Jean-Hilaire Aubame
1912 - 1989
Né le 10 novembre 1912 à Libreville (Gabon)
Député du Gabon de 1946 à 1958
Jean Hilaire Aubame est né le 10 novembre 1912 à Libreville (Gabon), et accomplit sa scolarité auprès des missions catholiques du Gabon. Il entre dans l'administration des douanes le 24 mars 1931. Nommé à Libreville de 1931 à 1935, il exerce ensuite ses fonctions, en 1935-1936, à Bangui, avant de venir, de 1936 à 1943, à la direction des douanes de Brazzaville. A la suite de l'Appel du 18 juin 1940, il devient membre de l'organisation de la France libre, pour laquelle il effectue plusieurs missions au Gabon. Il est particulièrement lié au gouverneur général de l'Afrique équatoriale française, Félix Éboué.
Le 23 février 1943, Jean Hilaire Aubame est intégré dans l'administration des secrétaires généraux de l'Afrique équatoriale française. Le Gouvernement général ayant institué des communes à Brazzaville, il est d'autre part élu, le 1er janvier 1944, président de la commission municipale de la commune de Poto-Poto, principale circonscription de l'agglomération de Brazzaville. Il remplit ces fonctions jusqu'au 10 novembre 1946.
Jean Hilaire Aubame se présente comme candidat du collège des non-citoyens du Gabon aux élections pour l'Assemblée nationale Constituante de 1945, mais n'est pas élu. Il est également battu aux élections pour la seconde Assemblée nationale Constituante de 1946.
Le 10 novembre 1946, Jean Hilaire Aubame, qui se présente toujours au nom de la SFIO, est élu député du Gabon à l'Assemblée nationale, avec 7 069 voix sur 12 528 suffrages exprimés. Très intéressé par les questions spécifiquement africaines, il est régulièrement nommé, de 1946 à 1951, membre de la Commission de la marine marchande, des Commissions de la presse, des moyens de communication, du travail et de la sécurité sociale. Suivant les positions de son groupe, Jean Hilaire Aubame vote, le 17 décembre 1946, la confiance au cabinet Blum, et soutient, par son vote, la candidature de Vincent Auriol comme président de la République (16 janvier 1947). Il vote également pour la question de confiance à la suite de laquelle le président Ramadier se sépare des ministres communistes (4 mai 1947), et pour le statut de l'Algérie (27 août 1947).
En 1949, il est nommé membre de la Commission des territoires d'outre-Mer et, en 1951, de celle des immunités parlementaires. Très actif, Jean Hilaire Aubame se signale d'autre part par le dépôt de plusieurs propositions de loi ou de résolution concernant notamment l'institution d'un code du travail pour les territoires français d'Afrique, ainsi que le régime des communes en Afrique équatoriale française. Il vote, le 9 juillet 1949, pour le conseil de l'Europe.
Jean Hilaire Aubame est réélu le 17 juin 1951, cette fois comme « candidat indépendant », député du Gabon pour la seconde législature, avec 17 329 voix sur 29 203 suffrages exprimés. A l'Assemblée nationale, il est vice-président, puis président (4 mai 1955) du groupe parlementaire des Indépendants d'outre-Mer.
Particulièrement attaché à la solution des problèmes spécifiques aux populations africaines, notamment dans les domaines des conditions de vie, de l'aménagement des centres urbains, de l'économie et de l'autonomie alimentaire, il devient membre, puis, de 1953 à 1955, vice-président de la Commission des territoires d'outre-Mer. Egalement membre de la Commission de la marine marchande et des pêches, il remplit la charge de secrétaire de cette Commission. Il intervient fréquemment dans les discussions et dépose notamment une proposition de loi pour augmenter la représentation des territoires d'outre-Mer et des territoires associés au Conseil économique.
Il vote, le 29 septembre 1951, pour l'échelle mobile des salaires, puis, le 30 août 1954, contre la question préalable déposée à l'encontre du projet de ratification du traité de Paris sur la communauté européenne de défense (CED), question dont l'adoption conduit au rejet du traité. Cette même année, il s'abstient lors du vote sur les accords de Londres (12 octobre). Le 4 février 1955, il vote pour la question de confiance posée à propos de la situation en Afrique du nord, et dont le rejet devait entraîner la chute du Gouvernement Mendès France.
A nouveau réélu député du Gabon le 2 janvier 1956 pour la troisième législature, avec 26 712 voix sur 57 031 suffrages exprimés, Jean Hilaire Aubame poursuit son travail en commission ; il est membre de la Commission de la marine marchande et des pêches, dont il assure à nouveau le secrétariat en 1956 et 1957, et est également membre de la Commission des territoires d'outre-Mer. Défenseur de la notion d'une République française fédérale, Jean Hilaire Aubame est, à nouveau, élu président du groupe parlementaire des Indépendants d'outre-Mer (20 janvier 1956). Il dépose une proposition de loi relative à la formation des Assemblées territoriales d'Afrique occidentale et d'Afrique équatoriale française et vote, le 12 mars 1956, pour les pouvoirs spéciaux en Algérie.
