Yvon, Pierre, Stanislas Delbos

1885 - 1956

Informations générales
  • Né le 7 mai 1885 à Thonac (Dordogne - France)
  • Décédé le 15 novembre 1956 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIIe législature
Mandat
Du 11 mai 1924 au 31 mai 1928
Département
Dordogne
Groupe
Radical et radical-socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIVe législature
Mandat
Du 22 avril 1928 au 31 mai 1932
Département
Dordogne
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVe législature
Mandat
Du 1er mai 1932 au 31 mai 1936
Département
Dordogne
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 3 mai 1936 au 31 mai 1942 *
Département
Dordogne
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Dordogne
Groupe
Radical et radical-socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Dordogne
Groupe
Radical et radical-socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Dordogne
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 8 juillet 1955
Département
Dordogne
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1955 au 1er janvier 1956

Biographies

Né le 7 mai 1885 à Thonac (Dordogne), mort le 15 novembre 1956 à Paris.

Député de la Dordogne de 1924 à 1940. Délégué à l'Assemblée consultative provisoire en 1945.

Député de la Dordogne aux deux Assemblées nationales constituantes de 1945 à 1946.

Député de la Dordogne de 1946 à 1955. Conseiller de la République de la Dordogne de 1955 à 1956. Sous-Secrétaire d'Etat à l'enseignement technique et aux Beaux-arts du 17 avril au 11 octobre 1925.

Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts du 11 octobre au 28 novembre 1925.

Garde des Sceaux et Vice-président du Conseil du 24 janvier au 4 juin 1936. Ministre des Affaires étrangères du 4 juin 1936 au 13 mars 1938. Ministre de l'Education nationale du 13 septembre 1939 au 21 mars 1940 et du 5 au 16 juin 1940. Ministre d'Etat du 22 janvier au 24 novembre 1947. Ministre de l'Education nationale du 26 juillet au 5 septembre 1948 et du 11 septembre 1948 au 2 juillet 1950.

Yvon Delbos était fils et petit-fils d'instituteur. Il fit ses études au collège Henri IV à Paris. Entré à l'Ecole normale supérieure, il en sortit brillamment agrégé de lettres en 1907. Il avait alors la réputation d'un solide latiniste et d'un perspicace commentateur des poètes français. Il eut à cette époque l'occasion d'apporter sa contribution à l'édition critique des Méditations de Lamartine. Mais assez vite, il quitte l'enseignement et, en 1911, il aborde le journalisme, d'abord littéraire, puis politique. Il entre au Radical. En même temps, il collabore à plusieurs organes de province et de Paris. En 1914, il devient rédacteur en chef du Radical.

La Grande guerre éclate. Yvon Delbos est mobilisé comme sergent d'infanterie. Il est blessé à la main droite par un éclat d'obus en octobre 1915. Il passe ensuite dans l'aviation. Il est blessé une seconde fois. Deux fois il est cité à l'ordre de l'armée. Il ne sera démobilisé qu'après l'armistice, en 1919.

La guerre terminée, il fonde, en 1919, l'Ere nouvelle, dont le premier numéro sort le 27 décembre 1919.

L'Ere nouvelle avait comme programme la reconstitution de l'Union des gauches. C'était en réalité le meilleur organe du parti radical-socialiste. Ce journal paraîtra jusqu'en juin 1940.

En même temps, Yvon Delbos collabore à divers journaux républicains, notamment à la France de Bordeaux, au Quotidien, et surtout à la Dépêche de Toulouse, dont il deviendra en 1920 l'éditorialiste politique.

Mais il est attiré par la politique. Il s'inscrit au parti radical, dont il devient vice-président. C'est lui qui rédigera la déclaration du parti au congrès de Marseille, en 1923.

Candidat aux élections générales législatives dans la Dordogne en 1919, il n'obtient, au scrutin de liste, que 19.611 voix sur 97.783 votants et n'est pas élu. La liste de concentration économique et républicaine, à laquelle il appartient n'a qu'un élu.

