Michel Delebarre
1946 - 2022
DELEBARRE (Michel Stéphane Henry Joseph)
Né le 27 avril 1946 à Bailleul (Nord)
Décédé le 9 avril 2022 à Lille (Nord)
Député du Nord de 1986 à 1988, de 1997 à 1998 et de 2002 à 2011
Sénateur du Nord de 2011 à 2017
Ministre du Travail, de l’emploi et de la formation professionnelle du 19 juillet 1984 au 19 mars 1986
Ministre des Affaires sociales et de l’emploi du 13 mai 1988 au 22 juin 1988
Ministre des Transports et de la mer du 28 juin 1988 au 22 février 1989
Ministre de l’Equipement, du logement, des transports et de la mer du 22 février 1989 au 21 décembre 1990
Ministre d’Etat, ministre de la Ville du 21 décembre 1990 au 2 avril 1992
Ministre d’Etat, ministre de Fonction publique et des réformes administratives du 3 avril 1992 au 29 mars 1993
Michel Delebarre naît le 27 avril 1946, à Bailleul, dans le Nord. Son père, Stéphane Gaston Valéry Delebarre, est né en 1914 à Béthune. Il décède en 1992 à Wasquehal. Il était, commandant de réserve honoraire, officier de la Légion d'honneur et titulaire de la Croix de guerre. Sa mère, Georgette Berthe Maria Deroo, née en 1918, à Bailleul, est décédée en 2000. Le couple a eu trois fils.
Michel Delebarre obtient une licence d’histoire-géographie puis un diplôme d'études supérieures en géographie. Le 28 juin 1969, il se marie avec Janine Debeyre, qui est la fille du recteur de l’académie de Lille de 1955 à 1972.
Sa carrière administrative puis politique locale prend rapidement son essor. En effet, en 1968, conseillé par son futur beau-père, Michel Delebarre devient secrétaire adjoint du comité d’expansion du Nord-Pas-de-Calais. En juillet 1970, il se met en relation avec Pierre Mauroy, alors conseiller général. En 1974, il adhère au Parti socialiste (PS). Il devient également directeur de cabinet de Pierre Mauroy, alors président du Conseil régional, et le reste jusqu’en 1978.
Le parcours de Michel Delebarre au niveau national commence en 1981, après la victoire de François Mitterrand à l’élection présidentielle. Il suit à Matignon Pierre Mauroy, nommé Premier ministre, dès le 27 mai 1981, comme chargé de mission, puis chef de cabinet un an après, le 28 mai 1982.
En juillet 1984, Michel Delebarre entame une carrière politique. Il est nommé ministre du Travail, de l’emploi et de la formation professionnelle au sein du gouvernement de Laurent Fabius, qui remplace Pierre Mauroy comme Premier ministre.
Il incarne très vite un « socialisme moderne ». Son action ministérielle est reconnue. Outre la mise en place de dispositifs en faveur de l’emploi des jeunes, avec notamment les travaux d’utilité collective (les « TUC »), il défend en 1985 et au début de l’année 1986, devant les assemblées parlementaires, plusieurs projet de loi incarnant l’assouplissement du droit du travail : celui sur les congés de conversion, celui sur l’aménagement des règles de cumul entre les revenus d’activité et les pensions de retraite et, enfin, celui sur l’aménagement du temps de travail, face auquel les communistes mènent une bataille parlementaire à quelques semaines des élections législatives de mars 1986.
Cinquième sur la liste conduite par Pierre Mauroy, Michel Delebarre est élu député du Nord aux élections législatives de mars 1986, au scrutin départemental à la proportionnelle. Il conforte sa place sur la scène politique nationale dans un contexte difficile pour le parti socialiste, puisque les élections sont gagnées par le Rassemblement pour la République (RPR) et l’Union pour la démocratie française (UDF), ce qui impose une cohabitation au président de la République, François Mitterrand. Simultanément, il commence son ancrage local en étant élu, également au scrutin proportionnel, conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais. Il est élu dans la foulée vice-président de l’assemblée régionale.
Au Palais-Bourbon, membre du groupe socialiste, Michel Delebarre siège à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République. Il est représentant titulaire de l'Assemblée nationale à l'Assemblée consultative du Conseil de l'Europe jusqu’au 20 novembre 1986.