Il ne prend pas part au vote du 1er juin 1958, qui accorde la confiance au général De Gaulle sur son programme et sa politique.
Jean Hilaire Aubame est par ailleurs élu, en 1952, conseiller à l'Assemblée territoriale, fonctions pour lesquelles il sera réélu en 1957. Le 13 mars 1958, il devient également membre de l'Assemblée parlementaire européenne.
Médaillé de la Résistance, Jean Hilaire Aubame est commandeur de la Légion d'honneur, et titulaire de plusieurs ordres de pays africains : étoile équatoriale (Gabon), étoile africaine et rédemption africaine (Liberia), mérite du Niger, mérite centrafricain et mérite de Côte-d'Ivoire, ordre national du Tchad et étoile noire du Bénin.
AUBAME (Jean-Hilaire)
Né le 10 novembre 1912 à Libreville (Gabon)
Décédé le 16 août 1989 à Libreville
Député du Gabon de 1946 à 1959
C’est à Libreville, dans la capitale d’un Gabon, territoire de l’Afrique équatoriale française (AEF), que naît le 10 novembre 1912 Jean-Hilaire Aubame, issu de la tribu Essinzick de l’ethnie Fang. Orphelin de père à huit ans et de mère trois ans plus tard, il est élève à l’école catholique de Donguila. Il entre par la suite aux missions catholiques de son pays, et fait carrière au sein de l’administration des douanes, à compter du 24 mars 1931. Nommé dans sa ville natale, il y accomplit son activité professionnelle jusqu’en 1935. L’année d’après, il s’installe à Bangui, avant de rejoindre, la direction des douanes de Brazzaville. Il y demeure sept années, et participe à la fondation de la Mutuelle gabonaise.
Proche de Félix Eboué, gouverneur général de l’AEF, il rejoint la France libre, à l’appel que le général de Gaulle prononce, le 18 juin 1940. Puis, il est renvoyé au Gabon, avec la mission de rallier les populations à la France libre. En 1943, par la volonté de Félix Eboué, il entre dans l’administration des secrétaires généraux de l’A.E.F. et du 1er janvier 1944 jusqu’au 10 novembre 1946, il est président de la commission municipale de la commune de Poto-Poto, la plus importante de l’agglomération de Brazzaville. Entre-temps, à la mort de Félix Eboué en mars 1944, Jean-Hilaire Aubame devient conseiller du successeur du gouverneur général de l’A.E.F., André Bayardelle. À la suite de l’ouverture des élections législatives aux autochtones, conseil lui est donné de s’y présenter.
Candidat du collège des non-citoyens du Gabon, aux élections pour les deux Assemblées nationales constituantes, il est battu. Son entrée au Palais-Bourbon est effective le 10 novembre 1946, lors de l’élection de la première Assemblée législative de la Quatrième République : il est élu député du Gabon, avec l’étiquette de la S.F.I.O. Parlementaire très actif, tout particulièrement, dans le traitement des questions concernant l’Afrique, il est réélu au scrutin du 17 juin 1951, comme « candidat indépendant ». À partir du 4 mai 1955, il préside le groupe parlementaire des Indépendants d’outre-mer. Il poursuit son investissement parlementaire en faveur des populations africaines, en insistant sur les problèmes spécifiques qui leur sont liées : conditions de vie, aménagement des centres urbains, économie et autonomie alimentaire. Vice-président de la Commission des territoires d’outre-mer, il est secrétaire de la commission de la marine marchande et des pêches. A ces différents titres, il prend le soin, dans une proposition de loi qu’il rédige, de promouvoir une meilleure représentation des territoires d’outre-mer et des territoires associés au Conseil économique. Le 30 août 1954, il figure parmi les parlementaires qui soutiennent le projet de Communauté européenne de défense (C.E.D.) et qui, de fait, rejettent la motion présentée par le général Aumeran.
Il est enfin réélu député du Gabon, au scrutin du 2 janvier 1956, à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République, René Coty. À nouveau secrétaire de la Commission de la marine marchande et des pêches, il préside encore le groupe parlementaire des Indépendants d’outre-mer. Il dépose alors une proposition de loi relative à la formation des Assemblées territoriales d’Afrique occidentale et d’Afrique équatoriale française. Le 12 mars 1956, il vote pour les pouvoirs spéciaux en Algérie, mais ne prend pas part au vote de confiance au général de Gaulle, le 1er juin 1958. Mais le 28 septembre suivant, il appelle à voter « oui » au référendum sur la Communauté franco-africaine.