Mais aux élections générales du 11 mai 1924 inscrit sur la liste d'Union des gauches, il est élu avec 19.807 voix sur 106.595 votants.

A celles du 22 avril 1928, au scrutin uninominal, il est élu député de Sarlat au premier tour par 11.057 voix sur 21.047 votants, alors que le candidat qui le suit, M. Latour, n'obtient que 4.683 voix.

A celles du 1er mai 1932, il est élu au premier tour par 13.610 voix sur 20.845 votants, contre 3.284 voix à M. Faurel.

A celles des 26 avril et 3 mai 1936, il obtient au premier tour 8.301 voix sur 20.848 votants et il est élu au second tour par 12.676 voix sur 20.188 votants, contre 6.089 à M. Worms.

Au Parlement, comme au sein du parti radical, Yvon Delbos joue aussitôt un rôle de premier plan.

Il fait partie des Commissions : des affaires étrangères (1924, 1938), de l'enseignement et des beaux-arts (1926,1930, 1932), d'assurance et de prévoyance sociales (1928), du suffrage universel (1928, 1932), d'Alsace-Lorraine (1929, 1930).

Il est secrétaire de la Chambre des Députés en 1924 et 1925. Il est élu, le 9 juin 1932, vice-président de la Chambre, poste auquel la confiance de ses collègues de tous les partis le maintient jusqu'en janvier 1936.

Très vite, il est appelé à assumer des responsabilités ministérielles. Le 17 avril 1925, il entre dans le cabinet Painlevé en qualité de sous-secrétaire d'Etat à l'Enseignement technique et aux Beaux-Arts. Le 11 octobre de la même année, à l'occasion d'un remaniement du cabinet, il devient ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, poste qu'il conserve dans un second cabinet Painlevé constitué le 29 octobre 1925.

Le Ministère démissionne le 28 novembre 1925. Dès lors, et pendant une dizaine d'années, Yvon Delbos refusera les offres de portefeuilles qu'à de nombreuses reprises lui feront les chefs de Gouvernement les plus différents, qui, tous, ont pu apprécier son intégrité, son patriotisme et ses sentiments républicains. Il va consacrer son activité à l'exercice de son mandat de député et, d'autre part, à l'étude des problèmes internationaux.

Il effectue de nombreux voyages à l'étranger, où il noue des relations personnelles et cordiales avec les personnalités les plus représentatives de l'opinion publique européenne.

En 1927, il représente la France au congrès pan-européen.

Il fait ensuite un voyage d'information et d'étude en U.R.S.S. et publie ses impressions dans une série d'articles, réunis ensuite en un volume, l'Expérience rouge, qui sera publié en 1933.

Il devient président du groupe parlementaire radical-socialiste. Le président de la République lui demande à deux reprises de constituer le cabinet. Mais il ne croit pas devoir accepter.

Le 24 janvier 1936, il entre dans le cabinet Sarraut en qualité de Garde des sceaux, ministre de la Justice. Il occupera ce poste jusqu'au 4 juin 1936. A cette date, Léon Blum forme un nouveau ministère. Yvon Delbos est appelé au portefeuille des Affaires étrangères qu'il conserve au cours d'une période particulièrement difficile, dans un premier cabinet Chautemps, puis dans un deuxième cabinet Chautemps, jusqu'au 13 mars 1938.

Il entre, le 13 septembre 1939, dans le gouvernement Daladier, comme ministre de l'Education nationale, poste qu'il occupera de nouveau dans le cabinet Paul Reynaud du 5 au 16 juin 1940.

En 1940, il s'oppose à l'armistice. Le 18 juin 1940, il décide de se rendre en Afrique du Nord pour poursuivre la lutte et organiser la résistance. Le 20, il s'embarque sur le Massilia, à destination de Casablanca et gagne Alger. Il n'assiste pas à Vichy à la séance de l'Assemblée nationale du 10 juillet 1940 au cours de laquelle furent votés les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Il revient en France quelques semaines plus tard.

