Gustave Delory
1857 - 1925
Né le 10 septembre 1857 à Lille (Nord), mort le 17 août 1925 à Lille.
Député du Nord de 1902 à 1925.
Humble fils de pauvres gens, Gustave Delory fit lui-même son éducation, épargnant sur son maigre salaire de quoi acheter un alphabet. Il travaille dès l'âge de 10 ans à une époque où la classe ouvrière connaît de dures conditions d'existence. Décidé à lutter contre la misère des travailleurs il se lance très vite dans l'action militante. Il est à l'origine du mouvement syndical dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, créant des syndicats dans tous les centres textiles de sa région.
Il est, avec Jules Guesde, l'un des fondateurs du parti ouvrier français dont il crée la fédération du Nord en 1881. Il prend part à toutes les luttes politiques et sociales d'alors et devra, pour vivre, exercer plus de dix métiers différents, les patrons le chassant à cause de ses opinions. En 1890, à la suite d'une grève, il est arrêté et emprisonné.
Elu conseiller d'arrondissement en 1890, conseiller municipal et maire de Lille en 1896, conseiller général en 1898, il se présente aux élections générales législatives des 27 avril et 11 mai 1902, dans la troisième circonscription de Lille, et emporte le siège au deuxième tour de scrutin avec 8.908 voix contre 8.213 voix à M. Franchomme, sur 17.406 votants.
A la Chambre des députés il est inscrit au groupe socialiste, membre de la Commission des économies administratives, il participe également aux travaux de la Commission d'enquête sur les industries textiles.
Il dépose plusieurs propositions de loi concernant : la sincérité des opérations électorales (1902), le prix des tabacs de zones et la création d'un tabac spécial dit tabac de pipe, les expropriations pour travaux d'utilité communale (1903), la répression des fraudes dans le commerce du lait (1904).
Il intervient sur : l'assistance aux vieillards, aux infirmes, aux incurables (1904), la politique générale du Cabinet, la grève d'Armentières, le recrutement de l'armée et le service de deux ans, les commis auxiliaires des postes, le déclassement des fortifications de Lille (budget de l'exercice 1905), la prorogation des surtaxes d'octroi sur l'alcool (1905), la création d'une médaille commémorative du siège de Belfort (budget de l'exercice 1906), le retard dans les adjudications et l'urgence de la création d'un corps de gendarmerie mobile.
Réélu le 6 mai 1906, au premier tour de scrutin par 9.424 voix contre 7.960 à M. Gossart, sur 18.655 votants, il appartient à la Commission d'assurance et de prévoyance sociales. Il est l'auteur de propositions de loi relatives à : l'ouverture d'un crédit destiné à venir en aide aux familles ouvrières de l'industrie textile sans travail dans le département du Nord (1908), la vente en gros à la mesure métrique des boissons hygiéniques (1909).
Il participe à la discussion de différents projets ou propositions de loi concernant : le secret et la liberté de vote (1907), la suppression des économats patronaux (1908), les sociétés de secours mutuel accordant une indemnité aux femmes en couches (budget de l'exercice 1909), l'impôt sur le revenu, la modification du tarif général des douanes, l'inspection du travail (budget de l'exercice 1910), la licence des débitants.
Aux élections générales des 24 avril et 8 mai 1910, il conserve son siège, obtenant au deuxième tour de scrutin 10.650 voix contre 8.824 à M. Duburcq sur 19.714 votants. Membre de la Commission du suffrage universel, il est entendu à la tribune sur : la réintégration des cheminots révoqués (1910), la réforme électorale et l'établissement du scrutin de liste avec représentation proportionnelle, le recrutement des experts chargés du classement des tabacs indigènes (budget de l'exercice 1913), la limitation et la réglementation des débits de boissons (1913) ; les caisses des écoles, l'assistance aux familles nombreuses, les surveillantes des prisons départementales (budget de l'exercice 1914).
Les élections générales des 26 avril et 10 mai 1914 le voient de nouveau triompher au deuxième tour de scrutin avec 11.002 voix contre 10.871 à M. Delesalle, sur 22.087 votants.
Pendant l'occupation allemande, Delory, resté à Lille, est saisi comme otage, interné à la Citadelle puis déporté au camp d'Holzminden.
A son retour à la Chambre des députés en 1918 où il est l'objet d'un chaleureux accueil de la part du Président et de ses collègues, il siège à la Commission des régions libérées et à celle chargée d'examiner les divers traités de paix.
Il est entendu à la tribune sur : le paiement des bons des pays envahis, la réparation des dommages causés par les faits de guerre, la crise de la vie chère, la réforme électorale, l'utilisation de l'énergie hydraulique, la remise en état des routes, la division de certains départements en circonscriptions électorales pour la nomination de la Chambre des députés, l'impression et la distribution gratuite de bulletins de vote et de circulaires aux élections législatives.
Le 16 novembre 1919, il triomphe encore, aux côtés de Jules Guesde, sur la liste du Parti socialiste qui recueille 154.171 voix contre 136.785 voix à la liste de la fédération républicaine de Loucheur, sur 374.022 votants.
Il dépose une proposition de résolution ayant pour objet de régler la question des dommages subis par les locataires sinistrés pour dépossession de la propriété commerciale (1920), et une proposition de loi mettant à la charge de l'Etat les indemnités dues pour le logement des familles privées d'abri à la suite d'événements de guerre dans tout le territoire envahi (1921).
Il prend part à la discussion du projet de loi portant fixation définitive de la législation sur les loyers.
Au renouvellement du 11 mai 1924 il est réélu, avec Salengro, sur la liste socialiste S.F.I.O. qui obtient 161.822 voix contre 123.158 voix à la liste de la fédération républicaine de Loucheur, sur 451.028 votants.
Il meurt le 17 août 1925, en cours de mandat, à l'âge de 68 ans.
Dans son éloge funèbre le président Edouard Herriot s'exprime ainsi à la séance de rentrée du 29 octobre : « Au cours des interventions de Delory se retrouvent sans cesse avec la pensée généreuse qui inspire sa parole, l'expérience qui la rend efficace, une passion de justice qui s'attaque aux plus petits détails comme elle se porte aux plus vastes objets. Ainsi se grave dans nos mémoires avec son relief simple et vigoureux animé par l'intelligente bonhomie du regard une vive et claire figure d'ouvrier français selon la tradition de notre race, l'une des figures les plus expressives de ce régime et de ce pays. »