Entre-temps, en 1952 et 1957, il est élu conseiller à l’Assemblée territoriale et, le 13 mars 1958, il devient membre de l’Assemblée parlementaire européenne. Au titre des élus ultramarins dont les pays accèdent à l’indépendance, et en application de l’ordonnance du 17 octobre 1958, il est autorisé à siéger au Palais-Bourbon, à l’occasion des premières élections législatives de la Cinquième République, organisées les 23 et 30 novembre 1958. Il est nommé membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées, à compter du 27 janvier 1959. Mais son activité parlementaire se trouve réduite de fait. Il ne dépose aucune proposition de loi, ni n’intervient en séance publique ; il cesse en effet d’appartenir à l’Assemblée nationale, à partir du 15 juillet suivant, en application de l’article 91 de la Constitution, relatif aux dispositions transitoires conduisant notamment à l’application de la Constitution aux Etats membres de la Communauté, et de l’article 4 de l’ordonnance du 17 octobre 1958. Il a le temps, cependant, de prendre part au premier scrutin d’importance de la législature, au cours des quelques mois que dure son mandat. Le 16 janvier 1959, il s’abstient volontairement, lorsque le premier ministre Michel Debré demande à la représentation nationale l’approbation de son programme de gouvernement.
En plus de son mandat législatif, Jean-Hilaire Aubame s’est toujours investi dans la vie politique du Gabon. Bien que vivant à Paris, il a effectué de nombreux voyages vers ses terres natales et d’élection. Dès 1947, il a fondé son propre parti, l’Union démocratique et sociale gabonaise (U.D.S.G.). Homme des missions et de l’administration, il est aussi entré dans un conflit politique permanent avec le représentant des colons, Léon Mba, auquel il est lié familialement. En 1952, il est élu conseiller à l’Assemblée territoriale, pour la province de Woleu-Ntem, qui devient son « bastion ». Il est réélu en mars 1957.
Alors qu’il cesse d’appartenir à l’Assemblée nationale, au moment où le Gabon accède à l’indépendance, Jean-Hilaire Aubame défend l’instauration d’un régime parlementaire, face au chef de l’Etat Léon Mba, lequel défend un régime présidentiel fort. Bien qu’une Constitution de type parlementaire soit adoptée, le 4 novembre 1960, le combat de Jean-Hilaire Aubame n’est pas gagné pour autant, face à Léon Mba, premier chef d’Etat d’un Gabon indépendant à partir du 17 août 1960. Appelé rapidement à la rescousse de Léon Mba devenu impopulaire, Jean-Hilaire Aubame, nommé ministre des affaires étrangères en 1961, ne parvient pas à retourner la situation politique en sa faveur. Au contraire, il s’incline devant les décisions de son concurrent, qui sont autant d’affaiblissement de ses propres positions : renonciation à la présidence de la République du Gabon, et à son bastion de Woleu-Ntem pour celui de l’Ogooué-Maritime où il est beaucoup moins populaire et acceptation d’une nouvelle Constitution qui donne les pleins pouvoirs au chef de l’Etat. La rupture définitive intervient deux ans plus tard, alors que le président de la République lui demande de renoncer à son parti politique, l’U.D.S.G., dans le but d’imposer une structure unique, celle du Bloc démocratique gabonais (B.D.G.), parti du président. Nommé président de la Cour suprême, il en démissionne peu de temps après, selon les vœux du chef de l’Etat.
À la suite du coup d’Etat militaire du 18 février 1964, qui cause la chute de Léon Mba, Jean-Hilaire Aubame accède aux fonctions de chef du gouvernement. Mais le président déchu est rétabli au pouvoir le lendemain, avec l’aide des autorités françaises, par la volonté du général de Gaulle et de Jacques Foccart. Inculpé pour sa participation présumée au coup d’Etat, son procès débute le 15 août 1964. Il nie toute collaboration avec les forces militaires rebelles, se contentant d’avouer sa responsabilité dans la mise en place d’un gouvernement provisoire, corollaire à la « démission volontaire » de Léon Mba. Il s’élève contre l’intervention gaulliste en faveur de celui dont il ne partage pas la conception du pouvoir. À l’issue de ce procès, il est condamné à dix ans de travaux forcés et à dix ans d’interdiction de séjour. Il n’est libéré qu’en 1972 par le successeur de Léon Mba, Omar Bongo. Il s’exile alors à Paris, et ne revient au Gabon qu’en 1981, à Libreville, où le chef de l’Etat en fait son conseiller spécial, à titre honorifique. Il échappe de peu à l’attentat perpétré contre sa maison, le 12 décembre 1984.
Jean-Hilaire Aubame disparaît le 16 août 1989, à l’âge de 76 ans. Commandeur de la Légion d’honneur, médaillé de la Résistance, il était titulaire de plusieurs ordres africains (Etoile équatoriale du Gabon, Etoile africaine du Libéria et Ordre libérien de la rédemption africaine, mérite du Niger, mérite centrafricain et mérite de Côte-d’Ivoire, Ordre national du Tchad et Etoile noire du Bénin).