Il est arrêté par les Allemands en avril 1943 et déporté. Il reste deux ans au camp d'Oranienburg, où il est mis en cellule et au secret. Il rentre en France après la Libération, le 7 mai 1945.

Il reprend aussitôt, malgré son état de santé ébranlé par la déportation, sa place au sein du parti radical-socialiste.

L'Assemblée consultative provisoire avait décidé, en juin 1945, d'augmenter le nombre de ses membres en réservant un certain nombre de sièges supplémentaires aux prisonniers et déportés. Yvon Delbos est ainsi désigné, en juillet, pour siéger à l'Assemblée consultative au titre de la résistance parlementaire.

A la première Assemblée nationale constituante, il va de nouveau représenter son département de la Dordogne. Le 21 octobre 1945 la liste Radicale-socialiste, en tête de laquelle il s'est inscrit, obtient 35.279 voix sur 189.560 votants.

Le 2 juin 1946, pour les élections à la deuxième Assemblée nationale constituante, il est inscrit en tête de la liste du Rassemblement des gauches républicaines qui obtient 52.861 voix sur 203.665 votants.

Le 10 novembre 1946, pour les élections à la première législature de l'Assemblée nationale, la même liste obtient 54.619 voix sur 193.585 votants.

Aux élections suivantes le 17 juin 1951, inscrit en tête de la liste Républicaine-radicale et Radicale-socialiste et du Rassemblement des gauches républicaines, il obtient 46.406 voix sur 197.536 votants.

De 1945 à 1955, Yvon Delbos a fait partie des Commissions : de coordination des affaires musulmanes (1945), des finances (1945), de l'éducation nationale (1945-1946). du suffrage universel (1950), 1951,1953), de l'intérieur (1951). Pendant toute cette période et sauf pendant qu'il occupait un poste ministériel, en 1947, 1948 et 1949, il fit partie de la Commission des affaires étrangères.

Il est élu vice-président de la deuxième Assemblée nationale constituante le 14 juin 1946, par 471 voix sur 536 votants, et réélu vice-président de l'Assemblée nationale, le 3 décembre 1946, par 449 voix sur 537 votants.

Il est, d'autre part, vice-président du groupe parlementaire Radical et Radical-socialiste.

A partir de 1947, il va de nouveau assumer des responsabilités ministérielles.

Le 22 janvier 1947, il entre dans le cabinet Ramadier comme Ministre d'Etat, poste qu'il conserve lors d'un remaniement du cabinet, le 22 octobre, jusqu'à la démission du Ministère, le 24 novembre.

A ce titre, il est délégué de la France à l'Assemblée générale des Nations Unies.

Pressenti alors par le Président de la République pour constituer un nouveau cabinet, il croit devoir refuser, estimant que son état de santé ne lui permet pas d'assumer cette tâche.

Le cabinet André Marie est définitivement constitué le 26 juillet 1948. Yvon Delbos s'y voit confier le poste de Ministre de l'Education nationale qu'il occupera jusqu'à la démission du cabinet, le 5 septembre, et, de nouveau, dans le cabinet Queuille, du 11 septembre 1948 au 28 octobre 1949, puis dans le cabinet Georges Bidault, du 28 octobre 1949 au 29 juin 1950.

Il reprend alors sa place à l'Assemblée nationale.

Le 2 août 1951, il est élu par 332 voix sur 412 votants, représentant titulaire de la France à l'Assemblée consultative du Conseil de l'Europe, et, le 11 juillet 1952, par 212 voix sur 221 votants, représentant de la France à l'Assemblée de la Communauté européenne du charbon et de l'acier.

Il est candidat à la présidence de la République, lors du renouvellement du 17 décembre 1953. Il obtient 129 voix sur 932 votants au premier tour, 185 voix sur 927 au deuxième tour, 225 voix sur 931 au troisième tour. Mais il retire ensuite sa candidature.

Enfin, il se présente aux élections sénatoriales du 19 juin 1955, dans le département de la Dordogne. Il obtient au premier tour 543 voix sur 1.232 votants; il est élu au second tour par 611 voix sur 1.233 votants. Il abandonne alors son mandat de député.