Député d’opposition, ses interventions défendent le bilan des gouvernements socialistes qui ont précédé celui de Jacques Chirac, tout en critiquant ce dernier. Ainsi, le 7 mai 1986, dans le cadre d’une question au gouvernement, il se pose en porte-parole de l’opposition, déplorant l’incohérence et la précipitation de la politique dorénavant menée par le nouveau gouvernement, ainsi que la connivence avec le groupe Hersant. Il regrette également la diminution des crédits de la solidarité nationale, de la recherche et de la culture.
Ensuite, dès le mois suivant, le 29 mai 1986, il intervient contre le projet de loi relatif à la suppression de l’autorisation administrative de licenciement. Il souhaite le maintien du rôle de l'Etat dans la défense de l'emploi, la responsabilité des chefs d'entreprise envers leurs salariés, un accord contractuel préalable entre les partenaires sociaux, une voie de recours pour le licencié ainsi qu’un examen contradictoire des motifs du licenciement. Il regrette un déséquilibre au détriment des travailleurs et des syndicats le 5 juin 1986. Il défend la motion de censure présentée le 11 juin suivant par le groupe socialiste rappelant que ce projet de loi, sera, selon lui, responsable de milliers de chômeurs.
Le 11 août 1986, lors de l’examen du projet de loi portant dispositions diverses relatives aux collectivités locales, le spécialiste des collectivités territoriales dénonce la remise en cause des actions de la gauche de 1981 à 1986 en matière de décentralisation. Il se déclare aussi favorable à la coopération intercommunale nécessaire pour lutter contre la concurrence d’agglomérations de pays voisins de la France. Enfin, le 8 décembre 1987, lors de l’examen des projets de loi relatif aux procédures de licenciement et aux conseils de prud’homme, le député socialiste prend son temps de question pour critiquer le gouvernement et sa politique jugée à nouveau désastreuse en matière d’inflation, de chômage, de croissance et d’investissement industriel.
En outre, devant l’inquiétude des lycées depuis deux semaines, le député du Nord estime que les jeunes contestent la suppression de l’autorisation administrative de licenciement et jugent insuffisant l'accord contractuel du 20 octobre 1986. Selon lui, les représentants des salariés ont un rôle prépondérant et l’Etat doit fixer les règles et garantir l’équilibre, notamment dans les petites entreprises où les salariés n’ont pas de représentants (8 décembre 1986).
En janvier 1987, Michel Delebarre affirme sa stature de personnalité de tout premier plan. Invité à l’émission de télévision « L’heure de vérité », il apparaît comme le contradicteur du ministre des Affaires sociales, Philippe Séguin, et sa prestation fait l’objet dans le quotidien Le Monde, de commentaires élogieux. Il s’affirme au PS comme un chef de file des modernistes, estimant que le droit du travail doit être évolutif, tout comme les acquis sociaux, par la négociation collective entre les partenaires sociaux, et non sous la contrainte de la loi.
Dans cette droite ligne, le 1er juillet 1987, il soutient la question préalable opposée par Pierre Joxe sur le projet de loi relatif à l'apprentissage. Il craint que l’apprentissage ne soit favorisé au détriment de l’Education nationale. Il souhaite donc une loi de programmation pour l’Education nationale, ainsi qu’une amélioration du matériel pédagogique des lycées professionnels, pour la formation technique.
Michel Delebarre défend aussi le bilan des gouvernements socialistes en matière de décentralisation. Ainsi, le 14 décembre 1987, lors du débat sur l’amélioration de la décentralisation, il estime que le texte « Canada dry » du gouvernement, remet en cause des lois Defferre et Joxe, et présente aussi un recul pour les compétences des chambres régionales des comptes. Il souhaite à nouveau développer la coopération intercommunale et le maintien des possibilités d’intervention des collectivités locales dans le domaine économique, par exemple dans l’aide aux entreprises en difficultés. Le 15 décembre, son amendement sur les aides directes ou indirectes des communes en faveur des entreprises en difficulté en prenant en exemple sa région en conversion et l’entreprise ARNO de Dunkerque aidée par la mairie à la demande de l’Etat, est cependant rejeté. Le 16 décembre 1987, Michel Delebarre estime que le projet de loi d’amélioration de la décentralisation révèle surtout une grande méfiance envers les élus, le contrôle par les trésoriers-payeurs généraux de la gestion des petites communes, et entrave la coopération entre les communes.
