groupe, qui ne prend pas part au vote, lors du projet de loi portant amnistie d’infractions contre la sûreté de l’Etat ou commises en relation avec les événements d’Algérie, en mai 1966. Il défend également l’amélioration du fonctionnement de la justice lors des débats budgétaires sur les crédits prévus par les projets de loi de finances.
Confirmant la stabilité de son ancrage territorial, René Dejean devient en 1964 maire de Saint-Girons. Il le reste jusqu’en 1971. Toujours élu à Saint-Girons aux élections cantonales, de 1961 à 1973, il est président de la commission des finances du conseil général.
Lors des élections législatives de mars 1967, René Dejean est réélu au second tour avec 58,27% des suffrages exprimés face au candidat gaulliste (UD-Ve), René Galy-Dejean. Pour ce scrutin, il s’est présenté sous l’étiquette de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS).
Inscrit au groupe de la FDGD, René Dejean rejoint à nouveau la commission des lois. Il est aussi, en octobre 1967, membre de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi relatif aux impôts directs locaux.
Il dépose à nouveau, en juin 1967, sa proposition de loi tendant à faciliter le divorce ou la séparation de corps dans le cas d’aliénation mentale incurable de l’un des conjoints.
Ses interventions en séance publique se raréfient. En octobre 1967, à l’occasion de l’examen des crédits de la justice prévus par le projet de loi de finances pour 1969, et en novembre et décembre 1967, lors de l’examen du projet de loi « étendant le champ d’application de l’amnistie relative aux infractions contre la Sûreté de l’Etat ou commises en relation avec les événements d’Algérie », René Dejean se prononce pour une amnistie parlementaire, et non pour des grâces amnistiantes.
Sur le plan local, en 1967, il est délégué de l’Ariège à la commission de développement économique régional (CODER).
En 1968, René Dejean ne se représente pas aux élections législatives et c’est André Saint-Paul qui est investi pour la FGDS dans la circonscription. Il remporte l’élection au second tour avec 55,87% des voix.
René Dejean conserve cependant ses mandats locaux. En 1971, il refuse toutefois un accord électoral avec les communistes. Il est battu et Jean Buffelan lui succède à la mairie de Saint-Girons. Il est à nouveau candidat en 1977, sans succès.
En 1979, le canton bascule à droite avec l’élection de Daniel Laurent, professeur des universités et candidat de l’Union pour la démocratie française (UDF). René Dejean était président de la commission départementale depuis 1976, et perd alors son dernier mandat local.
Par ailleurs, de 1973 à 1976, il était membre du conseil régional de Midi-Pyrénées comme représentant des collectivités locales.
Retiré de la vie politique, René Dejean décède le 27 août 1988 à Toulouse, à l’âge de 73 ans. Une rue porte son nom à Saint-Girons. Il était marié à Marie-Louise Dejean, née Durrieu, et avait un fils.
René Dejean était chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de la médaille de la Résistance.