Yvon Delbos ne devait occuper son siège que pendant dix-huit mois. Le 15 novembre 1956, emporté par un infarctus du myocarde, il mourait à son domicile parisien, 25, quai de Bourbon.

Ses obsèques eurent lieu le 18 novembre, en l'église de Montignac (Dordogne) en présence de plusieurs milliers de personnes, parmi lesquelles, outre les membres de sa famille et de nombreux amis, les autorités civiles et militaires de la région. Parmi les personnalités politiques présentes, M. René Billères, Ministre de l'Education nationale, Robert Lacoste, Ministre résidant en Algérie, Laforest, Secrétaire d'Etat à l'Air, rendirent hommage à sa mémoire.

Yvon Delbos avait épousé en 1953 Mlle Germaine Rouer, sociétaire de la Comédie française.

Il était membre de la Ligue des Droits de l'homme ; président du Parti libéral européen ; président de la Fédération nationale des syndicats et associations professionnelles des journalistes français et président des journalistes républicains.

Il était titulaire de la Croix de guerre 1914-1918.

Si l'on ne peut songer à retracer par le détail la vie politique et parlementaire d'Yvon Delbos, énumérer toutes ses interventions au Parlement, donner la liste des textes dont il fut auteur ou cosignataire, soit en qualité de député, soit en qualité de ministre, on peut résumer son activité politique en disant qu'elle s'est exercée essentiellement dans les trois domaines principaux de l'agriculture, de l'éducation nationale et de la politique extérieure. Originaire d'une région rurale, représentant de cette région pendant trente ans, Yvon Delbos fut amené à s'intéresser, dès le début de sa vie politique, aux problèmes agricoles en général et à la défense des agriculteurs de sa région en particulier. On lui doit de nombreuses interventions sur les sujets les plus divers touchant à l'agriculture. Il est notamment intervenu souvent en faveur des cultivateurs victimes des calamités atmosphériques. Il a déposé de nombreuses propositions tendant à leur venir en aide (1927). Parmi les propositions de loi qu'il déposa après la guerre, on peut citer celles relatives à la création du conseil interprofessionnel des vins de Bergerac (1952) ; à l'exercice de la profession d'herboriste (1954).

D'autre part, il n'oubliera pas la profession de journaliste : il déposa en 1953 une proposition de loi relative à la carte d'identité des journalistes honoraires.

Sa formation cependant le portait surtout vers les problèmes de l'éducation nationale. Ce domaine ne le laissa jamais indifférent au cours de sa carrière politique. Il est significatif à cet égard que les premières et les dernières années de celle-ci aient été marquées par son passage au Ministère de l'Education nationale.

Après la guerre de 1939-1945, il considéra comme un impérieux devoir de se consacrer à la formation de la jeunesse de son pays.

De fait, on peut dire qu'il ne cessa jamais, soit comme député, soit comme ministre, de se préoccuper de l'enseignement technique, des sports, des oeuvres de jeunesse. Il préconisa ou entreprit un certain nombre de réformes que l'on peut résumer ainsi : multiplication des bâtiments scolaires, création de cités universitaires, développement des bourses, de l'enseignement agricole, de la recherche scientifique, installation de laboratoires, défense des personnels enseignants.

On peut citer, parmi les projets de loi qu'il déposa, ceux relatifs aux bâtiments scolaires (12 août 1948), à la création d'un laboratoire normal de France au Conservatoire des arts et métiers (16 décembre 1948), à l'organisation de la formation professionnelle (12 avril 1949), à une exposition de la Résistance (11 avril 1949), à la situation des élèves de l'Ecole centrale (17 mai 1949), à l'obligation scolaire (13 janvier 1950), à la sécurité dans les établissements de natation (25 avril 1950) ; à la participation de la France au Congrès de l'Union latine à Rio de Janeiro (8 mai 1951).

Ses origines, en revanche, ne le destinaient pas spécialement à la politique extérieure. Mais un labeur incessant, un travail consciencieux auquel il se consacra pendant une dizaine d'années lui permit de se familiariser avec ces problèmes et lui conféra une compétence qui lui fit confier, en 1936, le portefeuille des Affaires étrangères.