Après la réélection de François Mitterrand à la présidence de la République en mai 1988, Michel Delebarre est nommé ministre des Transports et de la mer.
Alors que le quotidien Le Monde l’avait cité en mars parmi les personnalités envisageables comme Premier ministre en cas de réélection de François Mitterrand, en raison de son image d’un homme « d'ouverture, de réalisme et d'efficacité », un article du 14 mai suivant sa nomination commence par les termes les plus élogieux – « un ministre exemplaire » – et son sous-titre qualifie sans ambiguïté le nouveau membre du gouvernement en des termes rares : « la référence et l’avenir ». Les louanges réitérées du quotidien pour le ministre nourriront plus tard l’hypothèse -jamais démontrée- du choix de Michel Delebarre par certains membres de sa rédaction comme un candidat possible de la gauche pour la présidence de la République en 1995.
Celui-ci est également réélu député du Nord dans la nouvelle 13e circonscription, tracée autour de Dunkerque, avec 55% des suffrages exprimés au second tour, soit 22 668 voix, contre le candidat du RPR, Emmanuel Dewees, avocat et conseiller général, après avoir dominé le premier tour avec 45,9% des suffrages. Il est remplacé au Palais-Bourbon par son suppléant, André Delattre. L’implantation de Michel Delebarre à Dunkerque permet plus tard celle de Martine Aubry à Lille, pour succéder à Pierre Mauroy.
Dans ses fonctions gouvernementales, celui-ci se définit comme « le ministre des usagers des transports publics » à l’Assemblée nationale le 6 juillet 1988, alors qu’il lui incombe de répondre à des questions au gouvernement sur la sécurité du transport ferroviaire et sur l’embouteillage du ciel avec les débuts de la libéralisation du transport aérien de passagers.
Michel Delebarre gère avec habileté le secteur des transports. Il rend publics les rapports d'enquête précisant les responsabilités et les erreurs humaines qui ont abouti aux accidents ferroviaires. Il affronte sans difficulté en 1988 une grève à la RATP. Il montre sa compétence dans le transport aérien en réalisant le rapprochement des trois compagnies historiques Air France, UTA et Air Inter pour faire face à l’échéance de la libéralisation au 1er janvier 1993. Il assainit également les relations entre l’Etat et la SNCF avec une reprise de la dette dans le cadre du contrat de plan 1990-1994, et fait face dans ce secteur aussi à une vigilance des syndicats qui contestent la réduction du nombre d’emplois. Il engage la réforme portuaire, et celle des dockers, adoptée en 1992.
En février 1989, à l’occasion de la nomination au Conseil constitutionnel de Maurice Faure, Michel Delebarre ajoute à ses compétences ministérielles l’équipement et le logement. En décembre 1989, il défend ainsi à l’Assemblée nationale le projet de loi, sensible, sur la mise en œuvre du droit au logement qui instaure en particulier l'obligation d'élaborer, dans chaque département, un plan d'action pour le logement des personnes les plus défavorisées et renforce l'autorité du préfet en matière d'attribution de logements sociaux.
Sur le plan local, Michel Delebarre veille à renforcer son implantation en enlevant aux élections municipales de mars 1989 la mairie de Dunkerque au candidat du Centre national des indépendants (CNI) Claude Prouvoyeur, sénateur, qui la détenait depuis 1966. S’appuyant sur un projet de rénovation, alors que les chantiers navals ont fermé en 1987, le ministre socialiste bat son adversaire d’un peu plus de 100 voix. L’élection est annulée par le Conseil d’Etat, en mars 1990, en raison de la distribution d’un tract litigieux pendant la campagne électorale, mais quelques jours après, Michel Delebarre est nettement réélu dans la même configuration que l’année précédente, battant de nouveau Claude Prouvoyeur.
Michel Delebarre s’attache à moderniser la ville. Il crée notamment l’université du Littoral-Côte-d’Opale et conçoit le projet Neptune de reconquête des espaces maritimes et portuaires délaissés.