Désormais, aucun débat de politique extérieure ne lui fut étranger et, comme député, il devait intervenir fréquemment dans ce domaine.

En 1935, il intervint, non seulement contre la politique intérieure, mais aussi contre la politique extérieure du Gouvernement Laval.

Comme Ministre des Affaires étrangères en 1936, il fut un partisan convaincu et un artisan actif de la politique de la Petite Entente.

Il fut surtout amené à assumer de lourdes responsabilités dans une période particulièrement difficile, alors que grandissait le péril fasciste et que se précisaient les menaces d'un conflit mondial. Ardent démocrate, mais lucide défenseur de la paix, il se fit l'apôtre de la politique de non-intervention en Espagne. Il surmonta ses sympathies républicaines et résista à l'appel dramatique des républicains espagnols. Il sut adopter ainsi une attitude de sang-froid et de courage afin d'éviter toute extension du conflit « jusqu'aux limites compatibles avec l'honneur et la sincérité de la Nation. »

On sait comment, en 1940, ses sentiments républicains et patriotiques le poussèrent à s'opposer à l'armistice, au Gouvernement de Vichy et à s'engager dans la Résistance parlementaire, puis clandestine, attitude qui fut chèrement payée par une dure déportation.

Après la guerre, il intervint dans la plupart des grands débats touchant à la politique étrangère, concernant notamment : la ratification du traité de la CECA (1951), le réarmement allemand et la C.E.D. (1952), la politique européenne du Gouvernement (1952, 1953), la politique de la France en Indochine (1951, 1952, 1954), la ratification des Accords de Paris (1954).

Dans les instances internationales dont il fut appelé à faire partie - Assemblées de Strasbourg, Unesco, conférences internationales diverses, Nations Unies - fidèle à son idéal de paix et de justice internationale, il a lutté contre toutes les formes de dictature et a rappelé et défendu la mission de la France. Partisan réfléchi et inébranlable de la construction européenne, il s'est fait constamment le serviteur de cette cause.

Ce qui frappait chez Yvon Delbos, c'était l'abord simple, modeste, timide peut-être, qui s'alliait aussi à une grande bonté, et qui cachait le travailleur consciencieux et persévérant.

Républicain convaincu, Il sut en toutes circonstances rester fidèle à son idéal sans compromissions ni faiblesses, sans trahir jamais cette « intransigeante fidélité aux principes républicains » à laquelle le Président Herriot tint à rendre hommage.

Il sut aussi, dans une période critique, agir à la fois avec lucidité, sang-froid et pondération. Mais ce qu'il faut souligner peut-être, c'est une intégrité et une loyauté qui avaient imposé même à ses adversaires sympathie et respect; une grandeur morale et un courage dont il donna la mesure en des heures tragiques. « Dans le péril de la patrie, avait-il dit, il 'n'y a pas de convenances personnelles, il n'y a que des convenances nationales.»

Ainsi trouvait-on chez lui à la fois le philosophe et le politique, le penseur et l'homme d'action, l'intellectuel et le sportif.

« Humaniste nourri d'un héritage Classique, déclarait le président du Conseil de la République en rendant hommage à sa mémoire à la séance du 26 novembre 1956, il naissait en lui un ensemble harmonieux, sportif et littéraire, philosophe et homme d'action, penseur austère parfois et politique courageux.»

Il reflétait un peu des caractères de ce Périgord où il était né, auquel il est resté attaché et où il repose désormais, de ce Périgord fait, pour reprendre les termes du président Monnerville, « d'équilibre et de solidité terrienne et d'un bon sens non exclusif d'imagination».