En décembre 1990, Michel Delebarre est promu ministre de l’Etat, ministre de la Ville. Il s’agit de mettre en œuvre l’engagement du président de la République lors des assises Banlieues 89 à Bron, le 4 décembre précédent, de créer un ministère chargé de ce difficile problème. Il prépare très vite des mesures de péréquation financière entre les communes dites riches et celles dites pauvres. Il fait établir un constat des lieux, obtient une majoration des crédits de son ministère et des autres crédits ministériels et assure la défense, devant les assemblées parlementaires en 1991, du projet de loi sur la solidarité financière entre les communes, et le projet d’orientation pour la ville (la loi du 13 juillet 1991).
Ce bilan ne lui permet cependant pas de conserver son portefeuille en avril 1992 dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy, étant remplacé par Bernard Tapie, qui doit démissionner de son poste le 23 mai suivant.
Sur le plan partisan, le nom de Michel Delebarre est cité pour succéder en janvier 1992 à Pierre Mauroy comme Premier secrétaire du Parti socialiste, mais c’est finalement Laurent Fabius qui est désigné, dans le cadre d’un accord avec Michel Rocard, alors « candidat naturel » à l’élection présidentielle de 1995.
Reprenant en avril 1992 le ministère de la Fonction publique et des réformes administratives, mais toujours ministre d’Etat, Michel Delebarre est en retrait jusqu’aux élections législatives de mars 1993. Il ne s’y présente pas, laissant la candidature à son suppléant, André Delattre, qui est battu par Emmanuel Dewees.
Michel Delebarre se consacre alors à l’échelon territorial. Réélu conseiller régional en 1992, il devient premier vice-président de la région Nord-Pas-de-Calais. Il est personnellement intervenu pour une alliance de la gauche avec les écologistes, et pour l’élection de Marie-Christine Blandin comme présidente de la région, contre l’avis initial du Parti communiste, afin d’éviter que cette importante collectivité ne bascule à droite.
Michel Delebarre est également président de la Communauté Urbaine de Dunkerque, à partir de 1995. Il est président de Dunkerque Grand Littoral de 1995 à 2014, après avoir été président du syndicat mixte de la Côte d’Opale jusqu'en 1994.
Il évolue également au sein du Parti socialiste puisqu’il devient président de son conseil national en 1995.
Il doit faire face à des difficultés sur le plan judiciaire. Mis en examen en janvier 1997 pour complicité d’atteinte à la vie privée dans le cadre de l’instruction de l’affaire dite des écoutes de l’Elysée, car il était directeur de cabinet du Premier ministre, et suivait l’activité du Groupement interministériel de contrôle (GIC), l'organisme chargé des « interceptions de sécurité » gouvernementales lors des faits de 1982 à 1984, il invoque le « secret défense ». Il sera condamné en mars 2006 par le tribunal correctionnel de Paris, mais dispensé de peine.
Michel Delebarre renoue avec un mandat national aux élections législatives anticipées de mai et juin 1997. Il obtient au premier tour 37,59% des suffrages exprimés, avec 15 728 voix, devant le député sortant RPR, Emmanuel Dewees qui en obtient 10 655. Il l’emporte au second tour avec 56,89% des suffrages exprimés. Il n’est cependant pas appelé au gouvernement. Il est, en juillet 1997, chargé auprès du ministre de l’Economie, des finances et de l’industrie, d’une mission sur les enjeux d’avenir pour France-Télécom, dans le contexte européen d’ouverture à la concurrence et de l’évolution du statut des opérateurs historiques en matière de télécommunications. Il remet ses conclusions en septembre, en faveur d’une ouverture du capital de France-Télécom pour « lui permettre de rester l'un des tout premiers opérateurs mondiaux ». Au Palais-Bourbon, membre du groupe socialiste, il siège à la commission de la production et des échanges, et à la commission spéciale chargée de vérifier et d'apurer les comptes. Il est également membre titulaire du conseil supérieur de l'électricité et du gaz.
Le 24 octobre 1997, Michel Delebarre, en qualité de rapporteur pour avis de la commission de la production et des échanges sur les transports maritimes et fluviaux sur le projet de loi de finances pour 1998, appuie le projet de budget en faveur des écoles de la marine marchande, l’amélioration des conditions de travail et de sécurité en mer. Il souhaite aussi un meilleur financement de la flotte de commerce française, ainsi qu’un véritable projet de loi d’orientation portuaire en faveur de la façade de la Manche et de la mer du Nord contre la concurrence de Rotterdam, Anvers et Zeebrugge.
En mars 1998, à l’issue des élections régionales, remportées par la gauche dans sa région, Michel Delebarre devient président du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais. Il abandonne son mandat parlementaire le 1er juillet suivant, pour se mettre en conformité avec la législation sur le cumul des mandats. Il démissionne en même temps de sa fonction de président de l’Association des maires des grandes villes de France.
L’élection législative partielle qui suit, en septembre, est une déconvenue. André Delattre, qui a été le suppléant de Michel Delebarre, est battu par le candidat de la droite, Démocratie libérale, Franck Dhersin, qui a succédé à Claude Prouvoyeur comme conseiller général en 1998.
En plus de l’exécutif régional, Michel Delebarre s’implique fortement dans deux domaines qu’il connaît particulièrement, la fonction publique et le logement social. Il est élu président du Centre national de la fonction publique territoriale en juillet 1998 et, en février 1999, président de l’Union des HLM. En 2001, il cède la présidence du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais à Daniel Percheron, après une réélection sans difficulté à la mairie de Dunkerque, contre le député Franck Dhersin. Il ne peut en effet cumuler deux exécutifs locaux.
L’année suivante, Michel Delebarre retrouve un mandat national, comme député du Nord. Il est réélu dans la 13e circonscription en juin 2002. Il obtient 15 522 voix au premier tour devant Franck Dhersin, avec 14 393 voix. Il l’emporte au second tour avec 51,61% des suffrages exprimés.
Il rejoint le groupe socialiste et la commission des affaires étrangères, ainsi que la délégation de l'Assemblée nationale pour l'Union européenne.
Il est également membre, en 2003, de la commission d’enquête sur l’application des mesures préconisées en matière de sécurité du transport maritime des produits dangereux ou polluants et l’évaluation de leur efficacité.
Le 13 juin 2003, lors de l’examen du projet de loi correspondant, et alors que d’importants mouvements de grève ont lieu, il juge inopportun d’aborder la réforme des retraites sans connaître les futures réformes envisagées, après l’annonce du président de la République d’un réaménagement des systèmes de garantie et de sécurité.
En séance publique, Michel Delebarre intervient également sur le thème du logement. Ainsi, le 11 juillet 2003, sur le projet de loi d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine, il présente un amendement permettant aux organismes HLM de venir en aide aux copropriétés en difficulté et un autre amendement prévoyant une convention entre l’Etat et l’Union des fédérations d’organismes HLM pour préciser les conditions d’utilisation de la part de la cotisation HLM à la Caisse de garantie du logement locatif social. Le 4 décembre 2003, sur le projet de loi de finances rectificative pour 2003, Michel Delebarre présente sans succès un amendement technique sur la dotation de solidarité des communes fusionnées.
En juillet 2004, l’ancien ministre présente au nom de la commission des affaires étrangères un rapport d'information sur la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme.
Michel Delebarre s’implique également dans les questions européennes. Le 8 avril 2003, son rapport d'information au nom de la délégation pour l’Union européenne conclut favorablement à l'adhésion de la Hongrie à l'Union européenne, même si des incertitudes persistent sur la lutte contre la corruption, le respect de l’environnement et la surveillance des frontières. Le 16 février 2005, avec le député RPR Daniel Garrigue, il présente dans le cadre de la délégation pour l’Union européenne un rapport sur le suivi de la stratégie de Lisbonne. Celui-ci met l’accent sur le caractère trop ambitieux de la stratégie initiale, ce qui entraîne un bilan décevant à mi-parcours. Il préconise donc sa clarification et un renforcement de la stratégie industrielle, sociale et environnementale.
Le 29 novembre 2005, avec Didier Quentin, également député RPR, il présente un rapport sur communication de la Commission européenne relatif aux lignes directrices concernant les aides d'Etat à finalité régionale pour la période 2007-2013. Relevant la diminution des aides d’Etat à finalité régionale, en particulier envers les DOM, il expose la nécessité de lutter contre la fracture territoriale grâce à un meilleur ciblage territorial.
Le 16 février 2006, Michel Delebarre est élu président du Comité des régions de l’Union européenne.