Né le 7 mai 1885 à Thonac (Dordogne)
Décédé le 15 novembre 1956 à Paris

Député de la Dordogne de 1924 à 1940
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Dordogne)
Député de la Dordogne de 1946 à 1955
Sénateur de la Dordogne de 1955 à 1956
Sous-secrétaire d'Etat à l'Enseignement technique et aux Beaux-arts du 17 avril au 11 octobre 1925
Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts du 11 octobre au 28 novembre 1925
Garde des Sceaux et Vice-président du Conseil du 24 janvier au 4 juin 1936
Ministre des Affaires étrangères du 4 juin 1936 au 13 mars 1938
Ministre de l'éducation nationale du 13 septembre 1939 au 21 mars 1940 et du 5 au 16 juin 1940
Ministre d'Etat du 22 janvier au 24 novembre 1947
Ministre de l'Education nationale du 26 juillet au 5 septembre 1948 et du 11 septembre 1948 au 2 juillet 1950

(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, Tome IV, p. 1310 à 1313)

Opposé à l'armistice du 17 juin 1940, Yvon Delbos s'embarque le 20 sur le Massilia, et gagne Alger, où il se trouve lorsque l'Assemblée nationale accorde, le 10 juillet, les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain.

Il regagne la France durant l'été, conscient que sa détermination à combattre l'ennemi y trouvera des moyens d'action.

Il se rallie alors à la Résistance, ce qui lui vaut d'être arrêté en avril 1943, puis déporté au camp d'Oranienburg, jusqu'à son retour en France, le 7 mai 1945.

Il s'efforce alors d'oublier cette terrible épreuve, qui a profondément miné sa santé, en reprenant son action politique au sein du parti radical-socialiste.

Il siège, à partir du mois de juillet 1945, au sein de l'Assemblée Consultative provisoire pour y représenter les prisonniers et déportés.

Puis il est élu, le 21 octobre suivant, à l'Assemblée nationale Constituante, en tête de la liste radicale-socialiste présentée dans la Dordogne. Il y intervient sur le chômage et la reconstruction, ainsi que sur la nationalisation des banques d'affaires.

Il conserve son siège au sein de la seconde Constituante, élue le 2 juin 1946, et en est élu vice-président. Il s'exprime alors sur la Constitution, et l'élection des députés.

Il est réélu lors des législatives du 10 novembre 1946, et accède alors à la vice-présidence du groupe parlementaire radical et radical-socialiste.

Le 22 janvier 1947, Paul Ramadier le nomme comme Ministre d'Etat au sein de son gouvernement, puis il est Ministre de l'Education nationale dans le cabinet André Marie, du 26 juillet au 5 septembre 1948, ainsi que dans le premier cabinet Queuille et le deuxième cabinet Bidault, du 11 septembre 1948 au 2 juillet 1950.

A son retour à l'Assemblée nationale où il siège à la Commission de l'Intérieur, et à celle des Affaires étrangères, il s'exprime sur l'élection des membres de cette Assemblée, puis sur la Communauté européenne du charbon et de l'acier (1951).

En 1952, il vote pour l'investiture du premier cabinet Edgar Faure, le 17 janvier, puis intervient sur l'armée européenne et le réarmement allemand, ainsi que sur l'organisation de la défense des peuples libres d'Europe.

L'année suivante, il se prononce, le 6 janvier, pour l'investiture du cabinet Mayer et s'exprime sur la politique européenne du Gouvernement ; puis, en 1954, vote pour l'investiture du cabinet Mendès - France, et intervient sur l'Indochine, et les accords de Paris.

Entretemps, il avait été candidat à l'élection présidentielle du 17 décembre 1953, obtenant successivement 129, 185 et 225 voix aux trois premiers tours ; il se retire alors de la compétition.

Le 19 juin 1955, il conduit la liste radicale aux élections dans la Dordogne au Conseil de la République.

Il remporte au second tour l'un des deux sièges à pourvoir, avec 611 voix sur 1 220 exprimés.

Membre du groupe du RGR, il siège à la Commission des affaires étrangères, et à celle du suffrage universel, et il est élu délégué de la France à l'Assemblée de la Communauté européenne du charbon et de l'acier.

Mais son mandat sénatorial est de courte durée, puisqu'il s'éteint le 15 novembre 1956 à Paris, à l'âge de 71 ans.