Aux élections législatives de 2007, à nouveau candidat, il arrive en tête du premier tour avec 16 435 voix devant son rival de 2002, Franck Dhersin, qui obtient 16 193 voix. Au second tour, il l’emporte avec 53,12% des suffrages exprimés.
Michel Delebarre adhère au groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. Il est de nouveau membre de la commission des affaires étrangères et membre de la délégation de l'Assemblée nationale pour l’Union européenne, qui devient ensuite, à compter de la révision constitutionnelle de 2008, la commission des affaires européennes.
Le 12 septembre 2007, il est rapporteur au nom de la première du projet de loi autorisant l’approbation de l’accord-cadre entre le gouvernement français et le gouvernement belge sur la coopération sanitaire transfrontalière. Le 18 février 2009, il présente son rapport concernant la convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontières et des lacs internationaux, rappelle le rôle de la CEE-NU, l’importance de la lutte contre la pollution et d’une meilleure gestion durable de l’eau.
Dans le domaine des affaires européennes, Michel Delebarre est particulièrement actif. Le 28 novembre 2007, il présente avec le député Union pour la majorité présidentielle (UMP), Bernard Deflesselles, un rapport relatif à l’exécution des programmes européens de radionavigation par satellite, Galileo et Egnos. Tout en valorisant l’ambition du programme, celui-ci en déplore les dysfonctionnements et la nécessité d’une nouvelle configuration du partenariat public-privé afin de montrer la capacité de l’Union européenne à relever des défis technologiques majeurs. Puis, le 9 décembre 2009, rapporteur sur les évolutions des institutions européennes à la suite du Traité de Lisbonne, Michel Delebarre se dit favorable à la mise en place du Service européen d’action extérieure ainsi qu’à la consultation publique sur l’initiative citoyenne. Cependant, il doute de la mise en place d’une taxe sur les transactions financières et que les rémunérations dans le secteur bancaire fassent l’objet d’une autorégulation du secteur. Enfin, avec Didier Quentin, il présente un rapport sur la filière maritime, le 8 juillet 2011. Il insiste sur la concurrence dans la construction navale de la Corée du Sud et de la Chine pour la flotte de commerce et rappelle que la construction de plaisance reste un atout.
Par ailleurs, en séance publique, Michel Delebarre, maire de Dunkerque et président du groupe d’études sur la politique portuaire, intervient longuement lors de l’examen de la réforme portuaire. Ainsi, le 17 juin 2008, il rappelle qu’il a été à l’initiative de la réforme de la manutention portuaire de 1992 et que, depuis 1999, la loi autorisant la mise en place de conventions d’exploitation de terminaux entre acteurs publics et privés, a permis à Dunkerque, Le Havre et Saint-Nazaire de développer la productivité et la professionnalisation du personnel. Il ne s’oppose pas au pilotage unique prévu par le projet de loi mais s’interroge sur les modalités du transfert de l’outillage et des personnels. Il regrette le désengagement de l’Etat des ports de Calais et Boulogne-sur-Mer. S’inquiétant par ailleurs de l'avenir de l'industrie du raffinage en France, dont la raffinerie Total de Dunkerque, il demande la programmation d'une table ronde pour la filière.
Michel Delebarre est élu sénateur du Nord le 25 septembre 2011 et le demeure jusqu’au 1er octobre 2017. Il siège au groupe socialiste et républicain. Il est vice-président de la commission des affaires européennes et secrétaire de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale. Il est également membre de la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales et à la décentralisation.
Au niveau territorial, Michel Delebarre n’a cessé de s’investir, comme président de l'Association des communautés urbaines de France de 2012 à 2014, président de la Mission opérationnelle transfrontalière de 2008 à 2014, président du syndicat intercommunal des Dunes de Flandres de 2008 à 2014, président de la commission Cohésion territoriale de 2010 à 2014, administrateur de l'Association des collectivités et professionnels dans le domaine des Déchets, de l’Energie et des Réseaux de chaleur de 2008 à 2014. Il a aussi été administrateur du Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres.
En 2014, il perd la ville de Dunkerque face à un ancien adjoint, Patrice Vergriete, qui crée une liste dissidente. Selon ses proches, jamais remis de cet échec, il ne siège pas sur les bancs de l’opposition au conseil municipal.
Michel Delebarre décède le 9 avril 2022 à Lille.